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parlement.

parlement,

page 111,

1649. apprit aux bourgeois l'évasion de la Cour. Ils prirent les armes, s'emparérent des portes, y mirent des corps-degarde; et dès la pointe du jour il ne fut plus possible de sortir sans passeports. Embaras du Le parlement s'assembla, malgré la solennité de la fête, et il continua tous Journal du les jours suivans, soir et matin. Il n'y eut que trouble et confusion dans les premières délibérations. On envoya chercher une lettre que la régente avoit fait porter à l'Hôtel-de-Ville, pour le prévôt des marchands et les échevins. Elle y disoit au nom du roi, qu'il étoit sorti de Paris, pour ne pas demeurer exposé aux pernicieux desseins d'aucuns officiers de sa Cour de parlement, lesquels ayant intelligence avec les ennemis déclarés de l'état, après avoir attenté contre son autorité en diverses rencontres et abusé longuement de sa bonté, se sont portés jusqu'à conspirer de se saisir de sa personne. Elle leur ordonnoit ensuite de veiller à la sûreté et à la tranquillité de la ville. Cette lettre, et deux autres du dac d'Orléans et du prince de Condé, qui assuroient qu'ils avoient conseillé eux-mêmes à la reine d'emmener le roi hors de Paris, occasionnèrent un arrêt assez bizarre, par lequel il étoit

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enjoint au lieutenant-civil de tenir la main à ce qu'il fût apporté des vivres en sûreté à Paris; et au prévôt des marchands et autres officiers de ville, d'aller à la conduite d'iceux, et de faire retirer les gens de guerre qui étoient dans les villes et villages à vingt lieues de Paris: comme si de pareilles choses pouvoient s'exécuter sur le vu d'un simple arrêt du parlement.

1649.

tre le cardinal

page 113.

Le lendemain nouvel embaras. La Arrêt conrégente ordonna aux gens du roi de se Mazarin. retirer à Montargis. Elle vouloit aussi Journal du y transférer le parlement. Les lettres parlement, qui contenoient cet ordre furent pré- Talon, t,6 sentéès cachetées à l'assemblée des page 12, chambres après bien des discussions on conclut de ne pas les ouvrir, mais de faire à la régente des remontrances et des prières de nommer les personnes qui avoient calomnié le parlement, afin de procéder contre elles selon la rigueur des lois. Quelques-uns, dès ce jour, 7 janvier, opinèrent à demander l'expulsion du ministre. Cette opinion

fut

peu accueillie , parce qu'on vouloit attendre l'effet des remontrances: mais quand on vit que la reine avoit même refusé de voir les gens du roi, toutes les chambres assemblées, le matin du 8 janvier, portèrent unanimement contre

1649.

Haine contre lui.

Rety, t. 1, page 171.

le cardinal Mazarin le fameux arrêt qui prononce : Qu'attendu que le car

dinal Mazarin est notoirement au teur des désordres de l'état, la Cour le déclare perturbateur du repos pu blic, ennemi du roi et de son état, lui enjoint de se retirer de la Cour dans le jour, et du royaume dans huitaine, et ledit terme expiré, enjoint à tous les sujets du roi de lui courre sus, et défend à toutes personnes de le recevoir.

Cet arrêt perça, pour ainsi dire, la digue qui arrêtoit le débordement dé la haine générale contre Mazarin. On parla, on dit des bons mots, on écrivit en vers et en prose, on fit des chansons; les esprits s'échauffèrent, et passèrent de l'abattement à l'audace, Le parlement tint la grande police, et fit des réglemens pour la subsistance et la défense de la ville. Il ordonna au prévôt des marchands, aux échevins et au due de Montbazon, gouverneur, de lever des troupes. Au contraire, la régente, par de nouvelles lettres, commanda à ceux-ci de signifier au parlement de se rendre à Montargis, et de le contraindre d'obéir. Loin de pouvoir donner cette satisfaction à la reine, le prési dent Le Feron, prévôt des marchands, pensa être massacré par le peuple, sur

le simple soupçon de n'être pas sincère-
ment attaché au parlement. A cette
compagnie se joignirent la chambre des
comptes et la cour des aides, qui eurent
aussi ordre de quitter Paris. Elles bor-
nèrent leur obéissance à des remon-
trances très-fortes en faveur du parle-
ment. Le seul grand conseil voulut se
rendre à Mantes, où il étoit transféré ;
mais il ne put obtenir de passeport. Ses
efforts pour obéir furent plus sincères
que ceux du coadjuteur. Il avoit été
mandé à Saint-Germain, et il sortit
de l'archevêché comme pour s'y ren-
dre; mais il avoit aposté des gens qui
arrêtèrent ses chevaux et brisèrent son
carosse. La populace l'entoura
serra le reporta dans son palais; il
crioit et conjuroit, les larmes aux yeux,
qu'on lui laissât exécuter les ordres du
roi. Enfin, il parut céder à la force,
et écrivit une lettre d'excuse; mais
la Cour n'y fut pas trompée.

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le

Pendant qu'il triomphoit de voir l'incendie se répandre, il n'étoit pas sans inquiétudes sur les suites. A la vérité, le clergé, la robe, la bourgeoisie, jusqu'aux artisans et au plus bas peuple, tous paroissoient brûler du même zèle pour la cause commune. Mais il étoit à craindre qu'au premier embaras, au

1649.

Inquiétudes

du coadjutcur.

Rety, t. 1,

page 147.

1649.

moindre revers, ce feu ne se ralentît, faute d'un chef accrédité, qui l'alimentât et l'entretînt: événement d'autant plus probable, que le concert, entre tant de personnes, n'étoit pas si parfait qu'il paroissoit. On savoit que le prévôt des marchands, plusieurs officiers du corps de ville, les plus riches bourgeois penchoient pour la Cour. Les curés de Paris, qui ont ordinairement un si grand ascendant sur l'esprit de leur peuple, n'étoient pas bien persuadés de la rectitude des intentions du coadjuteur, ni livrés exclusivement à ses volontés. Enfin, bien des gens croyoient que le premier président ne restoit à la tête de son corps, et ne resistoit en apparence à la Cour, que pour la mieux servir. A la vérité, il disoit d'une manière très-ferme les choses dont il étoit chargé par sa comipagnie mais on s'apercevoit qu'il ne manquoit aucune occasion de gagner du temps, et de faire valoir les opinions modérées. Gondi se défioit donc du présent, et craignoit pour l'avenir d'autant plus que trois jours s'étoient déjà écoulés depuis la sortie de la Cour, sans que, de tous ceux qui avoient promis de seconder le parlement, aucun eût encore paru.

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