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1648.

de la chambre

Motteville,

parlement,

page 9.

temps, page

158.

charme qu'il leur prêtoit, n'eurent pas le même succès.

Assemblée Mazarin voulut aussi entrer en conde St.-Louis, férence mais comme il prononçoit Talon, t.s, mal le français, son idiôme étranger page 296. donna lien à des plaisanteries de la part t.2, p. 144. de la jeunesse admise à ces pourparlers, Journal du et il devint ridicule ; vice qui éclipse en France toutes les bonnes qualités. On Histoire du crut d'ailleurs s'apercevoir dans l'intimité de la conversasion, qu'il étoit double, artificieux, plus rusé qu'adroit, hardi jusqu'à l'insolence quand il ne eraignoit pas, et bas flatteur près des gens dont il avoit besoin. Dans ces conférences, il combloit de caresses les conseillers jeunes et vieux ; il les appeloit les restaurateurs de la France et les pères de la patrie: adulation fade dont personne n'étoit dupe, et qui ne lui attira que du mépris. Les expédiens qu'il proposa pour ramener les esprits à la soumission, expédiens qu'il vou loit faire valoir comme un grand relàchement de l'autorité royale, furent rejetés avec dedain. Les magistrats s'opiniâtrèrent à soutenir l'arrêt d'union; et le peuple commençant à s'émouvoir la Cour fut obligée de souffrir les assemblées de la Chambre de St.-Louis, où se réunirent les conseillers députés

par le parlement et par les autres compagnies souveraines."

La reine, en tolérant cette espèce de comité, lui fit dire que son intention étoit que les affaires s'y expédiassent en peu de temps, pour le bien de l'état; mais surtout qu'il y fút avisé aux moyens d'avoir de l'argent promptement. De ces deux objets, le second, qui affectoit si vivement la Cour, fut précisément celui qu'on négligea. Les députés des compagnies aimèrent mieux s'attacher à la discussion des affaires publiques, comme plus propre, par l'importance des questions, à leur faire obtenir de la considération. Les matières étoient présentées à la chambre par un des membres: on les examinoit attentivement; on portoit même une décision mais qui n'avoit de force. que par la sanction des chambres assemblées. Il résulta de-là deux inconvéniens, qui jetèrent la Cour dans de grands embaras : le premier, qui s'est long-temps perpétué, c'est qu'une séance des chambres assemblées ne suffisant pas quelquefois aux affaires d'état, on continuoit la délibération dans les séances suivantes, sans donner aucun temps aux affaires des particuliers. Ainsi, le peuple se trouvoit sans jus

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1648.

1645.

Ce qu'on y

traite,

Talon, t. 5, page 300,

tice, et les suppôts du palais sans oc cupation. Ceux-ci, ou par désœuvrement, ou par curiosité, se portoient en foule dans les salles, et y passoient les journées entières à recueillir les murmures, les réflexions, les bons mots, dont ils amusoient les cercles de Paris et des provinces. Les projets de réforme, et les moyens même violens d'y parvenir, devenoient le sujet des conversations. On s'en entretenoit dans les boutiques des marchands, dans les ateliers des artisans, et jusque dans les marchés et les places publiques. Cette manie de s'occuper des affaires d'état, s'empara de toutes les têtes, et la France entière se trouva disposée à prendre part aux troubles de la capitale.

L'autre inconvénient de la chambre de Saint-Louis, c'est la facilité qu'elle donna aux mal intentionnés, de commettre le parlement avec la Cour, Car le seul frein qui puisse arrêter les caractères fougueux dans les grandes assemblées, c'est la crainte de s'attirer, par des propositions hardies, le ressentiment des ministres. Or, en permettant ce comité préparatoire, la régente ôta ce frein de la crainte, parce que les conseillers qui vouloient mettre sur le tapis des questions désagréables

an ministère, en chargeoient secrètement les députés à la chambre de SaintLouis, qui s'en occupoient, et portoient ensuite les propositions aux chambres assemblées, sans que l'inventeur, qui restoit caché, eût rien à appréhender.

On est étonné de la multiplicité des objets que la chambre de Saint-Louis fit passer sous ses yeux, en dix séances, qui durèrent dix jou.s, depuis le 30 juin, jusqu'au 9 juillet. Justice, finance, police, commerce, solde des tronpes, grâces, domaine du roi, état de sa maison; en un mot, tout ce qui concerne le gouvernement, fut porté à la connoissance de ce comité, et devint, par une suite nécessaire, du ressort du parlement.

1648.

Motif des

Retz, t.

p, 110ct 387. Nemours,

page 8.

Les difficultés, sur tous ces objets, fronders présentées à l'assemblée des chambres auroient été décidées aussitôt que proposées, s'il n'avoit dépendu que de la jeunesse du parlement, qui étoit très- La Rochecontraire au ministre. Plusieurs causes fouc. p. 56. contribuoient à échauffer les esprits, t. 3, p. 308. tant de cette jeunesse tumultueuse, que de personnages plus graves et plus murs, qui ne se montroient pas moins animés. D'abord ces jeunes gens, la plupart dégoûtés de l'étude sombre des

Monglat.

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lois, et fatigués par les sollicitations importunes des plaideurs, trouvoient fort agréable d'avoir un prétexte plausible de quitter ces occupations obscures, pour se livrer à la recherche amusante des faits, se donner en spectacle dans les assemblées des chambres, et y faire briller leur éloquence. Il est possible aussi, que plusieurs, d'entre eux se soient regardés comme les protecteurs nés du peuple, titre que leur donnoient leurs flatteurs, et qu'ils se soient crus très-nécessaires à la patrie : persuasion capable toute seule d'inspiTer l'enthousiasme républicain, toujours dangereux dans une monarchie. Enfin, il devint à la mode de censurer le gouvernement, et de décrier les ministres, sur-tout le cardinal. On se donna des noms de faction: les partisans de la Cour s'appeloient Mazarins; les autres furent nommés Frondeurs.

Cette dénomination dut son origine à des jeux d'enfans qui, partagés en plusieurs bandes dans les fossés de Paris, se lançoient des pierres avec la fronde. Comme il résultoit quelquefois des accidens de ces amusemens, la police les défendit, et envoya des archers pour séparer les frondeurs. A leur vue, les

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