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chaque année l'histoire de l'art français. Cette histoire, M. de Lépinois l'écrit en quelque sorte jour par jour. En feuilletant son livre, les érudits du siècle prochain sauront exactement la date de l'apparition de tel tableau de Delacroix ou de Troyon aux vitrines de la rue Laffitte. On cherchera sur les vieux plans du Paris d'aujourd'hui la place de cette rue célèbre, pour y retrouver non pas l'hôtel de M. de Rothschild, mais les boutiques des Cachardy, des Detrimont, des Weyl, des Beugnet.

La critique de M. de Lépinois le classe parmi les satisfaits. Homme de goût et flâneur émérite, il a plus de plaisir à voir les tableaux qu'à les blâmer. Il en parle avec esprit, avec trop d'esprit quelquefois; aussi s'en excuse-t-il tout le premier, en demandant pardon pour certaines privautés de style que comportaient les colonnes d'un petit journal, mais qui semblent fourvoyées dans un livre. Il juge sans pédantisme, sans autre parti pris que celui d'un dilettantisme éclairé et bienveillant, qui le porte à couvrir du voile de l'indulgence des œuvres et des hommes à qui le coup de fouet eût fait du bien. On est surpris, par contre, de le voir déchirer brusquement ce voile, alors qu'il s'agit de juger un des plus grands paysagistes de l'époque, longtemps assis au banc des prévenus, mais dès longtemps aussi absous et réhabilité par le jury des gens de goût. « Pour moi, dit M. de Lépinois, M. Rousseau est l'avocat très-éloquent d'une très-mauvaise cause. Plaise à Dieu qu'il ne gagne pas son procès! » - Le procès est gagné, n'en déplaise au juge que l'on pourrait accuser à son tour d'avoir dormi à l'audience. L. L.

Les Sociétés des Amis des Arts de Strasbourg, Mayence, Darmstadt, Manheim, Stuttgart, Carlsruhe et Fribourg en Brisgau, formant l'Association rhénane, ouvriront, en 1860, la vingt-quatrième exposition annuelle et publique, qui aura lieu :

1° Du 15 avril au 13 mai, à Strasbourg;

2o Du 14 mai au 8 juin, à Darmstadt;

3o Du 9 juin au 4 juillet, à Manheim;

4o Du 5 juillet au 30 juillet, à Stuttgart;

5o Du 31 juillet au 25 août, à Carlsruhe;

6o Du 26 août au 20 septembre, à Fribourg en Brisgau ;

7° Du 21 septembre au 16 octobre, à Mayence.

Les artistes, sans distinction de nationalité, sont invités à envoyer à Strasbourg, si faire se peut, avant le 1er avril 1860, les ouvrages qu'ils destinent à l'exposition de cette année. Les ouvrages envoyés plus tard, non-seulement ne pourraient être exposés dans toutes les villes unies, mais encore ceux qui n'arriveraient qu'après le 30 juin, auraient à supporter les frais de transport, d'envoi et de renvoi.

Les ouvrages des artistes français devront être envoyés, par la voie la plus directe, par l'intermédiaire de la Société des Amis des Arts de Strasbourg, à l'adresse du Conservateur de cette Société.

L'Association prend à sa charge les frais d'envoi et de retour des objets d'art expédiés de France qui lui seront adressés par la voie la plus directe et dont le poids, y compris la caisse, ne dépassera pas 100 kilogr.; l'Association n'entend supporter les frais de renvoi des objets d'art aux lieux d'où ils ont été expédiés, qu'autant qu'ils auront continué à faire la tournée dans toutes les villes unies, et non lorsque l'expéditeur, durant l'exposition, en aura changé la destination ou demandé le renvoi à tout autre destinataire qu'à lui-même.

Nous sommes priés aussi d'annoncer que l'exposition bisannuelle des beauxarts, instituée par la ville de Rouen, sera ouverte, le 15 mai prochain, dans les salons et dans la grande galerie du Musée, à l'hôtel de ville. Cette exposition durera un mois.

On sait qu'il existe à Londres une galerie de portraits nationaux, administrée par des particuliers et ouverte au public. Toutes les toiles qu'elle renferme ne sont pas, il s'en faut de beaucoup, des œuvres d'art intéressantes; mais cette réunion de portraits pourra devenir le noyau d'un musée remarquable, si la nation anglaise met à l'accroître la même ardeur qu'elle semble apporter à enrichir ses grands musées du BritishMuseum, de la Galerie nationale de peintures et de Kensington. Plusieurs nouveaux portraits viennent d'être placés dans cette galerie. On cite, entre autres, deux portraits donnés par lord Derby l'un est l'image de James, septième comte de Derby; l'autre présente celle du poëte Prior. Les administrateurs de la Galerie ont acquis, en dernier lieu, le portrait de Marie Stuart, dit Fraser Tytler. Ce portrait, qui paraît avoir été fait du vivant de la reine d'Écosse, aurait même été peint, s'il faut en croire des témoignages très-precis, en 1560, pendant le court règne de Marie comme reine de France. Son dernier possesseur, bien connu par son Histoire d'Écosse, le regardait comme ne faisant qu'un avec un portrait que Marie envoya, dit-on, à Élisabeth, et dont on n'a pu suivre la trace dans les collections, si toutefois il est jamais parvenu à sa destination. Le tableau dont l'acquisition vient d'avoir lieu pour la nation, est fort remarquable sous le rapport du costume. Les armoiries ont aussi attiré l'attention des antiquaires.

On annonce la mort de M. Pelagio Pelagi, peintre d'histoire distingué, décédé à Turin. Il était né à Bologne en 1774, et a légué à sa ville natale une partie des richesses artistiques qu'il possédait.

On sait que des travaux considérables se poursuivent, depuis plusieurs années, pour la restauration extérieure de la cathédrale de Strasbourg. Ces travaux ont surtout pour but, depuis quelque temps, de compléter la décoration de la façade, en remplissant les nombreuses niches restées vides, ou dont les statues ont été enlevées pendant la révolution. C'est ainsi que l'on a restitué successivement à cette façade l'ensemble des statues qui représentent le Jugement dernier, puis le Christ entouré d'anges placés audessus des apôtres qui surmontent la grande rosace. Dans les quatre niches des angles de la tour ont été posées des statues équestres, représentant Charlemagne, Pepin le Bref, Othon le Grand et Henri l'Oiseleur.

Quant à l'intérieur de la cathédrale, il doit être décoré de peintures murales par M. Hippolyte Flandrin, et M. Denuelle, qui s'est déjà fait connaître si avantageusement par les travaux semblables qu'il a exécutés à Saint-Germain-des-Prés, à Saint-Eustache, à Saint-Séverin, à Paris; à la cathédrale d'Alby, et dans d'autres églises de Lyon, Nimes, etc., est chargé de toute la partie de l'ornementation.

M. Clément de Ris veut bien nous signaler une erreur qui s'est glissée dans son intéressant travail sur les Faïences de Henri II, publié dans la livraison de la Gazette des Beaux-Arts du 1er janvier 4860. Il n'est pas exact de dire, en effet, que les cinq pièces de la collection Sauvageot, enregistrées immédiatement à la suite de celles du Musée du Louvre, ont été acquises par ce musée. « Tout le monde sait, nous écrit M. Clément de Ris, avec quelle libéralité cette collection a été offerte par son propriétaire, qui a poussé la

délicatesse jusqu'à refuser le modeste traitement de conservateur, tout en en remplissant scrupuleusement les fonctions. >>

-

Nous saisissons cette occasion de présenter nos excuses aux lecteurs de la Gazette des Beaux-Arts, à la fin de ce volume, pour quelques fautes d'impression que leur intelligence a certainement corrigées, sans qu'il fût nécessaire de les leur signaler. Ainsi, à la note de la page 78, au lieu de : du maître Acis de Galathée, ils auront lu : du maitre d'Acis et Galathée; à la page 107, ligne 7: pour lui seul, au lieu de par lui seul. Il est sans doute plus nécessaire de rétablir, dans le dernier paragraphe de la page 256, le nom de M. Beaucousin, dont la collection vient d'être acquise par la Galerie nationale de Londres et celui du peintre Ambrosio Bergognone, dont un tableau appartient actuellement au même musée. — Enfin, l'ornement figuré à la page 228 est un ornement latin, et non pas byzantin, du x11° siècle.

Que l'on nous pardonne ces fautes et toutes celles que nos lecteurs n'ont pas manqué de remarquer. Nous espérons faire en sorte qu'ils n'aient pas de semblables reproches à nous adresser à l'avenir.

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« Une note publiée dans le dernier numéro de la Gazette des Beaux-Arts, relative au tableau de Léonard de Vinci que j'ai vendu à l'empereur de Russie, pour l'Académie de Saint-Pétersbourg, contient quelques inexactitudes qu'il m'importe de relever. Il est dit dans cette note que le personnage représenté sous la figure de saint Sébastien, est obscurément désigné par quelques mystérieux attributs et par une inscription non encore déchiffrée. Cette inscription, vous le savez, Monsieur, est parfaitement lisible et parfaitement claire. La voici : QUAM LIBENS OB TUI AMOREM DULCES JACULOS PATIAR MEMENTO. Il est dit encore dans cette note, que le tableau est plus probablement de Luini, et cette dernière assertion a dû me surprendre, après les affirmations que m'ont données les plus habiles connaisseurs de Paris, presque sans exception, et, permettezmoi de vous le dire, eu égard à l'opinion que vous avez vous-même personnellement manifestée.

« Je vous serai bien obligé, Monsieur, d'insérer la présente lettre dans le prochain numéro de votre Gazette, dont je reconnais toute l'autorité en matière d'art. W. MOREAU. >>

« Agréez, etc.

Nous accueillons d'autant plus volontiers la réclamation de M. Moreau, qu'en effet la note qu'il rectifie, arrivée au dernier moment, et imprimée sans révision, contient une inexactitude, et nous ferait dire ce que nous ne pensons pas; car nous comptions nous-même exprimer une opinion différente, au sujet de cette admirable peinture, dont nous publierons prochainement l'estampe.

Nous avons reçu, avec le regret de ne pouvoir y répondre plus tôt, la lettre

suivante :

« Monsieur,

Paris, 5 mars 1860.

Dans son numéro du 1er mars, la Gazette des Beaux-Arts a publié un article duquel il ressort qu'un spéculateur promène en ce moment, dans les villes d'Angleterre, et fait

voir pour de l'argent une copie du tableau de M. A. Scheffer, le Christ tenté par Satan, et qu'il fait passer ce tableau pour un original.

« Vous avez été, Monsieur, induit en erreur. Le tableau exposé en Angleterre est bien la peinture originale de M. A. Scheffer; c'est notre maison qui fait cette exposition, et si S. Exc. M. le ministre d'État a bien voulu faire en notre faveur une exception, nous la devons à l'intérêt qu'il a toujours porté à l'art de la gravure.

« Cette exposition est gratuite: ce n'est donc pas une spéculation du genre de celle qui vous a été signalée.

<«< Son but est de faciliter des souscriptions à la gravure que termine en ce moment M. A. François d'après ce tableau, en le faisant connaître aux amateurs étrangers.

« Quant à la conservation de la peinture, elle est parfaitement garantie. Ce tableau, bien que d'une grande dimension, a pu être emballé à plat, sans être enlevé de son châssis, comme vous paraissez le craindre?

« Nous vous serons très-obligés, Monsieur, de vouloir bien insérer cette lettre dans votre plus prochain numéro, et nous vous présentons l'assurance de nos sentiments très-distingués. GOUPIL ET Co. »

A la lettre qu'on vient de lire il nous suffirait de répondre : Tenemus confitentem reum. Cependant, malgré l'assertion de MM. Goupil et C, nous aimerions à douter encore que ce soit le tableau original d'Ary Scheffer qu'ils promènent en Angleterre, et pour plus d'un motif.

Tout récemment la direction des Beaux-Arts a refusé à l'exposition de Lyon la Jeanne Darc, de Léon Benouville, qui n'est encore ni placée ni cataloguée au Luxembourg, précisément comme le Christ sur la montagne, d'Ary Scheffer, celle de toutes ses œuvres acquises par l'État, qui peut le mieux consacrer la renommée de cet illustre artiste. La direction des Beaux-Arts a pleinement raison dans ses refus; et MM. Goupil et C ont beau dire que le tableau de Scheffer « est emballé à plat sans être enlevé de son châssis » (ils ne disent pas de son cadre, notez bien), la direction des Beaux-Arts connaît parfaitement les dangers que court, en voyageant, un tableau de grande dimension qui n'est pas même protégé par son cadre. Comment laisserait-elle aller à Londres, à Édimbourg, à Dublin, ce qu'elle ne laisse point aller à Lyon?

MM. Goupil et Ce disent encore qu'ils ne montrent pas le tableau de Scheffer pour de l'argent; mais pour faciliter des souscriptions à la gravure qu'ils ont commandée à M. A. François. On nous mande, en effet, de Manchester, où se trouve actuellement ce tableau, que chaque visiteur reçoit un bulletin de souscription, où il n'a plus qu'à poser sa signature. Nous voyons bien ce que peuvent gagner à cela les éditeurs d'une gravure en particulier; nous sommes moins frappés de ce qu'y peut gagner la gravure en général. Si tout éditeur d'estampes pouvait, pour favoriser ses spéculations, promener de ville en ville, et même à l'étranger, les tableaux originaux qu'il fait reproduire par le burin, nous demandons que deviendraient nos musées? C'est une question qui vaut une réponse, et le titre de ce recueil nous donne le droit, bien plus, nous fait un devoir de la poser.

Le rédacteur en chef: CHARLES BLANC.
Le directeur gérant: EDOUARD HOUSSAYE.

PARIS.- IMPRIMERIE DE J. CLAYE, RUE SAINT-BENOIT, 7.

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VIOLLET-LE-DUC...... SECONDE APPARITION DE VILLARD DE HONNECOURt.

L. CLÉMENT DE RIS... LES FAÏENCES DE HENRI II...
MOUVEMENT DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ. Vente de F. Willems, ventes de
médailles, d'estampes, etc., par M. Ph. Burty. Peintures découvertes au
château de Vincennes, par M. Léon Lagrange. Lettre de M. Daudet.
Livres d'art les Fontes du Primatice, de M. Barbet de Jouy, par M. A D.;
Dresde et Montpellier, de M. Curmer. Lettre écrite de Bordeaux, par
M. Oscar Gué, conservateur du Musée de Bordeaux.

à l'École des Beaux-Arts, etc.....

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JULES JANIN..

A M. GEORGE MOREAU (lettre d'un bibliophile)................

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