Madeleine à Camerino, où elle était entrée en religion. Elle est honorée le 1er Mars, dans l'ordre de St.-François. La BIENHEUREUSE LOUISE D'ALBERTONE, née à Rome en 1470, de parens distingués par leur rang, désira dès sa jeunesse se consacrer au Seigneur; mais, par obéissance pour la volonté de ses père et mère, elle épousa Jacques de Cithare, gentilhomme rempli de bonnes qualités, dont elle eut trois filles, et qui la laissa veuve après quelques années de mariage. Libre alors de ses actions, elle embrassa le tiers-ordre de Saint-François (a), et se montra digne fille de son bienheureux patriarche, par son amour pour la pénitence et la mortification, ainsi que par son détachement des choses de la terre. Dans une famine qui de son temps désola l'Italie, elle vendit ses biens pour soulager les pauvres, et se réduisit ainsi elle-même à l'indigence. A l'aumône corporelle elle joignit la miséricorde spirituelle; elle adressait aux pauvres des paroles de salut, en pourvoyant à leurs besoins. Dieu lui fit connaître le moment de sa mort; elle s'y prépara par la réception des Sacremens, et manifesta une sainte joie en voyant arriver la fin de sa course sur la terre. Cette sainte femme s'endormit du sommeil des justes, le 31 Janvier 1530; elle était alors âgée de soixante ans. L'ordre honore ce même jour sa mémoire, par permission du Pape Clément X. Le B. SAUVEUR, surnommé de Horta parce qu'il résida (a) Le tiers-ordre dont il est ici question est celui qu'on appelle séculier. Il était très-répandu en France avant la révolution; il a été rétabli à Paris et dans quelques autres lieux, tels qu'en Bretagne. On a réimprimé à Saint-Brieuc en 1820, la règle de cet ordre traduite et expliquée autrefois par le P. Frassen, savant Cordelier. C'est un ouvrage bien fait et qui renferme des prières très-onctueuses. Le même tiersordre n'était pas moins répandu dans les Pays-Bas, et beaucoup de personnes pieuses en suivent encore les exercices. La Règle, en flamand, est imprimée chez P. J. Hanicq, à Malines. dans ce lieu, naquit de parens pauvres, en Catalogne, l'an 1520. Sa jeunesse fut innocente et pieuse. A l'âge de vingt ans, il entra dans l'ordre de Saint-François en qualité de frère lai: il s'adonna tellement à la perfection de son état, qu'il en acquit les vertus dans un degré héroïque. Dieu se plut à manifester bientôt la sainteté de son serviteur. Sauveur opéra de nombreux miracles; mais ces faveurs du ciel lui attirèrent des persécutions; il fut transféré de son couvent dans un autre, et ses prodiges furent examinés avec sévérité. L'éclat que ses merveilles lui procuraient alarmèrent son humilité; il résolut de fuir et il passa en Sardaigne. C'est dans cette ile qu'il rendit son ame à son Créateur, à l'âge de quarante-sept ans, le 18 Mars 1567. Plusieurs princes ont demandé au SaintSiége sa canonisation; le Pape Clément XI l'a déclaré bienheureux; et dans son ordre on célèbre sa fête le jour de S. SÉVÉRIEN, ÉVÊQUE DE SCYTHOPOLIS, EN PALESTINE, MARTYR. Tiré de la vie de saint Euthyme, écrite par le moine Cyrille ; d'une lettre de l'Empereur Marcien; d'Evagre, 1. 2, c. 5; de Nicéphore Calliste, l. 15, c. 9. Voyez Bollandus, p. 246. L'AN 452 Ou 453. Le saint abbé Euthyme, et la plus grande partie des moines de Palestine reçurent, sous le règne de Marcien et de sainte Pulchérie, les décisions du concile de Chalcédoine, qui avait condamné l'hérésie des eutychiens: mais l'attachement à l'erreur ne laissa pas de subsister dans plusieurs monastères pervertis par l'impie Théodose. Ce mi sérable moine, aussi impérieux qu'ignorant, marchait tête levée, parce qu'il était protégé par l'Impératrice Eudocie, veuve de Théodose-le-Jeune, laquelle vivait alors en Palestine. Il poussa les choses si loin, qu'il usurpa le siége de Jérusalem, après en avoir dépossédé le patriarche Juvenal. Il fit souffrir aux catholiques la plus cruelle persécution, et inonda Jérusalem de leur sang. Suivi d'une troupe de soldats furieux, il porta ensuite la désolation dans tout le pays. Cependant il se trouva des catholiques assez généreux pour résister au torrent. Tel fut entre autres Sévérien, évêque de Scythopolis; mais son zèle n'eut d'autre effet que de lui mériter la couronne du martyre. Les soldats s'étant saisis de sa personne, le traînèrent hors de la ville, et le massacrèrent inhumainement à la fin de l'année 452, ou au commencement de l'année suivante. Saint Sévérien est nommé en ce jour dans le martyrologe romain. La Palestine, ce pays choisi préférablement à tous les autres pour recevoir la lumière de la vraie religion, sanctifié par la naissance, les travaux, les humiliations et les souffrances de l'Homme-Dieu, honoré du privilége d'avoir été le berceau de l'Église chrétienne, et la patrie d'une multitude innombrable de Saints; la Palestine, dis-je, devint par la suite des temps le théâtre des plus horribles scandales, et passa enfin sous la domination tyranique d'un peuple qui professe les dogmes les plus impies et les plus extravagans. Le reste de l'Orient a été aussi enveloppé dans le même malheur. On n'y voit plus ces églises célèbres fondées par les apôtres, arrosées du sang d'un milion de martyrs, gouvernées par les Ignace, les Polycarpe, les Basile, les Chrysostôme, etc. L'infidélité, avec tous les vices qui l'accompagnent, règne aujourd'hui dans ces lieux qui donnèrent autrefois au ciel un si grand nombre d'habitans. Une révolution aussi digne de larmes est bien capable d'instruire notre piété, et de l'attendrir en faveur de tant de malheureux qui vivent plongés dans les ténèbres de la mort. Tremblons à la vue des impénétrables jugemens de Dieu. Que celui qui croit étre ferme, prenne garde de tomber. Conservez ce que vous avez, dit le Saint-Esprit à chacun de nous, de peur qu'un autre n'enlève votre couronne. S. GERMAN, ABBÉ DE GRANFEL, ET S. RANDAUT, MARTYRS. Tiré de leurs actes, écrits par le prêtre Babolen, auteur contemporain. Voyez Bollandus, Le Cointe, sous l'année 662 ; et Bulteau, Hist. mon. d'Occid. 1. 3, c. 44, p. 661. Vers l'an 666. GERMAN était fils d'un riche sénateur de Trèves, et fut élevé sous les yeux de Modoald, évêque de la même ville. A peine eut-il atteint l'âge de dix-sept ans, qu'il distribua aux pauvres tous les biens dont il pouvait disposer, pour aller vivre sous la conduite de saint Arnoul de Metz, qui, après avoir quitté son évêché, et la charge de ministre d'état qu'il exerçait à la cour de Dagobert, s'était fait hermite auprès de Romberg ou Remiremont en Lorraine. Le maître, charmé de l'innocence et de la ferveur de son disciple, s'intéressa particulièrement à sa perfection. German, qui goûtait de plus en plus combien le joug du Seigneur est doux, engagea Numérien, son frère, à embrasser le même genre de vie que lui : ils se retirėrent ensuite tous les deux dans le monastère que saint Romaric (a) venait de fonder par le conseil de saint Arnoul, son ami. La règle qu'on y suivait était celle de Luxeu ou (a) Voyez sur saint Romaric, le 8 de Décembre.. de saint Colomban (b). German se portait avec une ardeur incroyable à la pratique des austérités, des humiliations et de tout ce qui était capable de l'unir à Dieu de la manière la plus intime. Quelque temps après, il passa avec son frère dans le monastère de Luxeu, alors gouverné par saint Walbert. Ce saint abbé, connaissant tout son mérite, lui donna la conduite des frères qu'il envoya au monastère de Granfel (c), fondé par le duc Godon, l'un des principaux seigneurs d'Alsace. Notre Saint fut encore chargé de gouverner deux autres monastères, celui de Saint-Ursits, et celui de Saint-Paul Zuvert ou de l'Ile; mais il faisait sa résidence ordinaire à Granfel. Boniface, qui succéda au duc Godon, tint une conduite tout opposée à celle de son prédécesseur. Comme il n'avait aucun respect pour la religion, il ne suivait en tout d'autres règles que les saillies d'un caractère dur et emporté. Tous les jours, il exerçait mille violences contre les moines et les pauvres de son duché. Notre Saint souffrait en silence les vexations qui ne tombaient que sur son monastère; mais il plaida souvent la cause des pauvres. Cependant Boniface continuait de les opprimer et même de leur ravir les moyens de subsister. Un jour qu'il ravageait leurs terres et pillait leurs maisons, German l'alla trouver, afin de lui demander grâce pour cette foule de malheureux qu'il écrasait. Boniface feignit d'être touché des (b) Ce monastère, bâti sur une montagne des Vosges, contenait deux maisons; l'une plus grande pour des femmes, et l'autre plus petite pour des hommes. Il était connu ci-devant sous le nom de Remiremont. Il a été depuis changé en un chapitre de chanoinesses qui devaient prouver deux cents ans de noblesse pour être reçues. Elles pouvaient se marier en quittant leurs prébendes, à l'exception de l'abbesse, qui faisait les vœux solennels de religion. (c) Ce monastère, que l'on appelle aussi Grandvilliers, est dans le diocèse de Bâle : il est plus connu sous le nom de Munster-thal. T. III. 11 |