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12o La largeur du canal, auquel on évitera de faire emprunter le lit de la rivière, sera de 15 m. au plafond, avec des talus de 1 m. 1/2 de base pour 1 de hauteur.

13o On établira, du côté de la rivière, une levée insubmersible; des contrefossés seront creusés sur les deux rives pour recevoir les eaux sauy: ges et les eaux de filtration, et les conduire ensuite, soit à la rivière, par des aqueducs construits sous le canal, soit à la mer, à l'aval de l'écluse d'Ouistreham.

14o On établira sur le canal des ponts mobiles, dans tous les points où le besoin en sera reconnu.

L'exécution de ce programme ne se fit pas attendre; l'empressement était tel qu'on ne prit pas le temps de coordonner l'avant-projet avec les modifications importantes qu'il avait subies. On s'attaqua aux parties de l'entreprise qui devaient être faites indépendamment des changements qu'il pourrait y avoir lieu d'apporter dans les autres. Ce fut une faute grave, et ce ne fut pas la seule.

Le 20 janvier 1838, on passa l'adjudication du nouveau lit qu'il fallait donner à l'Orne, pour remplacer celui que le canal devait emprunter sur le territoire des communes de Ranville et d'Amfréville. Ce nouveau lit, d'un seul alignement rectiligne de 2,750 mètres de longueur sur 83 de largeur, au niveau du terrain, fut ouvert de février 1858 à la fin de 1839. On ne le creusa qu'à la profondeur de 2 mètres 50.

L'adjudication du mur de quai, sur la rive droite du canal Saint-Pierre, fut passée le 23 février 1839. Commencé en mars, ce travail, qui ne consistait que dans la consolidation des anciens murs construits en 1792, fut terminé dans l'année. Les quais,

les terrepleins et les pavages n'ont été achevés qu'au commencement de 1840.

Enfin, le 9 novembre 1839, on adjugea la construction de deux jetées en charpente, destinées à former l'embouchure du canal dans la mer, sur une longueur de 320 mètres, pour celle de l'ouest, et de 215 mètres, pour celle de l'est.

L'exécution de ces divers travaux coûta, y compris les indemnités de terrain, 2,824,000 francs; savoir : Le nouveau lit de l'Orne.

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822,000 f.

412,000

1,590,000

Or, la somme affectée à l'exécution totale de l'entreprise n'étant que de 4 millions 40 mille francs, il s'ensuit qu'elle ne présentait plus qu'un disponible de 1 million 216 mille francs... et cependant les travaux n'avaient été attaqués que sur trois points! Ceux qui restaient à faire consistaient :

1o Dans l'achèvement du bassin de Caen ;

2o Dans l'ouverture du canal, sur 14,223 mètres de longueur;

3o Dans les écluses d'Ouistreham et le sas qui doit les séparer;

40 Dans l'avant-port d'Ouistreham;

5o Dans les ponts tournants destinés à rétablir les communications coupées par le canal; les déversoirs, réversoirs, aqueducs, contrefossés, etc.;

6o Dans le creusement du nouveau lit de l'Orne, qui doit être approfondi d'un mètre au moins. . .

On s'arrêta devant cet état de choses, et l'on songea enfin à compléter le projet général du canal, et à terminer les projets partiels dont quelques-uns étaient à peine ébauchés. Le public, qui ne fut pas mis dans la confidence des ingénieurs, s'inquiéta de

la suspension des travaux ; la presse locale fit grand bruit de quelques dépenses qui ne paraissaient pas indispensables, et mit tout en œuvre pour accréditer les doutes les plus fâcheux. Les changements survenus dans le personnel des ingénieurs étaient, d'ailleurs, peu propres à rassurer l'opinion. M. Poirel, après avoir dirigé les travaux pendant 21 mois, fut rappelé à Alger. Il laissait, en partant, un projet général sommaire, qui faisait monter la dépense à 10 millions! ...

C'est dans ces circonstances que M. l'ingénieur en chef Tostain fut chargé du service des ports maritimes du département.

La position était grave; on avait compromis l'avenir par trop de précipitation; il ne pouvait plus être question de poursuivre, à l'aventure, l'exécution de l'entreprise. Il fallait, avant tout, savoir à quoi s'en tenir sur le véritable chiffre de la dépense; et ce chiffre ne pouvait être obtenu qu'au moyen de plans laborieusement étudiés et complets dans toutes leurs parties.

M. Tostain ne tarda pas à reconnaître que le programme de 1837 offrait toutes les garanties désirables, et que, sauf quelques modifications de détail, il n'y avait rien de mieux à faire que de le suivre.

En effet, le niveau du canal et sa profondeur, tels qu'ils sont fixés, s'accordent fort bien :

1o Avec le tirant d'eau qu'il convient de donner aux navires qui viendront à Caen ;

2o Avec le niveau des eaux que l'on aura à recevoir dans le canal, soit pour son alimentation, soit pour l'asséchement de la vallée ;

3o Avec le niveau et la profondeur des eaux que l'on trouvera à l'embouchure.

Bassin de Caen.

Quais.

Une hauteur d'eau de 4 mètres, qu'il sera souvent possible d'augmenter, sans inconvénient, de 0,20 à 0,25, permettra de recevoir des navires de 350 à 400 tonneaux, et même d'un tonnage plus élevé, au moyen du système de construction qui tend aujourd'hui à les faire beaucoup moins fins et à augmenter leur longueur. Seulement il conviendra de porter à 12 mètres 30 centimètres la largeur des ́écluses, fixée à 10 mètres par le programme.

Le bassin de Caen satisfera à tous les besoins du commerce et de la navigation. Sa profondeur sera la même que celle du canal. Il offrira une superficie de 27,500 mètres carrés, et pourra recevoir, en même temps, 70 navires de 300 tonneaux. Sa longueur permettra à un grand nombre de bâtiments d'occuper à la fois des places sur le bord des quais, dont le développement, y compris les calles, sera de 1,150 mètres. Deux bâtiments pourront facilement se croiser dans l'intérieur. Lors même qu'il y aurait un rang de navires à quai de chaque côté, l'évitage pourra se faire sans embarras.

Ce bassin communiquera directement,vers son milieu, avec le canal, et, par l'une de ses extrémités avec l'Orne.

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La largeur des anciens quais du port de Caen, fixée 25 mètres par l'ordonnance royale du 12 décembre 1818, a été conservée pour la partie des nouveaux quais situés entre le fond du bassin et la tête du canal. Dans la partie comprise entre le canal et l'Orne, cette largeur sera de 40 mètres, à partir de l'arête des murs de revêtement. On pourra de cette façon pratiquer, pour le débarquement des bois qui forment une des principales branches du commerce de Caen, une calle de 150 mètres de lon

gueur sur 15 de largeur; il restera au-delà un espace de 25 mètres, égal à la largeur des autres quais, et nécessaire aux manœuvres du port et à la circulation.

On ménagera, à l'entrée du canal, une place d'où partiront les chemins de hallage. Elle sera terminée, vers l'ouest, par des quarts de cercle. La forme rectangulaire eût paru peut-être plus convenable; mais elle se serait moins bien prêtée à faciliter l'accès du pont tournant qui doit être nécessairement reporté sur l'écluse.

Les quais seront terminés vers le fond du bassin et mis en communication avec les quais actuels du port par une large place rectangulaire, sur laquelle aboutiront plusieurs rues de la ville.

Sur tous les quais, la chaussée pavée, destinée à la circulation des voitures, sera reportée du côté des maisons ou des propriétés riveraines, au lieu d'être placée immédiatement derrière les murs de revêtement, ainsi que cela existe sur les quais actuels.

Ces derniers ne sont pas à l'abri des inondations: dans les crues des hivers de 1840 à 1841 et de 1842 à 1843, les eaux ont surpassé de 45 centimètres environ le couronnement des nurs de revêtement. C'est un inconvénient très-grave qu'on évitera en donnant aux quais à construire un niveau plus élevé de 60 centimètres. Les raccordements se feront au moyen de pentes douces.

Le projet de M. Tostain rejette, avec raison, le barrage éclusé, qui, d'après l'article 6 du programme, devait être construit au fond du bassin, pour y opérer des chasses lorsqu'il serait mis à sec. Il a été reconnu que les chasses seraient impraticables. En

Barrage éclusé.

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