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tre les bienfaits du régime républicain fortement organisé, et les crimes dont ses ennemis ont voulu le déshonorer pour le détruire, que vous vengerez votre nom et votre patrie, la philosophie et la liberté.

Nous avons assez de gloire, assez de puissance; mais nous n'avons encore, ni assez d'esprit national, ni des mœurs assez pures, ni une organisation républicaine assez bien affermie, pour négliger impunément notre situation intérieure.

Il est tems de nous arracher à la corruption, notre ennemi le plus dangereux. Il faut nous retremper aux vertus sociales et antiques, à l'amour de la patrie, au désintéressement, à la probité, au respect de la vieillesse, aux affections privées; honorer les noms de pères, d'époux, de citoyens, de mères et d'épouses; utiliser pour notre perfectionnement moral et politique, la souveraine et touchante influence de cette portion la plus intéressante du genre humain, qui, par la loi de la nature, est la dépositaire et la conservatrice des vertus et des mœurs, premiers fondemens des sociétés. Il est tems, enfin, de développer dans notre sein, de diriger vers des objets

de prospérité intérieure, cette énergie, cette activité d'une nation fière, indépendante, victorieuse, qui devait commencer à se régénérer au milieu des épreuves de la guerre, et dont la régénération ne pouvait être consommée que par le repos de la paix, consacré à des travaux utiles.

NOTES.

NOTE Iere. (Page 2.)

Traité de paix de Lunéville.

Nous mettons ici en entier, comme monumens historiques, qu'on ne saurait trop multiplier et qui seront retrouvés par-tout avec plaisir, le Message des Consuls au Corps Législatif, en lui donnant communication de la paix, et le Traité conclu à Lunéville (a) le 20 Pluviôse an 9 (9 Février 1801, v. s. ).

Les Consuls de la République au Corps Législatif.

Paris, le 24 Pluviose an 9 de la République Française.

LEGISLATEURS,

LA paix du Continent a été signée à Lunéville; elle est telle que la voulait le Peuple Français. Son premier vœu fut la limite du Rhin; des revers n'avaient point éblanlé sa volonté; des victoires n'ont point dû ajouter à ses prétentions.

Après avoir replacé les anciennes limites de la Gaule, il devait rendre à la liberté des peuples

(a) Voyez le Moniteur du 24 Pluviôse an 9, no. 144.

qui lui étaient unis par une commune origine, par le rapport des intérêts et des mœurs.

La liberté de la Cisalpine et de la Ligurie est

assurée.

Après ce devoir, il en était un autre que lui im→ posaient la justice et la générosité.

Le roi d'Espagne a été fidèle à notre cause, et a souffert pour elle. Ni nos revers, ni les insinuations perfides de nos ennemis, n'ont pu le détacher de nos intérêts. Il sera payé d'un juste retour, un prince de son sang va s'asseoir sur le trône de Toscane.

Il se souviendra qu'il le doit à la fidélité de l'Espagne et à l'amitié de la France. Ses rades et ses ports seront fermés à nos ennemis, et deviendront l'asyle de notre commerce et de nos vaisseaux.

L'Autriche, et c'est là qu'est le gage de la paix; l'Autriche, séparée désormais de la France par de vastes régions, ne connaîtra plus cette rivalité, ces ombrages qui, depuis tant de siècles, ont fait le tourment de ces deux Puissances et les calamités de l'Europe.

Par ce traité, tout est fini pour la France; elle n'aura plus à lutter contre les formes et les intrigues d'un Congrès.

Le Gouvernement doit un témoignage de satisfaction au Ministre Plénipotentiaire qui a conduit cette négociation à cet heureux terme. Il ne reste ni interprétations à craindre, ni explications à demander, ni de ces dispositions équivoques dans lesquelles l'art de la diplomatie dépose le germe d'une guerre nouvelle.

Pourquoi faut-il que ce Traité ne soit pas le Traité de la paix générale ? C'était le vœu de la France, c'ait l'objet constant des efforts du Gouvernement; mais tous ses efforts été vains. L'Europe sait tout ce que le ministère Britannique a tenté pour faire échouer les négociations de Lunéville.

En vain un agent autorisé par le Gouvernement lui déclara, le 9 Octobre 1800, que la France était prête à entrer avec lui dans une négociation séparée; cette déclaration n'obtint que des refus, sous le prétexte que l'Angleterre ne pouvait abandonner son allié. Depuis, lorsque cet allié a consenti à traiter sans l'Angleterre, ce Gouvernement cherche d'autres moyens d'éloigner une paix si nécessaire au monde.

Il viole des conventions que l'humanité avait consacrées, et déclare la guerre à de misérables pêcheurs.

Il élève des prétentions contraires à la dignité et aux droits de toutes les nations.

Tout le commerce de l'Asie, et des colonies immenses ne suffisent plus à son ambition : il faut que toutes les mers soient soumises à la souveraineté exclusive de l'Angleterre.

Il arme contre la Russie, le Dannemarck et la Suède, parce que la Russie, la Suède et le Dannemarck ont asssuré , par des Traités de garantie, leur souveraineté, et l'indépendance de leurs pavillons.

Les Puissances du Nord, injustement attaquées,

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