cipes de la République, et soient immédiatement attachés à sa prospérité.

» Vous avez, en général, besoin de vous pénétrer du sentiment de votre force et de la dignité qui convient à l'homme libre.

» Divisés et pliés depuis tant d'années à la tyrannie vous n'eussiez pas conquis votre liberté. Mais, sous peu d'années, fussiez-vous abandonnés à vous-mêmes, aucune Puissance de la terre ne sera assez forte pour vous l'ôter.

Jusqu'alors, la grande nation vous protégera contre les attaques de vos voisins. Son systême politique sera réuni au vôtre.

» Si le Peuple Romain eût fait le même usage de la force, que le Peuple Français, les aigles Bomaines seraient encore sur le Capitole, et dixhuit siècles d'esclavage et de tyrannie n'auraient pas déshonoré l'espèce humaine.

» J'ai fait, pour consolider la liberté, et en seule vue de votre bonheur, un travail que l'ambition et l'amour du pouvoir ont seuls fait faire à d'autres.

» J'ai nommé à un grand nombre de places. Je me suis exposé à avoir oublié l'homme probe et donné la préférence à l'intrigant; mais il y avait des inconvéniens majeurs à vous laisser faire les premières nominations. Vous n'étiez pas encore organisés.

» Je vous quitte sous peu de jours. Les ordres de mon Gouvernement, et un danger imminent que. courrait la République Cisalpinè, me rappelleront seuls au milieu de vous.

» Mais, dans quelque lieu que le service de ma Patrie m'appelle, je prendrai toujours une vive sollicitude au bonheur et à la gloire de votre République ».

Signé, BONAPARTE.

NOTE 7. (Page 21.)

Beau trait de Sidney Smith.

Nous aimons à déposer ici le tribut d'une juste reconnaissance, et à rendre hommage aux vertus d'un des agens de ce Gouvernement immoral et odieux, qui a rempli l'univers entier de ses crimes.

Le Gouvernement Anglais abjura toutes les lois les plus saintes et tous les droits des nations. Le Peuple Anglais a conservé, sous une administration corrompue, plusieurs citoyens estimables par leur caractère de franchise, d'humanité, de respect pour le malheur. Ces qualités, qui appartiennent aux grandes ames, ont fait distinguer Sidney Smith. Entr'autres occasions, où il les a montrées avec éclat, nous en citerons une qui nous est particulièrement connue.

Quarante passagers Français revenant d'Egypte, avaient été pris par les Turcs et conduits à Constantinople. On les mit aux galères, on les chargea de colliers et de chaînes de fer, on les dépouilla de tout. Après deux mois des plus horribles souffrances, ils n'ont dû leur délivrance qu'aux soins

et à l'influence de Sidney Smith, qui, comme il le disait lui-même, ne voulant pas faire le bien à demi, leur a offert de l'argent, leur a donné un des officiers de son état-major pour les accompagner jusqu'à Toulon, et a fait admirer et aimer sa conduite noble, loyale et généreuse.

Voyez, d'une part, le Décret du 22 Fructidor an 6, portant que l'armée d'Égypte a bien mérité de la Patrie; et de l'autre, la Loi du 25 Nivóse an 9. L'armée d'Orient, les Administrateurs, les Savans et les Artistes qui travaillent à organiser, à éclairer et à faire connaître l'Egypte, ont bien mérité de la Patrie.

Voyez aussi dans le Moniteur du 20 nivôse an 9 (no. 110), le message des Consuls au Corps Législatif, sur l'armée d'Orient.

.... « La mort du brave Kléber, si affreuse, si imprévue, ne trouble point le cours de nos

succès.

>> Sous Menou et par son impulsion, se déve loppent de nouveaux moyens de défense et de prospérité. De nouvelles fortifications s'élèvent sur tous les points que l'ennemi pourrait menacer. Les revenus publics s'accroissent. Estève dirige avec intelligence et fidélité une administration de finances que l'Europe ne désavouerait pas. Le trésor public

se remplit et le peuple est soulagé. Conté propage les arts utiles; Champy fabrique la poudre et le salpêtre; Lepère retrouve le systême des canaux qui fécondaient l'Egypte, et ce canal de Suez qui réunira le commerce de l'Europe au commerce de l'Asie.

» D'autres cherchent et découvrent des mines jusqu'au sein des déserts; d'autres s'enfoncent dans l'intérieur de l'Afrique pour en connaître la situation et les productions, pour étudier les peuples qui l'habitent, leurs usages et leurs mœurs, pour en rapporter dans leur Patrie des lumières qui éclairent les sciences, et des moyens de perfectionner nos arts, ou d'étendre les spéculations de nos négocians.

>> Enfin, le commerce appelle les vaisseaux de l'Europe au port d'Alexandrie; et déjà le mouvement qu'il imprime réveille l'industrie dans nos Départemens méridionaux.

» Tels sont, Citoyens Législateurs, les droits qu'ont, à la reconnaissance de la nation, l'armée d'Egypte, et les Français qui se sont dévoués au succès de cet établissement en prononçant qu'ils ont bien mérité de la Patrie, vous récompenserez leurs premiers efforts, et vous donnerez une nouvelle énergie à leur talent et à leur courage:

Le premier Consul, signé BONAPARTE.

NOTE 9. (page 31. )

31.)

Sur l'arrêté des Consuls, qui a supprimé plusieurs

journaux.

Une preuve irrécusable que cette réduction des

journaux,

journaux, qui a paru d'abord effrayer les amis de la liberté de la presse et quelques républicains était très-favorable à la République et d'une nécessité indispensable au moment où elle a eu lieu c'est qu'elle a excité toute la fureur des royalistes et des agens Anglais, dont elle déconcertait tous les plans. On peut s'en convaincre par les deux passages suivans, extraits des pièces de la conspiration an glaise, recueillies et vérifiées par les conseillers d'état Emmery, B. J. A. Chaptal et Champagny (tome Ier., pages 35, 91 et 103).

L'attaque dirigée contre la liberté de la presse a paru si odieuse, qu'on n'a pu la comparer qu'aux poursuites que Robespierre et le Comité de salut public dirigeaient dans le tems contre les journalistes.... le règne de la terreur va reparaître avec plus de fureur que jamais (rapport du chef de la contre-police royale) ».

Et ailleurs « Felix (Bonaparte) s'est signalé par des actes de tyrannie, qui prouvent de plus en plus sa coupable et funeste ambition..... Les journaux ont été supprimés par un arrêté du tyran, et par conséquent ceux qui nous étaient dévoués et auxquels nous avions pris un intérét; et quatorze seulement, bien lâches bien dévoués seront maintenant chargés d'en imposer à la France, l'Europe entière. Pour réparer un peu le mal que cette suppression pourra faire, je viens de créer, de l'avis de Dubois (le chevalier de Coigny), une feuille secrète, l'Invisible, qui paraîtra deux fois par semaine : elle contiendra la critique de co