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Nous avons développé nos idées pour ce qui regarde le matériel.

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Je ne me dissimule pas néanmoins que plusieurs de ces considérations, qui paraissent justes en ellesmêmes et fondées sur l'expérience, pouvaient être plus applicables à l'état de guerre continuée, qu'à l'état de paix, où nous sommes heureusement arrivés. Aujourd'hui, comme l'armée nationale, désormais réduite et rappelée sur notre territoire aura besoin d'une Administration plutôt régulière que prompte, et moins essentiellement militaire, on croira peut-être devoir conserver en grande partie les formes civiles aux administrateurs des armées, ce qui n'empêcherait pas néanmoins d'essayer dans l'intérieur l'idée du questorat, qui serait ensuite appliquée aux armées actives.

Une question, qui pourrait donner lieu à un exa→ men approfondi, serait celle de savoir, si les revues, qui sont la base première de la solde, des fournitures en tout genre et de la comptabilité, peuvent être faites avec une rigoureuse exactitude par le nombre exsitant des inspecteurs et sous-inspecteurs en activité; s'il ne serait pas plus utile de donner aux inspecteurs, comme leur nom même l'indique, une surveillance et une simple inspection des revues, dont les contrôles seraient formés et tenus par des fonctionnaires subordonnés, qui n'auraient chacun que deux corps de troupes dont ils suivraient les mouvemens et qui en changeraient tous les ans, pour avoir des relations moins continuées, et une connexion moins intime de travaux et d'intérêts, souvent préjudiciables à la République, avec les

conseils

conseils d'administration et les quartiers - maîtres.

On pourrait alors conserver seulement les inspec→ teurs-généraux, pour recevoir et inspecter le travail des revues, confié aux contrôleurs particuliers proposés ci-dessus ; et, si l'idée de la questure était rejettée,on fondrait ensemble dans un seul et même corps, les inspecteurs et sous-inspecteurs aux revues et les commissaires des guerres sous le nom de Préfets, et de Sous-Préfets militaires. On assimilerait ainsi l'administration des armées de terre à celle des armées de mer; et, comme il y a déjà des Préfets de département, et des Préfets maritimes, il y aurait uniformité dans les dénominations, comme dans la classification et la hiérarchie des agens des différentes branches de l'administration publique, civile, maritime et militaire.

Nous avons cru devoir traiter avec quelqu'étendue un sujet d'un intérêt si majeur, et nous soumettons nos réflexions aux lumières des hommes versés dans cette partie, au Ministre de la guerre et au Gou

vernement.

Le général Berthier, qui a eu, dans la singularité de sa destinée, le rare et glorieux avantage de ser→ vir, à différentes époques, dans les quatre parties du monde, et toujours pour la cause de la liberté; en Amérique, pour l'indépendance des Etats-Unis; en Europe, dans les deux guerres d'Italie ; en Afrique, dans la conquête de l'Egypte ; et en Asie, dans la campagne de Syrie et au siège de St. Jean-d'Acre; et qui, tour-d-tour militaire et administrateur, s'est également signalé par de brillans succès dans l'une et l'autre carrière, ne dédaignéra peut-être

pas de faire examiner les vues que nous venons de . développer.

Aux titres nombreux qu'il s'est acquis à l'estime de ses concitoyens, il en ajoutera sans doute de nouveaux, par un travail général et définitif sur l'administration militaire, par une organisation complette, simple, rapide et concentrée, des différens services publics, relatifs aux besoins des armées, par l'établissement d'écoles militaires, destinées à perpétuer la race des invincibles (a), et à perfectionner nos fabrications d'armes et nos manufactures; et par l'esprit d'ordre, d'économie et de bienveillance paternelle, qui devra présider dans les palais hospitaliers ouverts à Paris et à Versailles (b) aux défenseurs de la patrie, et qui ménagera les mêmes secours et les mêmes soins, que leur doit un Gouvernement rémunérateur, à ceux que leurs infirmités ou leurs blessures n'empêcheraient pas d'aller au sein de leurs familles et de rentrer dans les rangs des citoyens.

NOTE 19. (Page 43.)

Sur la réparation des routes.

Un arrêté des Consuls, du 25 nivôse an 9 (inséré dans le Moniteur, no. 116), ouvre au Ministre de l'intérieur un crédit extraordinaire de douze mil

(a) Voyez la Note 16.

(b) Voyez l'arrêté des Consuls, du 7 frimaire an 8, qui met le château de Versailles à la disposition du Ministre de la guerre pour y loger les Invalides.

lions, affectés sur le service de l'an 9, pour faire réparer et mettre en bon état vingt grandes routes de première classe, dont l'énumération se trouve dans l'arrêté, et qui traversent la République dans toute son étendue et servent de lignes de communication à ses extrêmités les plus reculées..

Tandis que les grandes routes, qui exigent déjà des moyens et des travaux immenses, fixeront toute l'attention du Gouvernement, le rétablisse ment des communications si importantes de commune à commune, devra être promptement opéré par les soins actifs des Préfets et sous-Préfets, et des Maires et Adjoints. Qu'ils provoquent et reproduisent sur tous les points de la France les exemples de dévouement qu'ont donnés en dernier lieu les citoyens de la commune de Champceuil, département de Seine-et-Oise, et ceux du troisième arrondissement du département des Landes, qui ont fourni gratuitement les journées d'hommes et de voitures nécessaires pour la réparation des chemins vicinaux dans leurs cantons respectifs (a).

Le citoyen d'EYMAR, Préfet du département du Léman, dont le caractère conciliateur et le républicanisme éclairé le font justement aimer et estimer dans l'intéressante contrée qu'il est chargé d'administrer, s'occupe de l'achèvement d'une route également précieuse sous les rapports commerciaux et militaires, qui, continuée depuis Evian, à six lieues de Genève, jusqu'aux frontières du Valais, établirait dans cette partie une communication plus directe

(a) Voyez les Nos, 108 et 135 du Journal Officiel.

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entre l'Italie et la France, et pourrait coïncider avec le rétablissement d'un chemin non moins utile, qui, de la cité d'Aoste en Piémont, passerait par Morges, au pied du petit St.-Bernard, et viendrait aboutir à Salenches, Cluse, Bonneville et Genève (a).

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Enfin, l'arrêté des Consuls, du 20 fructidor an 8, pour l'ouverture d'une route, qui devra traverser le Semplon et sera praticable toute l'année et pour toute espèce de voitures, promet un prodigieux accroissement des relations commerciales, non- seulement de la France et de la Suisse avec l'Italie, mais de tout le Nord avec le Midi de l'Europe. (Voyez, dans le n°. 138 du Journal Officiel, la lettre écrite au premier Consul, en date de Domo d'Oscella, du 22 nivôse an 9, par le général Turreau, chargé par le Gouvernement Français de l'ouverture de la route du Semplon et investi de tous les pouvoirs nécessaires pour achever par des mesures extraordinaires cette opération importante.)

NOTE 20. (Page 44.)

Sur la Bureaucratie.

« Cette multitude de bureaux et d'employés, qui, d'un objet simple en lui-même, forment des divisions, des subdivisions absurdes autant qu'innombrables, écrase l'habileté, la science, la justice,

(a) Voyez le N°. 164 du Moniteur (14 ventôse an 9).

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