Images de page
PDF
ePub

étrangers dans son sein; consacrer par-là le principe de l'indivisibilité de la République ; donner alternativement des encouragemens publics à l'agriculture, au commerce, à la marine, à la valeur guerrière, aux vertus, aux talens et aux arts: telle est la pensée, féconde en résultats et susceptible d'un grand nombre de modifications, dont nous allons offrir les développemens et les moyens d'exécution.

Une première année appelle tous les Français aux FÊTES CÉRÉALES, qui durent quinze jours. Elles ont lieu dans le Midi, et tour-à-tour à Lyonz Marseille, Montpellier, Toulouse, Bordeaux, etc. Les productions de l'agriculture, de l'industrie et des arts y sont réunies, des prix distribués; un Consul y préside.,

+

¿L'année suivante, on se rend aux FÊTES PASTOKALES, qui sont célébrées dans une ville de l'in térieur de la France, et tour-à-tour à Clermont, Dijon, Bourges, Orléans, etc. La laine, la soie et les productions des manufactures nationales y sont vendues. On décerne des honneurs et des prix aux laboureurs, aux manufacturiers, aux artisans. Un Consul préside aux exercices et aux jeux.

་་་་

La troisième année les FÊTES NAVALES Sont བ་ annoncées. Le vaste bassin de Brest reçoit une

ཚོ་་་

[ocr errors]
[ocr errors]

escadre. Des combats simulés exercent. nos marins. On proclame les noms de ceux qui se sont signalés, qui ont sauvé la vie à quelques-uns de leurs compagnons, des constructeurs les plus habiles; on leur décerne des récompenses. Un Consul préside aux

[ocr errors]

cérémonies. Les ports de l'Orient, Nantes, Rochefort, Toulon, Dunkerque, sont aussi tour-àtour les théâtres des fêtes navales.

La quatrième année, le Nord voit célébrer les FÊTES MILITAIRES à Lille, Gand, Luxembourg, Bruxelles, etc. Le laurier couronne les fronts des vainqueurs. Les tributs du commerce et de l'industrie sont étalés au milieu des trophées de la victoire. On chante les héros et les succès de la République. Un Consul préside et distribue les prix.

Enfin, tous les cinq ans, Paris, le centre de l'Empire et la ville des arts, appelle dans son sein les habitans de tous les départemens et les étran→ gers. C'est l'époque des FÊTES NATIONALES. La poésie, la musique, l'éloquence, la peinture, la sculpture, la mécanique, la gymnastique viennent déployer leurs prodiges, et, pour ainsi dire, lutter entr'elles aux yeux de la nation. Le concours est ouvert. Les spectacles étalent une magnificence imposante et solemnelle. Les vertus et les talens sont 'couronnés. Les produits des manufactures Françaises sont réunis et attestent les progrès de l'industrie. Dé jeunes filles pauvres sont mariées aux frais du trésor public et en présence du peuple. On distribue des prix dans tous les genres, et les cérémonies sont présidées par le premier Consul.

Ainsi revivent les jeux Olympiques et les beaux jours d'Athènes. Ainsi, d'année en année, le retour périodique des fêtes anime et vivifie les points les plus opposés de la France. Chaque ville popu

t

leuse devient à son tour une capitale : chaque partie de l'Etat devient le théâtre d'un grand marché national, d'un concours immense de citoyens et d'étrangers, et un centre de commerce et de puissance. Ainsi les cultivateurs les négocians, les marins, les soldats, les ouvriers, les artistes dans tous les genres, les Phidias, les Sophocle, les Démosthènes, les Apelles sentent s'allumer dans leur sein le feu de l'émulation, et la passion de la gloire. La liberté, les arts, sous les auspices de la paix et du bonheur public, reçoivent les hommages du grand Peuple, et l'Europe vient assister à ses fêtes et payer tribut à sa magnificence et à sa prospérité.

(Voyez l'intéressant travail de MIRABEAU sur les fêtes publiques.)

[ocr errors][merged small][merged small]

Toute la partie du parallèle entre la France Monarchique et la France Républicaine, qui embrasse l'examen des avantages et des désavantages de l'ancienne France, sous le rapport de l'économie politique, n'est qu'une analyse de l'ouvrage du chevalier Nickolls, cité dans la note II. - On a mieux aimé s'exposer au reproche de s'être traîné sur les traces de cet auteur estimable, que de sacrifier des vues utiles et lumineuses, qui trouvaient naturellement leur placé dans un coup d'œil sur l'administration

intérieure et sur les améliorations à y introduire. L'amour du bien doit toujours passer avant les considérations de l'amour-propre, et l'amour-propre lui-même doit céder au respect pour la vérité. Je restitue donc avec joié à l'écrivain anglais l'honneur et la priorité des idées que je lui ai empruntées et dont je desire que le Gouvernement ne dédaigne pas d'essayer l'application.

NOTE 28. (Page 54.)

Sur l'inégale distribution des richesses.

« La distribution des richesses est mal ordonnée dans un Etat, quand on voit les propriétaires des terres occuper à la ville des palais somptueux, tandis que leurs châteaux, leurs fermes, leurs villages tombent en ruine; quand les denrées sont sans consommation dans les provinces, parce qu'on ne reste dans ses terres que le tems qu'il faut pour recueillir de quoi vivre à la ville; quand un royaume fertile manque de bled, parce que le laboureur est forcé, par la pauvreté, , par la pauvreté, de venir à

la ville servir les besoins et les fantaisies de l'homme riche; enfin, quand il ne reste plus à l'homme riche d'autre manière de luxe, que celle de consommer sans mesure en meubles de toute sorte " l'or et l'argent qui manquent à la culture des terres ».

(NICKOLLS.)

NOTE 29. (Page 55.)

De la Religion.

Quelques rapprochemens des opinions de divers écrivains sur la religion ne seront peut-être pas ici sans intérêt pour nos lecteurs :

[ocr errors]

<< Il importe bien à l'Etat, dit J. J. Rousseau (a), que chaque citoyen ait une religion qui lui fasse aimer ses devoirs ; mais les dogmes de cette religion n'intéressent ni l'Etat ni ses membres, qu'autant que ces dogmes se rapportent à la morale et aux devoirs que celui qui la professe est tenu de remplir envers autrui. Chacun peut avoir au surplus telle opinion qu'il lui plaît, sans qu'il appartienne au Souverain d'en connaître... (Dans la République, chacun est parfaitement libre en ce qui ne nuit pas aux autres.)

» Les dogmes de la religion civile doivent être simples, en petit nombre, énoncés avec précision, sans explications ni commentaires. L'existence de la divinité puissante, intelligente, bienfaisante, prévoyante et pourvoyante, la vie à venir, le bonheur des justes, le châtiment des méchans, la sainteté du contrat social et des lois : voilà les dogmes positifs. Quant aux dogmes négatifs, je les borne à un seul ; c'est l'intolérance...».

Machiavel, en déclarant que le mépris absolu de la religion est le signe le plus certain et la cause inévitable de la ruine des empires (b), développe à la

(a) Contrat Social, liv. 4, chap. 8.

(b) Discours sur Tite-Live, Liv. 1er., chap. 11 et 12.

« PrécédentContinuer »