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merce du Midi commence à renaître, qu'un Gouvernement protecteur s'occupe à la fois de ses besoins et du bonheur de la France. Elle voit s'évanouir les inquiétudes et les craintes semées jusqu'alors autour d'elle. Une généreuse émulation l'anime. Elle veut obtenir, comme les autres armées de la République, cet hommage simple et touchant de la reconnaissance nationale: L'armée d'Egypte a bien mérité de la patrie.

Oui, guerriers généreux, il a été répété dans la France, il vous a été transmis audelà des mers (8) ce cri unanime de vos concitoyens, pénétrés d'attendrissement et d'admiration pour les maux que vous avez soufferts, pour les exploits qui ont illustré votre carrière. Ah! sans doute, vous reviendrez au milieu de nous. Nos mains vous offriront des lauriers. Vous jouirez encore des embrassemens de vos épouses et de vos mères. Vous serez l'ornement de nos fêtes. Vous reverrez la terre natale, heureuse et triomphante. D'autres Français iront vous remplacer et faire fleurir, par l'industrie et les arts, le sol que vous avez conquis par votre courage. Ce fruit de vos travaux sera conservé à la République. Nous n'aban

9.

Intérieur.

donnerons point la terre sacrée, où sont les tombeaux de tant de guerriers, qui nous reprocheraient de les avoir sacrifiés sans utilité pour la Patrie. Nous ne livrerons point leurs cendres aux outrages de peuplades barbares. L'expédition d'Egypte, comme la révolution elle-même, dont elle est un brillant épisode, rendue d'abord funeste par les fautes qui l'ont accompagnée, par les circonstances qui l'ont suivie, sera rappellée à son véritable but, produira les grands et salutaires résultats qui nous étaient promis, deviendra l'une des sources de la prospérité de la France, et sera un monument éternel de la bravoure, de la constance, des vertus et du génie de ceux qui l'ont exécutée.

9. Après avoir jetté un coup-d'œil sur la situation extérieure de la République, sur les actes militaires et politiques du Gouvernement, sur nos armées, sur nos relations diplomatiques, sur le rapprochement qui s'est opéré entre la France et la Russie; après avoir observé, dans leurs principes, dans leurs développemens et dans leurs résultats, les brillantes opérations de notre armée d'Orient, nous devons maintenant arrêter

nos regards sur la situation intérieure de la France, résumer ce qui a été fait depuis une année, comparer la conduite du Gouvernement Consulaire avec celle des administrations précédentes, étudier le caractère et le véritable esprit de l'opinion publique, les intérêts et les vœux des différentes classes de citoyens, calculer enfin les résultats définitifs de la révolution et de la paix.

10.

litique.

10. Et d'abord, si nous rappellons à notre mémoire les systêmes homicides de proscrip- Conduite potions, de spoliations, de massacres, de déportations, de contre-poids, qui avaient dévasté notre Patrie sous les différentes dynasties révolutionnaires, nous reconnaîtrons, dans l'administration des Consuls, pendant l'an 8, un Gouvernement doux, conciliateur, pacifique, qui n'a pas voulu se placer entre deux partis d'opposition, pour les balancer, les combattre, les détruire l'un par l'autre, en les fortifiant et les neutralisant tour-à-tour, qui a cherché à faire cesser ce flux et reflux des passions et des violences; qui a senti que, responsable à la France de son bonheur et de sa tranquillité, s'il était haineux et oppresseur contre une seule des

portions intégrantes de la nation, il ébranlerait lui-même ses propres bases, et trahirait ses intérêts, ses devoirs et ses sermens.

Un Gouvernement est de sa nature tout amour, tout administration, tout conservation. Il doit protéger et non proscrire, concilier et non aliéner, s'identifier au peuple et non s'isoler, ne jamais généraliser les accusations, ni attaquer et frapper en masse, ce qui enveloppe les innocens avec les coupables, et crée par le fait des partis, là où il n'y avait que des citoyens. Il doit séparer, par une couleur tranchante, la cause et la conduite des bons et des pervers, réprimer par les lois et avec prudence, en plaçant la preuve du délit à côté de la peine, les individus qui troublent l'ordre, neutraliser les oppositions par des négociations ou par des bienfaits, et en exerçant sur elles une influence invisible et adroitement dissimulée, se pénétrer enfin de la maxime , que, les obstacles même qui conspirent à sa ruine, l'homme de génie les fait conspirer à ses succès, et que, c'est là le vrai secret de l'art de gouverner.

Une politique grande et généreuse a été substituée à une politique ombrageuse et

meurtrière.

Le systême de l'étranger et des rois avait été de rendre la révolution républicaine tellement odieuse par ses excès, qu'elle devînt en horreur à ceux même qui d'abord avaient favorisé sa naissance et ses progrès. Ramener la révolution à sa direction primitive, à ses principes et à son but; assurer à la France let repos et une liberté civile, bien garantie; faire en sorte que le mot République soit sy nonyme des mots Bonheur public, et que l'ordre de choses établi soit aimé pour être durable tel a dû être tout l'abrégé du systême du Gouvernement.

Il a brisé les tables de proscription; il a autorisé, par une sage politique, la rentrée des prêtres non réfractaires et mariés(); il a rappellé les déportés des différens partis, révoqué la mesure de déportation nouvelle que lui avaient arrachée quelques hommes, qui prennent toujours leurs petites passions pour l'opinion générale, et leurs ennemis personnels pour les ennemis de la patrie.

Les partisans incorrigibles de la Monarchie, les chefs des émigrés et de la Vendée, le Cabinet Anglais s'étaient flattés que la

(a) Arrêté du 8 Frimaire an 8,

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