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à acquérir des propriétés sujettes à des contestations, précaires et mal assurées; que l'argent vaut réellement deux et trois pour cent par mois, au lieu de cinq pour cent par an. -Cette cherté prodigieuse du numéraire, et cette extrême diminution de la valeur des terres ont entr'elles une action et une réaction réciproques, et demandent, pour être rétablies dans leur équilibre naturel et dans une sage et nécessaire proportion, tous les soins d'un Gouvernement probe et répa

rateur.

La France ne sortira de sa détresse, relative au numéraire et à la valeur des terres que lorsque les biens nationaux ne donneront plus d'inquiétudes, et que chacun pourra en acquérir, sans craindre le retour et les prétentions des anciens posses

seurs.

Les mêmes anxiétés, qui tourmentaient les propriétaires, étaient communes aux commerçans et aux spéculateurs. Comment ces deux classes d'hommes n'auraient-elles pas été depuis long-tems dans des transes perpétuelles, après les violences faites à la propriété par les Gouvernemens Révolution naire et Thermidorien; et par le Directoire,

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et après ces banqueroutes frauduleuses et successives, qui ont ébranlé toute confiance et tout crédit, et ôté toute ressource à la puissance publique?.....

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La révolution avait commencé par les rentiers, qui crurent prévenir, par un changement d'administration, la ruine inévitable que leur préparaient les dilapidations et l'immoralité de la Cour. Mais leurs propriétés, dépôt sacré confié à l'État, déjà compromis et altéré dans le cours de la révolution par tant d'opérations financières impolitiques et désastreuses, furent anéanties, le lendemain même du 18 Fructidor, qu'on avait présenté comme une journée réparatrice, et dont les effets furent uniquement au profit d'une autorité imbécille et malveillante, sous laquelle tout le corps politique tombait de pourriture et de dissolution.

Aujourd'hui, le sort des rentiers amélioré, la solde de l'armée et des fonctionnaires publics assurée, la circulation de l'argent peu à peu rétablie, résultent déjà du nouveau systême de finances, qui, pour coïncider au systême politique, doit s'appuyer aussi sur le respect des propriétés,

sur la probité, sur la bonne - foi, qui donnent à un Gouvernement les plus fortes garanties de sa durée dans la confiance et dans l'estime publiques.

14. De cette même opinion de la stabilité de la révolution, et de la consistance et de la probité du Gouvernement, dépendent la confiance des spéculateurs et les succès des opérations des négocians. L'époque de la paix va doubler les moyens du Gouvernement pour imprimier à ces différens ressorts politiques l'activité dont ils sont susceptibles.

L'ancienne France devait, en grande partie, sa célébrité, ses richesses, son état florissant à ses spéculateurs en grand, qui étaient les rivaux des spéculateurs de la Grande-Bretagne, auxquels cette nation doit ses richesses incalculables (13).

La France aura beau être populeuse, martiale, bien organisée intérieurement. Tant qu'elle n'aura que des négocians timides sur les évènemens futurs, peu rassurés sur la solidité du régime actuel, craignant toujours des agitations révolutionnaires ou contrerévolutionnaires, et tant que l'Angleterre sera, au contraire, assise sur ses bases

14.

Commerce et Industrie.

tranquille sur son rocher isolé, négociant en grand, et jouissant d'un commerce exclusif au milieu de la conflagration générale, capable enfin de poursuivre la combinaison et l'exécution de ses plans destructeurs contre nous, les richesses des deux nations ne seront plus proportionnées : l'Angleterre aura toujours sur le Continent une population militaire disponible; la guerre, quoique suspendue, pourra renaître, et les chances d'une lutte nouvelle pourraient devenir fatales à la République.

Mais, si le dépérissement progressif de toutes les causes de la prospérité nationale, l'un des caractères du Gouvernement Directorial, continue de faire place à un systême de restauration, qui, chaque jour mieux développé, rétablira les anciennes sources de richesses, existantes dans les productions territoriales et dans l'industrie : la France, déjà élevée au premier rang des puissances militaires, se replacera facilement au niveau des premières puissances agricoles et commerçantes; et alors, elle pourra braver les vains efforts de sa rivale.

L'établissement de la Banque de France, dont les suites nécessaires, si elle est gouvernée par l'influence du commerce et de

l'esprit public, doivent être l'aggrandisse ment des spéculations, le développement de l'industrie, l'énergie et l'universalité de la circulation; la création qui vient d'avoir lieu de plusieurs compagnies commerciales (14); les encouragemens offerts à l'agriculture et à l'industrie manufacturielle; des ordres donnés pour l'ouverture de canaux (15), que le commerce réclamait depuis long-tems; des ateliers ouverts à la jeunesse et à l'indigence; d'autres projets de perfectionnement, qui, mûris dans le silence des bureaux des ministères des Finances et de l'Intérieur, doivent avoir leur exécution à la suite de la paix ; tout nous présage cet ordre de choses florissant et durable, où la liberté, compagne de l'aisance et du bonheur, réu, nira tous les suffrages, et où l'oubli des maux passés amenera l'extinction des passions malfaisantes dont l'influence ralentit encore l'action salutaire du Gouvernement.

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15. Un moyen de rendre le commerce vraiment national, de lui imprimer une grande activité, de l'associer à la marine et aux finances, pour que ces trois parties de l'Administration réunies se prêtent des secours

15.

projet d'un

Conseil de commerce.

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