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plus abondantes plus rapprochées de nos ports, et auront des débouchés plus prompts et plus faciles; dans la multiplicité de nos manufactures nationales, qui rendront l'étranger tributaire de notre industrie; dans l'art de nous approprier les productions des autres pays, d'en attirer les habitans au milieu de nous d'utiliser le travail des uns, l'oisiveté, le luxe et les caprices des autres; enfin dans cet empire de la mode, par lequel la France obtient, en Europe, le même dégré de supériorité, qu'elle a déjà, sous le rapport du courage, des talens et des sciences : nous serons, dis - je, convaincus, que tous ces avantages loin d'avoir été diminués, ont été doublés, ou mis en état de l'être par l'impulsion que la révolution a donnée à toutes les classes de citoyens, et par la nouvelle circonscription que nous ont procurée nos victoires.

Nous reconnaîtrons également, que tous les désavantages, qui existaient sous l'ancien régime; toutes les causes réelles ou d'opinion, les préjugés, les usages, les lois, les obstacles de tout genre, qui entravaient la prospérité nationale ont été détruits, et que le Gouvernement actuel a

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plus de
moyens que n'en eut jamais la mo-
narchie, dans ses jours les plus florissans,
pour étonner par les effets magiques de la
paix, comme il a étonné par les prodiges
de la guerre.

Quels étaient en effet les principaux vices de l'administration, ou plutôt de l'organisation sociale, dans la France monarchique?

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18. Le Clergé célibataire, était un gouffre immense, dans lequel un quarantième de la nation allait se perdre et s'anéantir, sans être jamais réparé. Ce gouffre a été comblé: Le Clergé moins nombreux, moins fort de la crédulité populaire et de la compli cité du pouvoir politique, ramené à quelques égards aux principes de la primitive Eglise, ne forme plus un corps privilégié, une institution hétérogène, monstreuse et anti-sociale dans l'État: il n'empêche plus ses membres d'être citoyens; il ne conspire plus contre la propagation de l'espèce.

La Noblesse, qui mettait sa gloire dans son oisivité; qui flétrissait de ses dédains le commerce, l'industrie et les travaux utiles; qui ne faisait rien pour l'État, et ne lui payait

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aucun tribut; dont chaque maison sacrifiait ses cadets et ses filles à la vanité d'élever ou de perpétuer une branche unique et puissante; qui absorbait chaque année les familles des autres classes devenues les plus influentes et les plus riches, offrait, ainsi que le Clergé, un principe de destruction, qui s'étendait sans bornes.-LaNoblesse a disparu sous les débris du trône. L'industrie, les talens et les vertus peuvent seuls désormais ouvrir la route des honneurs et de la fortune. L'oisiveté n'est plus un titre de gloire; l'exemption des charges de l'État n'est plus une récompense ou un privilège. Des générations entières ne sont plus sacrifiées à des préjugés barbares; des atteintes mortelles ne sont plus portées à la population nationale.

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Les soldats se mariaient peu, et près de deux cent mille Français étaient dévoués à la fois à la mort et au célibat. Aujour

d'hui, tout Français est soldat et se doit à la défense de la Patrie. Mais tout Français est citoyen, et peut et doit donner des citoyens à l'État.

La conscription militaire (a), institution

(a) Voyez la Loi sur le mode de formation de l'Armée de terre, du 19 Fructidor an 6.

vraiment nationale, qui crée une génération guerrière et invincible, prépare, par un renouvellement périodique des armées, le retour successif dans leurs foyers des braves qui les ont défendus. Les plus jeunes sont toujours les premiers appellés. Ceux qui sont mariés, ceux qui ont des enfans, ont acquitté leur dette, et ne doivent marcher que dans un danger extrême. Les noms d'époux et de pères ne sont plus interdits aux soutiens de l'État. Les enrôlemens volontaires maintiennent l'enthousiasme patriotique. Le mode de formation de l'armée est en même tems le plus conforme aux principes de l'égalité républicaine, de l'honneur militaire, et aux intérêts politiques, qui doivent faire encou rager la population.

La paix, qui vadoubler toutes nos richesses, nous rendra sous peu de jours les généreux vainqueurs qui ont protégé et aggrandi notre territoire. Chaque commune de la France en recevra un grand nombre dans son sein, Les uns, dans des professions honorables, contitinueront de servir leur pays; les autres seront appellés aux emplois publics, ou pourront dans l'intérieur associer les douceurs de la vie civile aux devoirs de l'état militaire. Des

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mariages nombreux, favorisés par le Gouvernement, augmenteront la population, et procureront à la République une race d'hommes robustes et courageux, qui aura bientôt réparé les pertes de la guerre.

« Pendant que les maladies et les guerres, disait Auguste aux Romains (a), nous enlèvent tant de citoyens, que deviendra la ville, si on ne contracte plus de mariages? La cité ne consiste pas dans les maisons, les portiques, les places publiques; ce sont les hommes qui font la cité ». Une ville n'est jamais sans murailles, lorsqu'au lieu de remparts, elle a autour d'elle des citoyens généreux et intrépides pour la défendre.

L'effrayante inégalité de la distribution des richesses (28) n'était pas moins pernicieuse à la population. Des fortunes énormes engendraient un luxe désordonné. L'excès du luxe diminuait les mariages, surtout parmi les riches. Plusieurs restaient célibataires, parce qu'il était plus honorable d'avoir des palais, des chevaux, des équipages, que de donner des enfans à l'État et

(a) Montesquieu, Esprit des Lois, Liv. 23, Chap. 21.

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