Images de page
PDF
ePub

publique! Quelle riche moisson de prospérités peut s'élever encore sur notre sol, si favorisé de la nature !

4. Une révolution longue et terrible a traversé la France; elle a ébranlé l'Europe; r la ré

elle a été comme ces fleuves, dont les inondations fertilisent et ravagent.

Les principes de cette révolution étaient grands et généreux.. Ils avaient pour eux le double appui de l'imagination et de la raison publiques. Ils promettaient pour résultats la régénération des mœurs, la réforme des abus, le bonheur du peuple : ils ont été dénaturés et détruits par l'influence étrangère et par les

factions.

Les passions, au lieu de la sagesse, ont pris le timon de l'État. Les fondateurs de la révolution, au lieu d'être des philosophes, unis entr'eux de sentimens comme d'intérêts, au lieu de s'élever à la hauteur de leur mission, de réformateurs, de bienfaiteurs de l'humanité, de législateurs, n'ont presque jamais offert que des gladiateurs politiques à l'Europe épouvantée..

La guerre a éloigné du sol français les citoyens les plus vertueux et les plus purs,

4. Idées rales sur volution.

qui ont été prodiguer leur sang pour la patrie. Des légions invincibles ont repoussé les rois; mais un venin corrosif s'est insinué dans les veines et dans tous les membres de la République. Les partis l'ont déchirée : un volcan toujours entr'ouvert a dévoré des milliers de victimes. On eut dit que la France, comme autrefois Hercule, avait revêtu la tunique empoisonnée de Nessus. Au sein de ses victoires, elle périssait par ses propres mains. Elle n'était plus qu'un immense cadavre, dont ses ennemis espéraient déjà partager les lambeaux.

Il fallait réparer de longs malheurs, des fautes presqu'irréparables; cicatriser des plaies profondes; opposer aux vicissitudes des actions et des réactions révolutionnaires un gouvernement ferme, qui rétablît l'ordre et la tranquillité, pour dissoudre les partis ; conserver le peu qui restait encore des institutions républicaines; briser les glaives de la guerre civile; amortir les passions; ranimer l'opinion, qui n'était plus que dégoût, lassitude et découragement; relever le crédit public anéanti; fermer le gouffre des banqueroutes multipliées; rappeller la confiance, le commerce, l'industrie; forcer les rois à re

noncer à leurs projets de destruction contre la République et à reconnaître son existence. Il fallait la dictature de l'héroïsme et du génie. Il fallait un homme, assez grand pár lui-même, assez fort de la confiance publique, pour pouvoir gouverner; pour rendre la vie et le mouvement au corps politique; pour mettre un terme aux proscriptions; pour ne voir que des citoyens et des Français; pour opérer la fusion de toutes les nuances d'opinions dans un sentiment unique et national l'amour et la gloire de la patrie; pour diriger, avec cette présence d'esprit, qui se compose de la prévoyance et de l'audace, les forces publiques, confiées trop long-tems à des mains inhabiles, timides et vacillantes; pour garantir enfin la République, au-déhors contre les rois conjurés, au-dedans contre les factions et ses propres fureurs.

[ocr errors]

gouver

Quels

5. Cet homme a paru; il a saisi le nement, que lui déférait l'opinion. ont été les résultats généraux de son administration, depuis une année?

6. Nos armées étaient à créer de nouveau. - Il a fait un appel à tous les braves; il s'est mis à leur tête; il a délivré Gênes et re

[blocks in formation]

7.

matiques.

:

conquis l'Italie la journée de Marengo a étonné l'Europe et déconcerté l'Angleterre.

Le monstre de la guerre a été quelque tems enchaîné ; les armées françaises ont été réorganisées.

L'armée du Rhin a soutenu la gloire de la République par une campagne rapide et brillante, qui a été une suite de victoires. Le moderne Fabius a prouvé que le génie de Scipion ne lui était pas étranger. Une ligne formidable de héros s'est avancée sur tous les points contre nos ennemis.

7. Les États neutres étaient travaillés

par

Actes diplo- les intrigues anglaises, et prêts à nous échapper.- La neutralité de la Prusse et des autres Puissances a été conservée; nos alliances ont été maintenues et utilisées en Espagne et dans les Républiques Batave, Helvétique et Ligurienne.

L'Amérique elle-même, qui avait paru oublier qu'elle nous devait son indépendance, et qui s'armait contre la nôtre, s'est affranchie de la tyrannie nouvelle qui voulait péser sur son commerce et sur sa politique, comme sur les mers; et une convention, fondée sur des intérêts communs et sur la plus parfaite

réciprocité, a renoué et raffermi les liens qui attachaient les États-Unis à la France.

Nos relations diplomatiques et commerciales avec une partie des Puissances Barbaresques, suspendues depuis la journée d'Aboukir, et si essentielles à nos contrées du midi, ont été rétablies.

[ocr errors]

La Russie nous était contraire et menaçait d'entraîner tous les cabinets du Nord dans une coalition générale. Des négociations heureusement ménagées, des insinuations adroites, des actes de grandeur et de loyauté, une politique noble et généreuse, ont arraché à l'influence anglaise un auxiliaire puissant, dont elle voulait faire un instrument aveugle de ses projets. Un vaste plan a été opposé aux vues machiavéliques d'un ennemi perfide et ambitieux. Aujourd'hui, la Russie, ramenée à ses vrais intérêts, se rapproche de la République Française. Deux grandes Puissances, l'une au midi, l'autre au nord de l'Europe, doivent établir un nouveau systême de balance politique, offrir une base et une garantie de la paix continentale et générale, assurer l'indépendance et la sécurité respectives des peuples Européens, dans leurs relations commercialcs et dans leurs navigations lointaines.

« PrécédentContinuer »