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A Naples, on a proscrit et fait périr des individus de tous les partis et de toutes les classes. Celui-ci est riche, on en veut à ses biens. Celui-là n'a point suivi le roi dans sa fuite, on en veut à son opinion. L'un a un ennemi, l'autre un débiteur ou un créancier. L'un a occupé un emploi, l'autre n'a voulu se mêler de rien. Ceux ci ont des principes; d'autres, des talens. Tous sont suspects ou dangereux : tous sont inscrits sur les listes fatales. Tous les prétextes sont bons, toutes les accusations sont admises. Les délations, les calomnies, les arrestations arbitraires, les exils déportations, les confiscations, les assassinats ravagent les familles. Le sang inonde au loin l'empire (34).

les

Des simulacres de tribunaux se prostituent à toutes les bassesses et à tous les forfaits. Les moindres détails de la vie, les paroles, les gestes, le silence; les offenses, les bienfaits; les amitiés, les haînes; la richesse la pauvreté ; tout devient crime dans le code industrieusement subtil de la tyrannie. Caligula, ayant divinisé sa sœur, après sa mort, faisait périr ceux qui la pleuraient, parce qu'elle était déesse,

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et ceux qui ne la pleuraient pas, parce qu'elle était sa sœur. Il lui fallait des victimes pour les dépouiller; il se ménageait les moyens d'assouvir à la fois sa rage et sa cupidité.

Les scènes sanglantes qui ont effrayé les regards de l'Europe fixés sur le sol napolitain, se reproduiraient dans toutes les villes, sur tous les points de la France, si l'affreuse contre-révolution pouvait avoir lieu.

Les vrais émigrés rentrant en foule, l'ame pleine de vengeances; la noblesse et le clergé, renaissant de leurs ruines, réclameraient leurs propriétés dispersées, livreraient à la mort et à la proscription les acquéreurs de biens nationaux, couvriraient la France de dissentions, de meurtres, et de brigandages. Tout ce qui a été dans les administrations, dans les tribunaux, dans les assemblées législatives serait réduit à se cacher ou à fuir du sol français. Les militaires, épargnés d'abord et même peut-être entourés un instant de perfides bienfaits et d'hypocrites promesses (35), ne tarderaient pas à être isolément flétris chassés et déclarés ré

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belles. Un tyran

Un tyran, sous un nom quelconque, laisserait à dessein régner la licence et lâcherait le frein à toutes les passions et à tous les désordres, pour s'assurer des créatures. Les institutions et les garanties seraient détruites: plus de représentation nationale, de jurés, de juges de paix, de liberté de la presse, de liberté civile, de propriétés; le mot République deviendrait un signal de mort. Des espions, des délateurs, des bourreaux, des assassins; une administration faible et attroce, obligée de spéculer sur la corruption, sur les vengeances et sur tous les crimes; des parlemens, des intendans, des gouverneurs, des droits seigneuriaux, des dixmes, des gabelles, des corvées; les gibets, les massacres, le droit du plus fort, ła domination de l'épée, le règne des fusillades, la servitude, la guerre civile feraient peut-être, après de longs malheurs, haître l'insurrection et la liberté. Peut-être aussi, cette première tyrannie, qui ne pourrait durer long-tems, comme tout ce qui est extrême, ferait place à une autre plus cruelle et plus sanguinaire, à celle de l'étranger dévastateur.

Les Gouvernemens royaux et héréditaires, qui se regardent comme propriétaires, ont du moins quelquefois un esprit d'ordre et de conservation. Les Gouvernemens, essentiellement nationaux et renfermés par leur organisation et leur nature dans la route étroite du bien public, offrent une garantie, et maintiennent et conservent. Mais, malheureux les peuples, qui, n'ayant ni Gouvernement héréditaire, et se croyant propriétaire, ni Gouvernement national et conservateur, sont livrés aux mains d'étrangers avides, qui ne veulent que prendre et jouir, dévaster et détruire, et qui n'ont aucune idée de durée, aucune pensée de systême social, aucun întérêt ni aucun soin de ménager les ressources du sol fortunes et le sang des citoyens!

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ni les

Nous sommes donc tous intéressés à ce qu'un successeur des Bourbons, ou un fantôme de roi ne reparaisse pas au milieu de nous, avec les émigrés qui ont porté le fer contre leur patrie, avec les sicaires, les brigands et les étrangers.

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Tout ce qui est Français doit avoir la contre-revolution en horreur. Il faut que les Français s'isolent des intrigues étrangères,

24.

Derniers ef

forts de l'Angleterre.

se resserrent autour de leur Gouvernement, se rapprochent, négocient, traitent leurs affaires entr'eux, et conservent la République pour conserver leur Patrie.

24. Mais, plus le renversement du Gouvernement et du systême républicain entraînerait des troubles affreux et d'incalculables malheurs plus le génie malfaisant de l'Angleterre caresse dans son délire cette horrible perspective, désormais impossible à réaliser.

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Plus la situation actuelle de la République Française, sous les rapports militaire, politique et administratif, au moment de la paix continentale, est brillante au déhors et dans l'intérieur; plus elle atteste le génie, la force et les succès de son Gouvernement, et lui promet des destinées glorieuses et d'inappréciables avantages plus aussi, le cabinet Britannique, dévoilé dans ses projets ambitieux et destructeurs, abandonné des alliés qu'il voulait sacrifier, perdu dans l'opinion même du peuple qu'il a trompé, redouble maintenant les efforts de sa rage expirante, pour changer tous nos lauriers en cyprès, notre

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