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rens réactionnaires ou révolutionnaires se seraient débordés sur la France : les passions et les fureurs auraient été déchaînées: de nouveau: la République n'existerait déjà plus.

. La masse entière des Français s'est rat-> tachée avec confiance au Gouvernement qui a offert un point de ralliement et un centre d'union; qui a pacifié la Vendée ; qui s'est aidé de toutes les opinions tempérées entr'elles et de tous les partis; qui a raffermi et consolidé. la République chancelante; qui a suivi. habilement l'opihion en lui cédant et la modifiant tour-à-tour; qui a établi la liberté des cultes ; quina rappelé en France les individus seulement que les scènes de la révolution avaient ef frayés; qui a fermé la liste des émigrés; qui a prété une main protectrice aux négocians; qui s'est occupé de l'industrie, des manufactures, de la navigation et de la prospérité intérieures; qui a fait des prodiges militaires qui a conclu et cimenté de grandes alliances, signé la paix continentale; et qui a prés senté à l'Europe le spectacle d'un commandement des armées et d'une direction générale, dont les résultats, dans le cercle

étroit d'une année, ont étonné toutes les imaginations et surpassé toutes les espé

rances.

Je ne prétends pas néanmoins que ce Gouvernement, au milieu des grandes choses qu'il a faites, dans le tourbillon d'intrigues, de projets divers, d'intérêts opposés, où il était placé, n'ait jamais été entraîné hors de la route étroite qu'il devait suivre et n'ait adopté aucun avis pernicieux, ni pris aucune fausse mesure. Tous les hommes, et surtout les gouvernans, sont sujets à l'erreur. Il est même dans l'inévitable destinée de ceux qui gouvernent de ne jamais bien connaître, que par une tardive expérience, les effets de leurs opérations, quand elles sont vicieuses. Ceux qui les ont conseillées, en font l'apologie: ceux qui sont frappés, ne peuvent se faire entendre.

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Je ne prétends pas non plus qu'il n'y ait aucuns mécontens. Il y en a sous tous les Gouvernemens et chez les peuples les plus heureux. Il y en a surtout nécessairement en France, à la suite des longues tourmentes politiques, qui ont ravagé toutes les familles et bouleversé toutes les for tunes.

Mais

Mais je crois être l'interprète fidèle de l'opinion, en reconnaissant que les Consuls ont gouverné un pays, que la plupart des administrations précédentes avaient dévasté; qu'ils ont réalisé en une seule année un vaste plan d'amélioration, dont l'exécution eût paru chimérique, au moment où ils ont pris les rênes de l'Etat; qu'ils ont vaincu des difficultés presqu'insurmontables; qu'ils ont eu le mérite bien rare de profiter de l'expérience et d'éviter les fautes de leurs prédécesseurs; qu'ils ont fait, en un mot, tout le bien que pouvaient comporter les

circonstances.

On ne juge pas un Gouvernement sur des mesures partielles, sur des actes pris au hasard, sur quelques plaintes isolées, mais d'après l'ensemble de ses plans, d'après les résultats généraux, d'après l'opinion nationale.

La manière la plus sûre d'apprécier la conduite d'un Gouvernement, est d'étudier les dispositions du peuple envers lui.

Une nation ne se trompe guère dans le jugement qu'elle porte de ses gouvernans, parce que ce jugement tient moins à la faculté de raisonner et d'examiner qu'à celle

26.

Vérités gé

nérales.

de sentir, et à une espèce d'instinct qui n'égare jamais.

Si la nation se sent heureuse, elle croit son Gouvernement juste et sage; si elle est malheureuse, elle le croit inèpte et injuste: et, dans les deux cas, elle a raison, puis que tout Gouvernement, pour être bon, doit faire le bonheur du peuple qui lui confie ses destinées.

L'amour et l'estime d'une nation pour son Gouvernement donnent la vraie mesure de la félicité, dont elle jouit sous son influence.

26. Il est donc vrai de dire que le vœu de CONCLUSION. la nation Française était la paix ; qu'il est accompli : que le but de la révolution était le développement et l'emploi des ressources de la France, pour assurer et garantir la liberté, les droits et le bonheur de ses citoyens; que la sagesse et l'union peuvent nous conduire à ce but désirable

nous nous rapprochons tous les jours.

dont

Il est vrai de dire qu'il n'y a plus de partis, plus de divisions de citoyens, puisqu'il n'y a plus qu'un seul intérêt, un seul désir, un seul but: la prospérité publique

particulière développée par la paix intérieure et extérieure. 11 est vrai que, puisque l'opinion se forme de cet instinct secret et involontaire, qui porte les nations, comme les individus, à vouloir leur conservation et leur sûreté, cette opinion n'a plus aujourd'hui qu'une espèce d'hommes qui lui soient opposés, les révolutionnaires ou les contre-révolutionnaires; et je n'entends point par ces mots les hommes, qui ont eu, ou qui nourrissent encore telles ou telles conceptions politiques, mais les hommes qui sont toujours, essentiellement et par caractère, indépendamment de l'opinion et des circonstances, turbulens, inquiets, ennemis de tout Gouvernement régulier, perturbateurs, machinateurs de complots.

Il n'est pas de républicanisme sans vertu, sans probité, sans amour de l'ordre et de son pays; il n'est point de République sans républicains. Il faut donc rappeler les Français aux vertus qui constituent le républicanisme et aux efforts les mieux combinés, pour que la paix du déhors soit encore affermie par la paix intérieure : c'est-là qu'est la garantie du Gouvernement.

Il faut repousser et abjurer cette dange

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