Images de page
PDF
ePub

VII® LEÇON.

OUVRAGE DES SIX JOURS.

Suite du troisième jour.—Création et variété des arbres fruitiers.

- Propriétés des fruits. - Arbres qui ne portent pas de fruits. — Leur utilité.Utilité et magnificence des forêts. - Richesses renfermées dans l'intérieur de la terre. - Les métaux. —L'or. -Le fer.-Quatrième jour.-Création du soleil.-Sa distance de la terre. Son mouvement.-Son lever. - Sa lumière.

[ocr errors]

Il ne suffisait ni à la magnificence du Créateur, ni à sa bonté pour l'homme, que la terre fùt parée d'un vert gazon et de fleurs odoriférantes et salutaires; une nouvelle parole vint achever d'embellir le futur séjour du Roi de la création, Dieu dit: Que l'aride produise des arbres fruitiers qui portent des fruits chacun selon son espèce, et qui renferment leur semence en euxmêmes pour se reproduire sur la terre. Et cela se fit ainsi (1).

Avant cette parole, la terre n'était qu'une prairie ou un jardin potager. Mais à cette parole elle devient sur-le-champ un immense verger planté de toutes sortes d'arbres, chargés de fruits de mille espèces dont les uns doivent succéder aux autres suivant les saisons. O hommes! ouvrez les yeux, les yeux de votre cœur,

(1) Gen. 1, 12.

et voyez encore ici la sagesse et la bonté de votre Père céleste.

1o Dans la création et la variété des arbres fruitiers. Quelle source de jouissances dans cette prodigieuse variété de fruits qui se succèdent naturellement, ou que l'on sait conserver pendant l'année tout entière! Entre les arbres fruitiers, il y en a qui ne portent des fruits que dans une seule saison, d'autres en deux saisons différentes. Enfin, il en est qui unissent ensemble et les saisons et les années mêmes; les orangers, par exemple, portent tout à la fois des fleurs naissantes, des fruits verts et des fruits mûrs. Dieu l'a fait ainsi, pour plusieurs raisons qui sont toutes à notre avantage. D'abord il nous instruit en nous montrant la souveraine liberté avec laquelle il peut à son gré diversifier les lois de la nature, et en tout temps et de toutes choses faire également ce qu'il lui plaît. Ensuite, mes enfants, il parle à notre cœur. Cet arbre dont les branches sont courbées jusqu'à terre sous le poids de fruits excellents, dont la couleur et l'odeur annoncent le goût, et dont l'abondance étonne l'imagination, ne semble-t-il pas nous dire, par cette pompe qu'il étale à nos yeux : Apprenez de moi quelle est la bonté et la magnificence du Dieu qui m'a formé pour vous? Ce n'est ni pour lui ni pour moi que je suis si riche. Lui, il n'a besoin de rien, et moi, je ne saurais user de ce qu'il m'a donné. Bénissez-le, et déchargez-moi. Rendez-lui grâce; et puisqu'il m'a rendu le ministre de vos délices, devenez-le de ma reconnaissance.

De toutes parts ne vous semble-t-il pas entendre les

mêmes invitations? A chaque pas c'est une espèce nouvelle. Voyez donc, ô hommes, comme la sagesse divine s'est jouée dans la formation des créatures! Ici, le fruit est caché au-dedans, la noix; là, c'est l'amande qui est intérieure, la pêche, tandis qu'une chair délicate brille au dehors des plus vives couleurs. Toutes les voix des créatures qui demandent en priant notre reconnaissance nous reprochent aussi notre ingratitude. Les Saints entendaient ce double langage, et vous l'entendrez aussi, mes chers enfants. On raconte d'un vénérable solitaire qu'en voyant les herbes, les fleurs, les arbrisseaux qui se trouvaient sur son passage, il les frappait doucement avec son bâton en disant Taisez-vous, taisez-vous; je comprends; vous me reprochez mon ingratitude; taisez-vous, taisezvous; j'aime et je bénis maintenant celui qui vous a faits moi.

pour

2o Dans leurs rapports avec les climats et les saisons. Tous ces arbres qui, à la parole du Créateur, paraissent en un seul jour et dans un même pays, afin d'instruire et de charmer Adam qui doit bientôt les suivre, sont destinés pour des lieux différents. Les fruits acides seront plus ordinaires dans les pays chauds, où ils sont plus nécessaires : les citrons, par exemple. Les fruits d'un goût plus doux et plus diversifié, seront plus abondants où la chaleur sera plus modérée : les pommes, les poires, etc. Il en est de même des autres fruits que nous donnent les arbrisseaux et les plantes: ils sont tous dans une harmonie parfaite avec les climats et les saisons. Pourquoi viennent-ils s'offrir à nous pendant la chaleur de l'été et de l'automne? Ah!

c'est que notre sang, échauffé par le soleil ou le travail, a besoin de rafraîchissement. Voyez si nous ne sommes pas, permettez l'expression, les enfants gâtés de notre Père céleste.

Dès le mois de juin, il nous fournit, sans que nous nous en mêlions, des framboises, des groseilles et des cerises.

Le mois de juillet garnit nos tables de cerises, de pêches, d'abricots et de quelques espèces de poires. Le mois d'août semble moins donner que prodiguer ses fruits les figues, les cerises tardives, et une foule d'excellentes poires.

:

Le mois de septembre nous pourvoit déjà de quelques raisins, des poires d'hiver et des pommes,

:

Les présents du mois d'octobre sont diverses sortes de poires, de pommes, et le délicieux fruit de la vigne. Telle est la sage économie avec laquelle ce bon Père nous départit ses dons d'un côté il empêche que leur trop grande abondance ne nous soit à charge, et de l'autre il nous procure une longue variété de jouissances. Et ce n'est pas seulement pour servir au luxe des riches, c'est aussi pour satisfaire aux besoins des pauvres, que Dieu a si prodigieusement multiplié les fruits; car il en faudrait beaucoup moins s'il n'était question que de conserver et de propager les arbres. Il est donc évident que le Créateur a voulu pourvoir à la nourriture des hommes, et en particulier à celle des pauvres. Il leur donne, dans les fruits, un moyen de subsistance peu coûteux, nourrissant, salubre, et si agréable, qu'ils n'ont aucun sujet d'envier aux riches leurs mets recherchés et si souvent nuisibles.

3o Dans les arbres qui ne portent pas de fruits. Nous remarquons encore au sujet des arbres fruitiers une attention de notre Père céleste. Ces arbres ne s'élèvent jamais à une grande hauteur. Le but de la Providence est évident où en serions-nous s'il fallait cueillir les pommes ou les pêches sur les arbres aussi élancés que les pins ou les peupliers? La parole créatrice n'exprime que des arbres fruitiers; c'est qu'en effet tout arbre porte du fruit. Mais nous appelons proprement arbres fruitiers, ceux dont les fruits servent à notre nourriture les autres ont également leurs avantages. D'abord, leurs fruits sont la nourriture d'une foule d'oiseaux et d'insectes utiles à l'homme, la médecine en tire des médicaments, les arts des couleurs; ensuite à combien d'usages ne sert pas leur bois!

Le chêne, dont les accroissements sont fort lents et qui ne se couvre de feuilles que lorsque les autres arbres en sont déjà ornés, fournit le bois le plus dur, et l'art sait l'employer pour une multitude d'ouvrages de charpente, de menuiserie et de sculpture, qui semblent braver l'action du temps. Le bois plus léger sert à d'autres usages; et comme il est plus abondant et qu'il croît plus vite, il est aussi d'une utilité plus générale. C'est au bois des arbres que nous devons nos vaisseaux, nos maisons, notre chauffage, mille meubles et mille ustensiles nécessaires et commodes. Il contient la principale matière ou l'aliment le plus naturel du feu, sans lequel nous ne pourrions ni apprêter nos nourritures les plus communes, ni fabriquer les choses les plus nécessaires, ni conserver notre santé.

« PrécédentContinuer »