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les grandes vérités religieuses que Dieu avait révélées au premier homme. Pendant plus de deux mille ans l'enseignement de la Religion fut exclusivement vocal: c'est le Catéchisme primitif.

Ce même enseignement reparut au commencement de l'ère chrétienne. Le divin Rédempteur du monde, le Précepteur de toutes les nations, enseigna de vive voix il n'a rien écrit. Ce ne fut que plusieurs années après sa glorieuse Ascension que les Apôtres fixèrent sa doctrine par l'Écriture. Mais il faut remarquer que l'enseignement n'en était pas moins vocal. Les Évangiles, les Épîtres des Apôtres, n'étaient jamais remis aux mains de ceux qu'on voulait initier à la Religion; cela pour plusieurs raisons très-graves. D'abord, parce que l'enseignement de vive voix était bien plus facile, bien plus sûr et bien plus en rapport avec l'esprit peu éclairé des Néophytes; ensuite, parce qu'on ne voulait pas exposer les livres saints à tomber entre les mains des profanes. On obéissait en cela au commandement exprès du Sauveur qui avait dit: Prenez garde de ne pas jeter vos perles devant les pourceaux. Enfin, on craignait que les Catéchumènes, venant à se dégoûter, ne prissent occasion des connaissances qu'ils auraient reçues pour livrer à la dérision les mystères du Christianisme, ou, en les altérant, provoquer, par leurs calomnies, les persécutions des Païens.

C'est pour cela qu'on les instruisait uniquement de vive voix, et encore avec beaucoup de réserve. Il est indispensable de connaître cet usage sacré de nos pères dans la foi, pour comprendre 1o ces paroles qui reviennent si souvent dans leurs discours : les initiés

savent ce que je veux dire (1); 2o la raison pour laquelle on renvoyait de l'église les Catéchumènes avant de commencer l'offrande du saint Sacrifice; 3° la raison pour laquelle les pères ont parlé si rarement dans leurs écrits de certaines vérités; 4° enfin, la raison pour laquelle l'enseignement de la Religion s'appelait alors Catéchisme.

A l'imitation des Patriarches qui donnaient aux lieux mémorables des noms qui rappelaient l'événement qui s'y était accompli, les premiers Chrétiens avaient aussi leur écriture monumentale. Pour suppléer aux livres, ils avaient gravé sur les parois des catacombes, sur leurs lampes, sur leurs bagues, sur mille objets servant à leur usage, les principaux traits de l'Ancien Testament, et quelques-uns du Nouveau. Nous verrons tout cela dans la troisième partie du Catéchisme.

Lors donc qu'un Païen ou un Juif demandait à embrasser le Christianisme, on n'avait garde de lui remettre entre les mains un livre sacré, ou de l'instruire à fond des vérités de la foi. On s'attachait à faire sentir à l'un et à l'autre l'insuffisance de la loi de Moïse, ou la vanité des idoles, aussi bien que l'absurdité de la philosophie profane. On leur enseignait outre cela les préceptes moraux de l'Évangile, et les dogmes généraux de notre Religion: tels que l'unité de Dieu, le jugement universel, la résurrection générale, et l'histoire de l'Ancien et du Nouveau Testament; mais on ne leur parlait pas du reste. Ce n'était

(1) S. Cyrille de Jérusalem, Catech. etc., etc., etc.

même qu'après de longues épreuves, et au moment de recevoir le baptême, qu'on leur enseignait le Symbole et l'Oraison dominicale. Cette instruction se donnait dans des assemblées particulières, appelées scrutins, parce qu'on y examinait la foi et les dispositions de ceux qui devaient être baptisés. Là seulement on leur donnait le Symbole et l'Oraison dominicale par écrit. On les obligeait à les apprendre par cœur. Huit jours après, au scrutin suivant, ils devaient les réciter et remettre l'écrit qui les contenait, de peur qu'il ne tombat entre des mains profanes. Cela s'appelait la reddition du Symbole (1).

Enfin, lorsque les Catéchumènes avaient été suffisamment éprouvés, et qu'ils paraissaient dignes de recevoir le Baptême, dont ils persistaient à solliciter la grâce, on les réunissait aux Fonts baptismaux, la veille de Pâques ou de la Pentecôte, nuits solennelles et brillantes, consacrées généralement à la régénération des adultes. C'est là qu'avant de les plonger dans l'eau sainte, l'Évêque leur expliquait à découvert la nécessité et les effets du premier des Sacrements. Au sortir des eaux baptismales on les conduisait, vêtus d'une robe blanche, aux fidèles assemblés, dont ils allaient dorénavant augmenter le nombre. L'Évêque alors montait en chaire, et, tirant le voile qui jusque là leur avait dérobé les mystères saints, les exposait au jour devant les Néophytes; et les instructions sur l'institution, la nature et les effets de l'Eucharistie, sur les sentiments de foi vive, de piété et d'amour

(1) Aug. Serm. 213.

que demandait d'eux la participation à ces augustes mystères, se continuaient chacun des jours de la première semaine. Telle fut la pratique générale de l'Église jusqu'au cinquième siècle (1).

Telle est aussi la signification et l'origine du mot Catéchisme, tels les souvenirs précieux qui s'y rattachent. Puisse ce mot, lorsqu'il retentit à nos oreilles, porter dans nos cœurs la pensée des premiers âges du monde, des mœurs simples et pures des Patriarches; la pensée des premiers Chrétiens, de leur respect pour les mystères sacrés, de leurs persécutions et de leurs vertus; car ce mot renferme cette double histoire! Puisse-t-il surtout, mes chers enfants, nous porter à l'imitation des beaux exemples qu'ils nous ont laissés.

PRIÈRE.

O mon Dieu! qui êtes tout amour, je vous remercie d'avoir établi des Catéchismes de Persévérance. Vous avec voulu, en éclairant mon esprit par la connaissance approfondie de la Religion, soutenir mon cœur dans la pratique des vertus qu'elle commande; accordez-nous la grâce de correspondre à ce grand bienfait, auquel plusieurs devront leur salut.

Je prends la résolution d'aimer Dieu par-dessus toutes choses, et mon prochain comme moi-même pour l'amour de Dieu; et, en témoignage de cet amour, j'assisterai, avec un grand désir d'en profiter, au Catéchisme de Persévérance.

(1) Voyez sur la discipline du secret, Discussion amicale, t. 1, p. 344.

II LEÇON.

ENSEIGNEMENT ÉCRIT.

Ancien Testament. Son but.-Parties dont il se composc. Intention de Dieu sur son peuple et sur toutes les nations, en faisant écrire l'Ancien Testament.-Tradition. -Nouveau Testament. Parties dont il se compose.-Tradition. — Inspiration, authenticité, intégrité de l'Ancien et du Nouveau Testament.

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Vous avez vu, mes amis, que pendant le long espace de deux mille ans, la Religion, avant la venue du Messie, fut transmise de vive voix par les pères aux enfants; mais avec les mœurs pures et la longue vie des Patriarches, la simplicité de la foi menaçait de disparaître. Les passions prenaient peu à peu l'empire. En dépravant le cœur, elles aveuglaient la raison, et la race d'Abraham aurait peut-être suivi l'exemple des nations étrangères : l'idolâtrie eût régné partout. Dieu, qui veillait sur le genre humain, ne voulut pas qu'il en fût ainsi. Afin de rendre plus sacré et plus inaltérable l'enseignement de la Religion, il grava sur la pierre sa Loi sainte; Moïse écrivit ses ordonnances; Aaron et son Sacerdoce furent chargés d'enseigner la Religion et de la maintenir pure de toute erreur. Dépositaire des livres sacrés, nuit et jour la Synagogue veillait à leur garde et décidait toutes les questions religieuses qui s'élevaient parmi le peuple.

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