Images de page
PDF
ePub

X® LEÇON.

OUVRAGE DES SIX JOURS.

Suite du cinquième jour. - Encore de l'instinct des oiseaux.. Leurs migrations. -Soins maternels de la Providence.- Sixième jour. Les animaux domestiques. -Leur docilité. Leur sobriété.-Leurs services.-Les insectes.-Leur parure.-Leurs armes. Leur adresse. - Leurs organes.

[ocr errors]

1° Instinct des oiseaux. Nous avons vu, mes chers enfants, de quel admirable instinct sont doués les oiseaux, soit pour faire leur nid, soit pour couver leurs œufs, soit enfin pour nourrir leurs petits; cet instinct s'étend encore à prévoir le danger, à signaler l'ennemi qui pourrait leur nuire. Entre mille exemples, nous en choisirons un seul d'autant plus sensible qu'il est plus familier.

Observez une poule d'Inde à la tête de ses petits. On lui entend quelquefois pousser un cri lugubre dont on ignore la cause et l'intention. Aussitôt, tous ses petits se tapissent sous les buissons, sous l'herbe, sous tout ce qui se présente : ils disparaissent tous; s'il n'y a pas de quoi les couvrir, ils s'étendent par terre et contrefont les morts. On les voit dans cette posture, sans branler pendant des quarts-d'heure entiers, et souvent beaucoup plus. La mère cependant porte ses regards en haut d'un air alarmé, elle redouble ses

soupirs, elle réitère ce cri sinistre qui abat tous ses petits. Les personnes qui remarquent l'embarras de cette mère et son attention inquiète, cherchent dans l'air ce qui peut y donner lieu; à force de regarder on aperçoit sous les nues qui traversent l'air un point noir qu'on a peine à démêler. C'est un oiseau de proie que son éloignement dérobe à notre vue, mais qui n'échappe ni à la vigilance ni à la pénétration de notre mère de famille. C'est ce qui cause son effroi et qui a mis l'alarme au camp. Un jour nous en vîmes une demeurer dans cette agitation et ses petits se tenir collés contre terre, pendant quatre heures de suite que l'oiseau tournait, montait et descendait au-dessus d'eux.

Enfin l'oiseau disparaît-il, la mère change de note; elle pousse un autre cri que rend la vie à ses petits. Ils accourent tous auprès d'elle, ils battent des ailes, ils lui font fête, ils ont mille choses à lui dire. On se raconte apparemment tous les dangers qu'on a courus, on donne des malédictions à la vilaine bête. Que tout ceci est étonnant! Qui peut avoir fait connaître à cette mère un ennemi qui ne lui a jamais fait de mal? comment aperçoit-elle cet ennemi à une pareille distance? où est son télescope? D'un autre côté, quelles leçons a-t-elle données à sa famille pour distinguer, suivant le besoin, les différents sens de ses cris, et pour régler ses actions sur son langage?

Ces admirables harmonies entre les organes de cette poule et l'usage qu'elle en doit faire pour se conserver elle et sa famille, toutes ces merveilles de structure et d'instinct sont tous les jours sous nos yeux. Et qui est-ce qui les remarque et qui en remercie la Provi

dence? Oh! que la sollicitude maternelle de cette poule justifie bien la comparaison dont Notre Seigneur a daigné faire usage dans l'Évangile. Rien ne nous montre sous des traits plus touchants sa prévoyante bonté: Jérusalem! Jérusalem! combien de fois n'ai-je pas voulu rassembler tes enfants comme la poule rassemble ses petits sous ses ailes! et tu n'a pas voulu......... (1).

2° Leurs migrations. La vie des oiseaux est remplie d'instructions pour nous, chaque page nous montre la sagesse, la bonté, la puissance du Créateur et invite notre cœur à la confiance et à l'amour. Voici un nouveau chapitre de leur histoire, non moins intéressant que les autres; puisse-t-il produire sur nous les impressions salutaires que s'est proposées le céleste Écrivain qui l'a rédigé!

Les mêmes oiseaux n'habitent pas constamment les mêmes lieux, ils changent de pays suivant les saisons. Au printemps, arrivent dans nos climats des armées d'hirondelles; en été viennent les cailles : tous ces oiseaux disparaissent quand l'automne est venu et que les froids approchent. La joyeuse armée va prendre ses quartiers d'hiver dans des climats plus chauds; là, se trouvent des magasins abondamment pourvus: leur grand Fournisseur est parti d'avance. Il est vrai, tout manque à nos pélerins, ils ne connaissent pas même la route. N'importe, ni la distance des lieux, ni la largeur des mers, ni l'obscurité de la nuit, rien ne les effraie, rien ne les arrête. Confiants en celui qui les appelle, ils comptent bien trouver la route, et sur la route,

(1) Matth. xxm, 37.

des étapes et des rations, et ils ne se trompent pas. Lors donc que le moment de partir approche, vous les voyez faire leurs préparatifs. Chaque espèce a sa manière de voyager, comme dans une armée chaque corps a son allure et ses manœuvres particulières. En voici qui décampent les premiers et qui partent seuls, d'autres avec leur famille, ceux-là en petite compagnie. Bientôt le gros de l'armée s'ébranle; les troupes nombreuses qui le composent se sont donné rendezvous dans une plaine isolée ou sur le clocher d'un village solitaire. Là sont les canards sauvages, ici les hirondelles.

Au signal du départ, les premiers s'arrangent ordinairement sur une longue colonne comme un I, ou sur deux lignes réunies en un point comme un V renversé. Le canard qui fait la pointe, fend l'air et facilite le passage à ceux qui le suivent. L'oiseau conducteur n'est qu'un temps chargé de la commission: il passe de la pointe à la queue pour se reposer; un autre lui succède. Les secondes, plus légères, forment une masse compacte dont l'air est quelquefois obscurci. Plusieurs s'arrêtent en Europe et se cachent dans les roseaux et dans les marais pour y rester dans un état d'engourdissement léthargique jusqu'au retour du printemps. Des hommes dont la véracité ne peut être mise en question assurent effectivement en avoir retiré de l'eau dans un état de mort apparente, à une époque où toute la race avait disparu du pays, et les avoir rappelées à la vie en les réchauffant lentement. La précaution qu'elles ont prise par avance de se bien lustrer les plumes avec leur huile et de se pelotonner,

la tête au dedans et le dos en dehors, les garantit de l'humidité : ceci regarde l'hirondelle de rivière. Quant aux hirondelles de cheminée et aux hirondelles de fenêtres, elles émigrent en automne vers les pays chauds. On les voit alors se rendre par bandes nombreuses sur les bords de la Méditerranée, et s'y rassembler sur quelque point élevé, en légions innombrables qui, après avoir attendu quelques jours un moment favorable, partent de concert et traversent la mer; on les y rencontre quelquefois, et on les voit s'abattre sur les cordages des navires lorsque les vents contraires s'opposent à leur voyage; enfin on assure que, dans le mois d'octobre, nos hirondelles commencent à se montrer au Sénégal, où elles passent l'hiver et changent de plumes.

Au retour du printemps, chacune a hâte de regagner la ville, le village, la chaumière, la vieille fenêtre où elle a laissé toutes ses affections, parce qu'elle y trouva l'hospitalité l'année précédente.

Combien de merveilles, mes chers enfants! Que la rigueur du froid et le défaut de nourriture avertissent les oiseaux de changer de domicile, on le conçoit encore: mais d'où vient que, lorsque la température leur permet de rester et qu'ils trouvent encore des aliments, ils ne laissent pas de partir au temps marqué? Quel historien, quel voyageur est venu leur apprendre qu'ils auront dans d'autres climats la nourriture et la chaleur convenables? Quel magistrat prend soin d'assembler le conseil pour fixer le jour du départ? Dans quelle langue les mères ont-elles dit à leurs petits, nés sculement depuis quelques mois, qu'il fallait quit

« PrécédentContinuer »