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III LEÇON.

CONNAISSANCE DE DIEU.

·DIEU CONSIDÉRÉ EN LUI-MÊME.

Son existence.

Preuves.

-

- Traits historiques.

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Perfections de Dieu.-Éternité, Indépendance, Immensité, Unité, Immutabilité, Liberté, Spiritualité, Intelligence. — Providence. Preuve.

Cieux et terre, faites silence; enfants des hommes, prêtez l'oreille. Avant tous les siècles, par-delà tous les Cieux, au-dessus de tous les mondes, il est un ÈTRE éternel, infini, immuable, qui est à lui-même son principe, sa fin, sa félicité. La création tout entière avec ses soleils et ses mondes, chacun desquels enferme en soi des myriades de mondes, n'est qu'un reflet de la gloire de ce grand Être. Il est partout, il voit tout, il entend tout. Être des êtres, qui suis-je, faible mortel, pour parler de vos grandeurs? Le silence est le seul hymne qui soit digne de vous: Silentium tibi laus, Deus, in Sion.

Et d'abord, quel nom vous donner? « Être audessus de tous les êtres, disait autrefois un de ceux qui contemplent aujourd'hui votre ineffable essence; Être au-dessus de tous les êtres, ce nom est le seul qui ne soit point indigne de vous. Quelle langue pourrait vous nommer, vous dont toutes les langues ne pourraient représenter l'idée! Vous êtes ineffable pour

toutes les bouches, parce que c'est vous qui avez départi la parole à toutes les bouches. Vous êtes incompréhensible, parce que c'est de vous que sont émanées toutes les intelligences. Tout célèbre vos louanges : ce qui parle vous loue par ses acclamations; ce qui est muet, par son silence. Tout révère votre majesté : la nature vivante et la nature morte. A vous s'adressent tous les vœux, toutes les douleurs; vers vous s'élèvent toutes les prières. Vous êtes la vie de toutes les vies, le centre de tous les mouvements, la fin de tout; vous êtes seul, vous êtes tout. O vanité des expressions humaines! tous ces noms vous conviennent, et cependant aucun ne saurait vous désigner. Seul dans l'immensité de l'univers, vous n'avez pas de nom. Comment pénétrer par-delà tous les Cieux dans votre sanctuaire impénétrable? Etre au-dessus de tous les êtres, ce nom est le seul qui ne soit point indigne de vous (1). »

Voilà Dieu!

Quel homme douta jamais de son existence? L'impie peut bien dire dans son cœur dépravé : Il n'y a point de Dieu; mais l'affirmer avec une conviction sincère, jamais le premier athée de bonne foi est encore à trouver. Et de fait, à moins d'avoir perdu la raison, est-il possible de nier un Ètre dont l'existence se révèle avec plus d'éclat que la présence du soleil, lorsque l'astre du jour étincelle de tous ses feux sous un ciel sans nuage? Aussi nous nous contenterons, mes enfants, de rappeler trois preuves de l'existence de Dieu.

(1) Grégoire de Nazianze.

1o La nécessité d'un Etre créateur. Il n'y a point d'effet sans cause. Un palais suppose un architecte, un tableau suppose un peintre, une statue suppose un statuaire; la terre avec ses montagnes gigantesques, et ses plaines fertiles, et ses lacs, et ses rivières; la mer, et son immensité, et son mouvement régulier, et ses vagues écumantes, et ses monstrueux habitants; le Ciel avec ses globes lumineux, immenses, innombrables, supposent aussi une cause toute-puissante, créatrice de tant de merveilles.

Cette cause quelle est-elle ? ces merveilleux ouvrages sont-ils à eux-mêmes leur propre cause? Mais tous vous répondent dans leur éloquent louange : Ipse fecit nos, et non ipse nos. C'est Dieu qui nous a faits, ce n'est pas nous qui nous sommes faits nous-mêmes. Non, ils ne se sont pas faits, car ils ne sont pas Dieu; la terre n'est pas Dieu, la mer n'est pas Dieu, le Ciel n'est pas Dieu, l'univers n'est pas Dieu : dans ces créatures, ne sont ni les propriétés ni les caractères incommunicables de l'Étre par excellence, l'éternité, l'indépendance, l'immensité, la liberté, la spiritualité.

Quelle est donc la cause qui a produit tant de merveilles? Le hasard? Mais le hasard n'est rien; c'est un mot vide de sens dont l'homme se sert pour cacher son ignorance, comme le mendiant d'un haillon pour couvrir sa nudité. En effet, nous disons qu'une chose se fait par hasard, pour signifier que nous n'en connaissons pas la cause. Le hasard n'est donc rien, il n'a donc pas fait le monde.

Quelle est donc la cause créatrice de l'univers? Les hommes? Vraiment l'histoire est inexcusable de n'avoir

pas conservé le nom de l'astronome qui a fabriqué le soleil et attaché les étoiles au firmament; le nom du géologue qui a fabriqué les Alpes et les Pyrénées; le nom du chimiste qui a fait l'Océan. Hélas! tous les hommes ensemble ne pourraient faire un moucheron, un grain de sable, et ils auraient fait l'univers!

Ainsi, d'une part, ce n'est ni le hasard ni l'homme qui ont fait les merveilles qui frappent nos regards; d'autre part, ces admirables ouvrages n'ont pas toujours existé et n'ont pu se faire eux-mêmes puisqu'ils n'ont pas les propriétés de l'Étre nécessaire; que restet-il, sinon qu'ils sont l'ouvrage de cet Être éternel, infini, tout-puissant, que la langue de tous les peuples appelle Dieu ?

2o Le témoignage de l'homme. Oui, tous les peuples l'ont nommé, car tous les peuples ont cru à l'existence de cet Être, principe de tous les autres (1). Ils ont pu se tromper sur ses perfections et ses attributs; mais toujours ils ont reconnu son existence. Prenez le genre humain depuis son berceau, suivez-le dans les divers climats qu'il a successivement habités, qu'aucun pays, qu'aucune nation, qu'aucune famille n'échappe à vos regards; des peuples civilisés, passez aux nations barbares, pénétrez chez les tribus dégénérés qui ont planté leurs tentes au milieu des sables brûlants de l'Afrique, ou chez les hordes sauvages qui errent dans les vastes savanes du Nouveau-Monde; partout vous

(1) Voyez leurs témoignages dans Jacquelot, Traité de l'Existence de Dieu; dans Creutzer, Religion de l'antiquité, etc., etc.

entendrez nommer Dieu; partout vous suivrez le genre humain à la trace des autels qu'il élève à la gloire de ce grand Être, à l'odeur des sacrifices qu'il offre en son honneur, au bruit des hymnes et des prières qu'il fait monter vers son trône éternel. Faites le tour du monde, il vous sera plus facile de trouver une ville bâtie dans les airs que de rencontrer un peuple sans l'idée de Dieu.

Il faut, mes bons amis, qu'elle soit bien enracinée, bien indestructible dans le cœur humain, cette grande idée de Dieu, puisque l'homme enseveli dans la boue des plus grossières voluptés, et devenu en quelque sorte semblable aux brutes stupides, laisse néanmoins échapper, malgré lui, le nom de Dieu et porte ses regards vers le séjour de ce grand Être. C'est l'obser vation que Tertullien faisait aux Païens de son temps : « Voulez-vous, leur disait-il, que je vous prouve l'existence de Dieu par le seul témoignage de l'âme? Eh bien, quoiqu'au fond de cette prison de boue qui la retient, quoiqu'enchaînée par une foule de préjugés, énervée par les passions et la concupiscence, esclave des fausses divinités, lorsque l'âme revient à elle-même comme du sein de l'ivresse ou de quelque maladie, et recouvre un instant de santé, elle proclame Dieu, elle l'invoque sous le seul nom qui lui convienne, Grand Dieu! Bon Dieu! ces paroles viennent à la bouche de tous les hommes. Omnium vox cst! O témoignage de l'âme naturellement chrétienne! O testimonium animæ naturaliter christianæ! Et quand elle tient ce langage, ce n'est point le Capitole qu'elle regarde, mais le Ciel, parce qu'elle sait bien que là est le siége du

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