Images de page
PDF
ePub

rendue palpable cette vérité qu'il importe si fort de rappeler aujourd'hui, que le Christianisme est la religion des siècles; qu'il n'y a jamais eu, et qu'il est impossible qu'il y ait jamais dans l'avenir une autre religion; car dans l'état de la nature tombée, il n'y a point de religion sans Médiateur, et il n'y a point d'autre Médiateur que Jésus-Christ, parce qu'il n'y a point d'autre Homme-Dieu que lui (1).

Rétablir l'union de l'homme avec Dieu, telle est donc la mission du Médiateur. Pour l'accomplir, il doit ôter le péché du monde, le péché qui seul a bouleversé le plan divin. Il sera donc expiateur, pour satisfaire à la justice divine; docteur, modèle, médecin, pour réparer dans l'homme tout entier les funestes ravages du péché. En sa personne, le genre humain triomphera pleinement, parfaitement du péché et de ses

Verbum factum fuisset homo, et utraque opinio pietati, fidei, auctoritatibus et rationibus subsistat, atque priori opinioni versus innitantur: dicimus quidquid contra ipsos attentatum fuerit, temerarium, præsumptuosum et pœna dignum fuisse. De Canonizat. et Beatif. Sanct. lib. 2. c. 28, n. 10. »-Chacun sait que Benoît XIV est un des papes les plus savants qui soient montés sur le trône de saint Pierre, et qu'il approuva lui-même son traité de la Canonisation des saints, composé lorsqu'il était encore archevêque de Boulogne.

(1) Nec enim aliud nomen est sub cœlo datum hominibus, in quo oporteat nos salvos fieri. Act. rv, 12. Unus enim Deus, unus et mediator Dei et hominum homo Christus Jesus. I Tim. 11, 5.

suites, comme dans la personne du premier Adam le péché avait malheureusement triomphé de l'homme dans son esprit, dans son cœur et dans son corps.

Or, comme il est évident que c'est notre union avec le premier Adam qui nous a rendus malheureux et coupables (1); de même il est évident que c'est notre union avec le second Adam qui nous sauvera. Le but de la vie du temps, le travail de chaque homme sera donc de s'unir à Jésus-Christ d'une union complète et permanente commencée sur la terre, cette union ne sera consommée que dans le Ciel, où, comme aux premiers jours du monde, Dieu sera tout en toutes choses.

Tel est, en quelques mots, le plan divin de la Rédemption humaine.

Ce dessein admirable, Dieu ne l'a pas dévoilé tout d'un coup il voulait peu à peu en développer la suite et en préparer l'accomplissement. Il fallait d'ailleurs que l'homme comprît, par une longue expérience, le besoin qu'il avait d'un Rédempteur. Toutefois, la sagesse et la bonté

(1) Sicut revera homines, nisi ex semine Adæ propagati nascerentur, non nascerentur injusti; cum ea propagatione, per ipsum dum concipiuntur, propriam injustitiam contrahunt : ita, nisi in Christo renascerentur, nunquam justificarentur. Concil. Trident. sess. v. cap. 3.

divine lui en disent assez, suivant les temps et les circonstances, pour le consoler dans son malheur, soutenir sa confiance et rendre ses œuvres surnaturelles; mais pas assez pour lui ôter le mérite de la foi et éblouir ses yeux par une lumière trop éclatante.

Dieu se proportionne aux besoins et aux forces de l'homme. Il fait briller le soleil de la révélation comme le soleil qui éclaire le monde physique, insensiblement et par degrés. Les tendres clartés de l'aube préparent l'œil aux rayons les plus vifs de l'aurore, et ceux-ci le disposent à soutenir les feux étincelants du midi. Ainsi en est-il dans le monde des esprits. Nous n'avons garde, dans nos explications, de nous écarter de cette marche providentielle.

Voilà pourquoi, commençant à l'origine des temps, nous suivons à travers les âges la manifestation progressive du grand mystère de notre Rédemption. Comme il repose tout entier sur Jésus-Christ à venir ou sur Jésus-Christ venu, c'est Jésus-Christ que nous cherchons, que nous suivons, que nous montrons partout depuis la première de nos leçons jusqu'à la dernière. Les faits historiques ne sont qu'une liaison entre les promesses, les figures et les prophéties. Ce qui ressort, ce qui domine dans chacune de nos instructions, c'est la grande image du Messie.

De cette sorte, nous réalisons le vœu de saint Augustin, qui veut que dans tout l'Ancien Testament on ne voie qu'une seule chose, JésusChrist (1). Agneau immolé depuis le commencement du monde, Héritier de tous les siècles anciens et Père du siècle futur; Pierre angulaire qui unit l'ancien et le nouveau peuple; Centre de toutes choses dans l'ordre intellectuel, moral et politique, le Christ était hier, il est aujourd'hui, il sera dans tous les siècles; c'est de lui que parlent toutes les Écritures, n'est-ce pas de lui que devait parler cet ouvrage tout entier? Aussi, comme nous l'avons dit plus haut, JésusChrist régénérant le monde, voilà le centre, l'alpha et l'oméga, le commencement, le milieu et la fin de notre Catéchisme.

Après avoir montré en quoi consiste la nature, les moyens et la fin du Christianisme; après avoir reconnu que dans les conseils éternels de la divine sagesse, le Rédempteur ne devait pas venir immédiatement, nous cherchons ce que Dieu devait à sa bonté pour l'homme, afin de le consoler d'une attente de quatre mille ans.

Or, on conçoit sans peine que Dieu devait 1° promettre à l'homme ce Rédempteur; 2o lui en

(1) Omnis Scriptura Christum narrat et charitatem docet... Tota Lex gravida erat Christo. Aug.

donner le signalement, afin qu'il pût le reconnaître quand il viendrait, et s'attacher à lui; 3o préparer le monde à sa réception et à l'établissement de son règne.

Voilà aussi ce que Dieu fait d'une manière digne en même temps de son infinie bonté et de sa profonde sagesse. Nous montrons qu'en effet depuis la chute de l'homme jusqu'à la venue du Messie, c'est à cela que se rapportent tous les conseils de Dieu. De là l'explication successive des promesses, des figures, des prophéties et des préparations du Libérateur.

[ocr errors]

3. LE MESSIE PROMIS. Pour fermer le cœur de l'homme au désespoir et lui faire prendre patience durant quaraute siècles, Dieu devait d'abord, comme nous l'avons vu, lui promettre un Rédempteur.

Et voilà que le Roi de la création n'est pas plus tôt tombé du trône, qu'une première promesse fait briller à ses yeux mouillés de larmes un rayon d'espérance: De la femme naîtra un fils qui écrasera la tête du serpent. Adam comprit cette mystérieuse parole, et la transmit fidèlement à ses enfants. Pendant deux mille ans cette première promesse fut comme l'unique espoir du genre humain. Quoique bien générale, elle suffit pour soutenir le courage des justes d'alors et rendre leurs œuvres méritoires.

« PrécédentContinuer »