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dépendance que sous certaines réserves. Ce traité, rédigé sous la forme d'un acte unilatéral, porte le nom de toμós ou bulle. Nous donnerons ci-dessous le premier et le dernier acte sur lesquels l'indépendance de l'église hellénique repose.

1.

Réponse du Gouvernement grec à la lettre du Patriarche et du synode de Constantinople demandant la réunion de la Grèce à l'église de Constantinople. Signée à Poros, le 28 mai (9 juin) 1828.

La lettre que Votre Sainteté, conjointement avec le saint Synode, a adressée dans le mois de Février aux Primats, au Clergé, aux Grecs notables, ainsi qu'à tout le reste de Chrétiens habitans du Peloponnèse et des Iles de la mer Egée, de tout rang et de toute classé, avait déjà paru dans les feuilles publiques de l'Europe entière, sans en excepter celles de la Grèce, lorsqu'en dernier lieu les archevêques métropolitains de Nicée, de Calcédoine, de Larisse et de Janina, ainsi que le grand vicaire de l'Eglise patriarchale sont venus à Poros, où Nous nous trouvons actuellement. Le lendemain de leur arrivée ils ont été invités à se rendre auprès de Nous, et notre entrevue a eu lieu le 22 Mai (3 Juin) en présence des officiers supérieurs des forces navales que les puissances alliées tiennent en station dans ces passages.

Quelques pénibles que fussent Nos présentimens, cependant combien Notre douleur ne s'est-elle pas encore accrue, Nous ne saurions le dissimuler à Votre Sainteté, quand Nous avons enfin acquis la certitude, que la mission de ces Prelats n'avait pour but que de Nous remettre la lettre du mois de Février, et de Nous exhorter en même temps de la manière la plus pressante à leur faire au moins espérer, que la nation grecque se conformerait aux conseils que Votre Sainteté lui donne.

En recevant cette lettre de leurs mains, Nous leur avons exposé avec une entière franchise les motifs, pour lesquels la démarche qu'ils venaient de faire ne pouvait avoir aucune suite, et moins encore de résultat analogue

aux voeux que forme Votre Sainteté. Les archevêques dépositaires de Votre confiance Nous ayant exprimé le désir d'être porteurs d'une réponse écrite, Nous n'hésitons pas à la leur donner dans les présentes. Elles renfermeront scrupuleusement les observations que nous avons articulées de vive voix dans l'entrevue du 22 Mai (3. Juin).

Nous sentons trop profondement tous les égards que Nous devons à la situation de l'Eglise et à Votre Sainteté pour Nous permettre de résumer le contenu de sa lettre, et pour discuter les conditions, dont l'accomplissement ferait entrevoir à V. S. en faveur de la Grèce un avenir tel que l'exigent ses longues calamités, un avenir surtout qui lui offrirait des garanties de repos et de sécurité. Nous nous bornerons à appeler l'attention de V. S. et du St. Synode sur celles de ces garanties, que la Grèce a déjà obtenues de la justice et de la bienveillance chrétienne de LL. MM. I. et RR, le Roi de la Grande-Bretagne, le Roi de France et l'Empereur de Russie.

Nous la prierons aussi d'arrêter dans un pieux reeueillement ses saintes méditations sur les miracles, par lesquels le Seigneur dans sa miséricorde a, de tout temps. et notamment dans ces dernières années, sauvé ce peuple. Cerné et attaqué d'un côté par des armées formidables, séduit de l'autre par tous les prestiges à l'aide desquels la malveillance et la perfidie égarent la faiblesse Rumaine; livré aux conseils de l'inexpérience, poussé souvent jusqu'au bord de l'abîme, ce peuple existe encore, et il n'existe que parceque Dieu lui a accordé la grâce de trouver dans sa foi chrétienne la force de combattre, le courage de souffrir avec persévérance et la détermination de périr plutôt que de se soumettre au joug que ces pères ont subi, mais qu'ils n'ont jamais accepté.

Le sort de la Grèce est donc l'oeuvre de la providence. Les hommes ne doivent que respecter ses décrets. Les Grecs en sont convaincus aujourd'hui plus encore que jamais, puisqu'ils touchent au terme de leurs infortunes, et que leurs voeux et leurs espérances vont s'accomplir. Cette conviction est unanime et universelle. Ni les Primats, ni le Clergé, ni les Notables, ni le peuple, auxquels V. S. s'adresse, n'en ont et ne peuvent en avoir une autre sans se dénaturer, sans cesser d'être hommes et chrétiens. Trop de sang a été versé, trop d'existen

ces ont été détruites durant les huit années de guerre et de désastres, qui ont désolé ce pays pour qu'il soit jamais possible d'y rétablir un ordre de choses quelconque qui ait pour base le passé.

Il en eût été autrement si le martyre du St. Patriarche Grégoire, de plusieurs Pères du St. Synode et des hommes les plus distingués de la nation n'avait donné à la Grèce la mesure de ce qu'elle se devait à elle-même pour se soustraire à l'extermination, dont elle a été menacée depuis le mois de Mai de l'année 1821 jusqu'au 6 Juillet de l'année dernière. Le désespoir lui a prèté des armes, et elle s'est défendue. Ses ennemis ont conjuré sa perte, et toutes leurs combinaisons n'ont fait que contribuer à son salut. Son arrêt de mort allait être signé, parcequ'en se conformant aux lois impérieuses de sa situation, elle avait contracté devant Dieu et les hommes l'engagement sacré de vivre libre sous la sauvegarde de ses droits, et enfin le traité de Londres a donné une sanction solennelle à cet engagement inviolable.

Il Nous serait superflu d'entrer ici dans d'autres explications. Le témoignage des faits, qui sont sous les yeux de tout le monde, Nous en dispense. Nous devons, au nom et de la part de la nation qui Nous a confié la direction de ses intérêts, prier V. S. de Nous accorder ses bénédictions et de Nous croire invariablement attachés aux principes de notre sainte religion. Nous nous estimerons heureux toutes les fois, qu'il plaira à Dieu de mettre V. S. dans une position, où elle puisse Nous faire jouir des biens qu'elle doit à tous les fils de la sainte Eglise, dont elle est le chef.

Nous remettons les présentes aux Archevêques Metropolitains de Nicée, de Calcédoine, de Larisse et de Janina, ainsi qu'au Grand Vicaire de l'Eglise Patriarchale, et Nous finissons en exprimant encore une fois les regrets, que Nous éprouvons de ne pouvoir rendre fructueux les efforts qu'ils ont fait pour exécuter les ordres, dont V. S. les a chargés.

Poros, le 28 Mai (9 Juin) 1828.

Le Président J. A. Capodistrias.
Le Secrétaire d'Etat S. Tricoupis.

2.

Tome synodique du saint et sacré synode de Constantinople, séance du mois de juin, indiction huitième, l'an du Sauceur 1850, sur l'église orthodoxe de la Grèce. Signé à Constantinople

le 17 juin 1850 *).

Traduction.

Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, ainsi soit-il.

Le souverain de toutes choses, notre Seigneur JésnsChrist, la nuit qu'il fut livré, donnant à ses saints disciples et aux apôtres le précepte de l'amour du prochain, qui était toute la nouvelle doctrine et qui devait servir de signe distinctif parmi les chrétiens: „La branche, dit-il, ne peut porter de fruit par elle-même, si elle ne reste unie à la vigne." Et en même temps, ce maître de toute sagesse, prenant en considération la faiblesse humaine, donna clairement à entendre qu'il était luimême la vigne à laquelle il nous était recommandé de rester toujours unis: „Demeurez en moi." De là cette unité si vantée dans tout le monde chrétien orthodoxe, recherchée avec tant d'empressement par les divins apôtres et les vénérables conciles oecuméniques et démandée si ardemment tous les jours dans les prières des fidèles: „Demeurez en moi." Car il n'y a qu'un Seigneur que nous adorons, une foi que nous avons reçue et un baptême dans lequel nous avons été baptisés. Telles sont les conditions du seul véritable troupeau du premier pasteur Jésus, c'est-à-dire de l'église, une, sainte, catholique et apostolique, conduite par un grand nombre de ses serviteurs qui, dans la seule espérance à laquelle nous avons tous été appelés, gardent et veillent pendant la nuit de cette vie de mensonge. Mais comme la sagesse de Dieu régit toute la création avec mesure, et qu'elle en relie les parties diverses avec un ordre admirable, de même il lui a plu de donner à sa sainte église la même harmonie, et de

*) Voir Annuaire dès deux mondes 1851-1852 p. 965.

même que l'Esprit-Saint, qui a fait les apôtres, les prophètes, les pasteurs, les docteurs, a désigné pour le service de la foi, par l'imposition des mains des divins apôtres, les évêques, les prêtres et les diacres, ainsi ce même Esprit, par les décrets des saints conciles oecuméniques, a réglé en vue de l'unité les droits et les devoirs des patriarches, des archevêques et des métropolitains, des archiprêtres et des archidiacres, etc. Eux tous, égaux dans les fonctions qu'ils remplissent dans un esprit de fraternité, ou soumis les uns aux autres comme à des chefs (hégoumènes) selon les emplois auxquels ils ont été appelés, ayant le même esprit de foi et la même imposition des mains apostolique, selon les canons, étant comme les membres d'un même corps, celui de JésusChrist, en quelque lieu de la terre qu'ils se trouvent, ils ne forment qu'un seul temple saint, et, liés par les liens de la charité chrétienne, quelque séparés et divisés qu'ils semblent être par les nécessités de la vie sociale et les vicissitudes politiques, ils sont inséparables et indivisibles dans l'unité de l'église. C'est d'après ces principes que, dès l'origine, l'église du Christ, c'est-à-dire les vénérables conciles oecuméniques, prenant en considération la nécessité des temps, ont séparé ou réuni des provinces ecclésiastiques, ou les ont soumises à d'autres, ou les ont déclarées indépendantes, sans porter la moindre atteinte à l'unité de la foi ni de la discipline de la communauté ecclésiastique. Maintenant donc plusieurs très saintes métropoles, archevêchés et évêchés, du ressort du trône patriarcal, apostolique et oecuménique de Constantinople, ceux qui composent aujourd'hui le royaume de la Grèce, que Dieu sauve et protége, quoiqu'ayant conservé par la grace de Dieu l'unité de la foi, sont néanmoins demeurés pendant quelque temps, par les vicissitudes des circonstances, en dehors des rapports ecclésiastiques et canoniques qu'ils auraient dû avoir avec leur mère orthodoxe, la grande église de Constantinople dont ils dépendaient, de même qu'avec les autres églises orthodoxes du Christ. Après nous être réunis par la grace de Dieu, en plein synode, pour régulariser l'unité canonique de l'église de Grèce avec les autres églises orthodoxes.

Après avoir entendu par la lecture des lettres officielles à nous envoyées par le pieux ministère du gouvernement grec, que Dieu sauve, la demande de tout le

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