L'un a fçû rapprocher fa retraite du monde ; L'autre ne peut trouver la fienne affez profonde. La piété de l'un foûtient l'air de la Cour ; L'autre, plus délicate, a peur du moindre jour : Ils vont au même but par des routes diverfes. Le premier, grand Guerrier, effuia des tra verfes : Mais, aujourd'hui, goûtant les douceurs du repos, Et pour fçavoir mourir, il faut avoir fçu vivre. Ainfi s'entretenant ils avançoient toujours; Et déja de Bagneux ils découvroient les Tours. Eft-ce là Sceaux, ami, que je vois fur la droite? Demande BRASDEFER, en pointant fa lor gnette. Ah! ne t'y trompe pas, repliqua MARCHE-A MOI, Du Voyageur à jeun tu vois d'ici l'effroi : Sur le haut de ce mont, terre ingrate & stérile; J'en décampai bientôt, redoutant la Famine mots Ils prennent un fentier qui méne droit à Sceaux. Cependant ces Guerriers que la force & l'audace C'est dans ce Fort exact un ordre bien fuivi, Que, la Cloche fonnant, le repas foit fervi; Qu'un feul y tienne lieu de la troupe complette, Et trouve touts les mets foumis à fa fourchete; Que jufques au Caffé les traineurs foient reçûs; Mais que les plats ôtés ne s'y remontrent plus. Teile eft la Loi du Fort, que pour rendre fuprême, Son équitable Auteur s'eft prefcrite à lui-même. Parvenus de la Plaine au fommet du Côteau, Nos Fantaffins marchoient fous les murs du Château, Lorsqu'au bruit de la Cloche abrégeant leur voyage, Par la grille forcée ils s'ouvrent un paffage, 4 Fondent par le jardin dans la Salle à manger, Trouvent le dîner prêt; & fans fe ménager, Tels que deux Loups entrés dans une Bergerie, Sur la Soupe fumante uniffent leur furie. Illuftre Commandant, vous entrates alors; Bien réfolu du moins de fauver votre part: Où vas-tu? lui dit-il, arrête ! & connois-moi : Et la Soupe en leurs mains passe toute tremblante. CHANT TROISIÈME. A Soupe finiffoit ; &, pour aller fon train, LA finifoit ; ft, pouurde for ONDIN ROGER, fixant alors les nouveaux Acolites : Vous aimez l'un & l'autre, à ce qui me paroît, Mais la Soupe étoit chaude, & la fatigue altére, Et, du Flot ennemi, leur couvre le vifage. veux Et des ruiffeaux de lait coulent par tout fur eux. Un Afne des plus forts, qu'on méne à la Fon taine, A peine peut fuffire à la rapporter pleine; Cependant il l'enléve avec facilité ; Et l'énorme vaiffeau dans fes bras agité, Vomit un fleuve entier, qui va fous ses caf cades A Envelopper ROGER & fes trois Camarades. nouveau, Difparoît tour-à-tour fous quelque lame d'eau. Mais, comme le Canon, après quelque ravage, Des Moufquets plus preffants laiffe éclatter la rage, Bien-tôt, au lieu des pots vidés trop au hasard, Les Verres d'eau plus fûrs volent de toute part. Brave GREGORIO, fi l'on en croit l'Hiftoire, JUPITER en ce jour prit soin de votre gloire, Et vous fçûtes parer un trifte événement! On prétend que ROGER perdit le jugement, Lorfque de MARCHE-A-MOI, la vigueur incroyable, Fit jouer contre lui cette Cruche effroyable, |