même de bleffer cette oreille à qui elles veulent plaire; lorfque le paffage des unes aux autres, n'étant point affez artiftement nuancé, devient inégal & tranchant. Voilà, dis-je, ce qu'on ne doit pas fe donner la peine d'arrondir en phrases, parce que tout cela a été dit & redit en vers, en profe, en conversation, en chanson même; témoin ce petit couplet. Le Château de Sental dans l'intention de Celui qui l'avoit embelli pour y recevoir une Reine de France qu'il aimoit, & qu'il n'y reçut point, à s'en rapporter au témoignage de l'Auteur, (car je vous avouerai franchement, que je ne connois nullement ce. Sental, & que mes recherches fur lui & fur l'anecdote de fon amour ont été également inutiles) ce Sental, dis-je, & fes intentions pouvoient fournir des réflexions plus délicates & plus piquantes. Il pouvoit donner occafion de comparer l'amour du Philofophe à celui du Riche, d'examiner les abus de l'efpérance, & les égarements des paffions qui cherchent meme à immortalifer leurs travers, &c; en Jun mot de montrer dans des tableaux plus -neufs, des réflexions plus miles 8c plus rares. En effet, M. permettez-moi cette petite digreffionele plus grand mérite d'un ouvrage d'efprit n'eft-il pas de remplir le plus parfaitement fon fujet, d'en tirer ce qu'il peut offrir de plus ingénieux, de plus délicat, & de plus neuf? Et pour m'expliquer par des exemples connus, permettez-moi de vous demander par où la IX Satire de Defpréaux, C'est à vous, mon Efprit, à qui je veux parler; l'emporte au gré de touts les gens de goût fur toutes les autres, fi ce n'eft par ce que Auteur a tiré de fon fujet tout ce qu'il en pouvoit tirer: réflexions plus amenées & pourtant moins communes; plaifanteries moins recherchées & pourtant plus fines, plus ingénieufes, & qui tiennent davantage de l'à propos & de la faillie: fans parler ici de ce qu'on nomme en général, verfification, ton de Poëfie, fur l'effence & la nature defquels notre goût ne paroît encore ni bien éclairé ni bien décidé : au lieu que dans la plupart de fes autres Satires Defpréaux eft fouvent au-deffous de fon fujet, & laiffe defirer des traits plus lumineux & plus frappants, des pensées, des réflexions plus profondes, plus fines plus inftructives, en un mot plus d'efprit & de génie dans fon bon fens. Si vous voulez partir de ce principe pour juger ici de l'Epître à Damis, vous ferez peu frappé de l'éloge de l'heureuse médiocrité; & vous me pardonnerez de fupprimer vingt-fept Vers qui achevent de retourner cet éloge en tout fens. Continuons de lire. L'Auteur femble nous promettre un plus grand intérêt : c'eft le tableau des erreurs & des folies des hommes: il doit amufer. Je ne dirai point que nous croyons être plus fages que les autres, ou que nous fommes bien aifes que les autres foient auffi fous que nous. Mais c'eft un goût de notre Nation, fi ce n'eft celui de touts les hommés : touchés fenfiblement de la vertu, & capables cependant de badiner far nos défauts & fur nos vices mêmes, nous aimons également à les défapprouver, à les avouer à les railler, & à les fuivre. Voici la fidéle peinture I Des biens que cherchent les humains; De leurs grandeurs imaginaires, Du fein d'une Mer orageuse, Son fanctuaire est infecté. Des Sirenes enchantereffes Au pied de fes fanglants Autels Leurs vains appas font les richesses; Sur les ailes des vents légers Le Ciel ne parût fans nuage. Autour des dangereux rochers Et portant leurs cris jufqu'aux Cieux Les détours leur font-ils connus; |