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tapis qu'on met fous fes pieds pour l'empêcher de gliffer.

L'ennui nâquit de l'uniformité; la différence des efprits eft le fel de la fociété. Quatre Amis toujours d'accord ne purent durer enfemble.

Ce que je ne conçois point eft impoffible; fillogifme d'ignorant. Un Lion d'Afrique n'en croit point un Cheval de Norvege, qui l'affure que les Fleuves deviennent durs comme marbres par la glace.

Dans la Comédie de la vie humaine, la Nature a marqué à chacun fon rôle. Un Singe qui veut être touts les Acteurs eft affourdi de fifflets par les Animaux fpec;

tateurs.

Nos propres réflexions nous fervent plus que touts les confeils, & que touts les préceptes. Un Tyran devient bon par le fpectacle d'un Renard qui étrangle un Poulet, qui eft enfuite étranglé par un Loup déchiré à fon tour par un Tigre tandis que le Tigre vient tomber luimême fous les traits des Chaffeurs.

L'infenfé eft comme une victime parée pour le facrifice; il s'applaudit d'honneurs qui le ménent à fa perte. La néceffité gâte tout. Deux Moineaux fidelles l'un à l'autre dans un bois, fe bat

Le Phenix eft l'emblême du jufte : le Hibou qui fuit le Soleil eft l'emblême de l'impie.

Infenfé qui fe fie aux Amis qu'amene l'abondance. Un Rat ruiné en tenant table ne trouve à vivre que chez un voifin qu'il ne connut qu'alors.

Qui chante mieux de Sylvandre ou d'Atis, demandoit au Ciel un Berger qui devoit juger entr'eux ? Les Echos voifins répondent, Atis; c'eft donc Atis qui chante le mieux, dit le Berger; & les Echos repliquent, le mieux. Le Berger décide pour Atis. Nous décidons ainfi crédules que nous fommes:

Que d'Echos comptés pour des hommes !

Un Feu d'artifice fur l'eau fait croire aux Poiffons la fin du monde, touts font pénitents: l'artifice s'éteint, & le repentir avec lui. On eut pû comparer en plus d'un fens le Feu d'artifice pour les Poiffons aux Cometes, aux Phénomenes effrayants pour le Peuple.

La plus fage des vangeances eft d'ôter à fon ennemi l'intérêt qu'il trouve à nous nuire. Des Elephants fe contentent de montrer à un Chaffeur, qui les perfécutoit, un monceau d'yvoire.

FABLES de M. RICHER.

:

LA Fable eft un miroir le Singe qui s'y regarde trouve hideufe la figure qu'il apperçoit, il caffe la glace lorfqu'il s'y reconnoît lui-même.

Le Ciel feroit cruel d'exaucer la plûpart de nos vœux s'il accorde des aîles aux Fourmis pour éviter le Perdreau qui les mange, elles font mangées dans les airs PHirondelle fans afile & fans efpé

par

rance.

Il y a un proverbe dans le Peuple: on dit de certaines gens, qu'ils reffemblent au Chien du Jardinier; c'en eft peut-être un autre, que le Chien ne mange pas de foin, & ne peut fouffrir que le Boeuf en

mange.

Le Renard eft humble & foumis, devant un Mâtin; un peu moins devant un Chien de moindre efpéce; fanfaron devant un Roquet. On ne connoît bien des gens que vis-à-vis des petits.

Un Rat débarraffe un Aigle des filets; l'Aigle honteufe du fecours étouffe le Rat. L'orgueil hait certains bienfaiteurs.

Oifeaux qu'il devoit prendre ; il ne prit que des Papillons: Image du Monde, des projets, & des chimeres de l'Efprit.

Le Capricieux eft un Chat qui tantôt joue avec le petit Chien, & tantôt l'égratigne.

Un Ane confeilloit au Boeuf d'employer fa force pour se dérober au joug : on envoya le Boeuf à la boucherie; on mit l'Ane à la charrue. Un mauvais confeil, funefte à qui le fuit, nuit fouvent à qui le donne.

Un pierre taillée pour un entablement, méprifoit une pierre brute, qui lui apprend que la tête ne doit pas méprifer les pieds.

L'Ingrat eft comme le Chien à qui une Oie fauve la vie en l'éveillant à l'approche du Loup, & qui la laiffe croquer par le Renard.

Le Mouton, en voyant le plus fin des Renards pris dans des filets, décide fur fa phyfionomie qu'il n'eft qu'un fot. On croit lire fur la phyfionomie des gens ce qu'on juge d'eux par les circonftances.

Un Lion étoit malade: les Animaux médecins fe débattoient fur les remédes: le débat finit par un accident fans replique; le Lion venoit de mourir.

La fleur de la jeuneffe n'eft que cellè

de l'Eglantiers éclose aujourd'hui, & flétrie demain.

Des Souriceaux voyoient un Chat jouer avec une Souris, ils alloient fe mettre du jeu lorfque le Chat la croque. Le plaifir féduit les jeunes gens, & les trompe.

La haine ou l'amitié dicte nos jugements: le Singe qui amufe un Ecolier eft incomparable; il eft horrible dès qu'il lui a volé fes noix.

Le Papillon oublie la Chenille fa fœur ; il oublie qu'il fut Chenille.

Le Loup mange les Moutons, tandis que les Chiens fe battent. Les-Soldats fouffrent de la difcorde des Chefs.

-La Guêpe & le Bourdon difputent fur la maniere de compofer le miel: l'Abeille fe tait, & le compofe.

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Le

Qui peut douter de l'utilité de l'Hiftoire? Elle tient lieu de l'expérience Corbeau fçavant fuit en appercevant Parbalêtre, & le Pigeon tout neuf eft percé du

trait:

Le Philofophe folitaire n'est jamais auffi feul que lorsqu'il eft avec un importun. L'eau du Laboureur doit être réservée pour fes Bœufs, & non pour le Renard qui lui promet de bêcher fa vigne, ni pour la Guêpe & le Frelon qui devoient picquer de

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