d'où vient l'odeur de la Rofe, il en détache chaque feuille, & la Rofe eft perdue. Le Myrthe aime mieux préfider aux plaisirs de la terre, que d'être comme le Laurier le prix de fes fureurs. La Violette ne daigne pas fe vanter visà-vis la Tulippe qui l'infulte: Elle eft peu touchée d'avoir des courtifants. On perd à n'être pas modefte, fouvent on gagne à fe cacher. Un Mouton indigent rifque une quête : 'déja humilié, il est encore raillé : un Chien eft le feul ami qui le fecoure, & le confole. Le Mouton cependant ne rougiffoit point de fa demande, il rougiffoit du refus. L'Encens gâte plus de Cervelles Que la Poudre n'en fait fauter: C'est la différence de l'un à l'autre. Il n'y a que l'Etourneau qui puiffe blâmer l'attachement manifefte de deux Tourterelles. On doit cacher un Amour blâmable; on doit aimer à le publier lorfqu'il eft eftimable & permis. La gloire d'être utile, (furtout dans un Ecrit) eft préférable à celle de plaire. Le Grenadier à fruits eft préférable au Grehadier à fleurs. Le Mouton en place ne fe méconnoît point, il garde fon humeur bonne & ronde, il ne fe fert de fa dignité que pour obliger. L'humanité eft le capital de l'Homme, le rang n'eft que l'acceffoire: de vroit-il lui laiffer oublier fa premiére qua lité ? Le Champ trop hâté produit à peine une bonne moiffon : une jeune Cervelle trop furchargée retient à peine une leçon. Le Médecin qui fçait plaire, avance la guérison: Jupiter vent que les Graces accompagnent Efculape. La Perdrix, qui veut fe deffendre de l'Amour, écarte un Paon petit maître ; elle écoute fans conféquence un fimple Pigeon, & le Pigeon ne fut pas malheu reux. L'Amant orgueilleux eft moins à craindre que le modefte. La Fauvette qui vante avec trop de chaleur les agréments du Moineau dont elle prétend s'être deffendue, fait foupçonner fa défaite à la Linotte. Le plaifir avec lequel on parle d'un Objet, laisse foupçonner l'amour. Que de Gens reffemblent au Ver luifant, & ne brillent qu'à la faveur de l'obfcurité ! L'Immortelle médit des plus belles fleurs, elle veut en détacher le Papillon: 1. l'Orgueil eft un bandeau ; rien n'eft beaut pour qui n'eft plus belle. L'Abricotier qui fleurit dès le mois de Février, perd fouvent fes richeffes avant le printemps. Tout doit venir dans fa failon. Le Bafilic ne tue que par les yeux; l'Afpic tue par la langue, il eft plus redoutable. Les défauts du Lion font habillés en vertus : le Renard ment par politique, le Mouton par timidité. L'Ami qui nous parle fans fard ne fçauroit être trop ménagé : la Fauvette fe repent d'avoir plus écouté les éloges des Etourneaux, que les confeils du Moineau franc. On prend pour ornement les marques de fon efclavage: la petite chienne Poupette ne fçauroit fe tenir de joye au petit collier de ruban verd à grelots d'argent, qui doit fervir à l'attacher. Le Singe en habit de Bal laisse tomber fon Mafque, eft reconnu & mocqué; il convient qu'il n'appartient qu'à l'Homme de fçavoir bien fe déguifer. La Femme parle tout le jour le Grillon crie toute la nuit : il céde cependant lavantage à la Femme. Le châtiment du Ba billard, eft de rencontrer fon femblable. Le Mérite vaux mieux que la Beauté le Chou que la Rofe. Souvent un petit obftacle fait échouer de grands projets : il ne faut que le Remora pour arrêter un Vaiffeau de guerre. On fe donne un foufflet pour tuer une Mouche. La vangeance a toujours quelque chofe d'amer; & puis, il faut qu'il en coûte quelquefois pour se débarraffer des fâcheux. On a vû des Plantes étrangeres réuffir dans le climat où on les tranfplante. Ne craignons point de nous enrichir des Ouvrages de nos Voifins. Le Chien qu'on trouve avec le Loup eft puni avec lui. On juge de vous par vos Sociétés. Le Fruit orne les Tables longtemps après que la fleur eft fanée. L'agréable doit céder à l'utile. Je meurs où je m'attache, c'eft la devise du Lierre; il veut foutenir de fon mieux le vieux Chêne épuifé, qui jufqu'alors avoit tout fait pour lui, tandis qu'un autre Lierre eft prêt à l'abandonner. Une jeune Villageoife croyoit attirer & prendre les Poiffons par fes chansons : les Poiffons ne font pas des Hommes. Le Merle fin s'accommode mieux de net auffi fot, mais bavard: rien n'eft plus ennuyeux qu'un fot qui croit être autre chofe: Les Pauvres ont des Mandements fur les biens des Riches, & les Riches ne doivent prendre fur leurs Caiffes que des Appointements honnêtes. Jupiter foudroye le Grenier du Hibou impitoyable. L'Orateur doit fouvent imiter le Bate lier, tourner le dos au rivage où il veut aborder. On met à côté d'un Ane un mauvais Cheval, defcendit-il de Bucephale. La Naiffance fait moins d'honneur qu'elle n'en ordonne; c'eft une charge plutôt qu'un bienfait du Ciel, La plus petite Strophe eft de trop fur un mauvais Sujet: il faut mefurer la Broderie à l'Etoffe. Le Moucheron vole dans la toile d'A raignée, où vient de périr la Mouche. Les fottifes d'autrui font à pure perte pour nous. L'amertume de l'Abfynthe eft un reme→ de; la douceur du Courtisan eft un poison. L'Homme offenfe Dieu par lui-même, il veut l'appaifer par le fang de la Victime innocente, · L'Ambassadeur négocie avec l'Esprit ; La Musette traite avec le Cœur. |