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quet de Jafmin Grillon, donné au Grillon de l'Antichambre. Le Livre Seigneur doré fur tranche avec tout fon difcours & fon Mons du Libraire. Le Singe Pilote, nouveau Typhis. Le Monfieur de la Martiniere, nouveau nom du Valet Martin devenu Financier. Et même la dénomination de Mufcan pour le Roi des Mouches, & telles autres ; comme dans M. Richer, Brekekek, pour le nom d'une Grenouille, & ce Corbeau qui defcend de celui de Corvinus, &c.

MEMOIRE

SUR LA COMEDIE.

J

E trouve une grande reffemblance entre ce que pratiquoient les Lacédémoniens pour corriger leurs Enfants, & ce que la Comédie a fait dans touts les temps pour corriger les Hommes.

Ils expofoient aux yeux de leur Jeuneffe des Efclaves, à qui l'excès du vin ayant ôté l'ufage de la Raifon, les rendoit également méprifables & ridicules. Voyez, leur difoient-ils, ce que c'eft qu'un Homme livré à fon intempérance, qui, par fa faute, s'étant mis au-deffous des Bêtes, n'eft plus qu'un objet de mépris & de raillerie. Voudriez-vous vous avilir au point de reffembler à ces miférables? Voilà, ce me femble, une idée affez jufte de la Comédie. En voilà le but, qui n'eft autre que la correction des mœurs ; & le moyen qu'elle employe pour y parvenir. Car, les Hommes étant fujets également à des paffions déréglées qui les rendent méchants & vicieux, & à des maniéres bizarres &

Folles qui les rendent mal concertés & ridicules, les mœurs corrompues, & les faux airs ont de tout temps été l'objet de la Comédie. Les faux airs ne font jamais fans ridicule. Il n'en eft pas toujours de même des mauvaises mœurs. Or, comme le Poëte tragique fçait les employer pour en donner une jufte horreur, de même il eft de l'habileté du Poëte comique de montrer les méchants du côté qui peut davantage les expofer au ridicule. Ceux qui veulent le plus être craints, font ceux qui craignent le plus la raillerie. Ainfi le Théatre, comme dit Ariftophane, † eft pour les Hommes faits, ce que l'Ecole eft pour les Enfants.

L'ignorance de foi-même eft la fource du ridicule : or l'on fe méconnoît fur l'une de ces trois chofes, l'efprit, la beauté, le bien. On donne aux richeffes un trop grand prix; on fe croit plus de beauté & plus d'efprit qu'on n'en a. On agit fuivant fon opinion, & les erreurs où l'on fe jette, plus ou moins pernicieufes dans leurs fuites, donnent beau jeu à la raillerie, quand elles font rapportées à leur principe. C'eft à faire bien fentir ce rapport que confifte l'art du Poëte comique, & c'eft ce qu'il ne

doit jamais perdre de vûe, s'il veut attein dre à la perfection.

Cette théorie fuppofée, voyons-en la pratique dans touts les temps. Ce qu'on appelle l'ancienne Comédie, fe réduit aujourd'hui aux feules Piéces d'Ariftophane. Encore nous en refte-t'il peu, vû le grand nombre qu'il en avoit compofé. Le but du Poëte eft grand & noble. Il n'entreprend pas moins que de montrer à la République d'Athénes les défauts de fon Gouvernement, & de la ramener toute entiére à la Raifon.

Le même ordre qui, gouvernant toutes les facultés d'un Homme, le rend un Homme parfait, rend parfait auffi un Etat, lorfqu'il en gouverne toutes les parties; & le plus grand Etat du Monde n'eft fujet à nul déréglement qui ne fe puiffe trouver dans chaque Homme en particulier. Ainsi l'ignorance de foi-même, qui, dans un particulier produit le ridicule, peut le pro: duire dans tout le Corps d'un Etat.

Ariftophane, & vraisemblablement les 'Auteurs de l'ancienne Comédie, travailloient fur ce principe. Mais, pour ne par, ler que d'Ariftophane, puifque nous n'a vons plus que lui, on voit par tout combien il s'attache à relever ce que, dans fa République, une fauffe opinion des richef

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Tes, de la beauté & de la fageffe du Gouvernement produifoit de plus extravagant, & de plus rifible. Et comme il écrivoit dans un temps où les moindres fautes avoient de grandes fuites, car c'étoit pendant la Guerre du Peloponnefe, auffi a-t'il extrêmement chargé le ridicule dont il couvroit les fautes de l'Etat, & les vices des Particuliers.

Le fameux Peintre Parrhafius avoit représenté le Peuple d'Athénes, de maniére que dans une feule tête, il avoit réuni des caractères très-oppofés, au moins étoit-ce fon intention. Parrhafius... dit Pline, lib. 35. p. 202. pinxit Demon Athenienfium, argumento quoque ingeniofo. Volebat namque varium, iracundum, injuftum, inconftantem: eumdem exorabilem, clementem, mifericordem, excelfum, gloriofum, humilem, ferocem, fugacemque, & omnia pariter oftendere. Si cela eft poffible ou non, je m'en rapporte aux Maîtres de l'Art. Mais ce même portrait du Peuple d'Athénes, ces qualités qui paroiffent incompatibles, tout cela peut fort bien fe juftifier par les Comédies d'Ariftophane.

منوع

Ce Peuple fi fameux par les talents de l'Efprit, & par les Arts, fi fier du fouve

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