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ces Livres qui prétendent l'enseigner: Le plus grand nombre a fes défauts marqués, & touts en général font arides & négligés. Il feroit d'ailleurs à fouhaiter, que touts les Voyageurs reffemblaffent à quelquesuns d'entr'eux que vous connoiffez fort. La plupart font ignorants ; & comme tout les a frappé indistinctement, il n'eft pas étonnant qu'ils en impofent, puifqu'ils ne peuvent rendre que leurs idées que le préjugé a fait naître, & que les ténébres de l'efprit ont entretenues. Vous m'avez fouvent paru défirer le reméde à ce mal; c'eft-à-dire, une méthode differtée, qui débitât des faits circonftanciés, & qui mît fous les yeux une connoiffance fi fort à la mode. Vous l'avez défiré comme un Homme éclairé. Sur la communication de vos idées, & fur quelques études affez particulieres, j'ai fenti qu'on pourroit épargner la lecture de tant de Livres en toutes Langues; & qu'un Sçavant compilateur, avec du goût, pourroit rendre par-là un fervice très-étendu; puifqu'il eft certain que le mérite d'acquifition établiroit ce que les lumiéres de l'efprit placeroient dans un jour avantageux. Il me femble que la Géographie acquéreroit de nouveaux Amateurs. Elle deviendroit propre à l'Ignorant comme au Sçavant; elle fauveroit

un Homme oifif de l'ennui, & délafferoit fouvent celui qu'un travail trop affidu paroiffoit avoir rendu peu capable d'aucune application. Mais, quel profit pour le Philofophe? La Phyfique y trouveroit les fecrets de la Nature & fes ouvrages les plus rares Le Métaphyficien dans les mœurs des Peuples, liroit des exemples qui aideroient à la fpéculation, ou qui la réformerojent dans les principes & dans les conféquences. Et puifque cela fourniroit néceffairement un fi grand nombre de portraits divers de ce que nous fommes, fuivant les différents accidents des temps & des lieux; je ne fçai, fi ce ne feroit pas le plus für moyen de parvenir à connoître l'hiftoire de l'efprit & du cœur hu

main.

Après tout ce que je viens de dire, me conviendra-t-il de vous avouer, que j'ai fouhaité de fournir un échantillon de ce que vous avez projetté ? J'ai travaillé, M. fans être muni d'aucune des parties de çe mérite compofé que la matiére demande. Je n'ai eu que celui de fouhaiter ardemment l'exécution de quelques idées affez réflechies ; & lorfque ce défir a preduit quelqu'effai de ma part, je l'ai fait pour quelques amis, qui m'en ont dit leur avis

connu de la difpofition à les recevoir. Je compte fur cette faveur ; & c'eft à ce prix que je vais commencer. Je citerai mes autorités avant toutes chofes.

S.DES RELATEURS & DES HISTOriens QUI ONT PARLE DE CEYLAN.

L'Ifle de Ceylan eft mentionnée dans les defcriptions générales de l'Afie, telles qu'eft celle de George Fournier; & dans les defcriptions particuliéres des Indes, telles que font celles de Louis Godefroy, du P. Maffée, & de tant d'autres qu'on nous a données en toutes Langues. Les Nations de notre Couchant qui courent les Mers, l'ont décrite, foit en tout, foit en partie. Les Anglois & les Hollandois ont fourni des Relations détaillées de leurs grands & fréquents Voyages dans les Indes. Outre celles qu'on a recueillies, nous avons les Navigations de Spielberg, de Wibrand-van-Waerwijek, de Valter-Scultzen, & de tant d'autres. Je n'obmettrai pas celles qu'on nous a données en notre Langue; & ce qui fe trouve dans les Recueils de Ramufio, de Purchas, de Hack luyt, & de M. Thevenot.

Mais, les Portugais ont, je croi, plus écrit qu'aucun des autres ; je parlerai de

ceux qui ont fait plus ample mention de Ceylan, que des autres parties des Indes Orientales. Nous avons les Décades de Joan de Barros, traduites en Italien par Ulloa; celles de Joan Lavanha, de Diego de Couto, d'Antonio Becarro. L'Hiftoire des Indes, les conquêtes & les découvertes des Portugais ont été données par Antonio de San-Roman, Alonfo de Alburquerque; & furtout par Lopez de Caftanheda, traduites en Italien par le même Ulloa, & en François par Grou. La vie de Conf tantin de Saa, fameux Capitaine Portugais, eft écrite en Espagnol par fon fils Rodriguez de Saa, & Ménéfez. Jean Ribeyra préfenta fon Hiftoire de Ceylan au Roi de Portugal, l'an 1685. Il y décrit fort en détail les guerres que les Portugais eurent à foutenir, pour s'établir dans l'Ifle, & celle qui les en a chaffés. M. l'Abbé le Grand donna au Public la Traduction de Ribeyro, en 1701, avec des augmenta tions confidérables. Il s'eft fervi de plufieurs Mémoires MSS.; de la Relation de Philippe Botelho Ceylanois, de l'Hiftoire de Gafpard Correa, des Journaux de Damien Vieira Jéfuite, & de la continuation de la Décade de Diego de Couto par le Bocarro, dont le MS. eft à la Bibliothé

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lippe Balde, & les Mémoires du Jéfuite anonyme fourniffent des lumiéres pour la description de l'Ile de Ceylan. Mais ce qu'il y a de plus détaillé, eft la Relation de Robert Knox Anglois, donnée à Londres en 1681, traduite en François, & imprimée avec des Figures à Lyon en 1693.

Il y a une Carte de l'Ile de Ceylan en tête de ce Livre. Cette Carte a été la meilleure qu'ait eu le Public jufqu'en 1701, que M. de l'lfle donna la fienne pour précéder la Traduction de Ribeyro: Elle a été dreffée fur un grand nombre de Plans & de Mémoires MSS. que la Hollande & M. de Guenegaud fournirent obligeamment à l'Auteur: Elle a le caractère & le mérite de touts les Ouvrages qui font fortis du cabinet de ce Sçavant; mais, ce qu'elle a de particulier, c'eft le mérite d'un très-grand détail dans un Païs fi éloigné.

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Voilà, M. le plus grand nombre de ceux qui ont parlé de Ceylan. Je me fuis fervi de la plupart de ces Auteurs. J'ai eu grand foin d'examiner dans la foule, ceux qui avoient été le plus en état de s'inftruire, & je leur ai donné la préférence, lorfqu'il a fallu compiler des faits. Si j'ai quelque mérite, c'eft celui du choix

&

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