Images de page
PDF
ePub

Ponto de Galle fut prife par les Hollan dois en 1640, & elle a été long-temps la meilleure Place qu'ils euffent dans Ceylan. La Fortereffe eft fur une pointe de terre que la Mer baigne du côté du Nord. Elle eft entouréc d'un foffé & de bonnes murailles, flanquées de trois Bastions. La fituation eft plus avantageufe que celle de Columbo, & la Baye meilleure.

Calituré, & Négombo font deux petites Fortereffes. Calituré eft dans la plus agréable fituation du monde, à l'extrémité d'une belle Prairie, & fur l'embouchure d'une Riviére.

Batécalo, & Trinquilimalé font à l'Eft de Ceylan. Ce font les deux meilleurs Ports, & les plus confidérables de toute P'Ifle. Ce fut à Batécalo que les Hallandois abordérent en 1601 & 1602. Les Portugais ayant reconnu l'importance de ` ces deux Ports, réfolurent d'y bâtir quelFortereffes, boucher tout comques merce entre les Nations Etrangéres & le Roi de Candy.

pour

Parlons du Nord de Ceylan. Jafanapatan eft un quarré, ayant quatre Baftions & quatre demie-Lunes; avec un Fort qui commande la Barre du Port. C'étoit la réfidence ordinaire du Capitaine général Portugais.

La Fortereffe de l'Ifle de Manar eft petite; mais fa Jurifdiction eft fort étendue dans Ceylan. Conftantin de Bragance paffa dans cette Ifle en 1560, pour vanger la mort des Chrétiens, & y porta le fer & le feu. Les Hollandois s'en rendirent les maîtres en 1658. Elle est trèspeuplée : Elle étoit autrefois fameufe par la pêche des Perles; mais préfentement, les Huîtres retirées fe pêchent mieux vers Tutucorin.

[ocr errors]

Jafanapatan eft voifin de plufieurs Ifles. L'Ifle Das-Cabras a long-temps manqué d'Eau douce; ce qui empêchoit qu'on l'habitât: Mais la Foudre a ouvert plufieurs Rochers qui fourniffent de l'Eau avec abondance. On tient que les Habitants de la Pangarduia font d'une taille prefque gigantefque. Le Canal de la Mer à l'endroit de ces Illes qui font en affez grand nombre, eft fi plein de Bancs, qu'il n'y peut aller que de petits Bâtiments, qui courent la Côte de Coromandel, & celle de Ceylan. Ces Bancs, qui font une efpéce de Barre de Ramanancor à Manar, s'appellent Adam-Brugh, Paffage d'Adam.

[ocr errors]

Je crois avoir fatisfait à la Géographie, & qu'avec une bonne Carte, on doit con

ces, les Villes, & la qualité du Terroir de l'Ifle de Ceylan. Je pourrois intéresser les Naturalistes dans le Chapitre fuivant.

DE CE QUE PRODUIT L'ISLE DE CEYLAN, ET DES ANIMAUX QU'ELLE NOURRIT.

1. Des Plantes, & des Arbres.
II. Des Animaux.

III. Des Pierres précieuses, & des
autres Denrées de Ceylan.

Ce que j'ai à dire des Peuples qui has bitent Ceylan, m'a toujours paru l'endroit de cet Ouvrage qui méritât le plus d'attention, qui méritât la mienne à mettre avantageufement ce portrait fous les yeux; & celle du Lecteur à en faire quelque ufage. Cette confidération m'a porté à n'en pas composer la premiére partie de ma Description, femblable à ces gens qui réfervent ce qu'ils ont de meilleur pour le dernier, & qui, à la faveur de l'attente, font paffer quantité de chofes moins curieufes. J'ai donc craint de voir négliger le travail le plus étendu, fi je commençois par le plus intéreffant. Voilà ce qui fait marcher les Plantes, les Arbres, les Bê

tes, les Minéraux, avant les Hommes. Au refte, puifqu'il eft permis de fouhaiter; j'ai cru qu'il valloit mieux fe faire lire plufieurs fois, que d'amufer une premiére & prefque unique avec éclat. Če défir m'a fait dire des chofes dont le fingulier n'eft pas bizarre, & par conféquent peu convenable à bien des gens.

5. Des Plantes, & des Arbres.

Je commencerai par les Grains, qui nourriffent les Habitants de Ceylan.

Le Ris eft la principale forte. On fçait le grand ufage qui s'en fait dans tout l'Orient. Les Chingulais le font bouillir, & l'affaifonnent avec une efpéce de haut goût que les Portugais appellent Carrée. II y en a de plufieurs efpéces : Ils nomment chaque efpéce différemment,felon le temps qu'il lui faut pour murir, quoiqu'il n'y ait pas beaucoup de différence pour le goût. Le plus tardif eft fept mois à croître, & il n'en faut que trois au plus diligent. Le prix eft égal; ce dernier eft meilleur ; mais il ne rapporte pas tant. Il fe nomme Aulfancol, les autres, Hénit, Honorowal, Hauteal, & Mauvy qui eft le plus longtemps dans la terre. L'eau eft abfolument

fortes de Ris, & ils veulent en être tou jours couverts; ce qui donne des peines incroyables aux gens du Pays, qui ont grand foin de la garder, & de la faire venir fur leurs Terres, par le moyen de leurs canaux. Ils la tirent des Riviéres & des Etangs avec beaucoup d'induftrie, & applaniffent, avec la même adreffe, les champs où doit croître ce qu'ils ont femé, afin qu'ils foient entiérement noyés. Ils donnent à leurs Collines, la figure d'un Amphitéâtre, dont les fiéges ont depuis trois pieds jufqu'à huit de largeur: Les Réfervoirs font fur le fommet; on fait tomber l'Eau fur les premiers rangs, qui en recevant ce qu'il leur en faut, la laiffent couler aux autres par dégrés. De cette maniére, tout eft arrofé. La provifion d'Eau dure plus ou moins, deux, trois, quatre, ou cinq mois ; & c'eft ce qui les régle pour l'efpéce de Ris qu'ils fémeront. Car le temps qu'il doit être à murir, doit répondre abfolument à celui que l'Eau demeurera fur la terre. Les lieux fans Riviéres, & qui

qui n'ont que peu de Sources, ont recours à l'Eau de la pluye qu'ils confervent dans des Réfervoirs élevés, d'où ils peuvent la diftribuer fur leurs Terres. Le Ris qu'elles produifent ne laiffe pas que de parvenir à maturité, quoiqu'il foit à fec

« PrécédentContinuer »