Images de page
PDF
ePub

S. HIDULPHE, ÉVÈQUE ET ABBÉ.

S. HIDULPHE, issu d'une des plus illustres familles de Bavière, naquit à Ratisbonne. Il renonça dès sa jeunesse aux espérances flatteuses qu'il pouvait avoir dans le monde, et se consacra au service de Dieu en embrassant l'état ecclésiastique. Son exemple fut imité par Erard, son frère, qui devint depuis évêque régionnaire à Ratisbonne et dans la Bavière. Ce dernier est honoré comme saint le 8 de janvier. Il mourut à Ratisbonne, suivant l'ancien Martyrologe de Moyen-Moutier 1. Ce furent Hidulphe et Erard qui tinrent sur les fonts de baptême la fille d'Adalric, duc d'Alsace, laquelle était aveugle. Ils lui donnèrent le nom d'Odile, parce qu'elle avait reçu la grâce de la vue avec celle du baptême 2.

S. Hidulphe, ayant été fait archevêque de Trèves, remplit tous les devoirs d'un pasteur zélé et vigilant. Vers l'an 665, il introduisit la règle de S. Benoît dans le monastère de Saint-Maximin, qui avait été fondé dans le quatrième siècle, et où sans doute l'on suivait les observances des moines de l'Orient. Il en augmenta considérablement les revenus, et y établit une régularité si parfaite, qu'il devint l'admiration de ce siècle. Cette abbaye est encore aujourd'hui une des plus célèbres de l'Allemagne.

L'archevêque de Trèves portait une sainte envie aux religieux de Saint-Maximin, qui avaient l'avantage de vivre dans la retraite, de pouvoir se livrer sans interruption aux exercices de la prière et de la pénitence, de s'appliquer sans partage à la contemplation des choses célestes. Il aimait à considérer l'exemple et à jouir de l'entretien de plusieurs grands hommes qui faisaient alors l'ornement de l'Eglise, qui y maintenaient le véritable esprit de JésusChrist par l'odeur de sainteté que répandait leur vie tout angélique, et qui étaient arrivés à la perfection par les pratiques de l'état monastique. Il eût bien voulu partager leur bonheur, mais il ne le pouvait, à cause des obligations attachées à sa place, qu'il ne lui était pas permis de quitter sans y être autorisé par son supérieur dans l'ordre hiérarchique. A la fin, il trouva le moyen de résigner son siége à S. Véomade, abbé de Saint-Maximin; après

crit d'Antonin n'empêcha pas qu'il n'y eût encore plusieurs Chrétiens martyrisés. Le prince, faible et timide, n'avait pas le courage de se déclarer le protecteur des fidèles, tout innocens qu'ils étaient, ni de prendre leur défense contre la fureur de la populace ou la malice des gouverneurs de province.

Hist. Mediani Monasterii, p. 68. 2 Hist. de l'église de Strasbourg, t. 1,

P. 343.

quoi, il alla se renfermer lui-même dans le monastère de ce noma. Mais voyant qu'il ne pourrait trouver dans son propre diocèse l'obscurité qu'il cherchait, il se retira secrètement vers l'an 671, au milieu des montagnes des Vosges, sur les frontières de la Lorraine. Il y bâtit le monastère de Moyen-Moutier, qui fut ainsi nommé à cause de sa situation. Il avait l'abbaye de Senones à l'orient, celle de Saint-Dié au midi, celle d'Estival à l'occident, et celle de Bon-Moutier au nord. S. Hidulphe, voyant sa solitude: remplie d'un grand nombre de religieux, se démit du gouverne ment de l'abbaye entre les mains de Leutbald. Celui-ci étant mort en 704, Hidulphe le reprit et le conserva jusqu'à sa mort, qui arriva en 707. Ses reliques, renfermées dans une châsse d'argent, se gardent dans son monastère, qui, conjointement avec celui de Saint-Vannes de Verdun, a donné naissance à une réforme ou congrégation de Bénédictins très-connue en Lorraine et en Franche-Comté par les vertus et les lumières de ses membres. Le nom de S. Hidulphe n'est point dans le Martyrologe romain, mais on le trouve dans les Calendriers de France, d'Allemagne, et de l'ordre de Saint Benoît.

Voyez les trois Vies du saint, que le Père Sollier a publiées avec des notes, Act. SS. t. 3 juli, p. 205. L'une, qui est imparfaite, fut écrite vers l'an 964. Voyez aussi l'ancienne Chronique de MoyenMoutier, celles de Richer, de Senones et de Jean de Boyon (cette dernière fut composée en 1326); et surtout l'histoire de MoyenMoutier, écrite en latin par D. Belhomme, abbé régulier de ce monastère, et imprimée à Strasbourg en 1724, in-4°.

LA B. VÉRONIQUE GIULIANI, VIERGE.

L'AN 1727.

La ville de Mercatello, dans le duché d'Urbain, fut la patrie de Véronique, qui y naquit en 1660 d'une famille honorable. Elle fut mise par sa mère mourante sous la protecton de la sainte plaie du côté de Jésus-Christ, et eut depuis ce moment une dévotion particulière envers cette plaie. Après avoir triomphé d'une foule d'obstacles, elle entra chez les Capucines de Citta-di-Castello et y fit sa profession solennelle en 1678. Depuis ce moment sa vie entière

a Quelques écrivains ont avancé que S. Hidulphe n'avait été que chorévêque, ou vicaire revêtu du caractère épiscopal pour l'administration d'une partie du diocèse. Mais les plus habiles critiques soutiennent, d'après les auteurs originaux de la vie du saint, qu'il fut lui-même archevêque de Trèves.

ne fut qu'un acte de résignation et de soumission dans les diverses circonstances où il plut à Dieu de la placer. A l'exemple de S. François d'Assise, elle eut le bonheur de porter les stigmates de la passion de notre divin Sauveur, surtout de son couronnement d'épines. Il se forma autour de sa tête des boutons qui formaient comme une auréole et paraissaient produits par des piqûres. Les médecins employèrent des remèdes violens sans pouvoir les faire disparaître. Véronique, sensible aux faveurs dont le Seigneur la comblait, ne vivait que pour Jésus-Christ. Cependant le bruit des stigmates qu'elle portait si glorieusement se répandit au dehors: l'évêque prit toutes les informations nécessaires et se convainquit de la réalité des choses. La plaie de côté était surtout remarquable. Pour bien s'assurer si tout cela n'était point l'effet de quelque supercherie, on redoubla de précautions, on soumit la sainte à des privations pénibles, on la priva de la sainte communion; la généreuse fille se soumit à tout sans se plaindre, laissant à Dieu le soin de la justifier. Dieu la soutint dans ces épreuves, et fit éclater par les plus insignes grâces sa bonté pour elle. Quand elle parlait de l'amour qu'elle portait à Jésus-Christ, elle le fit d'une manière qui ravissait toutes les personnes qui l'entendaient. L'héroïsme de ses vertus était si frappant qu'il ne fut pas possible de ne pas y reconnaître les marques visibles de la protection divine. Cette sainte fille mourut par suite d'une apoplexie le 9 juillet 1727, après avoir reçu avec une piété angélique les sacremens de l'Eglise. Plusieurs miracles furent opérés à son tombeau. Pie VI l'a béatifiée le 8 juin 1804.

Voyez le décret de sa beatification et sa Vie publiée à Rome en 1803.

MARTYROLOGE.

A ROME, S. Pie, pape et martyr, qui gagna sa couronne dans la persécution de Marc-Aurèle-Antonin.

A Nicopolis en Arménie, fète de S. Janvier et de Ste Pélagie, qui consommèrent leur martyre, après avoir eté pendant quatre jours tourmentés sur le chevalet, et déchirés avec des ongles de fer et des têls de pots cassés.

Au territoire de Sens, S. Sidroin, martyr.

A Icone, S. Marcien, martyr, qui, sous le président Pérennic, éprouvé par plusieurs tourmens, gagna ainsi la palme de la victoire. A Side en Pamphilie, S. Cindée, prêtre, qui, sous l'empereur Dioclétien et le président Stratonique, ayant été jeté dans le feu après plu

sieurs tourmens, et n'y ayant reçu aucun mal, mourut enfin lorsqu'il était en prières.

A Bresse, S. Savin et S. Cyprien, martyrs.

A Bergame, S. Jean, évêque, qui fut tué par les Ariens pour la defense de la foi catholique.

A Cordoue, S. Abonde, prêtre, qui fut couronne par le martyre, parce qu'il prêchait avec vigueur contre la secte de Mahomet. Dans le Poitou, S. Savin, confesseur.

Saints de France.

Ce même jour, S. Bertevin, honoré comme martyr à Lisieux. A Moyen-Moutier, près S. Dié, S. Hidulf, chorévêque à Trèves, qui. ayant abdiqué, se retira en ce désert.

Autres.

A Schève en Ethiopie, S. André, moine de Débralibanos.

Au pays des Grisons, S. Sigebert, fondateur d'un monastère au diocèse de Coire.

En Perse, S Golinduche, femme mariée, qui. après avoir beaucoup souffert sous le vieux Chosroès, mourut en paix.

S. JEAN GUALBERT, ABBÉ,

FONDATEUR DE L'ORDRE DE VALLOMBREUSE.

Tiré de sa vie, écrite avec beaucoup d'exactitude par Blaise Mélanisius, général du même ordre, et publiée avec de longues notes par Cuper, un des continuateurs de Bollandus. Voyez aussi deux autres Vies du saint, et l'Histoire de ses miracles, Act. Sanctor. t. 3 jul. p. 311.

L'AN 1073.

S. JEAN GUALBERT sortait d'une famille riche et noble, établie à Florence. Il fut élevé avec soin dans les maximes de la piété et dans la connaissance des lettres. Mais à peine fut-il entré dans le monde, qu'il en prit l'esprit avec le goût des vanités. L'amour des plaisirs le subjugua tellement, que ce qui lui avait paru criminel ne lui offrit plus rien que de légitime et d'innocent. Il s'imagina que la dissipation et le faste devaient être un privilége de sa naissance. La doctrine évangélique ne s'accordait point avec sa conduite, mais il chercha à s'étourdir sur ee point, et bientôt les plus puissans motifs de vertu perdirent toute leur force à son égard. C'en était fait de lui, si Dieu n'eût ménagé les circonstances pour lui ouvrir les yeux et le tirer de l'état déplorable où il était réduit. Voici comment la chose arriva.

Hugues Gualbert avait été tué par un gentilhomme du pays. Jean, son frère, forma le projet de venger sa mort en ôtant la vie au meurtrier qui semblait n'avoir rien à craindre des lois. Animé de plus par les discours de son propre père, il devint entièrement sourd à la voix de la raison et de la religion. Il oublia qu'il ne peut être permis de rendre injure pour injure, et qu'un particulier n'a jamais le droit de se faire justice à lui-même. Aveuglé par sa passion, il se persuada que son honneur était intéressé, et qu'il se couvrirait de honte en laissant impuni l'outrage qu'il avait reçu en la personne de son frère. Revenant de la campagne à Florence un jour de vendredi saint, il rencontra le gentilhomme dans un passage si étroit, qu'ils ne pouvaient se détourner ni l'un ni l'autre. La vue de son ennemi rallume sa vengeance; il met l'épée à la main, et se prépare à la lui passer au travers du corps; mais le gentilhomme se jette à ses pieds, et là, les bras étendus en forme de croix, il le conjure, par la passion de Jésus-Christ, dont on célébrait la mémoire en ce jour, de ne pas lui ôter la vie. Jean Gualbert fut singulièrement frappé de ce qu'il voyait et entendait. L'exemple du Sauveur priant pour ses propres bourreaux,

« PrécédentContinuer »