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vingt ans dans cette ville; qu'y ayant été sacré éveque, il revint dans sa patrie, où il arriva trente ans avant la mission de S. Patrice. Selon le même auteur, il mourut depuis dans le pays de Cornouaille, près de Padstow. Ussérius met la naissance de ce saint en 352, et sa mission ou son retour de Rome en 402 1.

Il est présentement aisé de comprendre comment il a été dit ae Pallade qu'il fut envoyé en qualité d'évêque aux Scots qui croyaient en Jésus-Christ, quoique le nombre des fidèles fût trèspetit dans ce temps-là. S. Prosper, après avoir loué le pape Célestin du soin qu'il prenait de bannir le pélagianisme de la Bretagne, ajoute 2 « qu'il ordonna aussi un évêque pour les Scots, et » que, non content de conserver la foi dans l'île romaine, il tra» vaillait en même temps à rendre chrétienne une île barbare “. » Ussérius observe que par cette ile barbare on doit entendre l'Irlande. En effet, quoiqu'une partie de l'Ecosse n'ait jamais été soumise aux Romains, et que dans les premiers temps elle ait été principalement habitée par les Pictes, on n'a pu cependant la regarder comme une île séparée de la Bretagne. On sait d'ailleurs que la lumière de la foi fut portée chez les Pictes, qui n'étaient point du territoire que les Romains possédaient dans la Bretagne, peu après la mort des apôtres. Ainsi les peuples auxquels S. Pallade fut envoyé, et dont une partie avait au moins une teinture de christianisme, étaient les Scots établis en Irlande. Selon quelques auteurs, S. Pallade, dont la mission avait été antérieure à celle de S. Patrice, fut d'abord chassé du pays par le roi de Leinster; ils ajoutent qu'il retourna dans le nord de la Bretagne, où il avait premièrement exercé son zèle. Il est naturel de conclure de là qu'il avait été envoyé à toute la nation des Scots, dont plusieurs colonies avaient passé depuis peu dans le nord de la Bretagne, et s'étaient emparées d'une partie du pays connu sous le nom d'Ecosse ".

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a Le P. Sollier, un des continuateurs de Bollandus, donne comme un fait certain, t. 2 julii, p. 286, que S. Pallade n'étant encore que diacre, fit une mission parmi les Scots, et qu'il en convertit plusieurs. Il ajoute qu'ensuite le saint retourna à Rome, qu'il y fut sacré évêque, et qu'il fut renvoyé chez les mêmes peuples en 431.

Ce sont les auteurs irlandais des différentes Vies de S. Patrice. CM. Ma-Geoghegan montre dans son Histoire de l'Irlande, t. 1, que les Scots etaient Scythes d'origine. On dit qu'ils s'établirent d'abord dans la Galice et dans une partie du Portugal, surtout aux environs de Bragance, que les écrivains modernes d'Irlande ont prétendu avoir été ainsi appelée de Bréogan, chef de la colonie. Ils appellent Milésius le petit-fils de ce Bréogan, et lui donnent pour femme une certaine Scota, dont le nom passa à toute la nation, lorsqu'elle vint d'Espagne en Irlande. Mais ce sont là des conjectures que nous

Les Scots étaient un peuple grossier et barbare dans les quatrième et cinquième siècles; c'est ce que nous apprenons des his toriens qui parlent des mœurs des anciens Irlandais, et de plusieurs auteurs ecclésiastiques a.

a

S. Pallade, selon la Chronique de S. Prosper, arriva chez les Scots sous le consulat de Bassus et d'Antiochus, l'an 431 de Jésus-Christ 1. On comprend aisément combien la mission qu'il entreprit dut lui coûter de peines et de fatigues. Les Scots ayant été s'établir dans le nord de la Bretagne, vers le temps où les Romains commencèrent à abandonner le pays, le saint les y suivit. Il prêcha parmi eux avec beaucoup de zèle, et forma une église fort nombreuse ". Les historiens d'Ecosse disent que la foi fut plantée

abandonnons aux lecteurs. Rien de plus difficile que de découvrir la vérité, lorsqu'il s'agit de l'origine des peuples; du moins ne peut-on se flatter de parvenir à ce degré de certitude qui satisfait un esprit éclairé. M. Ma-Geoghegan regarde la langue irlandaise comme une langue-mère. Il est assez probable que l'Irlande fut d'abord habitée par les Bretons. La langue de ces peuples était originairement la même que celle des Celtes ou des anciens Gaulois. Celle que les Scots introduisirent, et qui prévalut dans la suite, n'a d'affinité avec aucune langue connue. Quelques modernes ont prétendu qu'elle était un dialecte du biscaïen, et que l'une et l'autre langue avaient une origine commune, c'est-àdire qu'elles venaient du celtique. Mais l'opinion de M. Ma-Geoghegan paraît mieux appuyée; elle est d'ailleurs confirmée par le suffrage de M. Buttner, savant professeur de Gottingen, qui, après avoir passé plusieurs années à comparer ensemble toutes les langues eonnues, tant anciennes que modernes, assure qu'il n'y en a peut-être point qui diffèrent plus entre elles, soit pour l'orthographe, soit pour l'idiôme, que le biscaïen et l'irlandais. Monthly Review, For March, 1759, p. 266.)

Bollandus assure, d'après les auteurs de la Vie de S. Patrice, que ce saint enseigna le premier l'alphabet aux Irlandais. Mais M. Ma-Geoghegan croit, contre l'opinion du savant M. Innes, Ecossais, que ceci doit seulement s'entendre de l'alphabet romain; il avance même, fondé sur d'anciens monumens, qu'avant l'arrivée de S. Patrice, les Scots avaient un alphabet fort différent, qu'ils nommaient milésien, de Milésius. Le docteur Wurnet, dans sa nouvelle Histoire d'Irlande, tâche d'appuyer ce sentiment par de nouvelles preuves. Cette dispute partage encore les savans de la Grande-Bretagne et d'Irlande, et nous en attendons l'éclaircissement. Il nous paraît jusqu'ici plus probable que les anciens Irlandais avaient quelque connaissance d'un alphabet avant l'arrivée de S. Patrice.

a Voyez Camdem, S. Jérôme, l. 2 adv. Jovinian. t. 2, p. 93, edit. veter. qui assure avoir vu dans les Gaules quelques Scots; et S. Prudence, Apotheos. v. 284, p. 171. Voyez aussi le commentaire de Gisélinus sur S. Prudence, ibid. p. 464. Quelques auteurs cependant, au lieu de lire Scotus avec le commentateur cité, lisent Cottu (sur les Alpes) ou Gothus.

Nous allons donner les noms des principaux d'entre les premiers saints d'Ecosse, d'après un ancien calendrier écossais publié par M. Robert Keith. JANVIER. 8, S. Néthalan, év. C. l'an 452. 21, S. Vimin, év. en Ecosse, l'an 715. 29, S. Makwolock, év. en Ecosse, l'an 720.—30, S. Macglastien, év. en Ecosse, l'an 814. FÉVRIER.

7, S. Ronan, év. C. en Ecosse, l'an 603.

MARS. 1, S. Minan, archidiacre, C. en Ecosse, l'an 879, et S. Marnan, év. en Ecosse, l'an 655. - 4, S. Adrien, év. de Saint-André, m. Il fut mis à mort par les Danois en 874, et enterré dans l'ile de Man. - 6, S. Frédoline, C. l'an 500. -- 11, S. Constantin, roi d'Ecosse, puis moine et martyr, l'an 556. 17, S. Kyrin ou Kyrstin, surnommé Boniface, év. de Ross, l'an 660.

AVRIL.1, S. Gilbert, év. de Caithness, l'an 1140.-12, S. Tarnan ou Ternan,

1 Voyez Ussérius, p. 418.

dans le nord de la Bretagne vers l'an 200 de Jésus-Christ, sous le regne de Donald et sous le pontificat de Victor; mais ils convienņent unanimement que S. Pallade, qu'ils appellent S. Padie, fut le premier évêque du pays; ils lui donnent même le titre de premier apôtre d'Ecosse. Peut-être que le saint fut le premier qui prêcha la foi à la nation particulière des Scots. Il mourut vers l'an 450 à Fordun, capitale du petit territoire de Mernis, située au midi et à quinze milles d'Aberdeen. Ses reliques se gardaient au. trefois dans le monastère de Fordun. En 1409, Guillaume Scenes, archevêque de Saint-André et primat d'Ecosse, les mit dans une nouvelle châsse qui était enrichie d'or et de pierreries. La fête de S. Pallade est marquée au 6 de juillet, dans le Bréviaire d'Aberdeen et dans les Calendriers d'Ecosse; elle est marquée au 15 de décembre dans quelques Calendriers d'Angleterre.

Les historiens d'Ecosse et les Calendriers du moyen âge disent que S. Pallade eut pour disciples S. Servan et S. Ternan, et qu'il sacra le premier évêque d'Orkney, et le second évêque des Pictes. Mais il paraît, par la chronologie d'Ussérius, que ces deux saints ne vivaient pas du temps de l'apôtre des Scots.

archevêque des Pictes, qu'on dit avoir été sacré par S. Pallade, vers l'an 450. 16, S. Mann ou Mans, m. d'Orkney, l'an 1104. 19, la translation du corps de Ste Marguerite à Dumferline.

JUILLET. 6, S. Pallade ou Padie, apôtre des Scots.
AOUT. 10, S. Blane, év. C. en Ecosse.

en Ecosse par les Danois en 1040.

27, S. Malrube, ermite, martyrisé

SEPTEMBRE.16, S. Minian, év. C. en 450, ou, selon d'autres, cent ans après. -22, S. Lolan, év. de Whitern ou Galloway.

OCTOBRE. - 25, S. Marnoc. év. C. mort à Kilmarnoc, dans le quatrieme ou le cinquième siècle.

NOVEMBRE.- 2, S. Maure, dont Kilmures tire son nom, l'an 899.—12, S. Maév. de Murray, C. M. l'an 887.

car,

S. Germain, év. C. qu'on dit avoir eté sacré évêque des Iles par S. Patrice. C'est sous son invocation qu'est dédiée la cathédrale de Man.

S. Macull, autrement appelé Machille ou Mauchold, év. du même lieu, depuis l'an 494 jusqu'à l'an 518. Il y a en Ecosse plusieurs églises dédiées sous son invocation. Il y en a une aussi qui porte son nom dans l'île de Man.

S. Brendan, sous l'invocation duquel il y a une église dédiée dans l'île de Man, et qui est appelée Kirk-Bradan, était évêque des Iles au neuvième siècle.

N. B. L'île de Man eut toujours un évêque particulier, après qu'elle fut soumise aux Anglais, sous le règne d'Edouard Ier. Elle dépendait anciennement de l'évêque des Iles, qui a toujours fait sa résidence à Hycolumkille jusqu'en 1688, que l'épiscopat fut détruit en Ecosse. Les évêques des îles de Man prenaient le titre de Episcopus Sodorensis, titre que M. Keith, p. 275, dérive, non d'aucune ville, mais du mot grec Soter ou Sauveur, parce que la cathédrale de Hycolumkille était dédiće à notre Seigneur. Voyez M. Keith, dans son nouveau Catalogue des évêques d'Ecosse, imprimé à Edimbourg en 1755, in-4°.

Le Nève suppose, avec Spotswood, que l'île de Man a eu des évêques depuis Amphibalus, qui vivait au quatrième siècle; qu'ils s'appelaient évêques de Soder, d'un village de ce nom qui était dans l'ile, et que ce titre fut transféré à l'île de Hycolumkille, au huitième siècle, lorsque les deux siéges n'en firent plus qu'un; mais la succession des évêques dans l'île de Man ne paraît point suffisamment prouvée. Nous lisons dans Matthieu Paris, que Wycomb fut établi premier évêque de Man dans le douzième siècle, et qu'il fut sacré par l'archevêque d'Yorck. l'oyez Le Nève, Fasti Anglie.

TOME V.

3

Il fallait avoir un zèle bien ardent et un courage bien héroïque, pour aller prêcher l'Evangile aux peuples barbares. Qu'on imagine tout ce que S. Pallade eut à souffrir parmi les Scots, c'est-àdire au milieu d'une nation livrée à tous les vices qui sont la suite de la férocité des mœurs et de l'ignorance des premiers principes. Il surmonta cependant tous les obstacles qui s'opposaient à l'établissement et à l'accroissement du royaume de Jésus-Christ. Lorsqu'on est embrasé de la divine charité, rien ne paraît impossible. On ne sent plus les peines et les fatigues, parce qu'elles se sont changées en plaisir. De quelle reconnaissance ne devons-nous pas être pénétrés pour notre Dieu, qui a suscité ces grands hommes, par le ministère desquels la lumière de la foi est parvenue jusqu'à nous ?

S. JULIEN, SOLITAIRE EN MESOPOTAMIE.

S. JULIEN, étant encore fort jeune, fut amené captif de quelque contrée de l'Occident, et vendu comme esclave en Syrie. Pendant plusieurs années, il aggrava le poids de ses chaînes par l'impatience avec laquelle il les portait; mais ayant eu le bonheur d'être éclairé des lumières de la foi, il sut estimer son état et se servir de ses peines pour la sanctification de son âme. La mort de son maître, qui arriva peu de temps après sa conversion, lui fit recouvrer sa liberté. Il n'écouta plus dès-lors que les mouvemens de sa ferveur: il se consacra sans réserve au service de Dieu dans un monastere de la Mésopotamie. Il faisait de fréquentes visites à S. Ephrem, pour le consulter sur les voies de la vie intérieure; et ce grand homme allait le voir souvent lui-même, pour s'édifier par sa sainte conversation. Il ne pouvait, dit-il, se lasser d'admirer les sublimes sentimens et les lumières spirituelles dont Dieu favorisait un homme qui, aux yeux du monde, ne paraissait qu'un ignorant et un barbare.

Julien était d'une complexion robuste, et endurci aux fatigues; mais il affaiblissait son corps par de grandes austérités; il travaillait des mains, et son travail consistait à faire des voiles de navire. La vue de ses péchés passés et la considération des jugemens de Dieu le faisaient pleurer presque continuellement. S. Ephrem, étonné de voir dans les exemplaires de la Bible dont Julien s'était servi quelques jours, des mots totalement effacés, et d'autres que l'on pouvait à peine lire, quoique le livre fût auparavant entier et fort beau, lui en demanda la raison; le saint lui répondit avec

ingénuité que cela venait des larmes qui lui étaient échappées pendant ses lectures.

S. Julien se regardait comme un criminel, et tremblait dans l'attente de ce dernier jour où il lui faudrait rendre compte au souverain Juge. Avec une telle disposition, il s'interdisait jusqu'à la pensée des amusemens. Son humilité paraissait dans ses discours, dans ses actions et dans tout son extérieur. Il eut beaucoup à souffrir de certains moines tièdes et négligens dans leurs exercices; mais il s'estimait heureux d'avoir par là trouvé une occasion de racheter ses péchés, et de vratiquer la patience, la douceur et la charité.

Sa prière était presque continuelle. Il s'était fait dans sa cellule une espèce de tombeau où il se renfermait lorsque les devoirs de la communauté ne demandaient point ailleurs sa présence. Quand il était à l'office divin, il tenait son corps immobile; et il y avait une attention aussi parfaite que s'il eût été devant le tribunal du Juge suprême de tous les hommes. Il fut, au rapport de S. Ephrem, honoré du don des miracles. On lit dans Sozomène1, que sa vie était si austère, qu'il paraissait n'avoir point de corps. Il mourut vers l'an 370, après en avoir passé vingt-cinq dans son monastère. Voyez sa Vie, écrite par S. Ephrem, qui avait vécu intimement avec lui, Oper. t. 3, p. 254, edit. Vatican.

S. GOAR,

PRÊTRE, SOLITAIRE AU DIOCÈSE DE TRÈVES.

S. GOAR sortait d'une illustre famille de l'Aquitaine. Une extrême fidélité à tous les devoirs du christianisme le fit parvenir de bonne heure à une haute perfection. Ayant été ordonné prêtre, il travailla efficacement au salut des âmes. Il quitta depuis sa patrie et passa en Allemagne dans l'année 519. Il s'établit dans le territoire de Trèves, et s'y renferma dans une cellule. Il y vécut plusieurs années dans l'exercice de la prière et dans la pratique de toutes les mortifications de la pénitence. Par une suite de son amour pour Jésus-Christ, il annonça la foi aux idolâtres qui habitaient le long du Rhin, et en convertit un grand nombre

Quelques personnes, ennemies de tout bien, lui suscitèrent une persécution; mais son innocence fut reconnue, et sa vertu n'en brilla qu'avec plus d'éclat. Dieu rendit lui-même témoignage à la

L. 3, c. 14.

a Appelé en Allemagne Gowers et Gewers.

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