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tres ennemis du peuple de Dieu, effacèrent tout ce que l'histoire profane rapporte de ses plus célèbres héros. Son courage et ses autres qualités guerrières étaient de beaucoup relevées par ses vertus et son zèle pour la religion de ses pères. Il mourut sur le champ de bataille l'an 157 avant Jésus-Christ, après avoir commandé six ans les armées des Juifs.

Nous avons rapporté que l'apostat Ménélaüs avait usurpé la souveraine sacrificature. Il fut condamné à mort par Antiochus IV, ou Eupator, fils d'Antiochus-Epiphanes. Alors Alcime, autre apostat, de la famille d'Aaron, se fit établir grand-prêtre par Démé trius-Soter, qui s'était frayé un chemin au trône en assassinant Antiochus-Eupator, et le régent Lysias. Il prit les armes contre sa patrie, et tâcha d'anéantir la religion de ses pères. Son intrusion fit qu'Onias III, auquel la souveraine sacrificature appartenait, se retira à Alexandrie, et Ptolémée-Philométor lui permit de bâtir un temple à Héliopolis pour les Juifs hellénistes, 169 ans avant Jésus-Christ.

Après la mort d'Alcime, qui termina misérablement sa vie, Jonatham, qui avait été élu chef du peuple de Dieu à la place de Judas-Machabée, son frère, fut élevé à la souveraine sacrificature, conformément à ce que prescrivait la loi. Simon, son frère, lui succéda dans ces deux dignités. Jean Hircan, fils et successeur immédiat de Simon, se distingua par sa vertu, sa sagesse et sa valeur; il agrandit son Etat en y ajoutant l'Idumée, la Samarie et la Galilée. Aristobule et Alexandre-Jannée, ses fils, prirent le diadême et le titre de roi, environ 107 ans avant Jésus-Christ; mais ils dégénérèrent de la vertu de leurs ancêtres. L'orgueil, l'hypocrisie et la corruption commencèrent alors à s'introduire parmi les Juifs; et ces vices préparèrent la voie au plus grand de tous les crimes, au crucifiement du Fils de Dieu, par lequel ce peuple ingrat combla la mesure de ses iniquités.

Les vrais disciples de Moïse triomphèrent également, soit lorsqu'ils moururent glorieusement pour la défense de leur religion, soit lorsqu'ils remportèrent des victoires sur les infidèles qui voulaient arracher cette religion de leurs creurs ". Quelle différence

a Le nom de Machabée fut donné à Judas, comme par excellence, et il passa de lui à tous ceux qui prirent les armes contre les ennemis de la loi, et spé cialement aux sept frères dont nous avons raconté le martyre. L'étymologie de ce nom est fort incertaine, et il ne se trouve ni dans l'hébreu, ni dans le syriaque. Les uns le dérivent de Macchabeh, caché; et les autres de Makkabah, caverne, parce que ceux auxquels on le donne se cachèrent d'abord dans des cavernes. Plusieurs le dérivent des quatre lettres initiales de ces quatre mots de l'Exode: XV, 11: Mi, Camoca, Bælim, Jehovah : Seigneur, qui est semblable à vous parmi les Dieux ? Ils se fondent sur ce qu'on dit que les héros dont nous parlons avaient fait graver ces quatre mots sur leurs étendards et sur leurs boucliers (Voyez Rabbi Isaac, Sixte de Sienne, Génébrard et Grotius).

entre leurs combats et celui que leur persécuteur eut à soutenir avec lui-même dans ses derniers momens!

Antiochus, qui avait consumé tous ses trésors en folles dépenses, s'avança avec cinquante mille hommes au-delà de l'Euphrate, dans le dessein de revenir chargé de riches dépouilles. Ayant tenté de piller le temple de Persépolis et celui d'Elymaïde ', il fut honteusement repoussé par les habitans du pays. Il tourna sa marche du côté de la Babylonie. Il était peu éloigné d'Ecbatane, lorsqu'il apprit que Judas-Machabée avait défait Lysias, qu'il s'était emparé des places fortes de la Judée, et qu'il avait renversé l'idole placée dans le temple. Transporté de fureur, il dit qu'il allait luimême à Jérusalem, et qu'il en ferait le tombeau des Juifs. Il commanda donc à celui qui conduisait son char, de toucher sans cesse, et de håter son voyage. Mais à peine eut-il prononcé ces paroles, que Dieu le frappa d'une maladie incurable; il se sentit tout-à-coup attaqué d'une douleur effroyable dans les entrailles, et d'une colique qui le tourmentait cruellement. Transporté d'une nouvelle fureur contre les Juifs, il donna des ordres pour que l'on précipitât encore davantage son voyage. Mais lorsque ses chevaux couraient avec impétuosité, il tomba de son chariot, et eut le corps tout meurtri de cette chute. Ainsi celui qui, s'élevant par son orgueil au-dessus de la condition de l'homme, s'était flatté de pouvoir même commander aux flots de la mer, se vit porter tout mourant dans une chaise, attestant publiquement la toute-puissance de Dieu qui éclatait en sa propre personne. Il sortait des vers de son corps, et les chairs lui tombaient par lambeaux, avec une odeur si infecte, que toute l'armée n'en pouvait souffrir la puanteur. Cet homme, qui s'imaginait auparavant être capable d'atteindre jusqu'aux étoiles du ciel, se trouvait dans un tel état, que personne ne pouvait plus le porter, à cause de l'infection horri ble qui sortait de son corps. Etant devenu insupportable à luimême, il fit venir ses amis, et leur dit : « Le sommeil est éloigné » de mes yeux; mon cœur est tout abattu, et je me sens défaillir, ▾ à cause du grand chagrin dont je suis saisi. J'ai dit au fond de » mon cœur : A quelle affliction suis-je réduit, et en quel abîme

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Selon le P. Calmet, le nom de Machabée a été formé des mots Makke, Bajah:, rappant ou vainquant dans le Seigneur.

Les saints de l'ancienne loi ont été sauvés par la foi que nous professons, mais d'une manière plus explicite qu'eux : ils croyaient au Messie qui devait venir, et nous croyons au Messie qui est venu. Personne n'a jamais pu être sauvé que par la foi surnaturelle en Jésus-Christ.

Plusieurs saints de l'Ancien Testament sont nommés dans le Martyrologe romain on trouve en divers lieux et surtout à Venise, des églises dédiées sous leur invocation. On a donné en français les Vies des saints de l Ancien Tes

tament.

11 Machab. VI, 2, et 2 Machab. IX, 2.

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⚫ de tristesse me vois-je plongé, moi qui auparavant étais si heu» reux et si chéri au milieu de la puissance qui m'environnait? Je >> me souviens présentement des maux que j'ai faits dans Jérusalem..... Je reconnais donc que c'est pour cela que je suis tombé » dans tous ces maux; et l'excès de ma tristesse me fait maintenant périr dans une terre étrangère 1. » Il promet de rendre Jérusalem libre, de lui accorder les plus beaux priviléges, de l'égaler à la ville d'Athènes; il s'engage à orner de dons précieux le temple qu'il avait pillé auparavant, à y augmenter le nombre des vases sacrés, à fournir de ses revenus les dépenses nécessaires pour les sacrifices, et même à se faire Juif, et à parcourir toute la terre pour publier la toute-puissance de Dieu. Mais son repentir n'était fondé que sur des motifs temporels; ce qui a fait dire à l'écrivain sacré : Cet impie priait le Seigneur de qui il ne devait point recevoir de miséricorde 2. Il mourut 160 ans avant l'ère chrétienne.

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La fête des sept Machabées et de leur mère se célébrait le 1 août dans les premiers temps de l'Eglise, comme on le voit par des calendriers très-anciens, et surtout par celui de Carthage 3, ainsi que par ceux des Syriens, des Arabes, et des autres Orientaux. Nous avons des panégyriques en l'honneur de ces saints martyrs, par S. Grégoire de Nazianze, S. Chrysostôme, S. Augustin, S. Gau dence de Bresse, et S. Léon le Grand.

Ste FOI, Ste ESPÉRANCE ET Ste CHARITE,

VIERGES, MARTYRES.

Ces trois saintes, qui étaient sœurs, furent cruellement tourmentées pour la foi, et souffrirent le martyre à Rome, sous le règne d'Adrien. Ste Sophie, leur mère, leur donna les noms sous lesquels elles sont connues, par dévotion et par amour des vertus théologales. Après les avoir élevées dans la piété, elle les exhorta elle-même à confesser généreusement le nom de Jésus-Christ, et les vit avec joie verser leur sang pour la cause de la religion. Elle servit Dieu dans l'état de viduité, et mourut en paix". Elle est

11 Mach. VI, 10, 13. 22 Mach. IX, 13.

$ Ap. Rubinart et Bolland.
Ap. Jos. Assémani, Bibl. Orient.

a Sollier prouve, Act. SS. t. 1, Aug. p. 16 et seqq. que les Actes de Ste Sophie et de ses trois filles ont été falsifiés par les légendaires. Le Martyrologe d'Usuard marque leur fête au 1er d'août. C'est sans fondement que Baronius, Martyr. rom. sépare la mère des filles, en plaçant la première au 30 de sep tembre. Notker, Galesinius et les Ménologes grecs donnent aux filles les noms de Pistis, Elpis et Agapé. Ce sont trois mots grecs qui répondent aux mots français ; il en est de même de Sophie, qui signifie sagesse. Il est assez probable

nommée sous le 30 de septembre dans le Martyrologe romain. Les noms de nos saintes martyres ont toujours été fort célèbres dans les églises d'Orient et d'Occident.

Voyez Usuard, et les autres martyrologistes.

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S. JUSTIN, né à Auxerre, fut élevé dans les plus parfaites maximes de la piété chrétienne. Son frère aîné ayant été fait captif, et conduit à Amiens, il accompagna son père dans cette ville, quoiqu'il fût encore enfant. Le but du père était de racheter son fils. Après avoir obtenu ce qu'il demandait, ils se hâtèrent tous de sortir d'Amiens, où la persécution contre les Chrétiens commençait à être fort violente. Comme ils avaient été reconnus, les infidèles les firent poursuivre. Mais les soldats ne les atteignirent que quand ils furent arrivés au bourg de Louvres, près de Paris. Justin se présenta pour leur répondre, et fit cacher son père avec son frère. Les soldats voulurent inutilement savoir de lui le lieu où s'étaient retirés ceux qu'ils cherchaient principalement. Irrités de sa constance à leur refuser les éclaircissemens qu'ils demandaient, ils lui coupèrent la tête. Son corps fut enterré à Louvres. La cathédrale de Paris prétend posséder ses reliques. On honore son chef à Auxerre, et cette vénération remonte au cinquième ou sixième siècle. Sa fête est marquée au 1er d'août dans le Martyrologe romain, ainsi que dans ceux qui portent les noms de S. Jérôme et de Bède; mais on ne la fait à Paris que le 8 de ce mois.

Voyez les Actes du saint, que l'on attribue à Bède; Tillemont, t. 4, p. 751; Fleury, l. 18, n. 19, t. 2, p. 399, et le nouveau Bréviaire de Paris, sous le 8 d'août.

que ces noms sont moins des noms propres que des noms appellatifs, et qu'on a voulu désigner par leurs vertus, de saintes martyres dont les noms étaient inconnus. Le Calendrier alsacien du neuvième siècle, le Martyrologe d'Usuard de Haguenau, le Bréviaire de Strasbourg, imprimé en 1478, placent la fête de Ste Sophie et de ses trois filles au 10 de mai, qui fut le jour de la translation de leurs reliques en Alsace. Le pape Adrien accorda ces reliques à Remi, évêque de Strasbourg, qui les transporta dans son diocèse, et les déposa en 777 dans l'église abbatiale d'Eschau qu'il venait de fonder. On voit encore aujourd'hui dans l'église paroissiale du même endroit, derrière le grand autel, un tombeau de pierre en forme de châsse, élevé sur des piliers, et qu'on prétend renfermer les corps de Ste Sophie et de ses trois filles. Voyez M. l'abbé Grandidier, Hist. de l'église de Strasbourg, t. 1, p. 304, et t. 2, pièces justific. p. CXXX.

S. SPIRE, S. RUFINIEN ET S. LEU,

EVÊQUES DE BAYEUX.

S. EXUPÈRE OU S. SPIRE, que quelques-uns font Romain de naissance, prêcha l'Evangile dans la Neustrie, appelée depuis Normandie, et y fonda l'église de Bayeux, dont il fut le premier évêque. On n'est point d'accord sur le temps de sa mission; les uns la mettent au milieu du troisième siècle, et les autres vers la fin du quatrième. Ce dernier sentiment paraît le plus probable.

Après la mort de S. Spire, l'église de Bayeux fut gouvernée par S. Rufinien, honoré le 5 de septembre. On ne fait sa fête que depuis l'an 1688. On ne lit point son nom dans les litanies du diocèse.

S. Rufinien eut pour successeur S. Loup, vulgairement appelé S. Leu, et honoré à Bayeux le 25 d'octobre. Sa vie n'est pas plus connue que celle de ses saints prédécesseurs.

En 863, durant les incursions des Normands, on porta les corps de S. Spire et de S. Leu au château de Palluau en Gâtinois. En 943, ils furent transférés à Corbeil, qui est à trois lieues de Palluau, et à sept de Paris. Cette translation se fit par les soins de Haimon, comte de Corbeil, qui fonda un monastère et une église sous l'invocation de S. Spire. L'abbaye a été depuis changée en une collégiale de chanoines séculiers, laquelle jouissait des priviléges attachés aux fondations royales, depuis que le comté de Corbeil avait été réuni à la couronne.

Les reliques de S. Spire et de S. Leu se gardaient à Corbeil avec beaucoup de vénération; et l'on assure qu'il s'est opéré un grand nombre de miracles par l'intercession des deux saints.

Ce n'est que de S. Grégoire de Tours que nous apprenons le peu de circonstances que nous savons de la vie de S. Spire et de S. Leu. On peut voir encore le Gallia Christ. nova, t. 11, p. 346, et les vies et miracles de S. Spire et S. Leu, par M. Jean-François Beaupied; Paris, 1735, in-12.

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