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S. TIBURCE, MARTYR, ET S. CHROMACE.

Tiré des Actes de S. Sébastien.

L'AN 286.

AGRESTIUS CHROMATIUS était vicaire du préfet de Rome, et en cette qualité il condamna plusieurs Chrétiens à mort sous le règne de Carin, et durant les cinq premières années de Dioclétien. Parmi ceux que l'on conduisit devant lui, fut S. Tranquillin, qui lui assura qu'étant tourmenté de la goutte, il avait été parfaitement guéri en se faisant donner le baptême. Quelque temps après, Chromace fut attaqué de la même maladie; il envoya chercher le prêtre Polycarpe, qui avait baptisé Tranquillin, et le pria de lui administrer le même sacrement. La cérémonie achevée, il se trouva délivré de son mal. Ce miracle fut, dans les desseins de Dieu, la figure de la guérison spirituelle que le sacrement de la régénération venait de conférer à son âme. Depuis ce temps-là sa maison devint l'asile des Chrétiens, qui s'y mettaient à couvert de la fureur des idolâtres. Il quitta sa place, qui fut donnée à un nommé Fabien.

Tiburce, fils de Chromace, fut ordonné sous-diacre. Peu de temps après les persécuteurs l'arrêtèrent comme Chrétien. Ayant été condamné à diverses tortures, il termina sa vie par le glaive. On l'exécuta sur la voie Lavicane, à trois milles de Rome, et l'on bâtit depuis en cet endroit une église sous son invocation. Il est nommé dans plusieurs anciens Martyrologes, ainsi que son père Chromace, qui mourut à la campagne où il s'était retiré, dans la pratique de toutes les vertus chrétiennes. On conserve dans la cathédrale de Soissons une partie des reliques du saint martyr Tiburce.

Les souffrances furent pour les martyrs une marque extraordinaire de miséricorde de la part de Dieu, et une source trèsabondante de mérites. Nous devons regarder sous le même point de vue les afflictions que le ciel nous envoie. Ce sont des talens précieux dont nous devons nous servir pour croître dans la charité, et pour nous perfectionner dans la pratique de toutes les vertus. Nous apprenons dans les souffrances à connaître Dieu, à nous connaître nous-mêmes. Ainsi, quelque pesantes que soient nos croix, nous devons les porter avec patience et avec résignation à la volonté divine; nous devons, à l'exemple des martyrs, nous consoler, et même nous réjouir dans l'affliction. N'est-ce pas

une lâcheté criminelle que de négliger les moyens de profiter des épreuves, et de faire servir à notre perte ce qui, dans les desseins de Dieu, devait être pour nous un principe de salut? Pouvonsnous alors honorer les martyrs, sans prononcer notre propre condamnation?

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Ste SUSANNE, VIERGE ET MARTYRE A ROME.

LES Actes que nous avons de Ste Susanne ne sont point authentiques, et ce que nous savons d'elle se réduit à très-peu de chose. Elle sortait d'une famille noble de Rome, et l'on dit qu'elle était nièce du pape Caïus. Ayant fait vou de virginité, elle refusa d'entrer dans l'état du mariage, comme on l'en pressait. Ce refus découvrit qu'elle professait la religion chrétienne. On la condamna à d'horribles tortures, qu'elle souffrit avec une constance inébranlable, et elle termina sa vie par un glorieux martyre. Elle est nommée dans plusieurs anciens Martyrologes. La célèbre église que desservent aujourd'hui les religieuses Cisterciennes de Rome a toujours porté son nom depuis le cinquième siècle. Cette église, qui est paroissiale en même temps, a un prêtre séculier pour curé, et est encore un titre de cardinal. Ste Susanne souffrit vers l'an 295.

S. TAURIN, PREMIER ÉVÊQUE D'ÉVREUX.

On ne sait rien sur le lieu de la naissance de S. Taurin. On n'est pas plus instruit du temps auquel il a vécu. L'opinion qui paraît la plus probable, est qu'il florissait dans le quatrième siècle. Mais tous s'accordent à dire qu'il fut le premier qui prêcha la foi dans le territoire d'Evreux ; qu'il y fonda une église nombreuse sur les ruines de l'idolâtrie; qu'il la gouverna en qualité d'évêque, et qu'il mourut en paix au milieu de son troupeau. Plusieurs églises se glorifient de posséder une portion de ses reliques. Il y avait dans un des faubourgs d'Evreux une abbaye de Bénédictins qui porte son nom.

Voyez le nouveau Martyrologe et le nouveau Bréviaire d'Evrcux, sous le 11 d'août; Le Brasseur, Hist. d'Evreux, p. 28; et le Gallia Christiana nova, t. 11, p. 566.

S. ÉQUICE, ABBÉ EN ITALIE.

S. EQUICE florissait dans l'Abruzze lorsque S. Benoît établissait sa règle au mont Cassin. Il éprouva dans sa jeunesse de violentes tentations de la chair, dont il triompha par la pratique des austérités et par l'exercice d'une prière continuelle. A la fin Dieu l'en délivra si parfaitement, qu'il ne ressentit plus les aiguillons de cet ennemi domestique. Il peupla toute la Valérie de moines fervens, qui vivaient dispersés dans les campagnes et les bois, et qui partageaient leur temps entre la prière et le travail des mains. Le saint les visitait souvent pour les instruire. Quelquefois aussi il parcourait les bourgs et les villages, afin de porter le peuple à l'amour et au service de Dieu. Comme il était laïque, quelques personnes désapprouvèrent sa conduite, et le traduisirent comme un homme qui s'arrogeait le droit d'exercer les fonctions ecclésiastiques. L'affaire fut portée au pape, qui, après s'être exactement informé des faits, défendit d'inquiéter Equice et d'interrompre le cours de ses exhortations, qui avaient la charité pour prin. cipe, et dans lesquelles l'esprit de Dieu lui servait de maître. Il passait tout le jour à travailler dans les champs, excepté lorsqu'il visitait ses disciples, et le soir il retournait à son ermitage pour y prendre quelque repos. Ses habits étaient pauvres, et ordinairement tout déchirés. Son extérieur inspirait l'amour de la pénitence, et de vifs sentimens de charité et de dévotion. Il consentit à se charger de la conduite d'une nombreuse communauté de religieuses. Il mourut vers l'an 540. On garde ses reliques à Aquila, dans l'église de Saint-Laurent.

Voyez S. Grégoire le Grand, Dial. l. 1, c. 4.

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S. GÉRY, ÉVÈQUE DE CAMBRAI.

S. GAUGERIC, vulgairement appelé S. Géry, naquit dans le diocèse de Trèves, à Yvois, qui est présentement une place forte du duché de Luxembourg. Ses parens le firent élever sous leurs yeux dans la connaissance des lettres et dans la pratique de la vertu. Il s'accoutuma de bonne heure aux veilles et à la prière; il aimait aussi, dès son enfance, à soulager la misère des pauvres. L'éducation qu'il reçut dans la maison paternelle le préserva de la corruption

qui n'est que trop commune parmi les jeunes gens; et tandis que ceux de son âge avalaient le poison du vice, sous prétexte de se former aux sciences et aux manières du monde, il sut conserver le précieux trésor de son innocence.

S. Magnéric, successeur de S. Nicétas sur le siége de Trèves, étant venu à Yvois, eut occasion d'y connaître Géry; il fut si charmé de ses talens et de sa vertu, qu'il l'ordonna diacre. Alors Géry redoubla de ferveur dans la pratique des bonnes œuvres. Il s'appliqua avec un zèle infatigable à remplir les devoirs de son état, et surtout à instruire les fidèles.

La réputation qu'il s'était acquise par son savoir et sa sainteté lui mérita l'honneur de gouverner les siéges de Cambrai et d'Arras, qui furent unis depuis la mort de S. Waast jusqu'en 1093. Pendant son épiscopat, qui dura trente-neuf ans, il travailla de toutes ses forces à la sanctification de son troupeau, et vint à bout de purger son diocèse des restes de l'idolâtrie. Mais de peur que la multitude des affaires ne lui fit oublier ce qu'il se devait à lui-même, et qu'en négligeant le soin de son salut, il ne devînt moins propre à procurer celui des autres, il joignait à l'exercice de ses fonctions l'esprit de recueillement et de prière. Il se retirait de temps en temps dans quelque solitude pour converser avec Dieu, et lui recommander, tant ses besoins que ceux des âmes qui lui avaient été confiées. Il fut honoré du don des miracles; et entre autres prodiges qu'il opera, on rapporte qu'un lépreux qu'il baptisa à Yvois fut guéri tout-à-coup. Enfin, épuisé de fatigues, il alla jouir du repos éternel, le 11 août 619. On l'enterra dans l'église qu'il avait fait bâtir sous l'invocation de S. Médard. Cette église ayant été démolie Charles-Quint, qui fit construire une citadelle à la place, les chanoines qui la desservaient se retirèrent dans celle de Saint-Waast, où ils déposèrent les reliques du saint. Depuis ce temps elle porte le nom de Saint-Géry.

par

Voyez la Vie authentique du saint, qui fut écrite dans le courant du siècle qui suivit sa mort; Châtillon, Series episcop. Camerac. et Atreb.. Buzelin, Gallo-Flandria illustrata, p. 33, 41; et le P. Bosch, un des continuateurs de Bollandus, t. 2 aug. p. 664.

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TOME V.

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MARCIA RUSTICULA, issue d'une famille noble, naquit l'an 555, à Vaison en Provence. Elle perdit son père le jour même de sa nais sance. Elle eut un frère aîné qui mourut en bas âge. N'étant encore que dans sa cinquième année, elle fut enlevée par un seigneur nommé Chéran, qui se proposait de l'épouser lorsqu'elle serait nubile. La vénérable Liliole, abbesse de Saint-Césaire d'Arles, fut instruite de cet enlèvement, et sut, par le moyen de Syagre, évêque d'Autun, tirer la jeune Rusticle des mains du ravisseur. Elle la reçut dans sa communauté, et la fit élever dans les maximes de la piété. Rusticle montra les plus heureuses dispositions pour la vertu; elle conçut un grand mépris pour toutes les choses de la terre, et résolut de passer le reste de ses jours dans le monastère où elle était. Inutilement sa mère fit des efforts pour la rengager dans le monde.

Devenue religieuse, elle ne s'occupa que de l'accomplissement de sa règle. Elle apprit par cœur tous les livres de l'Ecriture. Elle s'étudiait à oublier les belles qualités du corps et de l'esprit qu'elle avait reçues de la nature, et ne se distinguait que par sa modestie et son humilité. Elle était si estimée de sa communauté, qu'on l'élut abbesse après la mort de la vénérable Liliole, quoiqu'elle n'eût guère plus de dix-huit ans". Elle répondit à l'espérance qu'on avait conçue d'elle. Son zèle pour les austérités était étonnant; souvent elle ne faisait qu'un repas en trois jours. Elle veillait sur chacune de ses religieuses, quoiqu'elles fussent au nombre de trois

cents.

Thierri, roi d'Austrasie et de Bourgogne, étant mort en 613, Clotaire II, qui régnait à Soissons, saisit cette occasion pour s'emparer de ses Etats. Thierri laissait quatre fils, Sigebert, Childebert, Corbon et Mérovée. Sigebert, le plus âgé, n'avait que dix à onze

a S. Césaire veut que la portière de son monastère soit âgée, Reg. in recept. c. 21, mais il ne désigne point l'âge que doit avoir l'abbesse. Le mérite précoce et extraordinaire de Rusticle détermina sans doute les religieuses d'Arles à la mettre à la tête de la communauté, quoiqu'elle fût și jeune. Ceci est plus vraisemblable, que de supposer qu'il y ait erreur dans les manuscrits de sa Vie. Car, outre que son historien, auteur contemporain, qui écrit avec beaucoup d'ordre, de sagesse et de piété, assure positivement qu'elle avait environ dixhuit ans lorsqu'elle fut élue, il entre dans des détails et rapporte des circonstances qui toutes concourent à prouver que Rusticle fut abbesse l'an 574, temps où elle pouvait n'avoir guère plus.

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