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dit. Théodose en partant donna au saint une petite somme d'ar gent, avec quelques vêtemens.

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Cette réconciliation ne produisit aucun effet. La même année 656, l'empereur envoya le consul Paul à Bizye, avec ordre d'amener Maxime au monastère de Saint-Théodore de Rége, près de Constantinople. On n'eut aucun égard à l'âge et au rang que le saint avait tenu à la cour; on le traita sur la route avec la dernière barbarie. Il arriva à Rége le 13 de septembre. Les patrices Epiphane et Troïle, ainsi que l'évêque Théodose, vinrent l'y trou ver, suivis d'un nombreux cortége. Ils insistèrent beaucoup sur la promesse qu'il avait faite de se rendre à ce que l'empereur exigeait de lui. La réponse de Maxime fut qu'il était prêt à obéir au prince dans toutes les choses qui avaient rapport aux affaires temporelles. Là-dessus il s'éleva de grandes clameurs contre lui; et, après quelques contestations, le patrice Epiphane lui dit : Ecoutez l'envoyé de l'empereur : tout l'Occident, et tous ceux » qui ont été séduits en Orient ont les yeux fixés sur vous. Vou» lez-vous communiquer avec nous et recevoir le Type? Nous viendrons vous saluer en personne; nous vous présenterons la main; nous vous conduirons dans la grande église pour y recevoir ensemble le corps et le sang de Jésus-Christ, et nous vous reconnaîtrons publiquement pour notre père. Nous sommes persuadés que tous ceux qui s'étaient séparés de notre commu»> nion ne vous verront pas plus tôt communiquer avec le saint siége » de Constantinople, qu'ils suivront votre exemple.-Seigneur, >> dit Maxime, en adressant la parole à l'évêque Théodose, nous "attendons tous le jour du jugement. Vous connaissez l'accord solennel qui a été fait entre nous et qui a été ratifié sur les Evangiles, sur la croix, sur l'image de Jésus-Christ, et sur celle » de sa sainte Mère. Que vouliez-vous que je fisse, répondit Théo»dose en baissant la tête, et avec le ton d'un homme qui cherche » à faire sa cour; que vouliez-vous que je fisse, en voyant que l'empereur était d'un autre sentiment? Pourquoi donc, répli» qua Maxime, mettiez-vous la main sur les Evangiles? Quant à moi, je vous déclare que rien au monde ne me fera faire ce que » vous me demandez. Quels reproches n'aurais-je pas à essuyer de » ma conscience, et que pourrais-je répondre à Dieu, si je renonçais à la foi pour des considérations humaines? A ces mots, tous se lèvent transportés de fureur; ils tombent sur notre saint, lui donnent des soufflets, lui arrachent la barbe, le couvrent de crachats et d'ordures depuis la tête jusqu'aux pieds, et il fallut laver ses habits pour en faire disparaître l'odeur infecte qui empêchait d'approcher de lui. « On a tort, dit Théodose, d'en agir

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de la sorte à son égard, il suffisait de rapporter sa réponse à >> l'empereur. » On cessa donc les mauvais traitemens, et l'on s'en tint aux injures et aux reproches. Alors Troïle dit au saint abbé: « On ne vous demande que de signer le Type; vous croirez dans » votre cœur tout ce que vous voudrez. -Ce n'est pas seulement » dans le cœur, repartit Maxime, que Dieu a renfermé notre de>> voir; nous sommes aussi obligés de confesser Jésus-Christ de>> vant les hommes.- Si l'on m'en croyait, dit Epiphane, on vous » lierait à un poteau au milieu de la ville, afin que la populace > allât vous souffleter et vous couvrir de crachats.- Si les barba>> res nous laissent un peu respirer, dirent quelques autres, nous >> vous traiterons comme vous le méritez, vous, le pape, et tous » vos sectateurs. » Ceux-ci dirent: « Allons dîner, puis nous rendrons compte à l'empereur de tout ce qui s'est passé. Cet homme est possédé du démon. » Ils se retirèrent ensuite.

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Le lendemain matin on mit S. Maxime entre les mains d'une troupe de soldats qui avaient ordre de le conduire à Sélymbrie; de là, il fut mené au camp. Comme on répandait le bruit qu'il niait que la Vierge Marie fût mère de Dien, il dit anathème à ceux qui soutenaient cette erreur. Il faisait dans le camp des instructions que l'on écoutait avec beaucoup de respect, et tous priaient Dieu qu'il lui donnât la force dont il avait besoin pour achever heureusement sa course. Ses gardes voyant combien il était honoré, le conduisirent à deux milles de là; puis lui ayant accordé un peu de repos, ils le firent monter à cheval, et le conduisirent à Perbère, où ils le renfermèrent dans une prison.

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Quelque temps après Maxime et les deux Anastase furent ramenés à Constantinople; on les fit comparaître devant un synode de Monothélites qui les anathématisa, avec le pape Martin, Sophrone et tous ceux qui leur étaient attachés. Telle fut la sentence qui fut prononcée contre eux par le synode et le sénat : Ayant été condamnés canoniquement, vous mériteriez de subir » la sévérité de la loi pour vos impiétés; mais quoiqu'il n'y ait point de punitions proportionnées à vos crimes, nous ne vou» lons pas vous traiter suivant la rigueur de la loi; nous vous laisserons la vie, vous abandonnant à la justice du souverain juge. » Nous ordonnons au préfet ici présent de vous conduire au prétoire, où, après avoir été fouettés, on vous arrachera la langue, qui a été l'instrument de vos blasphêmes, et l'on vous coupera la >> main droite, avec laquelle vous avez écrit ces blasphêmes. Nous voulons que l'on vous promène ensuite dans les douze quartiers

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» de la ville, puis que vous soyez bannis et emprisonnés le reste

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de vos jours, pour expier vos péchés par les larmes.

Maxime et les deux Anastase ayant souffert à Constantinople les peines portées par la sentence, furent bannis chez les Lazes, dans la Sarmatie européenne, vers les Palus Méotides. Ils arrivérent dans le lieu de leur exil le 8 juin 662. On les sépara les uns des autres : le moine Anastase fut conduit à Sumas. Les tourmens qu'il avait endurés; joints à la fatigue du voyage, l'avaient tellement affaibli, qu'il mourut le 24 juillet de la même année. L'autre Anastase lui survécut peu de temps. Maxime, ne pouvant monter à cheval ni supporter les voitures ordinaires, fut conduit en litière au château appelé Schemari, près du pays des Alains: il prédit le jour de sa mort, qui arriva sur la fin de la même année 662 ou au commencement de l'année suivante; il était âgé de quatre-vingt-deux ans. Les Grecs célébrèrent deux fêtes en son honneur; l'une le 21 de janvier, et l'autre le 13 d'août. C'est ce dernier jour que Baronius et Baiiiet assignent pour le jour de sa mort; mais Falconius pense qu'il mourut le 21 de janvier, et il se fonde sur ce qu'il est dit dans le Synaxaire des Grecs, que l'on fit le 13 d'août à Constantinople la translation de ses reliques, qui avaient été apportées en cette ville du monastère de Saint-Arsène, situé près du pays des Lazes, où le saint avait été d'abord enterré a

Voyez les Actes de S. Maxime, les relations authentiques de ses interrogatoires et de ses souffrances, ainsi que plusieurs autres pièces anciennes concernant sa Vie, apud Combefis, t. 1 Oper. S. Maximi.

S. JUNIEN, RECLUS, PUIS ABBÉ DE MAIRĖ

EN POITOU.

JUNIEN sortait d'une famille noble du Poitou. Il répondit parfaitement aux soins que prirent ses parens de le faire élever dans la connaissance des lettres et de la religion, et l'on attribua les

a Nous avons plusieurs ouvrages de S. Maxime, que le savant P. Combefis, Dominicain, fit imprimer à Paris en 1675, 2 vol. in-fol. Ils consistent en des commentaires mystiques ou allégoriques sur divers livres de l'Ecriture; des commentaires sur les ouvrages attribués à saint Denys l'Aréopagite; des traités polémiques contre les Monothélites; un excellent discours ascétique; des maximes spirituelles, principalement sur la charité, et quelques lettres.

Photius, Cod. 192, voudrait que S. Maxime eût mis plus de douceur et de politesse dans son style, et qu'il eût été plus délicat sur le choix des expressions. Ces défauts peuvent venir des copistes, dans sa dispute avec Pyrrhus; on peut les attribuer dans quelques-uns de ses écrits aux persécutions qui accablaient tout à la fois son esprit et son corps.

Il y a plusieurs ouvrages de S. Maxime qui n'ont jamais été imprimés. Voyez le P. de Montfaucon, Bibl. Coislin, à pag. 307 ad p. 311; item, pag. 412.

progrès surprenans qu'il y fit à un don particulier de Dieu. Il avait tous les agrémens de la jeunesse sans en avoir les défauts. Il reçut la tonsure cléricale pour annoncer son divorce avec le monde. Le désir qu'il avait de vivre dans la solitude le détermina à se renfermer dans une cellule qu'il s'était construite à Chaulnai. Affranchi de tous les liens qui auraient pu le retenir dans le siècle, il ne s'occupa plus que de la contemplation des perfections divines. Il se forma entre lui et Ste Radégonde une amitié toute spirituelle; ils s'envoyaient mutuellement des présens qui consistaient en des instrumens de pénitence.

Plusieurs personnes étant venues trouver Junien, le prièrent de leur servir de guide, ce qu'il ne put leur refuser. Quelque temps après il se laissa ordonner prêtre, pour travailler plus efficacement à la sanctification du prochain. Le grand nombre de ses disciples l'ayant obligé à changer de demeure, il entreprit de bâtir un monastère; mais il fut traversé dans son dessein, et on l'accusa d'usurper les domaines du prince. Il se rendit à la cour pour se justifier, et le roi Clotaire le maintint, non-seulement dans la possession de ce qu'on lui contestait, mais il lui donna encore la terre de Mairé; ce fut là qu'il bâtit son monastère, où il introduisit la règle de S. Benoît.

Quoique abbé, il menait, autant qu'il était en lui, la vie d'un anachorète. De temps en temps il se retirait dans une cellule écartée pour vaquer plus librement à la prière et à la contemplation. Sentant approcher sa fin, il désigna un de ses plus chers disciples, nommé Auremond, pour son successeur, et les exhorta tous à suivre fidèlement ce qui leur était prescrit par leur règle. Il avait ́ordonné que dès qu'il serait expiré on en avertît Ste Radégonde, afin qu'elle priât Dieu pour le repos de son âme, et la sainte avait aussi marqué qu'elle souhaitait que l'on portàt la nouvelle de sa mort à Junien, pour qu'il lui accordât le secours de ses prières; mais ils moururent tous deux à la même heure, le 13 août 587. Ses reliques restèrent à Mairé jusqu'au neuvième siècle, qu'elles furent transférées à Noaillé, qui est à trois lieues de Poitiers. La crainte des Huguenots les fit enfouir en 1569, et on ne les a point découvertes depuis. L'église de Mairé n'est plus qu'une paroisse que l'on appelle Maire l'Eveseau.

Voyez Mabillon, Act. t. 1, p. 307; Bulteau, Hist. de S. Benoit, 1. I, l. 2, c. 27 ; et Baillet, sous le 13 d'août.

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S. WIBERT, ABBÉ EN ALLEMAGNE.

WIBERT était un saint moine d'Angleterre, qui florissait dans le huitième siècle. S. Boniface l'ayant invité à passer en Allemagne, le fit premier abbé d'Ordorf, puis de Fritzlar: il mourut en 941, et fut enterré dans ce dernier monastère; mais en 780 on porta son corps à Hirschfield, et la cérémonie de cette translation fut faite par S. Lul de Mayence. S. Wibert est le principal patron de la ville et du monastère de Colleda, qui appartient aujourd'hui à l'ordre de Cîteaux.

Voyez sa Vie, par Loup de Ferrières, avec les remarques du P. Sollier, Act. Sanct. t. 3 aug. Mabillon, Annal. t. 2, p. 255; et la Thuringia sacra, p.543.

PIERRE DE MOLIANO,

DE L'ORDRE DE SAINT-FRANÇOIS.

L'AN 1490.

PIERRE, né à Moliano dans la Marche d'Ancône, d'une famille honnête, étudia avec succès le droit à Pérouse et entra ensuite dans l'ordre de Saint-François, où il ne tarda pas à se distinguer par ses progrès dans la perfection. Elevé au sacerdoce, il s'appliqua avec un zèle toujours croissant à faire le bien, passa souvent des nuits entières au confessionnal. Digne compagnon des travaux de S. Jacques de la Marche, il ravit à l'enfer une foule de victimes que leurs désordres y auraient infailliblement plongées. Il avait un talent particulier pour toucher les cœurs, soit par l'effet de ses prédications, soit par les conseils qu'il donnait avec une sainte liberté à toutes les personnes qui recouraient à lui. C'est surtout à Camerino qu'il deploya ses talens et qu'il laissa de profonds souvenirs de ses vertus. Le duc de cette ville professait la plus haute estime pour lui et voulut l'assister dans ses derniers momens avec ses fils. La sainte mort de Pierre arriva le 25 juillet 1490. Clément XIII le béatifia.

Voyez les leçons de son office.

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