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accepta; mais en même temps il les distribua aux pauvres.

En 1323, Elzéar fut envoyé à la cour de France en qualité d'ambassadeur. Un grand nombre de seigneurs de Naples l'accompagnèrent. L'objet de cette ambassade étoit de demander en mariage pour le duc de Calabre, Marie, fille du comte de Valois. Il fut reçu avec toute la distinction que méritoit sa naissance, son rang et sa vertu. Sa négociation eut un heureux succès, le mariage fut arrêté.

Elzéar tomba malade à Paris. Il avoit fait son

testament long-temps auparavant; il y donnoit ses biens-meubles à sainte Delphine sa femme, et ses terres à Guillaume de Sabran son frère. Il y avoit aussi dans son testament des legs pour ses parens, ses domestiques, et sur-tout pour les monastères et les hôpitaux. Le Saint, pour se disposer à paroître devant Dieu avec une plus grande pureté, fit une confession générale de toute sa vie; et tant dura que maladie, sa il se confessa presque tous les jours, quoiqu'on assure qu'il n'eût jamais offensé Dieu mortellement. Il se faisoit lire souvent l'histoire de la passion de Jésus-Christ, qui avoit été l'objet principal de ses méditations; et il trouvoit dans la pensée d'un Dieu mourant pour lui, de puissans motifs de consolation dans ses peines. Après avoir reçu le saint viatique et l'extrême-onction, il tomba dans une pénible agonie, et mourut le 27 Septembre 1323, à la trente-huitième année de son âge (a). On le regretta extraordinairement à la cour de France et à celle de Naples. Pour se conformer à ses der¬ nières volontés, on porta son corps en Provence, et on l'enterra dans l'église des Franciscains de la Voyez le P. Suysken, S. 7, p. 553.

ville d'Apt, où il est encore. Le pape Clément VI, ayant fait constater la vérité des miracles opérés par son intercession, Urbain V signa le décret de sa canonisation, qui ne fut cependant publiée qu'en 1369 par Grégoire XI.

Delphine vivoit encore quand on mit son mari au nombre des Saints. Le roi et la reine de Naples, qui l'avoient à leur cour, et qui voyoient qu'elle en étoit le modèle par ses vertus, ne voulurent jamais consentir à sa retraite. Le roi Robert étant mort en 1343, la reine, qui se nommoit Sancie, et qui étoit fille du roi de Maïorque, renonça aux grandeurs humaines, et prit l'habit dans le monastère des pauvres Clarisses, qu'elle avoit fondé à Naples. Elle y vécut dix ans sans vouloir se séparer de sa chère Delphine, qui l'avoit formée aux exercices de la vie spirituelle. Après la mort de cette pieuse princesse, Delphine retourna en Provence, et s'enferma dans le château d'Ansois, où elle continua de vivre dans la pratique des plus héroïques vertus. Elle mourut à Apten 1369, dans la soixanteseizième année de son âge. Sa bienheureuse mort arriva le 26 Septembre, jour auquel elle est nommée dans le martyrologe franciscain. Ses reliques se gardent avec celles de saint Elzéar.

Voyez la vie de saint Elzéar, publiée par Surius ; les Vite delli santi del trez ordine di S. Francesco, c. 14, 15, 16, p. 30; la vie française du Saint, par le P. Etienne Binet, Jésuite Paris, 1623, in-12, et sur-tout le P. Suysken, un des continuateurs de Bollandus, qui a donné plusieurs monumens fort curieux touchant la vie de saint Elzéar et de sainte Delphine, t. VII, Sept. p. 528.

S. CHUMALD, MISSIONNAIRE EN ALLEMAGNE.

SAINT CHUMALD occupe une place distinguée parmi les zélés missionnaires d'Ecosse, qui,

par leurs prédications et leurs travaux, étendirent le règne de Jésus-Christ dans l'Alle magne. Il fut plusieurs années le collègue de saint Rupert, évêque de Salzbourg, auquel il fut fort utile dans l'exercice de ses fonctions apostoliques. L'église de Salzbourg en a toujours fait mémoire en ce jour; mais on l'honoroit en Ecosse, où il avoit pris naissance, le 21 de Février.

S. WENCESLAS, DUC DE BOHÊME, Martyr. Tiré de sa vie, par Christan de Skala, son neveu, qui étoit moine près de Prague: d'une autre vie par Jean Dubraw évêque d'Olmutz, en Moravie, sous le règne de CharlesQuint. Voyez aussi Eneas Sylvius, Hist. Bohem. l. 2, c. 14 et 15; les autres historiens de Bohême: les remarques du P. Suysken, t. VII, Sept. p. 770; Balbinus, in Miscellaneis Bohemiæ, etc.

L'AN 938.

WENCESLAS eut pour père Uratislas, duc de Bohême, et pour mère Drahomire du Lucsko. Il étoit petit-fils de Borivor, premier duc chrétieu de Bohême, et de la bienheureuse Ludmille. Uratislas étoit un prince vertueux, brave et humain mais Drahomire, qui se donnoit pour païenne, n'avoit aucun sentiment de religion; elle joignoit à une hauteur insupportable un grand fonds de cruauté et de perfidie. Elle eut, outre Wenceslas, un autre fils nommé Boleslas.

Ludmille vivoit encore, et elle avoit toujours demeuré à Prague depuis la mort de Borivor. Elle demanda Wenceslas, l'un de ses petits-fils, et il lui fut envoyé. Son intention étoit de se charger elle-même de son éducation, et de le former de bonne heure à la pratique du christianisme. Paul, son chapelain, également recommandable par sa sainteté et sa prudence, enseigna au jeune prince

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les premiers élémens des sciences. Wenceslas répondit parfaitement aux soins de son maître et de son aïeule, et il montra, dès son enfance, un amour extraordinaire pour la vertu. On le mit depuis dans le collége de Budweis, auprès de Prague. Avec le secours de plusieurs excellens maîtres qu'il y trouva, il se rendit habile dans toutes les sciences et dans tous les exercices qui convenoient à son illustre naissance; mais il se perfectionna sur-tout dans les connoissances qui font le véritable chrétien. Il étoit doux, mortifié, attentif à veiller sur lui-même, et principalement à éviter tout ce qui auroit été capable de ternir la pureté de son corps et de son ame.

Il étoit encore fort jeune lorsque la mort lui enleva son père. Drahomire se fit déclarer régente, et s'empara du gouvernement sous ce titre. Cette princesse, qu'aucun frein ne retenoit plus, fit éclater sa fureur contre les Chrétiens. Elle ordonna d'abattre toutes les églises, et défendit l'exercice public d'une religion dont elle avoit juré la perte ; elle défendit aussi de l'enseigner aux enfans. En même temps elle révoqua toutes les lois que Borivor et Uratislas avoient publiées en faveur du christianisme. Les magistrats qui le professoient furent cassés, et l'on donna leurs places aux païens. Enfin la régente ne choisit pour les différens emplois, que des hommes qui lui étoient dévoués. Un grand nombre de fidèles furent massacrés en haine de leur religion.

Ludmille se sentit pénétrée d'une vive douleur à la vue de tant de maux. Remplie de zèle pour les intérêts d'une religion qu'elle et son mari avoient eu tant de peines à établir, elle pressa fortement Wenceslas de prendre en main les rênes du gouvernement, avec promesse de l'assister de ses

conseils. Le jeune prince obéit, et la Bohême fit éclater sa joie: mais pour prévenir tout sujet de division entre lui et son frère, on partagea le pays entre eux; Boleslas eut un territoire considérable, qui a été appelé Boleslavie, de son nom, et qui est un des principaux cercles de la Bohême.

Drahomire, furieuse de cet arrangement, entra dans les intérêts de son fils Boleslas, qu'elle avoit élevé dans l'idolâtrie, et auquel elle avoit inspiré sa haine pour le christianisme, avec son ambition et sa cruauté. Wenceslas avoit des sentimens tout opposés à ceux de son frère. Fidèle aux leçons qu'il avoit reçues dans son enfance, il menoit une vie régulière, et tendoit de plus en plus à la perfection. Il ne cherchoit qu'à établir la paix, la justice et la religion dans ses états; les officiers qu'il attachoit à sa personne étoient toujours choisis parmi les plus fervens chrétiens. Après avoir donné le jour aux affaires, il consacroit à la prière une grande partie de la nuit. Sa dévotion pour le saint sacrement de l'autel se manifestoit par les preuves les moins équivoques. Ses austérités approchoient de celles des anciens anachorètes; et sa charité paroissoit avec éclat dans le soulagement des orphelins, des veuves et des malheureux de tout état. Il n'y avoit que le bien de la religion et de l'état qui l'empêchoit de suivre son goût pour la retraite et la solitude. Sa piété lui fournit les motifs de consolation qui le soutinrent dans les épreuves par lesquelles il plut à Dieu d'achever sa sanctification.

Drahomire, soutenue par une faction puissante, cherchoit sans cesse l'occasion d'exécuter les noirs projets qu'elle méditoit. Elle résolut d'abord d'ôter la vie à Ludmille, par les conseils de laquelle Wenceslas se conduisoit. Celle-ci en ayant été

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