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ment. Les vierges dont il s'agit se consacrèrent particulièrement aux œuvres de charité. Le Saint reçut avec de grandes marques d'affection et de respect, saint Benoît Biscop et saint Wil frid, qui passèrent par Lyon en allant d'Angleterre à Rome.

et

Clovis II étant mort, Ebroïn, maire du palais, qui craignoit qu'il ne fit connoître les vexations dont il accabloit le peuple de Lyon, résolut de lui ôter la vie. Il eut recours à la calomnie, l'accusa de crime de lèse-majesté. Il n'eut pas plutôt appris qu'il s'étoit dérobé par la fuite à ses poursuites, qu'il le fit massacrer par une troupe de soldats, près de Châlons-sur-Saône. Sa mort arriva le 28 Septembre 657. Saint Wilfrid, depuis évêque d'Yorck, et les autres ecclésiastiques qui l'accompagnoient, rapportèrent son corps à Lyon, et l'enterrèrent dans l'église de Saint-Pierre.

On garde la plus grande partie de ses reliques chez les religieuses de Saint-Pierre de Lyon, lesquelles suivent présentement la règle de saint Benoît. On invoque ce Saint contre l'épilepsie. Il y a dans le Forez une ville qui porte son nom.

Comme le saint évêque de Lyon est appelé aussi Daufin, quelques auteurs modernes ont imaginé d'en faire deux Saints distingués l'un de l'autre : mais leur sentiment est abandonné par les plus habiles critiques; il est également contraire aux anciennes vies du Saint.

En 1683, les filles, dites à Paris de l'union chrétienne, acquirent dans cette ville l'hôtel de SaintChaumond, où elles firent bâtir une église. C'est la principale communauté de leur congrégation. Elles sont connues présentement sous le nom du Saint, qui est leur patron.

Tome IX.

E*

Voyez Bède, Hist. l. 5, c. 20; Eddius, in Vit. sancti Wilfr.; la vie et l'office de saint Chaumond, par Chastelain, Paris, 1692; Baillet, etc. le Gallia Christ. nova, t. IV, p.43, et M. Poullain de Lumina, Hist. de l'égl. de Lyon, p. 95.

S.te LIOBE, ABBESSE EN ALLEmagne.

SAINTE LIOBE Ou LIEBE (a) fut un modèle de la perfection chrétienne, tant en Angleterre qu'en Allemagne. Elle sortoit d'une illustre famille anglosaxonne, et naquit dans le pays des Saxons occidentaux. Ebbe sa mère étoit proche parente de saint Boniface de Mayence. Une longue stérilité lui avoit fait perdre l'espérance d'avoir des enfans, lorsque Liobe vint au monde. Elle l'offrit à Dieu, dès qu'elle fut née, et l'éleva dans le mépris du monde.

Liobe fut mise ensuite dans le monastère de Winburn (6), que gouvernoit la sainte abbesse Tette, encore plus distinguée par sa sagesse et ses vertus, que par le titre auguste de sœur de roi. Elle y fit de grands progrès dans la science du salut, et y prit depuis le voile de la religion. Elle avoit des connoissances rares dans une personne de son sexe; elle entendoit le latin, et faisoit même des vers en cette langue, comme on le voit par ses lettres à saint Boniface mais elle ne se permettoit la lecture d'aucun livre, à moins qu'il ne fût propre à nourrir dans son ame l'esprit de piété et de ferveur.

:

Saint Boniface, qui étoit en correspondance avec elle, et qui connoissoit son mérite, pria instamment son abbesse et son évêque de la lui envoyer avec quelques autres religieuses. Son but étoit de les employer à établir en Allemagne des

(a) On l'appelle aussi en latin, Lesbgytha et Truthgeba. (b) Dans le comté de Dorset.

monastères pour des personnes de leur sexe. Tette ne consentit qu'avec beaucoup de peine au départ de celle qu'elle regardoit comme le plus précieux trésor de sa maison.

Liobe arriva en Allemagne vers l'an 748. Saint Boniface l'établit, ainsi que ses compagnes, dans le monastère qui a été appelé depuis Bischofsheim (c). La prudence et le zèle de notre Sainte rendirent bientôt célèbre le nouvel établissement. La communauté devint si nombreuse, qu'elle fut en état de fournir assez de religieuses pour peupler divers monastères qu'on fonda dans l'Allemagne. Quelque temps après le martyre de saint Boniface, Liobe se retira dans un de ces nouveaux monastères, appelé Shoneresheim, et situé environ à deux lieues de Mayence. Elle continua d'y vivre dans la pratique du jeune et de la prière. Charlemagne, qui fut depuis empereur, étoit pénétré de vénération pour elle, et Hildegarde, femme de ce prince, la fit venir à Aixla-Chapelle pour la consulter sur plusieurs affaires importantes. Liobe résista fortement aux sollicitations lui fit la reine de rester à la cour; que elle retourna dans son monastère, où elle mourut vers l'an 779. Elle fut enterrée à Fulde, auprès de saint Boniface. Il se fit à son tombeau plusieurs miracles, de la plupart desquels l'auteur de sa vie fut témoin oculaire.

Voyez sa vie, écrite peu de temps après sa mort, par Ralph de Fulde, ap. Mabil. Act. Ben. et l. 1 Rerum Mogunt. Bulteau, Hist. de l'Ordre de saint Benoît, et le P. Périer, un des continuateurs de Bollandus, t. VII, Sept. p. 748.

(c) C'est-à-dire, la maison de l'évêque.

LA DEDICACE DE L'ÉGLISE DE S. MICHEL,

OU LA FÊTE DE S. MICHEL ET DE TOUS
SS. ANGES.

LES

La fête dont nous allons parler, s'est toujours célébrée le 29 Septembre, depuis le cinquième siècle. Elle étoit certainement établie dans la Pouille en 493. On rapporte son institution dans l'Occident à la dédicace de la célèbre église de Saint-Michel sur le Mont-Gargan en Italie (a), et c'est pour cela qu'elle est appelée la Dédicace de saint Michel dans les martyrologes de saint Jérôme, de Bède, etc. On célébroit le même jour en Occident la dédicace de plusieurs églises bâties sous l'invocation du saint archange, notamment de celle qui étoit sur le mole d'Adrien (6). Le culte

(a) L'apparition de saint Michel sur le Mont-Gargan est rapportée dans les anciens calendriers de Bénévent et de Naples, antérieurs au neuvième siècle. Voyez M. Jos. Assémani, in Script. Ital. et les Bollandistes dans leur dernier tome de Septembre.

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(b) Cette fête étoit autrefois très-solennelle en plusieurs pays de l'Occident. Voici ce qu'on lit dans les lois ecclésiastiques, publiées en 1014, par Ethelred, roi d'Angleterre. « Que tout Chrétien qui a l'âge prescrit jeûne trois jours » au pain et à l'eau, ne mangeant que des racines crues » avant la fête de saint Michel, et que tout homme aille » confesse et à l'église nu-pieds... Que chaque prêtre aille » trois jours nu-pieds en procession avec son peuple; que >> chacun prépare ce qu'il lui faudroit de vivres pour trois » jours, observant toutefois qu'il n'y ait rien de gras, et que » le tout soit distribué aux pauvres. Que tout serviteur soit dispensé du travail pendant ces trois jours, pour mieux célé»brer la fête ou qu'il ne Tasse que ce qui est nécessaire pour » son usage. Ces trois jours sont le lundi, le mardi et le » mercredi d'avant la fête de saint Michel. Si un serviteur rompt le jeûne, il fera satisfaction de sa peau (en recevant des » coups); si c'est un homme libre, mais pauvre, il payera >> trente sous; si c'est le thane du roi, il payera 130 schelins » et tout cet argent sera donné aux pauvres.» Voyez Spelman,

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de saint Michel et des anges ne fut pas moins célèbre en Orient, lorsque Constantin eut embrassé publiquement le christianisme. On y fonda plusieurs églises en leur honneur: elles furent sans doute bâties sur le modèle de ces petits oratoires qu'on avoit anciennement élevés dans les intervalles de repos que laissoient les persécutions, et que les païens avoient renversés quand la guerre étoit déclarée à l'église. Nous apprenons de Sozomême que Constantin fit bâtir en l'honneur de saint Michel une église qu'on appela Michaëlion, et dans laquelle il s'opéra plusieurs miracles. Cet historien assure qu'il avoit éprouvé lui-même la protection de saint Michel; et entre autres cures miraculeuses, il cite celles du jurisconsulte Aquilin et du médecin Probien, qui jouissoient tous deux d'une grande réputation. L'église dont il s'agit étoit environ à quatre milles de Constantinople, et l'on bâtit depuis un monastère auprès. Il y avoit dans la même ville quatre autres églises dédiées sous l'invocation de saint Michel; le nombre s'en augmenta jusqu'à quinze, et toutes étoient de fondation impé-. riale (1)..

Quoique saint Michel soit nommé seul dans le titre de cette fête, il paroît, par les prières de l'église; que tous les saints anges en sont l'objet. Nous devons, pour la bien célébrer, 1.° remercier Dieu de la gloire dont il comble les anges, Conc. vol. 1, p. 520, et le recueil des canons de l'église d'Angleterre, par Johnson, t. 1, an. 1014.

Le jour de saint Michel est mis au nombre des grandes fêtes dans la chronique saxone, sous l'an 1011; dans le ménologe saxon, qui est du neuvième siècle, et qui a été publié par Vanley, in Linguar. Aquilon. Thes. l. 2, p. 107, et dans le calendrier anglais que le docteur Hickes a fait imprimer dans sa Grammaire saxone, p. 102, etc.

(1) Voyez du Cange, Descript. Constantinop.

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