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et nous réjouir du bonheur dont ils jouissent; 2.o témoigner notre reconnoissance au Seigneur de ce que, par sa miséricorde, il a confié le soin de notre salut à ces esprits célestes qui nous font ressentir continuellement les effets de leur zèle et de leur tendresse; 3.° nous joindre à eux pour louer et adorer Dieu, pour lui demander la grâce de faire sa volonté sur la terre, comme les anges la font dans le ciel, et de travailler à notre sanctification en imitant la pureté de ces esprits bienheureux auxquels nous sommes unis d'une manière si intime; 4.° les honorer non-seulement avec ferveur, mais implorer encore le secours de leur intercession.

Le culte suprême, dit de Latrie, n'appartient qu'à Dieu, et l'on ne pourroit le rendre à la créature, sans tomber dans la plus monstrueuse idolâtrie, et sans devenir coupable du crime de haute trahison contre la majesté divine. On est idôlâtre lorsqu'on offre le sacrifice à un être qui n'est pas Dieu, et qu'on lui attribue d'une manière directe ou indirecte quelque attribut de la Divinité; mais il est un honneur d'un ordre inférieur que l'on doit à certaines créatures, à cause de leur supériorité ou de leur excellence. Tel est celui que la loi même de Dieu nous ordonne de rendre à nos parens, aux princes, aux magistrats, et à toutes les personnes constituées en dignité ; tel est encore cet honneur mêlé de sentimens de religion, qui, selon les livres saints et la loi naturelle, est dû aux prêtres ou ministres du Trèshaut, et que les rois, même les plus méchans, rendoient souvent aux prophètes, quoiqu'ils fussent des hommes obscurs et méprisables aux yeux du monde.

Get honneur, comme on le voit,, diffère infini

ment de celui qui n'appartient qu'à Dieu : il ne peut lui être injurieux; il se rapporte aux créatures, en tant que leurs perfections sont des dons de la bonté divine. Lorsque nous témoignons du respect à un ambassadeur, nous honorons le maître qui l'a fait dépositaire d'une partie de son autorité, et c'est le maître qui est la fin ultérieure des sentimens que nous manifestons. L'écriture vient en ce point à l'appui de la loi naturelle. Rendez à tous les hommes ce qui leur est dû.... L'honneur, à qui l'honneur appartient. ( 2 ). «Honorez, dit saint Bernard à cette occasion, > honorez chacun selon sa dignité (3). »

L'honneur étant un témoignage rendu à l'excellence de quelque objet, qui peut nier que nous ne le devions aux esprits célestes, dont la nature est si parfaite, l'excellence si sublime, la sainteté si éminente, la gloire si éclatante? Abraham se prosterna devant les anges qu'il reçut dans sa tente (4). Daniel rendit le même honneur à celui qu'il vit sur le bord du Tigre (5). Dieu recommanda aux Israélites de craindre et de respecter celui qu'il envoyoit pour les conduire dans la terre promise (6). Le droit que les saints anges ont à notre respect est fondé sur plusieurs raisons. La première se tire de l'excellence de leur nature, qui les élève beaucoup au-dessus des hommes, ce sont de purs esprits, dans lesquels il ne se trouve aucune trace de notre foiblesse ; ils sont doués de facultés plus nobles, et qui ne conviennent qu'à des êtres incorporels. Secondement, ils ont des dons surnaturels, proportionnés à leur excellence; lorsque l'Ecriture parle d'eux, elle leur

(2) Rom. XIII, 7.
(4) Gen. XVIII, 2.
(6) Exod. XXIII, 21.

(3) S. Bern. Serm, de Obed.
(5) Dan. X, 5, 9.

accorde sur les hommes une supériorité absolue, quoique quelques saints particuliers puissent jouir d'une plus grande félicité, comme la sainte Vierge, qui est élevée en gloire au-dessus de tous les esprits célestes. Ils ne peuvent cependant se vanter d'un honneur semblable à celui que nous a procuré le mystère de l'Incarnation : le Fils de Dieu n'a point pris la nature angélique, mais la nature humaine (7); et c'est comme homme que son père l'a établi Seigneur de toutes les créatures. Enfin, les anges méritent notre vénération, parce qu'ils jouissent d'un état de gloire et de félicité que rien ne peut leur ravir; parce qu'ils sont sans cesse en la présence de Dieu, qu'ils environnent toujours son trône, et qu'ils exécutent fidè lement les décrets de sa volonté suprême.

:

Mais ce qui doit principalement exciter notre vénération pour les saints anges, c'est leur invariable fidélité pour le Seigneur. Leur innocence n'a jamais été souillée par la moindre tache la pureté de leurs affections a toujours été la même ; la vivacité de leur amour pour Dieu, l'ardeur de leur zèle pour sa gloire et gloire et pour l'accomplissement de sa volonté, n'ont jamais souffert aucune diminution. Cette considération nous comblera de joie, si la charité règne dans nos cœurs, et si,par une suite de cette charité, nous nous intéressons à tout ce qui concerne la gloire de notre Dieu. Ceux qui le servent le mieux sur la terre ne lui rendent que des hommages bien imparfaits, à cause des distractions occasionnées par le commerce du monde, et des pièges auxquels on est continuellement exposé de la part de l'ennemi du salut mais les hommages qu'il reçoit des anges ont toute la perfection dont la créature soit ca(7) Hebr. II, 16.

pable; rien qui les interrompe ou qui puisse en diminuer le mérite. Toujours occupés à contempler ses divines perfections, et plongés dans Ï'océan de son amour, ils s'écrient sans cesse : Saint, Saint, Saint, le Seigneur Dieu des armées; toute la terre est remplie de sa gloire, qui éclate dans tous ses ouvrages (8). Ils répètent nuit et jour: Saint, Saint, Saint, le Seigneur Dieu tout-puissant, qui étoit, qui est, et qui sera dans tous les siècles (9). Pénétrés de l'humilité la plus profonde, ils reconnoissent qu'à lui seul la gloire appartient; ils déposent aux pieds de son trône les couronnes-qu'ils tiennent de sa bonté, en disant : Vous êtes digne, Seigneur, de recevoir la gloire, l'honneur et la puissance (10). Toujours brûlans d'amour, toujours enflammés du plus ardent désir de faire éclater leurs transports, toujours enivrés d'un torrent de délices dont la source est intarissable, ils répètent sans cesse leurs divins cantiques, avec une ardeur toujours nouvelle. Le psalmiste, qui éprouvoit dans son cœur une partie de leurs transports, prenoit de là occasion de les inviter à célébrer les grandeurs divines. Bénissez le Seigneur, s'écrioit-il, vous tous qui êtes ses anges; vous qui êtes puissans en force, qui exécutez ses décrets, et qui écoutez sa voix pour vous conformer à ses ordres. Bénissez le Seigneur, vous qui étes ses armées, et qui êtes les ministres de sa volonté (11).

Pouvons-nous penser à ces esprits bienheureux, et rester insensibles? O créatures véritablement heureuses! comment ne pas nous confondre à la vue de la foiblesse de notre amour et de nos désirs? Nous nous réjouissons de votre ardeur; nous (9) Apoc. IV, 8. (11) Ps. CII, 20, 21.

3.

(8) Isa. VI,
(10) Ibid. V, 11.
Tome IX.

F

vous conjurons de louer Dieu sans cesse, et pour vous et pour nous, en lui consacrant toute la vivacité de vos affections, toute l'étendue de votre pouvoir et de vos forces. Le Seigneur est infiniment au-dessus de l'amour et des louanges de toutes les créatures, et les hommages les plus parfaits des êtres créés n'approcheront jamais de l'infinité de sa grandeur, de sa bonté, de sa miséricorde, de sa majesté. En vous invitant à le bénir et à le glorifier, nous sommes confondus par le souvenir des péchés que nous avons commis et que nous commettons encore tous les jours. Puissions-nous ne plus pécher! Puisse le feu sacré qui vous consume passer dans nos cœurs, et les embraser! Nous nous unirons à vous dans tous nos actes de religion, et nous nous exciterons à la ferveur par votre exemple.

Nous devons encore aimer et vénérer les saints

anges, à cause du rapport intime que nous avons avec eux. Nos ames sont comme eux, spirituelles et immortelles; nous sommes devenus, par la grâce sanctifiante, leurs cohéritiers. Nous sommes appelés à partager un jour leur félicité. Lorsque. nous leur serons réunis, ils recevront un accroissement de gloire, parce que nous sommes destinés à réparer leurs pertes, et à remplir les places laissées par les anges apostats. Déjà nous leur sommes unis par la grâce et par la communion des Saints. Ils sont les enfans de Dieu (12); nous le sommes aussi. Ils sont compris dans la communion des Saints, que nous professons en récitant le symbole, puisque la société que nous avons avec eux est fondée sur plusieurs titres, et que nous leur sommes unis par les liens les plus sacrés. En vertu de cette union, nous devons les respecter (12) Job, 1, 6.; XXXVIII, 7.

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