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ardent pris sur l'autel (41). Comment les anges s'offenseroient-ils des scandales donnés aux petits confiés à leurs soins, s'ils ne connoissoient point ce qui les regarde? Pourroient-ils, sans cette connoissance, représenter à Dieu les afflictions de son peuple, comme les prophètes nous assurent qu'ils l'ont fait souvent? Enfin, il est dit dans l'écriture (42), que les bons et les mauvais anges se promènent sur la terre; qu'ils exposent à Dieu les prières et les bonnes œuvres, ainsi que les prévarications et les péchés des hommes, non pour lui apprendre ce qu'il ignore, mais comme témoins de nos actions, comme ministres de sa providence, comme défenseurs ou accusateurs de nos ames.

Le culte que l'on rend aux saints Anges est encore appuyé sur la tradition de l'église (c). On (41) Isa. 6. (42) Zac. I; Job. I et II.

(c) Saint Paul, Coloss. 11, 18, condamne un culte superstitieux des anges, et l'ancien concile de Laodicée, can. 35, t. I, p. 468, le déclare idolâtrique. Il avoit été introduit par certains hérétiques. Saint Jérôme et Clément d'Alexandrie l. 6, Strom. p. 636, rapportent que dans le temps dont il s'agit, plusieurs Juifs adoroient les anges et les astres.

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Parmi les hérétiques de l'église naissante, les Simoniens, les Cérinthiens, etc., prétendoient que le monde avoit été formé et étoit gouverné par les anges. Ils débitoient à ce sujet mille extravagances dont on peut lire le récit dans saint Irénée, Clément d'Alexandrie, saint Epiphane, Tertullien saint Augustin et Théodoret de là le culte que ces hérétiques rendoient aux anges; culte idolâtrique dans quelquesuns et accompagné dans les autres de notions et de pratiques superstitieuses. C'est sous ce rapport qu'il fut condamné : mais, dit Balsamon, qui florissoit dans le douzième siècle Comment. in Can. Conc. Laodic. › on ne doit pas conclure de là que l'église ait condamné l'honneur qui est dû aux anges.

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Estius pense que les superstitions des hérétiques dont nous parlons, avoient pour objet ces génies et ces esprits tutélaires imaginés par les idolâtres ; que ceux-ci tiroient les notions qu'ils s'en formoient, de la tradition primitive concernant les anges, laquelle avoit été corrompue par la suite des temps, et que c'étoit en conséquence de leurs erreurs à cet

lit dans Origène que ces bienheureux esprits nous assistent dans nos actes de religion, et qu'ils joignent leurs supplications aux nôtres. « L'ange du » chrétien, dit ce père (43), offre ses prières à » Dieu par le seul grand-prêtre; il prie encore >> lui-même pour celui qui est confié à ses soins. » Il ajoute (44) que les anges en portant nos prières au trône de Dieu, nous en rapportent des grâces et des bénédictions; mais il fait observer en même temps que le culte qu'on leur rend n'est point le culte suprême qui n'appartient qu'à Dieu. Il s'adresse à l'ange d'une personne qui alloit être baptisée, et le conjure d'instruire le nouveau fidèle (45). Le martyr Némésien et ses compagnons disent à saint Cyprien dans la lettre qu'ils lui écrivent : « Assistons-nous les uns les autres. » par nos prières; prions, afin que Dieu, Jésus» Christ et les anges nous soient favorables dans

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toutes nos actions (46). » Les anges, selon saint Grégoire de Nazianze (47), nous aident de leur pouvoir dans la pratique du bien. Ce saint docteur prie les bons anges de recevoir son ame à l'heure de la mort, et menace les démons de les mettre en fuite avec le signe de la croix, s'ils osent approcher de lui (48). Saint Ephrem dit en parlant du ciel, que les anges et les Saints qui y règnent avec Dieu y prient pour nous (49). Il égard qu'ils leur donnoient des attributs qui ne conviennent qu'à la Divinité. Il paroît au moins certain que ces superstitions étoient une suite des fables des hérétiques, qui attribuoient aux anges la création et le gouvernement du monde; création et gouvernement qui, dans le sens dans lequel ils les entendoient, ne pouvoient être sans idolâtrie, ou du moins sans superstition.

(45) L. 8 contrà Celsum, p. 400.
(45) Hom. 1 in Ezech. p. 391.
(46) Inter ep.
S. Cypr. ep. 77, p. 330.

(47) Or. 40, p. 664.
(49) L. de locis beatis.

(44) Ibid. l. 5, p. 233.

(48) Carm. 22, etc.

enseigne encore ailleurs la même doctrine (50). Les Protestans d'Angleterre ont retenu dans leur liturgie, la collecte de l'office de ce jour, dans laquelle nous prions Dieu de nous faire ressentir l'effet de la protection des saints anges qui exécutent si fidèlement sa volonté dans le ciel.

Nous ne pouvons espérer de jouir dans le ciel de la compagnie des anges, à moins que nous ne nous appliquions à retracer leur vie sur la terre, c'est-à-dire, à moins que nous n'apprenions à converser avec Dieu par la prière et la contemplation, à marcher en sa présence par des aspirations fréquentes; à nous affranchir de toutes ces affections désordonnées qui sont si capables de nous distraire; à l'aimer, à l'adorer, à nous réjouir en lui, à nous soumettre avec résignation aux décrets de sa providence, à suivre fidèlement sa loi, et à nous conformer en tout à sa sainte volonté. Nous devons encore entrer dans les dispositions où sont ces esprits bienheureux, nous montrer les imitateurs de leur humilité, de leur égalité d'ame, de leur constance, de leur douceur, de leur patience, de leur charité, de leur zèle pour la gloire de Dieu : mais souvenons-nous que ces vertus ne s'acquièrent point par des actes passagers; il faut que la pratique nous en devienne familière et habituelle, et qu'elles s'identifient en quelque sorte avec la substance de notre ame. Souvenons-nous encore que rien de souillé n'entrera dans le royaume des cieux (51), et que sans une inviolable pureté d'esprit et de corps, nous ne pourrons avoir part au bonheur des anges. Cette vertu demande des efforts pénibles et continuels, mais la récompense doit nous animer, et nous inspirer un courage supérieur à tous les obstacles.

(50) Lib. de Virginit. p. 129. (51) Apoc. XXI, 27.

S.te THÉODOTE, MARTYRE.

SUR la fin du règne de Licinius, il s'éleva une persécution à Philippes ou Philippopolis, dans la Thrace (a). Le préfet Agrippa avoit ordonné, à l'occasion d'une fête d'Apollon, que toute la ville se rassemblât pour offrir un sacrifice à cette prétendue divinité. Une femme nommée Théodote, qui avoit fait autrefois le métier de courtisane, fut accusée de ne vouloir point participer à la cérémonie. On la conduisit devant le magistrat. Elle fit l'aveu de ses désordres passés; mais elle déclara en même temps qu'elle n'y mettroit point le comble en se souillant par un sacrifice sacrilége. Son exemple encouragea sept cent cinquante chrétiens, qui refusèrent, comme elle, d'obéir au préfet. Théodote fut renfermée dans une prison, où elle resta vingt jours. Elle employa tout ce temps à la prière. Lorsqu'on la mena de nouveau devant le juge, elle fondit en larmes en entrant dans le prétoire, demanda tout haut pardon à Dieu de ses anciens crimes, et le pria de lui inspirer la force et le courage dont elle avoit besoin, afin de souffrir les tourmens qui l'attendoient. Toute la réponse qu'elle fit au préfet, fut qu'elle avoit eu le malheur d'être courtisane, mais qu'elle étoit devenue chrétienne, quoiqu'elle ne méritât point de porter ce nom sacré. Agrippa

(a) Constantin le Grand se déclara ouvertement en faveur des Chrétiens en Occident, et par complaisance pour lui. Licinius prit leurs intérêts en Orient. Quant à Maximin son collègue, il leur déclara une guerre cruelle; mais sa mort arrivé en 313, mit fin à la persécution excitée par Dioclétien. Elle se ralluma pour quelque temps en Orient, lorsque Licinius et Maximin se firent mutuellement la guerre en 318, et dura jusqu'à la défaite du dernier de ces princes. Il paroît que Licinius commença la persécution par la Thrace, où il faisoit sa résidence.

la condamna à être cruellement fouettée. Les païens qui étoient auprès d'elle furent touchés de commisération, et l'exhortèrent à se délivrer des tourmens en se conformant à ce qu'ordonnoit le magistrat. «Vos exhortations sont inutiles, disoit» elle; jamais je n'abandonnerai le vrai Dieu, >> pour sacrifier à des statues inanimées. » Ayant été étendue sur le chevalet, on lui déchira le corps avec un peigne de fer. Pendant cet affreux supplice, elle remercioit tranquillement JésusChrist de ce qu'il l'avoit jugée digne de souffrir pour son nom. Le juge, transporté de fureur, commanda aux bourreaux de la déchirer de nouveau avec le peigne de fer, et de verser ensuite du vinaigre et du sel sur ses blessures. « Je crains » si peu vos tourmens, lui dit la Sainte, que je » vous prie de les augmenter pour que je puisse >> trouver miséricorde et obtenir une couronne plus glorieuse. » Enfin Agrippa lui fit arracher les dents les unes après les autres, et la condamna à être lapidée. Elle fut exécutée hors de la ville, l'an 642 de l'ère des Grecs, et le 318. de Jésus-Christ.

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Voyez ses actes authentiques écrits en chaldaïque, et publiés par M. Etienne Assémani, Acta Martyr. Occident. t. II, p. 221.

S. JEROME, PRÊTRE ET DOCTEUR DE L'ÉGLISE. Tiré de ses lettres et de ses autres ouvrages, ainsi que des anciens Pères et historiens ecclésiastiques. Voyez Tillemont, t. XIII; Ceillier, t. X; la vie française du Saint, par Martianay, an 1706,in-4°; la vie latine du même Saint, par Villarsi, laquelle est jointe à l'édition de ses œuvres, donnée à Vérone. On peut aussi consulter Orsi, t. VIII, l. 18, n. 51, l. 20 n. 31, t. IX, p. 77; le P. Dolci, Maximus Hieronymus vitæ suæ scriptor, Anconæ, 1750. C'est une vie du saint docteur, toute extraite de ses écrits. Voyez aussi le P. Stilting, t. VIII, Sept. p. 418 - 699.

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