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En traduisant l'ouvrage d'Eusèbe sur les lieux saints, saint Jérôme y fit beaucoup de corrections

le premier. tome de ses œuvres dans l'édition de Martianay, où elle est donnée sous le titre de Bibliothèque sacree.

En 1546, le concile de Trente déclara notre Vulgate authentique mais ce décret ne doit pas s'entendre en ce sens, qu'on ait donne à la version la préférence sur les textes originaux. Voyez Pallavicini, Hist. Conc. Trid; Walton, Proleg. 10 in Polyglot; Bellarmin, de Verbo Dei, l. 2, c. 11, item litteris ad Lucam Brut. Capua dalis 1603, et diss. de editione latina vulgata Wirtzb. an. 1749. Cette même dissertation a été traduite en français, et imprimée dans le tome XIV de la Bible dite de Vence, p. 1.

Sixte V fit faire à Rome, en 1590, une bonne édition de la Vulgate. Elle fut réimprimée en 1592 et 1593, avec de nouvelles corrections. Voyez sur l'estime que l'on doit faire de la Vulgate, les plus habiles critiques protestans, Louis de Dieu, Drusius, Milles, Walton, Proleg. in Polyglot. etc. Cappel a adopté plusieurs leçons de notre Vulgate dans les endroits où les manuscrits modernes de l'hébreu étoient corrompus. Critica sacra, p. 351-371.

Il seroit sans doute bien difficile de donner une bonne traduction de l'écriture d'après l'hébreu, telle que nous l'avons présentement; il suffit, pour s'en convaincre, de se rappeler les fautes grossières que l'on trouve dans les versions latines du nouveau Testament, par Bèze et par Erasme. On doit porter le même jugement des versions latines de l'ancien Testament qu'ont données Pagninus, Arias, Montanus, Luther, que l'ignorance de la langue hébraïque rendit méprisable à ses meilleurs amis; Munster, qui suit servilement la paraphrase des Juifs et les rabbins ; Léon de Juda, auteur de la traduction dite Bible de Vatable; Sébastien Castalion, dont l'ouvrage fut sévèrement censuré par Bèze; Luc et André Osiander son fils, qui ne firent autre chose que de corriger quelques endroits de la Vulgate sur l'hébreu; Junius, et Trémellius, qui étoit né juif. Les protestans d'Angleterre ont adopté la dernière de ces traductions; mais la seconde édition même qui a été corrigée est encore extrêmement fautive, comme le savant Drusius l'a démontré. Le style en est vicieux et affecté; on y trouve fréquemment des pronoms et d'autres mots qui ne sont point dans l'original; enfin elle est remplie de contre-sens.

On doit convenir que le texte hébreu est présentement fautif, ce que l'on doit attribuer à l'ignorance où à l'inadvertance des copistes; les plus habiles rabbins en font l'aveu. La vérité de notre assertion a été démontrée par M. Kennicot, dans son ouvrage intitulé: The present printed Hebrew Text considered, et imprimé à Oxford en 1759, diss. 2, c. 4, p.

et d'additions, afin qu'il ne manquât rien à la description géographique de l'ancienne Palestine. Il

222, etc. On peut voir aussi la dissertation de ce docte hébraïsant sur le même sujet, laquelle parut en 1753. M. Kennicot donne l'histoire du texte hébreu, qu'il assure avoir été conservé dans toute son intégrité jusqu'au retour de la captivité, et même un peu plus tard. On avoit gardé par l'ordre de Moïse une copie du Pentateuque, que l'on avoit renfermée dans un coffre, et déposée à côté de l'arche.

Morin ne donne que 500 ans d'antiquité au fameux manuscrit d'Hillel, qui est à Hambourg. Le P. Houbigant dit qu'il ne connoît point de manuscrits hébreux qui remontent audelà de six à sept siècles, et il assure qu'il y en a peu qui aient plus de deux ou de trois cents ans. Le plus ancien que l'on connoisse en France, est celui des Oratoriens de la rue Saint-Honoré à Paris, auquel le P. Houbigant donne près de sept cents ans. Selon l'abbé Sallier, il n'y en a point dans la bibliothèque du roi dans la même ville, qui ait plus de quatre cents ans. Les Dominicains de Bologne en Italie en ont un du Pentateuque, qui est fort célébre, et dont Montfaucon a donné la description, Diar. Ital. p. 399. Il étoit déjà ancien en 1308, lorsque ces religieux l'achetèrent d'un Juif qui le prétendoit écrit par Esdras: son antiquité peut être d'environ neuf cents ans. L'Angleterre possède aussi deux bons manuscrits, dont l'un contient le Pentateuque, et l'autre le reste de l'ancien Testament; ils ont environ sept cents ans, gardent dans la bibliothèque bobléienne. ( Kennicot, diss. 1, p. 315.) Le plus fameux manuscrit du Pentateuque Samaritain, que gardent les Samaritains à Naplouse, qui est l'ancienne Sichem, et auprès de Mont-Garizim, n'a que cinq cents ans d'antiquité. (Kennicot, diss. 2, p. 541.) Celui qui se voit dans la bibliothèque ambroisienne à Milan peut être plus ancien. (Montfaucon, Diar. p. 11.) Il y a un manuscrit bébreu dans la bibliothèque du Vatican, qu'on dit avoir été copié en 973.

et se

Le P. Houbigant de l'Oratoire donna, il y a quelques années, une traduction latine de l'ancien Testament d'après le texte original. Quant aux livres deutérocanoniques, c'est-àdire, qui ne sont point dans le canon des hébreux, il les a traduits d'après le grec. Son ouvrage fait sans doute honneur à notre siècle. On n'en sauroit trop louer le style pour l'élégance, l'énergie et la clarté. Les notes en sont si concises si judicieuses et si utiles, qu'on rendroit un vrai service à ceux qui ne peuvent se procurer l'ouvrage, de les faire imprimer séparément mais on a reproché au savant traducteur de s'être quelquefois arrogé le droit de corriger le texte hébreu sans l'autorité des manuscrits. Une pareille liberté ne pouvoit

a traité encore la même matière dans ses lettres à Dardanus et à Fabiole. Il composa aussi différens traités pour éclaircir plusieurs points de critique relatifs au texte hébreu de la Bible. On voit par ses commentaires sur les prophètes, avec quel soin, et pour ainsi dire, avec quel scrupule il s'attachoit au vrai sens du texte original, qu'il appelle la vérité. Cela ne l'empêchoit pas d'avoir recours aux anciennes versions grecques. Il donne de temps en temps quelques explications allégoriques; mais il déclare qu'il n'en est point garant, et qu'il les a prises dans Origène ou dans d'autres auteurs. Quant à son commentaire sur saint Matthieu, il dit lui-même que ce n'étoit qu'un essai qu'il avoit rédigé en peu de jours en faveur d'un ami, et auquel il se proposoit de mettre la dernière main, lorsque ses autres occupations le lui permettroient; mais il paroît qu'il n'eut jamais le temps d'exécuter ce projet; peut-être que les incursions que les barbares firent dans la Palestine en furent la cause. Il est au moins certain que saint Jérôme fut obligé, sur la fin de ses jours, "d'inter

être tolérée que dans les notes, par rapport aux endroits où les corrections paroissoient évidemment nécessaires. Son travail auroit encoré été plus estimé si la critique eût été plus modérée, et s'il avoit montré plus de respect pour les anciennes versions authentiques.

On sait que Grotius, Wells, et d'autres critiques protestans, ont eu souvent recours à la Vulgate pour déterminer ou pour corriger le sens de l'original, même dans le nouveanTestament, qui est d'un usage plus fréquent que l'ancien. Il n'en est pas moins vrai que les originaux sont toujours les sources, et que souvent ils ajoutent beaucoup de force et de clarté au sens des meilleures versions; aussi l'église a-t-elle toujours fortement recommandé l'étude des langues dans lesquelles les livres saints ont été écrits, et les conciles généraux ont ordonné qu'on établiroit des professeurs dans les universités pour les enseigner. On ne peut se proposer en ce genre de modèle plus parfait et de guide plus sûr que saint Jérôme.

rompre ses études, pour se soustraire d'abord à leur fureur, et bientôt après à celle des Pélagiens (60).

Ces hérétiques profitant du crédit qu'ils avoient auprès de Jean de Jérusalem, envoyèrent en 417 une troupe de bandits à Bethlehem pour ravager les monastères qui étoient sous la conduite de saint Jérôme (61). Il ne put s'échapper de leurs mains qu'en se retirant à la hâte dans une forteresse. Les bâtimens des monastères furent réduits en cendres. Les moines et les vierges prirent la fuite. Eustochium et la jeune Paule coururent le plus grand danger; leur habitation devint la proie des flammes, et les personnes qui leur appartenoient souffrirent en leur présence toutes sortes de tourmens.

Cette persécution ayant cessé, le Saint reprit ses travaux pour l'église. Tous les ennemis de la foi lui portoient une haine implacable; mais il étoit aimé et respecté de tous les gens de bien, comme le rapportent Sulpice - Sévère et saint Augustin (62). Enfin, après avoir triomphé des vices et des hérésies, et avoir passé la plus grande partie de sa vie dans les travaux et la pénitence, il fut dégagé des liens du corps le 30 Septembre 420. Une fièvre lente l'avoit miné peu peu, et son grand âge ne lui laissant aucune ressource, il succomba sous le poids de sa langueur. On l'enterra parmi les ruines de son monastère de Bethléhem; mais dans la suite son corps fut porté à Rome, et il s'y garde encore dans l'église de Sainte-Marie-Majeure. Sa fête est marquée dans

(60) S. Hier. ep. 78 ad Paulin. p. 643.

(61) S. Aug. de Gestis Pelag. c. 36, t. X.

(62) Sulp. Sév. Dial., c. 4 ; S. Aug., ep. 82, n. 30, p. 201.

S. JÉRÔME. (30 Septembre.) le sacramentaire de saint Grégoire, ainsi que dans les martyrologes de Bède, d'Usuard, etc. (q). Ce fut tout à la fois, et par esprit de pénitence, et par zèle pour la gloire de Dieu, que saint Jérôme s'appliqua à l'étude des saintes lettres, qui le mit en état de rendre à l'église des services si importans. Les commentaires des anciens Pères sur l'écriture ne sont point également utiles. Les allégories servent à rendre plus sensibles les instructions morales que renferment les paroles de l'écrivain sacré : mais en général, la meilleure manière d'expliquer nos divins oracles, est d'exposer les mystères de la foi, de développer les vertus chrétiennes, et d'insister sur les motifs qui doivent en inspirer l'amour et la pratique, et toujours en s'attachant au sens littéral. Saint Chrysostôme est un des plus beaux modèles que l'on puisse suivre en ce genre: mais pour découvrir ces trésors inestimables qui sont renfermés dans l'écriture, il faut la lire souvent, et la méditer humblement; il faut se pénétrer de cet esprit

(q) Quatre ordres religieux, qui portent le nom d'Hieronymites, honorent saint Jérôme comme leur principal patron. Ils suivoient dans leurs premières institutions des règles fort austères qui avoient été composées d'après les épîtres du saint docteur. On changea depuis ces règles, et on y substitua celles de quelques autres ordres.

Les Hieronymites d'Espagne étoient originairement une filiation du tiers-ordre de Saint François. Ils furent ermites jusqu'à l'an 1374, qu'ils se réunirent en communauté, et se mirent sous la règle de saint Augustin.

Cette même règle a été adoptée par les ermites de saint Jérôme qui composent la congrégation de Lombardie. Ils possèdent l'église de Saint-Alexis à Rome; mais leur général réside dans le couvent d'Ospitaletto, au diocèse de Lodi.

La congrégation des Hieronymites de Fiésoli en Toscane suit la règle de saint Augustin, à laquelle on a ajouté certaines constitutions particulières qui ont été tirées des épîtres ascétiques de saint Jérôme. Ceux de Saint-Pierre de Pise sont mendians. Voyez la vie de ce Saint, sous le 1.er Juin.

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