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de prière et de cette docilité qui ont mérité à tant de saints docteurs d'être les fidèles interprètes de la parole de Dieu.

On doit encore observer de s'en tenir toujours à la tradition de l'église. Quiconque ne marche point à la lumière de ce flambeau, ne peut manquer de s'égarer. L'expérience ne l'a que trop souvent prouvé. Les hommes même les plus habiles, s'ils dédaignent de suivre cette lumière, deviennent le scandale de l'église, au lieu de contribuer à l'instruction des fidèles. « La foi ortho» doxe, suivant la remarque d'un savant évêque >> protestant, ne dépend pas de l'écriture consi» dérée en elle-même, mais de l'écriture expliquée par la tradition universelle (63). »

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Mais comme le sens littéral des livres saints est plus propre que tout autre à nous les faire bien comprendre, il faut nécessairement avoir recours aux règles d'une sage critique. Personne sur ce point n'a égalé saint Jérôme dans l'église latine, et l'on ne sauroit trop exhorter les interprètes modernes à suivre son exemple. Quoi de plus absurde, en effet, que de s'attacher à des misères, de s'arrêter à des discussions grammaticales, et de faire un vain étalage de savoir, lorsqu'il s'agit d'expliquer un livre tel que l'Ecriture sainte? Combien cependant n'avons-nous pas de volumes des commentateurs de ces derniers temps, qui sont remplis de ces sortes de minuties ? Rarement on y trouve les noms sacrés de Jésus-Christ et de la vertu, quoique ce soit là les deux grands objets des livres saints. Cette bonne critique dont nous parlons n'a point été méconnue par les Pères de l'église, dit un habile théologien protes

(63) Hare, évêque de Chichester, On the difficulties which attend the study of the scriptures by the way of private spirit. Tome IX.

I

tant (r); les œuvres de saint Jérôme en font foi. Leur but principal fut de montrer en Jésus-Christ l'accomplissement des figures et des prophéties, et de conduire ainsi les hommes à la connoissance du Sauveur du monde. Mais que penser des commentaires de Grotius, et de ceux de quelques autres modernes ? Ils sont si maigres, si secs, si vides de l'esprit du christianisme, que quand je viens à comparer les anciens interprètes avec ceux de nos jours, je trouve entre eux, dit le même théologien, autant de différence qu'il y en a entre un homme et ses habits remplis de paille.

(e) M. Reeves.

Notice des écrits de saint Jérome.

Nous parlerons des ouvrages de saint Jérôme, suivant l'ordre qu'ils tiennent dans l'édition de ce Père par les Bénédictins.

TOME I.

La Bibliothèque sacrée, c'est-à-dire, tous les livres de l'écriture que saint Jérôme traduisit en latin d'après le grec ou l'hébreu.

TOME 11.

1. Le livre des noms hébreux. Le saint docteur y explique les étymologies des noms propres qui se rencontrent dans l'ancien et le nouveau testament; viennent ensuite quelques fragmens grecs du même livre, traduit en latin.

2.o Le dictionnaire des lieux hébreux, ou géographie sacrée pour l'intelligence de l'écriture. Le fond de l'ouvrage est d'Eusèbe de Césarée; mais saint Jérôme se l'appropria pour ainsi dire, en le perfectionnant.

3. Le livre des questions hébraïques sur la Genėse. On y trouve les sentimens de quelques Juifs, et de plusieurs interprêtes, tant grecs que latins, sur divers endroits de ce livre de l'écriture.

4. Seize lettres sur quelques endroits difficiles de l'ancien Testament,

5. Le commentaire sur l'Eclésiaste, vers l'an 388.

6. Traduction des deux homélies d'Origène sur le Cantique des Cantiques, vers l'an 383. Cette traduction fut faite à la prière du pape Damase, auquel elle est dédiée.

7. Suivent plusieurs ouvrages supposés à saint Jérôme, qui ont aussi l'écriture sainte pour objet.

TOME III.

Ce tome renferme les commentaires du saint docteur sur les prophètes, qui furent écrits en différens temps.

TOME IV.

1.o Le Commentairc sur l'évangile de saint Matthieu, vers l'an 398.

2. Plusieurs lettres où le saint docteur explique plusieurs difficultés relatives au nouveau Testament.

3. Commentaires sur les épîtres de saint Paul aux Galates, aux Ephésiens, à Tite et à Philémon.

La seconde partie du tome quatrième contient les lettres de saint Jérôme, qui sont divisées en plusieurs classes, et dont plusieurs sont de véritables traités, ainsi que ses ouvrages ascétiques et polémiques. Nous nous contenterons d'indiquer les principaux.

1. Les Vies de saint Paul ermite, de saint Hilarion et de saint Marc.

2. Le Catalogue des écrivains illustres, écrit en 392, et divisé en 35 chapitres. Dans le dernier, saint Jérôme parle de ses propres ouvrages; mais il n'est, à l'en croire, qu'un avorton, et le dernier de tous les Chrétiens.

3. Le livre contre Helvidius, qui soutenoit que la sainte Vierge, après la naissance de Jésus-Christ, avoit eu d'autres enfans de saint Joseph, et qui en étoit venu jusqu'à enseigner que la virginité n'avoit aucun avantage sur le mariage. Cet ouvrage fut écrit vers l'an 384.

4. Les deux livres contre Jovinien, qui ont aussi pour objet la défense de la virginité, vers l'an 392.

5. Apologie du saint docteur touchant ses livres contre Jovinien, vers l'an 393.

6. Le livre contre Vigilance. Nous en avons parlé dans la vie du Saint.

7. Dialogue contre les Luciferiens. Voyez la vie du Saint. 8. Nous avons aussi parlé des ouvrages de saint Jérôme contre Rufin.

9. Les dialogues contre les Pélagiens. Voyez la vie du Saint.

TOME V.

On a mis dans ce tome les ouvrages supposés à saint Jérôme, et un recueil de pièces qui ont rapport à l'histoire de ce saint docteur.

Le style de saint Jérôme dans ses commentaires sur l'écriture, est pur, simple et clair, mais accompagné d'une certaine sécheresse. Il croyoit que la dignité des divins oracles

se suffisoit à elle-même. Il n'en est pas ainsi de ses autres ouvrages; le Saint s'efforçoit de donner à son style toute la politesse dont il étoit capable. Ses pensées sont nobles, ainsi que ses expressions. On remarque dans son discours une variété de tours aussi agréable que surprenante; il sait employer les figures avec beaucoup d'art, et il n'est pas moins heureux dans l'usage qu'il fait des subtilités de la logique. Il amène avec goût les plus beaux traits des philosophes et des auteurs classiques, et ii possède le talent d'embellir ses ouvrages de ce qu'il y a de plus curieux dans les arts et dans les sciences. L'assortiment de toutes ces parties est si parfait, que chacune paroît être à sa place ; et l'on peut comparer son discours à ces ouvrages de marqueterie, où toutes les pièces sont si artistement unies ensemble, qu'elles paroissent faites l'une pour l'autre. Il faut cependant convenir que cette manière d'écrire annonce quelquefois un peu trop d'affectation. Le judicieux Fénélon dit aussi que le style de saint Jérôme n'est pas toujours selon les règles; mais il ajoute en même temps que quelques fautes dans lesquelles il est tombé ne doivent pas empêcher qu'on ne les préfère pour l'éloquence à ceux qui tiennent une place distinguée parmi les orateurs.

D. Martianay, Bénédictin de la congrégation de SaintMaur, a donné à Paris une édition des œuvres de saint Jérôme en cinq volumes in-folio, dont le premier parut en 1695, et le dernier en 1704. Le livre des noms hébreux, et les autres ouvrages critiques du saint docteur avoient été jusque-là horriblement défigurés, même dans les éditions d'Erasme et de Marianus Victorius. Cave et d'autres savans ont donné de grands éloges au travail de D. Martianay, quoiqu'il n'ait pas le degré de perfection qu'il pourroit avoir. Ce religieux y montre à la vérité plus de jugement et d'érudition que dans quelques-uns de ses traités; mais il s'en faut de beaucoup qu'on puisse les comparer aux Mabillon et aux Coustant. Il'a laissé encore un grand nombre de fautes dans le texte de saint Jérôme, et ses notes ne sont pas toujours exactes. L'ordre qu'il a suivi dans l'arrangement des lettres du saint docteur y jette une telle confusion, qu'on ne sait comment s'y prendre pour les trouver ou les citer. Il n'a point donné la chronique de saint Jérôme, non plus que le martyrologe qui lui est attribué dans quelques anciens manuscrits, quoique ce Père n'ait fait que le traduire en latin, comme nous l'apprenons de Bède, Retr. in Act., et de Walfrid Strabon, de Rebus eccl. c. 28. Ce martyrologe a été publié par D. Luc d'Achéry, Spicil. t. IV.

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Martianay mit une vie de saint Jérôme dans le cinquième tome des œuvres de ce Père; mais il la redonna en français, avec des additions en 1706. Il y défend le saint docteur contre ly Baillet, qui, en parlant de lui, emploie des expressions fort dures, et contre quelques autres critiques qui n'ont point assez mesuré les termes dont ils se servoient. Barbeyrac a aussi mal

traité saint Jérôme, et l'a calomnié, en lui imputant nne doctrine qu'il n'enseignoit point; mais il a été solidement réfuté par D. Ceillier. Apologie des Pères, p. 308-311.

Villarsi, Oratorien d'Italie, donna à Véronne, en 1738, une nouvelle édition des œuvres de saint Jérôme, en 10 vol. in-folio, avec une vie de ce Père, et des notes fort utiles. Il fut aidé dans ce travail par plusieurs savans

et notamment

par le marquis Scipion Maffei ; mais on lui a reproché, comme à Erasme et à quelques autres critiques, d'avoir corrigé le texte de son auteur d'après ses propres conjectures, et sans l'autorité des manuscrits, ce qui diminue beaucoup l'utilité de son entreprise. Voyez les Observations sur la nouvelle édition de saint Jérôme à Vérone, par Maffei et Val arsi Bénédictin de la congrégation de Saint-Maur. Paris, 1739, in-4.0.

un

, par

S. GREGOIRE, ÉVÊQUE ET APÔTRE DE L'ARMÉNIE.

GRÉGOIRE, surnommé l'Illuminateur, étoit de la grande Arménie, et naquit dans la province de Balhaven (a). Il sortoit de l'illustre maison

(a) Les apôtres saint Barthélemi et saint Thomas avoient prêché la foi dans l'Arménie, selon Tillemont, t. I, et Schroeder, Thes. Linguæ Armenica, p. 149, Nous apprenons de Tertullien, adv. Judæos, c. 7, que les Chrétiens avoient au second siècle une église florissante dans ce pays. Durant la persécution de Dioclétien, il y eut un grand nombre de martyrs à Sébaste, à Nicopolis, à Mélitène, à Comane, etc. Voyez Lubin, Not. in Martyr. rom. et le Quien, Or. Chris. t. I, p. 425.

Saint Grégoire porta le flambeau de la foi dans la grande et la petite Arménie, et baptisa le roi Tiridate. Ayant été élu évêque, il se retira à Césarée en Cappadoce, où il fut sacré par Léonce, qui occupoit le siége de cette ville, selon l'auteur de sa vie, ap. Metaph.; Agathangelus, dans l'histoire de la conversion des Arméniens, etc. de là l'origine de la possession où étoit l'archevêque de Césarée de sacrer le primat d'Arménie. C'est la remarque de l'ancien auteur d'une relation des affaires de l'Arménie, laquelle a été publiée par le P. Combefis, Auclar. Bibl. Patr. Græc. L'existence de cet usage se prouve encore par saint Basile, ep. 121, aliàs 195 ad Theod. et ep. 122, aliàs 313 ad Pæmin. 11 subsista jusqu'au cinquième siècle, qu'il fut aboli par les rois de Perse, alors maîtres du pays.

Le primat d'Arménie, qui prenoit anciennement le titre de

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