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demande l'aumône, ses besoins le rendent éloquent: il n'omet rien pour exciter notre compas sion; il entre dans le détail le plus touchant de ses peines et de ses souffrances. Voilà le modèle que nous devons imiter lorsque nous prions. Exposons à notre père céleste notre pauvreté spirituelle; représentons-lui nos divers besoins, afin de fléchir sa miséricorde. Conjurons-le de mettre lui-même dans nos cœurs les dispositions qu'il désire y voir, et de nous inspirer ce que nous devons lui dire dans la prière pour être exaucés.

Nous avons recours aux Anges et aux Saints, et nous leur demandons leur intercession; mais nous nous adressons avec une confiance particulière à la sainte Vierge, comme au refuge des affligés et des pécheurs. Nous répétons son nom dans la récitation du rosaire, pour nous exciter au respect et à la dévotion envers elle. Nous l'ap pelons mère de Dieu, pour marquer son éminente dignité, et pour animer notre confiance en sa protection. En effet, que n'obtiendra-t-elle pas d'un Dieu qui a daigné naître d'elle? Nous rappelons en même temps qu'elle est aussi notre mère spirituelle, puisque nous sommes par adoption les frères et les cohéritiers de Jésus-Christ. Elle a pour nous une tendresse plus que maternelle; comme elle surpasse toutes les créatures en charité, elle est beaucoup plus touchée de nos misères, et plus disposée à nous secourir, que ne peuvent l'être celles dont nous avons reçu le jour. En vain cependant nous flatterons-nous de i mériter sa compassion, si nous ne mettons fin à nos désordres, et si nous ne cessons de rendre ⠀⠀ inutiles à notre égard les mérites du sang de son fils.

Ces paroles, sainte Marie, mère de Dieu, sont

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Octobre.) comme la préface de la prière dans laquelle nous la supplions d'intercéder pour nous. Nous ne la prions point de nous donner la grâce, nous savons qu'elle est un don de Dieu, et que lui seul peut nous la donner; nous la conjurons seulement de demander la grâce pour nous à son fils, et d'obtenir, par son intercession, que nos prières ne soient point rejetées. Nous prenons le titre de pécheurs, que nous méritons si justement, pour l'attendrir sur notre sort, et pour ressentir les effets de sa charité et de sa compassion. Marie connoissant bien plus distinctement que les autres créatures, le mal du péché, et les désordres. qui en sont la suite, proportionne à cette connoissance sa charité pour nous: mais nous n'en devons pas moins faire l'aveu de nos crimes avec une douleur sincère; car la volonté qui conserve toujours de l'attachement pour le péché, provoque la colère de Dieu, et celle de tous ses Saints, qui aiment souverainement sa justice et sa gloire. Comment donc des pécheurs impénitens osentils se présenter devant Dieu avec des mains encore teintes, pour ainsi dire, du sang adorable de son fils qu'ils ont profané, et qu'ils continuent toujours de fouler aux pieds? Nous éprouverons la miséricorde divine, et la charité de la sainte Vierge, à proportion de la vivacité de notre componction.

Marie, en devenant mère de l'auteur de la miséricorde, a pris des entrailles de compassion pour les pécheurs ; ainsi, lorsque nous nous avouons pécheurs, nous exprimons suffisamment ce que nous demandons à Dieu; savoir, un véritable repentir, la rémission de nos fautes, et la force de résister à toutes les tentations qui nous sollicitent au mal. Nous demandons aussi les autres se

'cours dont nous avons besoin, toutes les vertus, et sur-tout la charité. Quoique tous ces objets ne soient point nommément exprimés, ils sont néanmoins compris dans notre prière. Quelle autre chose, en effet, pourrions-nous demander à Dieu par l'intercession de celle que l'auteur de la grâce a choisie pour sa mère ?

Les grâces que nous sollicitons regardent la vie présente, où nous courons de si grands dangers, et l'heure de notre mort qui doit décider de notre éternité. C'est dans le dernier moment que le démon renouvelle ses efforts avec plus de fureur; il profite de la foiblesse de notre corps et de notre esprit; il cherche à nous effrayer par le souvenir de nos péchés passés; enfin, nous nous trouvons alors dans des circonstances si critiques, que nous avons plus besoin que jamais d'une grâce puissante, et de la protection de celle qui est le refuge des affligés.

Le mot amen, que nous rendons par ainsi soit-il, est une répétition et une confirmation de notre prière. Comme le cœur, emporté par l'ardeur de ses affections, va facilement au-delà de ce que les paroles expriment, il n'est pas non plus borné par les paroles dans l'étendue et la variété de ses actes; aussi arrive-t-il souvent qu'un seul mot renferme les actes des plus héroïques vertus. On comprend par-là comment l'amen est une répétition des demandes contenues dans l'oraison dominicale et dans la salutation angélique. Plusieurs personnes dévotes y ont trouvé la matière des plus ferventes aspirations pendant la journée; ils se proposoient, en le répétant, de ratifier toutes les louanges qu'ils avoient données à Dieu, de renouveler tous leurs actes de religion, et de s'unir à ceux par lesquels les esprits

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bienheureux glorifient et glorifieront le Seigneur pendant toute l'éternité.

Voyez Bellet, dans son traité intitulé ; L'adoration chretienne, et la solide dévotion du Rosaire, an. 1754,, in-12.

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LES SS. ANGES GARDIENS.

ON doit compter parmi les plus précieux dons de la miséricorde de Dieu envers les hommes, la communion ou le commerce spirituel qu'il a établi entre nous et les saints anges, dont nous espérons partager un jour le bonheur et la gloire. De notre côté, nous honorons avec une vénération religieuse les saints anges, que nous regardons comme des esprits glorieux, fidèles dans l'accomplissement de la volonté divine, et nous les conjurons de nous accorder leur intercession auprès du Seigneur; de leur côté, ils s'intéressent, ils prient pour nous, et nous font ressentir en bien des circonstances les effets de leur protection. C'est ainsi que Dieu, toujours infiniment_sage, infini-ment saint, infiniment miséricordieux, se plaît à employer les créatures supérieures pour l'exécution des desseins de sa providence, par rapport aux créatures qui sont d'un ordre inférieur.

Divers passages de l'écriture prouvent que le nom d'anges est un nom d'office; il signifie envoyés ou messagers, parce que les esprits célestes en ont souvent fait la fonction dans des occasions où il s'agissoit de défendre et de protéger les hommes, et ces occasions ont été fréquentes, comme nous l'avons montré ailleurs (1) mais la bonté de Dieu pour nous éclate sur-tout dans le

(1) Voyez ce que nous avons dit sur les deux fêtes de saint Michel au 8 Mai et au 29 Septembre. Voyez aussi l'excellente instruction pastorale sur les anges, que M. Jean-Joseph de Fogasses de la Bastie, évêque de Saint-Malo, donna en 1758.

choix qu'il a fait de ses anges pour être nos conducteurs et nos gardiens, et c'est là le fondement de cette charité et de cette joie mutuelle qui règnera éternellement dans le ciel entre les anges et les élus.

La foi nous enseigne que Dieu a destiné un ange particulier à garder chacun de ses serviteurs, c'est-à-dire, des justes ou de ceux qui sont en état de grâce. L'église ne s'est pas expliquée d'une manière aussi positive sur les pécheurs et les infidèles; mais les plus célèbres docteurs ont toujours cru qu'ils avoient chacun leur ange gardien; et ce sentiment, appuyé d'ailleurs sur l'autorité de l'écriture, est si solide et si universel, qu'il ne paroît pas possible d'en contester la vérité, sur-tout par rapport à ceux qui sont dans la communion de l'église. Dieu, dit le psalmiste (1), a commandé à ses anges de vous garder dans toutes vos voies. Et ailleurs L'ange du Seigneur environnera ceux qui le craignent, et il les délivrera de leurs maux (3). Jacob pria son bon ange de bénir ses petits-fils Ephraïm et Manassès. Que l'ange, dit-il, qui ma délivré de tous maux, bénisse ces enfans (4). Son ange, dit Judith, m'a gardée, soit lorsque je suis sortie de cette ville, et tant que je suis demeurée là, ou lorsque je suis revenue ici (5). Jésus-Christ, pour détourner du scandale qu'on pourroit donner à quelqu'un de ses petits enfans, nous avertit que leurs anges voient continuellement la face de Dieu, et nous fait entendre par-là qu'ils demanderont vengeance contre ceux qui auront causé

(2) Ps. XC, 11.

(3) Ps. XXIII, 8.

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(4) Gen. XLVIII, 16. (5) Judith XIII, 20. Voyez aussi l'Exode, XXIII, 20.

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