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la perte des ames confiées à leurs soins (6). « Il » est bien dangereux, dit saint Hilaire (7), de mépriser celui dont les cris et les prières sont » portés par le ministère des anges au pied du » trône du Dieu éternel et invisible. »

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Les premiers fidèles étoient si convaincus que chaque homme avoit son ange gardien, que quand saint Pierre, après sa délivrance miraculeuse de la prison, se présenta aux disciples, ils ne purent croire d'abord que c'étoit lui, et dirent que c'étoit son ange (8). Les Juifs ne doutoient point que saint Michel ne fût le protecteur de leur nation, et ils donnoient aussi des anges tutélaires à la plupart des autres pays (9). Nous ferions un volume, si nous voulions rapporter tous les passages qui prouvent que tous les Pères ont cru et soutenu l'existence des anges gardiens, comme un article qui appartient à la foi catholique.

Les démons, également remplis de malice et de haine contre nous, s'occupent des moyens de nous perdre éternellement, et ils emploient, pour y réussir, les ruses et la force ouverte (a); mais

(7) In Matt. XVII.

(6) Matt. XVIII, 10. (8) Act. XI, 15. (9) Dan. XI, 1; XII, 1, etc. (a) L'existence des malins esprits se prouve par l'expérience, par des raisonnnemens tirés de leurs opérations dans les démoniaques, par quelques exemples que fournissent les oracles du paganisme, et par différens autres effets. M. Seed, dans son discours sur la nature et l'existence des malins esprits, et d'autres célèbres théologiens protestans, insistent beaucoup sur la preuve qui se tire de ce que plusieurs personnes ont eu des songes et des tentations touchant des objets dont ils n'avoient jamais eu connoissance, que leur imagination n'avoit pu se représenter par elle-même, et qui étoient d'une espèce si extraordinaire, qu'on devoit nécessairement les attribuer à un principe extérieur, à quelque esprit méchant par sa nature. De fameux déistes ont reconnu la force de ce raisonnement, et s'en sont même servis avec avantage pour établir la créance des malins esprits mais c'est dans la révélation que nous devons puiser des connoissances sûres

Dieu leur oppose ses bons anges, et les charge du soin de nous défendre. Pourroit-il, en pertouchant l'origine et les qualités de ces ennemis invisibles du genre humain. Elle nous apprend que les démons déchurent, par leur propre malice, de l'état de justice et de sainteté dans lequel ils avoient été créés; que leur crime fut l'orgueil, enfanté par l'amour désordonné de leurs perfections, orgueil auquel ils consentirent par la pensée, et qui est appelé le commencement de tout péché. ( Eccli. X, 15.)

On donne quelquefois le nom de Lucifer au prince des anges apostats. Quelques théologiens et quelques interprètes ont pensé qu'il étoit le chef de tous les chœurs angéliques, qu'il étoit désigné sous la figure de Behemoth, que les Septante et la Vulgate appellent le commencement des voies de Dieu. (Job XL, 14. ) Ebloui de sa propre excellence, il dit en lui-même : Je serai semblable au Très-Haut. (Isaïe XIV, 12.) Son cœur fut enflé de sa beauté, et par là il perdit sa sagesse. (Ezech. XXVIII, 17.) Selon les plus célèbres Pères de l'église, Isaïe compare la hauteur du roi de Babylone, et Ezechiel celle du roi de Tyr, à l'orgueil de Lucifer, qu'ils prennent de là occasion de décrire.

L'ange apostat fut suivi dans sa révolte ou son péché, par une grande partie des esprits célestes, qui dans l'instant furent précipités de leurs trônes, et condamnés à l'enfer. (2 Petr. II, 4; Jud. 6.) Quelques-uns furent immédiatement renfermés dans cette horrible prison; mais d'autres eurent une espèce de liberté qu'ils conserveront jusqu'au jour du jugement, et en cela leur tourment paroît moins rigoureux. (Matt. VIII, 29, 31, etc.; Petau, Tr. de Angelis.) Ces mauvais esprits sont appelés princes des ténèbres, de l'air et du monde. (Ephes. II, 1, 2; VI, 12; Matt. XII, 22; Luc. IX, 1.) Il y a parmi eux une espèce de hiérarchie, et quelques-uns sont plus méchans que les autres. (Matt. XII, 24 ; Ephes. VI, 12, etc.)

Leur prince est appelé Bélial, c'est-à-dire, méchant, ou plutôt rebelle, suivant l'interprétation de ce mot par saint Jérôme. (3. Reg. XXI, 13.) On le nomme aussi Šatan ou l'ennemi, et Béelzébut, de la principale idole des Accaronites.

La rage, la malice et l'envie des démons contre les hommes sont implacables, ainsi que leur haine pour tout bien. Leur subtilité et leur force sont extraordinaires; ce qui se prouve par la perfection de leur nature, qui est purement spirituelle, et par les exemples de l'usage qu'ils ont fait de leur pouvoir, avec la permission de Dieu, en certaines circonstances. Ils précipitèrent dans le lac un troupeau de pourceaux ; ils tuèrent les sept premiers maris de Sara; ils firent périr des armées en une nuit ; ils ont quelquefois troublé la nature, et

mettant aux démons de nous attaquer et de nous tenter, ne pas confier aux bons anges le soin de excité des tempêtes qui ont rempli les provinces de terreur, et porté le ravage dans l'univers entier.

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Lorsque Satan attaque les hommes, il emploie quelquefois la ruse et l'artifice comme l'ancien serpent; d'autres fois il se transforme en ange de lumière, et prend le masque de la piété; semblable à un lion rugissant, il a recours aussi, dans quelques circonstances, à la force ouverte et à la violence. On sait de quelle manière il traita le saint homme Job: mais Dieu restreint son pouvoir, et il ne peut tenter les hommes, qu'avec la permission du ciel. (Job, c. 1; Luc XXII, 32.) Nous avons des exemples de cette vérité dans les tentations d'Eve, d'Achab, etc. Les démons, toujours avec la permission de Dieu, trompent quelquefois les faux prophetes et les méchans. (5. Reg. XXIÎ, 21.) Ils accusent les hommes devant le trône de Dieu. (Zach. III, 1, 2, etc. ) L'écriture leur attribue souvent divers maux physiques qu'ils causent par l'intervention des causes secondes. Voyez la dissertation de Calmet sur les mauvais anges.

Le pouvoir des démons sur la terre étoit beaucoup plus grand qu'aujourd'hui, avant que le Sauveur eût triomphe de Satan par sa croix, et que la lumière de l'évangile eût éclairé le monde; mais il n'en est pas moins certain que Dieu leur permet encore quelquefois de tourmenter les hommes par leur malice jusqu'à un certain point; et c'est pour rendre leurs efforts inutiles, que l'église a institué les exorcismes et les bénédictions dont elle a toujours fait usage.

Dans le cas de magie et de possession, on doit employer la prière et les autres armes que fournit la religion contre les ennemis invisibles du salut: mais il faut se tenir sur ses gardes par rapport aux faits dont il s'agit; on sait de quoi la superstition, la crédulité et l'imposture sont capables. On a pris plus d'une fois pour des enchantemens et pour des possessions, ce qui ne devoit être attribué qu'à la maladie ou à d'autres causes physiques. En un mot, pour assurer que le démon intervient dans tel cas, il faut être sûr que les circonstances qui accompagnent le fait sont hors du cours ordinaire de la nature : mais il y a bien de la différence entre tout croire et ne rien croire sur cette matière. On ne peut douter qu'il n'y ait eu des possessions et des obsessions plus ou moins fréquentes, selon la diversité des temps et des lieux. Ceci est prouvé par le témoignage et par l'expérience de tous les siècles et de tous les peuples, même des Indiens, comme l'observe le Clerc, Bibl. univ. t. XV, c. 4. Cette vérité së prouve encore par des passages formels de l'ancien et du nouveau Testament. Voyez la vie de Jésus-Christ par Laurent Clarke, p. 474, et la dissertation sur les possessions et les

sa gloire et de notre salut? A peine Lucifer et les complices de son crime eurent-ils levé l'étendard de la révolte contre Dieu, que Michel et tous les bons anges entrèrent en guerre avec eux, et les chassèrent du ciel, en exécution de la sentence portée contre eux.

anges,

de

L'homme a été créé pour remplir la place des anges apostats; mais Dieu a permis à Lucifer et à ses complices de nous tendre des piéges, et de tourner contre nous les efforts de leur malice. Au reste, cette permission n'a pour objet que d'éprouver notre fidélité, et de nous fournir l'occasion de mériter par nos victoires le bonheur auquel nous sommes destinés, Les bons leur côté, viennent à notre secours, conformément à l'ordre établi par la divine Providence. Ils veillent à la garde de notre ame, et nous protègent contre les assauts de nos ennemis. O mon Dieu, doit s'écrier chacun de nous, qu'est-ce que l'homme, pour que vous daigniez ainsi prendre soin de lui, et lui donner pour guides les ministres et les princes de votre cour céleste ? Qui suisje qu'un ver de terre, qu'un malheureux esclave de la corruption du péché? Faut-il, pour me garder, un ange qui est une créature si noble, si pure et si sainte? « O condescendance admi»rable, dit saint Bernard (10)! O excès de bonté » et d'amour! Il a chargé ses anges de veiller » sur vous (11). Qui est celui qui a donné cette » commission ? A qui, et en faveur de qui l'a-t-il » donnée ? Quel en est l'objet ? Considérons ⚫ attentivement ce mystère, et tâchons d'en bien obsessions des démons, laquelle se trouve dans le tome X de la Bible, dite de Vence, p. 589. Nous aurons occasion d'examiner ailleurs ce qui concerne les démoniaques. (10) Serm 12, in Ps. XC, p. (11) P. XC, 11.

862.

» examiner toutes les parties. Qui est celui qui >> a donné cette commission? C'est le Seigneur >> souverain des anges. Le Dieu suprême a com» mandé aux anges, et à ses propres anges, à ces >> sublimes, à ces bienheureux esprits qui appro» chent si près de sa majesté divine; c'est le » soin de vous garder qui est l'objet de ce com» mandement. Qui êtes-vous ? L'homme est-il >> autre chose que corruption? Ne doit-il pas être » la pâture des vers? Mais quel peut être l'objet > du commandement que Dieu a fait par rap» port à vous? Il a ordonné à ses anges de vous » garderet de vous diriger dans toutes vos voies. >> Ils ne s'en tiennent pas là: ils vous portent, » pour ainsi dire, dans leurs mains, afin que » votre pied ne heurte point contre la pierre. » Pourrions-nous ne pas louer une telle bonté ? »

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Nous devons aussi considérer le zèle avec lequel ces esprits bienheureux se portent à nous secourir; ils exécutent avec autant de promptitude que de fidélité tous les ordres de Dieu, et se conforment en toutes choses aux décrets de sa volonté par rapport à nous. Avec quelle application ne veillent-ils pas à la garde de notre ame, dont Dieu lui-même les a chargés spécialement (12) ?»

Un second motif qui nous assure la protection des bons anges, c'est leur compassion, c'est leur charité pour nous. Ils considèrent que nous serons bientôt associés à leur bonheur; que nous sommes présentement leurs frères par grâce, et en vertu de l'adoption divine; que nous avons le même Dieu qu'eux; que ce grand Dieu nous aime, le parce que nous avons été rachetés par sang Jésus-Christ son fils. Ils voient d'un autre côté (12) P. XC, 11.

de

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