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» gers qui nous environnent, nous ne devons » rien craindre sous la protection de tels gar» diens....... Toutes les fois que quelque tribula» tion ou quelque violente tentation viendra vous » assaillir, implorez le secours de celui qui vous » garde, qui vous guide, qui vous assiste dans » toutes vos peines. » Mais pour mériter sa protection, nous devons avant toutes choses éviter le péché. Les fautes, même vénielles, l'affligent. « Comme la fumée, dit saint Basile (22), met en » fuite les abeilles, et la mauvaise odeur les co» lombes, de même l'infection du péché fait fuir » l'ange chargé du soin de nous garder. » L'impureté sur-tout est un vice que les esprits célestes ont souverainement en horreur; les anges des petits que nous scandalisons, crient vengeance contre nous. Je vais, dit le Seigneur (23), envoyer mon ange, afin qu'il marche devant vous, qu'il vous garde pendant le chemin; et qu'il vous fasse entrer dans la terre que je vous ai préparée. Respectez-le, écoutez sa voix, et gardez-vous bien de le mépriser, parce qu'il ne vous pardonnera point quand vous pécherez, et que mon nom est en lui; mais si vous entendez sa voix, et que vous fassiez tout ce que je vous dis par sa bouche, je serai l'ennemi de vos ennemis, et j'affligerai ceux qui vous affligent. Mon ange marchera devant vous, et il vous introduira dans la terre que je vous ai préparée.

S. THOMAS,

ÉVÊQUE D'HEREFORD, EN ANGLETERRE. Il fut un temps où l'on vit en Angleterre la prière et la contemplation faire les délices des (22) Hom, in Ps. XXXIII. (23) Exod. XXIII, 20, etc.

personnes de tout état, l'humilité chrétienne et la véritable pauvreté d'esprit s'asseoir sur le trône des rois, la chasteté fleurir dans les palais des souverains, les princes n'avoir d'autre ambition que d'accroître le royaume de Dieu, et s'estimer heureux lorsque leurs filles, prenant Jésus-Christ pour époux, alloient se consacrer dans la solitude aux exercices laborieux de la pénitence; mais ce temps fortuné ne fut pas de longue durée, et les vertus qu'il avoit produites furent remplacées par les vices contraires. Dieu se servit du fléau dés calamités publiques pour châtier un peuple ingrat, et le ramener au devoir; il lui suscitoit ce-pendant de saints pasteurs, et lui mettoit sous les yeux des exemples frappans de vertu. On compta parmi ces grands hommes Thomas, qui de chancelier d'Angleterre, devint évêque d'Héréford.

Il sortoit d'une famille très-distinguée. Guillaume de Chanteloup, son père, fut un des plus célèbres guerriers qu'ait jamais eu l'Angleterre. Ce fut lui qui, par la défaite des Barons et des Français, assura la couronne sur la tête de Henri III. Il fut élevé à la dignité de grand-maître du royaume, qui a été depuis supprimée à cause du pouvoir excessif qu'elle donnoit, et dont il ne reste plus que des traces dans quelques occasions particulières (a). Les Chanteloup étoient originaires de Normandie; ils passèrent en Angleterre avec Guillaume le Conquérant, qui les combla de biens et d'honneurs (b). Le Saint eut pour mère Méliante, comtesse douairière d'Evreux et (a) Lorsqu'il s'agit de la réception des pairs.

Ils devinrent par leurs alliances héritiers des Strong bows, des Marshals, comtes de Pembrock, des Filtz-Wal ters, comtes d'Héréford, et des Breuses, seigneurs d'Aber gavenny.

de Glocester, fille de Hugues de Gournai, la quelle étoit alliée aux familles royales de France et d'Angleterre.

Il naquit dans le Lancashire, et il étoit l'aîné de ses frères et de ses sœurs, qui furent tous établis honorablement dans le monde. Son père, obligé par état de vivre à la cour, sentit bien les dangers que devoient y courir ses enfans, qu'il vouloit faire élever dans les principes du christianisme ; il prit donc les plus grandes précautions pour éloigner d'eux tout ce qui auroit été capable de les corrompre. Lorsque Thomas son fils fut en âge d'apprendre les sciences, il le mit sous la conduite de Guillaume de Chanteloup, évêque d'Héréfort, son proche parent, puis sous celle de Robert Kilwarby, savant Dominicain, qui fut successivement archevêque de Cantorbéry, cardinal et évêque de Porto. Le jeune disciple se montroit fort docile aux leçons de ses maîtres; il sanctifioit l'étude par une piété tendre, récitoit l'office de l'église, et s'acquittoit de tous les devoirs de la religion avec une ferveur extraordinaire. Il vint faire son cours de philosophie à Paris, où sa vertu prit de nouveaux accroissemens. Résolu d'embrasser l'état ecclésiastique, il se rendit à Orléans, pour y apprendre le droit civil, qui sert de fondement au droit canonique. Etant allé visiter quelques-uns de ses amis, qui étoient au concile général assemblé à Lyon, il fit connoissance avec plusieurs évêques et plusieurs théologiens, également célèbres par leurs vertus et leur savoir, et les entrétiens qu'il y eut avec eux lui furent très-utiles.

Mais il retourna peu de temps après en Angleterre, pour y continuer ses études. Ayant passé docteur en droit à Oxford, il fut élu chancelier de la fameuse université de cette ville. Il s'acquit

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tant de réputation dans cette place, que le roi Henri le fit grand chancelier du royaume. Il justifia le choix du prince par sa prudence, son zèle, son activité, son amour pour la justice, sa fermeté contre toutes les surprises et toutes les sollicitations. Les plus grands seigneurs de l'état, et le roi lui-même, ne purent faire mollir son inflexibilité il s'opposa de toutes ses forces aux différens abus, et fit bannir les Juifs dont on n'avoit pu empêcher les usures et les extorsions. Plusieurs fois il voulut quitter une place qui le retenoit à la cour malgré lui; mais le roi refusa toujours d'y consentir. S'il obtint sa liberté à l'avènement d'Edouard I au trône, ce prince ne la lui accorda qu'à condition qu'il seroit membre de son conseil privé; et il en exerça les fonctions jusqu'à la mort du roi. Il étoit alors dans la cinquante-quatrième année de son âge.

Rendu entièrement à lui-même, il se retira à Oxford, pour ne s'y occuper que de la lecture et des exercices de la piété ; il y prit le degré de docteur en théologie dans l'église des Dominicains chez lesquels il avoit étudié, et Robert Kilwarby, alors archevêque de Cantorbéry, fit son éloge en cette occasion, et ne balança point de dire publiquement qu'il avoit conservé son innocence baptismale. Le pape Grégoire X le fit venir, en 1274, au second concile général qui se tint à Lyon pour la réunion des Grecs; et l'année suivante, il fut élu canoniquement évêque d'Héréford. La cérémonie de son sacre se fit dans l'église de Christ, à Cantorbéry (c).

Le saint évêque redoubla de ferveur pour se perfectionner dans la pratique des vertus qui font

(c) C'est à cause de saint Thomas que les évêques d'Héréford ont toujours porté les armes de la maison de Chanteloup.

les pasteurs selon le cœur de Dieu. Un souverain mépris pour le monde lui faisoit trouver mille délices dans la retraite; ily entretenoit son union avec Dieu par la prière et la méditation. Il mortifioit sa chair par le jeûne, les veilles, et les autres austérités de la pénitence; il porta le cilice jusqu'à sa mort, quoiqu'il fût d'un tempérament infirme, et sujet à de fréquentes coliques. A un grand zèle pour la gloire de l'église, it joignoit une charité qui embrassoit les besoins corporels et spirituels du prochain; il appeloit les pauvres ses frères, et il leur faisoit ressentir les effets de l'affection la plus tendre. Il étoit tellement maître de lui-même, qu'il ne lui échappoit jamais aucun mouvement de colère; il gagnoit ses ennemis par sa patience et sa douceur. La moindre médisance lui causoit de l'horreur; mais il étoit ferme et inflexible lorsqu'il étoit question de défendre les droits de son église, et il en donna des preuves. en diverses circonstances. Quelques contestations qu'il eut avec l'archevêque de Cantorbéry, et qui lui étoient communes avec les autres évêques de la province, l'obligèrent de faire un voyage à Rome. Ily fut reçu avec la distinction que méritoient ses vertus. Sa présence n'y étant plus nécessaire, il reprit la route d'Angleterre il sentoit d'ailleurs que ses infirmités augmentoient considérablement, et le menaçoient d'une mort prochaine; mais il fut forcé de s'arrêter à Montefiascone, en Toscane. Il y mourut le 25 d'Août 1282, après avoir reçu les sacremens de l'église avec les plus vifs sentimens de piété. Il étoit dans la soixante-troisième année de son âge. On l'enterra six jours après dans l'église du monastère de Saint-Sévère. Quelque temps après, ses os, qui avoient été séparés des chairs, furent portés

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