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à Héréford, et déposés dans la cathédrale de cette ville. Un cardinal se chargea du soin de prononcer son éloge funèbre.

Edmond, comte de Cornouaille, fils de Richard, roi des Romains, qui avoit été un des plus grands admiratenrs du saint évêque, fit enchâsser richement son chef, et le déposa dans un monastère qu'il fonda sous son invocation à Ashridge dans le Buchinghamshire. En 1287, on fit une translation solennelle de ses reliques, qui étoient dans la cathédrale d'Héréford, en présence du roi Edouard III, et on les renferma sous un mausolée de marbre dans la même église. Sa sainteté a été confirmée par un grand nombre de miracles authentiques, dont on trouve le récit dans les actes originaux de sa canonisation (d). Le B. Thomas d'Héréford fut canonisé par le pape XXII en 1310: il paroît que ce fut le 2 Octobre, jour auquel on célèbre sa principale fête (e) On voit encore son tombeau dans la cathédrale d'Héréford; mais l'inscription en est effacée.

Jean

Voyez les actes de la canonisation du Saint; Trevet, sous l'an 1282; Matthieu Paris, Capgrave, Harpsfield : le docteur Brown-Willis dans ses antiquités d'Héréford, et la vie moderne de saint Thomas, qui fut imprimée en 1674.

(d) Les actes originaux de la canonisation de saint Thomas d'Héréford se gardent dans la bibliothèque du Vatican.

(e) Brown-Willis pense que la fête du Saint se célébroit à Héréford le 9 Octobre, parce que c'étoit le jour de la grande foire qu'on y avoit établie en son honneur; mais le neuvième Octobre étoit l'octave de sa fête, et en ce jour le chapitre de la cathédrale faisoit une procession solennelle.

S. LÉGER, Évêque d'Autun, Martyr.

SAINT LÉGER (a), issu d'une famille très-illustre parmi les Français, naquit vers l'an 616. Ses parens le conduisirent fort jeune à la cour du ro Clotaire II. Ce prince, fils de Frédégonde, régna d'abord dans la Neustrie; mais ayant fait Sigebert prisonnier en 614, et mis à mort la reine Brunehaut, il réunit toute la monarchie française en sa personne. Quelque temps après, Léger fut envoyé à Didon son oncle maternel, évêque de Poitiers. Le prélat mit son neveu sous la conduite d'un savant et vertueux prêtre; mais il le fit venir ensuite dans son palais pour achever lui-même son éducation. Il vit avec plaisir qu'il faisoit encore plus de progrès dans la science des Saints que dans l'étude des lettres.

Le Saint avoit appris de Dieu même (1) qu'on ne peut être parfait sans marcher en la présence de Dieu; aussi s'étoit-il accoutumé de bonne heure à s'unir au Seigneur par la pratique du renoncement et de l'humilité. Son oncle, frappé de son mérite extraordinaire, crut devoir le dispenser de l'observation des canons de l'église, en l'élevant au diaconat, quoiqu'il n'eût encore que vingt ans. Quelque temps après, il le fit archidiacre, et le chargea du gouvernement de son diocèse. Léger mérita par sa sagesse, son éloquence et toutes ses vertus, d'être universellement aimé. L'abbé du monastère de Saint-Maxence ou SaintMaixent (6), au diocèse de Poitiers, étant mort, (a) Appelé encore saint Leutgar, saint Lutger, saint Ligaire, saint Léguier, et en latin Leodegarius.

(1) Gen. XVII, 1.

(6) Voyez la vie de saint Maixent, que nous avons donnée sous le 26 Juin. L'abbaye qu'il gouvèrna, et la ville qui a depuis été bâtie auprès, portent son nom.

son oncle l'obligea de le remplacer; il gouverna six ans ce monastère avec autant de zèle que de prudence, et lui fit ressentir les effets de sa libéralité.

Clovis II, roi de Neustrie et de Bourgogne mourut en 656, et laissa trois fils en bas âge, Clotaire, Childéric et Thierri. Clotaire, troisième du nom, fut proclamé roi. On déclara régente sainte Bathilde, sa mère, qui se fit aider dans le gouvernement de l'état par saint Eloi, de Noyon, saint Ouen, de Rouen, et saint Léger. La réputation que ce dernier s'étoit acquise l'avoit fait appeler à la cour; en 659, on le nomma évêque d'Autun.

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Le siége de cette ville étoit vacant depuis deux ans, et pendant ce temps-là le diocèse avoit été cruellement déchiré par des factions opposées; il y avoit même eu du sang répandu en diverses occasions. La présence du nouvel évêque pacifia les troubles, et ramena la paix. Il soulagea les pauvres, instruisit le clergé et le peuple, décora les églises, et les enrichit de vases et d'ornemens précieux. Il répara le baptistère de sa cathédrale avec magnificence, et y fit transférer les reliques de saint Symphorien; les murs de la ville furent aussi réparés par ses soins. En 670, il assembla un synode à Autun (2), où l'on fit divers canons concernant la réformation des mœurs; il nous en reste encore quelques-uns qui ont principalement pour objet l'ordre monastique. Il est ordonné aux religieux d'observer les règlemens de saint Benoît, de travailler en commun, et d'exercer l'hospitalité; il leur est défendu en même temps de posséder rien en propre, et d'aller dans les villes, à moins que les affaires du monastère ne (2) Conc. t. VI, p. 536. Tome IX.

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les y appellent; et dans ce cas-là même, ils doivent avoir de leur abbé une lettre pour l'archidiacre.

Lorsqu'il eut appris, en 669, que Clotaire III étoit mort, il se rendit promptement à la cour. Uue partie de la noblesse se déclara pour Childéric, qui régnoit en Austrasie avec beaucoup de prudence; mais Ebroïn prit le parti de Thierri, qui fut aussi proclamé roi, et il se fit lui-même maire de son palais. Cependant la conduite de ce ministre fut si cruelle et si odieuse, que le parti qui lui étoit opposé prévalut bientôt. On se soumit à Childéric, qui auroit fait mourir Ebroïn, si saint Léger et quelques autres évêques n'eussent obtenu de ce prince qu'il lui laisseroit la vie. On le renferma dans le monastère de Luxeul, où il fut rasé, et l'on envoya Thierri à l'abbaye de Saint-Denis.

Le gouvernement de Childéric II fut heureux et sage, tant que ce prince suivit les conseils de saint Léger, qui avoit tant de part aux affaires, que quelques historiens l'ont appelé maire du palais: mais comme il étoit jeune, et d'un caractère impétueux, il s'abandonna bientôt aux plaisirs ; il ne rougit pas même d'épouser sa propre nièce. Saint Léger l'en reprit secrètement; puis voyant que c'étoit sans fruit, il condamna publiquement sa conduite. Cette hardiesse déplut au roi, et les courtisans ne manquèrent pas de l'aigrir encore. Wulfoad, maire du palais depuis quelque temps, 'essaya de rendre suspecte la fidélité de Léger. Le saint évêque fut exilé à Luxeul, et il y trouva Ebroïn, qui lui promit une amitié constante.

Cependant Childéric mourut d'une manière tragique, en 673; il fut assassiné par Bodilon, qu'il avoit fait fouetter publiquement, et qui s'é

toit mis à la tête d'une conspiration composée de la noblesse. La reine, sa femme, et son fils Dagobert, encore enfant, éprouvèrent le même traitement. Dagobert, fils de Sigebert II, fut rappelé d'Irlande où il avoit été banni, et on le proclama roi. Cette révolution rendit la liberté à saint Léger; il retourna à Autun où ses diocésains le reçurent avec les plus grandes marques d'honneur et de joie. Ebroïn sortit aussi de Luxeul. Irrité de voir Leudèse maire du palais, il lui ôta la vie par trahison, et fit reconnoître pour roi un prétendu fils de Clotaire III, qu'il nommoit Clovis; en même temps il fit avancer en Bourgogne une armée qui marcha d'abord contre la ville d'Autun.

Il ne tenoit qu'au saint évêque de prendre la fuite; mais il crut que sa présence étoit nécessaire à Autun. D'ailleurs il ne craignoit point la mort; il distribua tout ce qu'il possédoit aux pauvres, et fit ensuite son testament, par lequel il donnoit à son église des marques de sa libéralité (c). Il ordonna un jeûne de trois jours, et une procession générale, dans laquelle on porta la croix et les reliques des Saints autour des murailles de la ville. Léger se prosterna à chacune des portes, et pria Dieu avec larmes d'épargner le troupeau dans le cas où il appelleroit le pasteur au martyre. Cette cérémonie achevée, il fit -assembler le peuple dans l'église, et demanda pardon à ceux qu'il pouvoit avoir offensés par un excès de sévérité. L'ennemi s'étant présenté, les assiégés fermèrent leurs portes, et firent tout le jour une vigoureuse résistance. « Ne combattez > pas plus long-temps, leur dit Léger; si c'est à

(c) Ce testament est dans les annales de le Cointe, ad an. 666. Voyez Mabillon, Annal. l. 16, n. 36, etc.

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