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S. GILBERT, I. ABBE DE NEUFFONS ou NEUFFONTAINES, EN AUVergne, et S.te PERRONNELLE, SA FEMME, PREMIERE ABBESSE D'AUBeterre.

SAINT GILBERT, né d'une famille noble d'Auvergne, passa ses premières années à la cour des rois Louis-le-Gros et Louis-le-Jeune, où il montra toujours la plus exacte probité. Pétronille, sa femme, qu'on appelle vulgairement Perronnelle, ne lui étoit point inférieure en naissance et en vertu. Il se croisa sous le roi Louis-le-Jeune, et s'embarqua pour la Palestine, où il arriva en 1147. Il sut toujours allier le courage à la fidélité qu'il devoit à Dieu. Les Chrétiens ayant été obligés de repasser en Occident, il revint dans sa patrie. Bientôt il se dégoûta du monde, et résolut d'y renoncer pour toujours. Sa femme entra parfaitement dans ses vues. Ils avoient une fille nommée Ponce, qui se montra prête à suivre leur exemple. Ils donnèrent la moitié de leurs biens aux pauvres, et employèrent l'autre à fonder deux monastères, le premier pour des hommes, et le second pour des femmes; mais pour ne pas s'égarer en suivant les mouvemens de leur propre volonté, ils ne firent rien qu'après avoir consulté l'évêque de Clermont, et l'abbé de Dilo, qui étoit le directeur de toute leur maison. Le monastère destiné aux femmes fut dédié sous l'invocation de saint Gervais et de saint Protais (a). Pétronille s'y renferma avec sa fille, et elle en eut le gouvernement jusqu'à sa mort. On l'honore dans l'é

(a) C'est aujourd'hui le prieuré d'Aubeterre, qui appartient à l'ordre de Prémontré. Il est près de la rivière de Sioule, sur les limites du Bourbonnois et de l'Auvergne.

glise le 13 Juillet. Le gouvernement du second monastère bâti à Neuffons ou Neuffontaines (b), fut confié à Gilbert, qui y mena une vie trèsaustère. Il mourut le 6 Juin 1152, et fut enterré dans le cimetière d'un hôpital dont il étoit le fondateur. Quelques années après, on leva son corps de terre le 3 Octobre, pour le porter dans l'église de l'abbaye de Neuffontaines, qui depuis a pris son nom, et où la dévotion attire encore un grand concours de peuple ; il y a une portion de ses reliques dans le collége des Prémontrés de Paris. Il est nommé dans le martyrologe de France, sous le 6 Juin et le 3 Octobre.

Voyez sa vie, par un auteur presque contemporain, ap. le Paige, Bibl. Ord. Præmonstr. l. 2; Baillet, sous le 3 Octobre.

S. FRANÇOIS D'ASSISE,

INSTITUTEUR DES FRERES MINEURS.

Tiré de la vie de saint François, écrite par saint Bonaven ture, et publiée avec les notes de Sédulius et de Wadding. Ce dernier étoit un Franciscain irlandais, que sa science rendit célèbre en Espagne et en Italie. Il a donné d'excellentes annales de son ordre, qui furent réimprimées à Rome il y a quelques années, avec des additions et des améliorations. Pour revenir à la vie de saint François par saint Bonaventure, c'est un grand avantage qu'elle soit la production d'un auteur qui possédoit dans le même degré que son héros, l'esprit de prière, de pénitence et de charité. Nous en avons une encore plus ancienne, et antérieure à la translation du corps du Saint, qui se fit en 1230; elle est do Thomas de Célano, que saint François lui-même avoit reçu dans son ordre. Cet ouvrage vient d'être donné au public pour la première fois, d'après un bon manuscrit, par le père Suysken, un des continuateurs de Bollandus. Saint Bonaventure le suit souvent: Wadding le cite; mais il paroît qu'il n'avoit point vu l'original. Une troisième vie, dite Trium Sociorum, n'est pas moins estimée; elle fut écrite (b) Dans le diocèse de Clermont, comme celui d'Aube terre, dont il est éloigné d'une lieue et demie. Il est su la rivière d'Andelot, environ à une lieue de Saint-Pourçain vers le midi.

Tome IX.

N

par l'ordre du général Crescentius, et eut pour auteur trois des premiers compagnons du Saint: savoir, le bienheureux Léon son confesseur et son secrétaire, Rufin et Ange de Réati. Ces deux vies et deux autres moins longues ont précédé celle qu'écrivit saint Bonaventure en 1261, à la prière du chapitre général de Narbonne, auquel il présida comme premier supérieur des Franciscains. Voyez encore Hélyot, Hist. des Ordres relig. t. Vll, p. 1, la vie française du Saint par le P. Chalippe, Récollet, laquelle est estimée, Paris, 2 vol. in-12, 1736, et 1 vol. in 4., 1738, et le père Suysken, t. II, Oct. p. 545 1004.

L'AN 1226.

La vie de saint François d'Assise est la condamnation des sages du monde, qui, semblables aux Juifs et aux Gentils, regardent comme un scandale et une folie l'humilité et la croix de Jésus-Christ. Il n'est pas rare, en effet, de trouver dans le sein même du christianisme des hommes qui n'en ont point l'esprit, et qui n'y tiennent que par une profession extérieure; ils ignorent ou feignent d'ignorer que Jésus-Christ ne répand ses grâces que sur les cœurs parfaitement dégagés des choses terrestres, solidement établis dans l'humilité, et brûlans d'amour pour lui; et c'est pour avoir pratiqué ces différentes vertus dans le plus haut degré, que saint François fut élevé à des communications si intimes de la Divinité, et à une perfection si sublime.

Il naquit, en 1182, à Assise, ville d'Ombrie, dans l'état ecclésiastique. Pierre Bernardon, son père, descendoit d'une famille noble, et originaire de Florence; mais il s'étoit fait marchand, et demeuroit dans la ville d'Assise, ainsi appelée de la montagne d'Assi, sur laquelle elle est située. La mère du Saint se nommoit Pica. Elle faisoit, ainsi que son mari, profession d'une exacte probité. Ils jouissoient d'une fortune assez considérable, mais ils étoient tellement occupés de leurs

affaires temporelles, qu'ils négligèrent l'éducation de leur fils. Comme ils commerçoient principalement avec les Français, ils lui en firent apprendre la langue, et il parvint à l'entendre et à la parler si parfaitement, qu'on lui donna le nom de François, quoiqu'il eût reçu celui de Jean au baptême.

Le jeune François montra d'abord beaucoup de passion pour les vains amusemens du monde et pour l'acquisition des richesses; il ne lâcha cependant pas la bride à ses désirs, et ne mit point sa confiance dans des biens périssables. Il s'étoit fait un devoir de donner l'aumône à tout pauvre qui la lui demandoit pour l'amour de Dieu. Un jour qu'il étoit fort occupé, il en renvoya un sans rien lui donner; mais s'étant aussitôt reproché son défaut de charité, il courut après le malheureux qu'il avoit refusé, et répara sa faute. Il s'engagea dès-lors, par vou, à donner l'aumône à tous ceux qui la lui demanderoient pour l'amour de Dieu, et il l'accomplit fidèlement jusqu'à sa

mort.

Sa charité, jointe à un grand fond de douceur et d'affabilité, le faisoit aimer de tout le monde. Jamais il n'entendoit parler de l'amour de Dieu, sans ressentir une émotion secrète. Il étoit d'une patience à l'épreuve des divers accidens de la vie; il donna sur-tout des preuves de cette vertu dans une maladie longue et dangereuse dont il fut affligé. Après le rétablissement de sa santé, il se fit faire des habits riches, et monta à cheval pour prendre un peu de dissipation. Comme il traversoit la plaine d'Assise, il aperçut un gentilhomme qui se trouvoit alors réduit dans une grande pauvreté, et fort mal vêtu. Ce spectacle l'attendrit ; il se dépouille de ses habits, et les échange contre

les haillons du malheureux qu'il avoit rencontré. La nuit suivante, il vit en songe un palais magnifique, rempli d'armes marquées du signe de la croix, et il crut entendre une voix qui lui disoit que ces armes étoient pour lui et pour ses soldats, s'ils vouloient porter la croix, et combattre courageusement sous ses étendards.

Après ce songe mystérieux, il se sentit plus fervent dans la prière; les choses du monde ne lui parurent plus dignes que de mépris, et il avoit un ardent désir de vendre ses biens pour acheter la pierre précieuse de l'évangile. Il ne savoit cependant point encore quel parti prendre; mais de fortes inspirations lui donnoient à entendre qu'il devoit commencer la guerre spirituelle à laquelle il se croyoit destiné, par la mortification et par une entière victoire sur lui-même. Ces mouvemens intérieurs de la grâce produisirent enfin leur effet. François se sentoit de plus en plus enflammé du désir de mourir parfaitement à lui-même. Ayant un jour rencontré un lépreux qui s'approchoit de lui, il en fut d'abord saisi et recula d'horreur; mais revenant ensuite à luimême, il embrassa ce lépreux, et lui donna l'aumône.

Résolu de tendre à la perfection, il ne se plaisoit plus que dans la solitude, et il demandoit sans cesse à Dieu de lui faire connoître sa volonté. Etant un jour en prières, il lui sembla voir Jésus-Christ attaché à la croix. Cette vision fit sur lui une impression si vive, qu'il ne pouvoit plus retenir ses larmes, lorsqu'il pensoit aux souffrances du Sauveur; et depuis ce temps-là il parut singulièrement animé de l'esprit de ferveur de pauvreté et de charité. Souvent il visitoit les hôpitaux, où il servoit les malades avec une af

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