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semblable approbation du quatrième concile de Latran, auquel François s'étoit adressé il est vrai qu'on ne trouve rien touchant cette particularité dans les actes du concile; mais on ne doit pas en être surpris, puisqu'il n'y eut qu'une déclaration verbale. Le Saint, ayant retouché sa règle, qui ne respiroit partout que la plus profonde humilité et le plus parfait renoncement au monde, la présenta au pape Honorius III, qui la confirma par une bulle datée du 20 Novembre 1223 (m). Le doyen du sacré collége ayant invité

(m) Le nouvel ordre reçut de grands priviléges de plusieurs papes, et notamment de la bulle Mare magnum, publiée par Sixte IV, en 1474. Léon X étendit ces priviléges, en 1519, à tous les autres ordres mendians.

Le premier ordre de saint François, qui a donné à l'église quarante-cinq cardinaux et cinq papes (Nicolas IV, Alexandre V, Sixte IV, Sixte V, Clément XIV), se divise en religieux conventuels et en religieux de l'observance. L'origine des conventuels remonte au temps d'Elie dont nous avons parlé; peu de temps après la mort de notre Saint, ils obtinrent de leurs généraux, et ensuite des papes, la permission de recevoir des rentes et des fondations. On les appela couventuels, parce qu'ils vivoient dans de grands couvens, au lieu que ceux qui suivoient la règle dans toute sa pureté, demeuroient dans des ermitages ou dans des maisons basses et pauvres; et ce fut ce zèle pour la règle qui les fit appeler Observantins ou Pères de l'observance régulière. On donnoit principalement ce nom à ceux qui suivoient la réforme établie conformément à leur institut primitif, et dont saint Bernardin de Sienne fut l'auteur en 1419.

Les réformes de cet ordre s'étant multipliées, Léon X, en 1517, les réduisit toutes une, sous la dénomination de Franciscains réformés, et permit à chacune d'avoir son général.

Les Observantins de France ont été appelés Cordeliers, de la corde qui leur sert de ceinture.

Parmi les Observantins, quelques réformes plus sévères se sont maintenues, malgré l'union faite par Léon X, ou se sont établies depuis. On appelle ceux-ci Observantins de l'étroite observance; on distingue parmi eux les Franciscains déchaussés d'Espagne, sur lesquels on peut voir la vie de saint Pierre d'Alcantara ; on les appelle en Italie Franciscains réformés. Ils forment une congrégation distincte, qui est

François à faire un discours en cette occasion, en présence du pape et des cardinaux, il parla sur-tout florissante en Espagne. Ils ont plusieurs couvens en Italie, dont un est à Rome sur le Mont-Palatin. Ils en ont au Mexique, dans les îles Philippines, etc.

La réforme dite des Récolets fut établie en Espagne dans l'année 1500, par le Père Jean de Guadalupe; elle fut reçue en Italie en 1525, et en France en 1584. Le nom de Recolets fut donné à ces religieux, parce qu'ils vivoient dans des couvens solitaires, et qu'ils faisoient une profession plus spéciale de la pratique de la retraite et du recueillement.

La réforme des Capucins fut établie en Toscane en 1525, par Matthieu Baschi d'Urbain. On ne peut, comme l'ont fait quelques auteurs, l'attribuer à Bernardin Ochin, qui n'entra dans l'ordre qu'en 1534. Celui-ci devint un célèbre prédicateur, et fut élu général de son ordre; mais il apostasia depuis et embrassa le lutheranisme. Il prêcha la polygamie par ses discours et son exemple, et mourut misérablement en Pologne, après s'être rendu l'objet de l'indignation publique par l'horrible corruption de ses mœurs.

Les Capucins ont une pièce sur le derrière de leur habit, comme saint François le recommande dans son testament. Ils portent la barbe longue, au lieu que saint François, selon Wadding, Chalippe, etc. la portoit extrêmement courte. La réforme des Capucins fut approuvée par Clément VII en 1528. Les Capucins et les Récolets portent un habit de cou. leur brune; mais celui des Cordeliers conventuels est noir. Le couvent d'Assise, où saint François est enterré, appartient aux Conventuels.

Le second ordre de saint François est celui des pauvres arisses, sur lesquelles on peut consulter la vie de sainte aire. Sainte Isabelle, sœur de saint Louis, ayant obtenu u pape Urbain IV, en 1263, la permission d'assigner des revenus fixes aux religieuses de sainte Claire qu'elle avoit fondées à Longchamp près de Paris, on donna le nom d'Urbanistes à celles qui reçurent la bulle du souverain pontife. Les autres furent appelées pauvres Clarisses. La B. Colette Boilet introduisit une réforme austère dans plusieurs maisons de ces dernières.

La réforme des Capucins fut commencée à Naples, en 1558, par la vénérable mère Marie-Laurence Longa. La duchesse de Mercour les établit à Paris en 1602.

Le couvent de l'Ave-Maria de Paris étoit du troisième ordre de saint François; mais les religieuses qui le composoient ayant renoncé à leurs revenus en 1485, elles embrassèrent la réforme de sainte Claire, et elles surpassent en austérité toutes les autres réformes du même ordre. Voyez du Breuil, Antiquités de Paris, etc.

avec tant de force, d'énergie et de dignité, que toute l'assemblée en fut singulièrement touchée.

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Les religieuses de l'Immaculée Conception de la sainte Vierge furent fondées à Tolède, en 1484, par la vénérable Béatrix de Sylva, et le pape Innocent VIII approuva leur institut en 1489. Le célèbre cardinal Ximénès, qui étoit lui-même Franciscain, les unit aux Clarisses, dont elles adoptèrent la règle, mais avec certaines mitigations. Le pape Jules II donna en 1511 une règle particulière aux Conceptionistes, en les laissant toujours cependant incorporées aux Clarisses.

Le troisième ordre de saint François fut institué par le Saint lui-même en 1221, à Poggi-Bouzi, en Toscane, et à Carnerio, dans la vallée de Spolette. Il'étoit pour les personnes de l'un et de l'autre sexe engagées dans le monde et même dans le mariage, lesquelles s'assujétissoient à certaines pratiques de piété compatibles avec leur état, mais dont aucune n'obligeoit sous peine de péché. Ces exercices n'étoient que des règles de conduite qui n'emportoient ni vœu, ni obligation. Les Dominicains, les Aagustins, les Carmes, les Minimes et les Servites, imitèrent cet institut. Après la mort de saint François, plusieurs personnes de ce troisième ordre se sont réunies en communauté en différens temps et en différens lieux; elles ont gardé la clôture, et ont fait les vœux solennels de pauvreté, de chasteté et d'obéissance. Elles regardent comme leur fondatrice sainte Elizabeth de Hongrie, duchesse de Thuringe, qui mourut en 1231. Cet institut contient des personnes de l'un et de l'autre sexe, qui se divisent en plusieurs branches, dont quelques-unes se consacrent au service des malades dans les hôpitaux.

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Les religieuses appelées en Flandre Sœurs grises, portoient anciennement un habit gris; elles ont quitté cette couleur en quelques endroits, pour y substituer le blanc, le noir ou le bleu foncé. Elles font dans quelques maisons les vœux solennels de religion; mais communément elles s'en tiennent aux vœux simples de pauvreté, d'obéissance et de chasteté.

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Les religieuses de ce troisième ordre, qu'on appelle Pénitentes, furent instituées à Foligni, en 1397, par la B. Angele, comtesse de Civitella, et elles sont en fort grand nombre. Il y a dans les Pays-Bas une réforme de cet institut, qui prend le nom de Récolectines.

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Les religieux du troisième ordre de saint François, qui se consacrèrent au service des fous et des autres malades, ne font pour la plupart que les vœux simples de chasteté, pauvreté et d'obéissance aux évêques dans les diocèses desquels ils sont établis, en y ajoutant celui de servir les mafades. Ils observent la troisiême règle de saint François, et

François, ayant quitté l'Egypte pour retourner en Italie, avoit renoncé à la mission de Maroc,

vivent dans les hôpitaux ou dans des sociétés qu'ils appellent familles. Tels sont en Espagne les Minimes infirmiers, nommés aussi Obrégons, de Bernardin Obregon, gentilhomme de Madrid, qui fut leur fondateur, et en Flandre, les BonsFieux ou Bons-Fils, que cinq marchands remplis de piété fondèrent à Armentières, à Lille, etc.

Il y a en quelques lieux des religieux appelés Pénitens du tiers-ordre, qui s'occupent de l'instruction du peuple, et des autres fonctions du ministère, comme les Frères mineurs. On distingue parmi eux la congrégation dite de Picpus. Elle fut instituée par Vincent Mussart, Parisien, en 1595. Les premiers membres de cette congrégation étoient des séculiers du tiers-ordre, de l'un et de l'autre sexe, qui s'assembloient ensemble. Leur premier monastère fut érigé à Franconville, village situé entre Paris et Pontoise. Le second dont ils ont pris le nom, est dans un lieu nommé Picpus, au foubourg de Saint-Antoine à Paris. Ils ont en France plus de soixante monastères qui forment quatre provinces. Voyez Hélyot, t. VII; l'Hist. des Ordres monastiques, en italien, Bonnani; Chalippe, etc.

par

Les frères mineurs eurent des établissemens considérables en Angleterre. Saint François y envoya, en 1219, Ange de Pise avec huit autres de ses religieux. Ils arriverent tous à Douvres en 1220, et fondèrent un couvent à Contorbéry; peu de temps après, ils en fondèrent un autre à Northampton, qui devint fort célèbre. Celui qu'ils avoient à Londres, près de Newgate, fut fondé, en 1306, par la reine Marguerite, seconde femme d'Edouard I. Il y avoit une magnifique bibliothèque qui avoit été donnée aux religieux, en 1429, par sir Richard Whittington, alors maire de Londres. Lorsqu'on eut détruit les monastères, on fit de celui dont nous parlons un hôpital où l'on élève quatre cents enfans dits Enfansbleus.

Les Franciscains avoient en Angleterre environ quatre-vingts couvens, indépendamment de ceux de femmes de leur ordre qui, selon Tanner, n'étoient pas fort nombreux. La principale maison des Clarisses étoit près d'Aldgate; elle fut bâtie par Blanche reine de Navarre, et par Edmond son mari, qui étoit fils de Henri III, frère d'Edouard 1, et comte de Lancaster, de Leicester et de Darby. Ces Clarisses étoient du nombre de celles qu'on appeloit Urbanistes. Outre le nom de Clarisses, on leur donnoit encore celui de Minoresses. On appeloit leurs couvens minories. Lors de la destruction des monastères, celui des Clarisses dont il s'agit ici fut changé en un magasin d'armes. Son nom est resté à la partie de la ville où il étoit, et on l'a donné aux nouveaux édifices qui

qu'il avoit projetée en 1213. Ce fut dans ce tempslà que le comte Orlando Catanio lui donna une agréable solitude sur le Mont-Alverne, qui fait partie de l'Appennin, et qui est peu éloigné de Camaldoli et de Vallombreuse. On y bâtit un couvent et une église aux dépens du comte, qui s'estimoit heureux de pouvoir donner par-là une preuve de sa vénération pour le serviteur de Dieu. François aima toujours beaucoup depuis cette solitude. Il se plaisoit aussi singulièrement dans s'étendent jusqu'à la campagne. Voyez Stow dans sa Description de Londres, et Maitland dans son Histoire et ses Antiquités de la même ville.

Si l'on veut bien connoître l'état florissant dont jouissoient les Franciscains en Angleterre, et le nombre de grands hommes qu'y produisit leur ordre, on peut voir la bonne histoire de la province anglaise de ces religieux; le P. Davenport, dans son Supplem. historia provinciæ Anglicanæ, et Stevens, Monasticon. Anglic. t. 1, p. 89, et seq.

Cette ancienne province fut rétablie par le P. Jean Jennings, qui jeta les fondemens du célèbre couvent des Franciscains à Douai, vers l'an 1617. De tous les religieux de cet ordre qui ont fait revivre en eux l'esprit de saint François dans ces derniers temps, il en est peu qui aient égalé le vénérable P. Paul de Sainte-Magdeleine, ou Henri Heart, comme on peut s'en convaincre par la lecture de sa vie et par celle de ses pieux écrits. Il mourut à Londres pour la foi, le 27 Avril 1645.

Selon les PP. Hélyot, t. VII, et Chalippe, il y a plus de sept mille couvens de Franciscains du premier et du tiersordre, et près de cent vingt mille religieux dans ces maisons. Les mêmes auteurs comptent, y comprises toutes les branches du second et du tiers-ordre, plus de neuf mille monastères de Franciscains, et vingt-huit à trente mille religieuses soumises aux supérieurs de l'ordre de saint. François, indépendamment de celles qui sont soumises aux évêques diocésains. Leur nombre étoit beaucoup plus considérable avant la destruction des monastères en Angleterre et dans les royaumes du nord. Sabellicus comptoit en 1380 quinze cents maisons de Franciscains, et quatre-vingt-dix mille religieux

L'office de général, dans l'ordre de saint François, étoit anciennement perpétuel; mais il ne se donne plus que pour six ans depuis 1506. Voyez Helyot, Bonnani, etÎ'histoire abrégée des Ordres religieux, imprimée à Amsterdam.

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