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Edwin fut baptisé à Yorck, le jour de Pâques de l'année 627, la onzième de son règne. La cérémonie de son baptême se fit dans une église qui n'étoit que de bois, parce qu'on l'avoit bâtie à la hâte, et qui étoit dédiée sous l'invocation de saint Pierre. Le prince jeta depuis les fondemens d'une église de pierre beaucoup plus vaste, dans l'enceinte de laquelle étoit la première, mais qui ne fut achevée que sous le règne de saint Oswald, son successeur. Saint Paulin, du consentement du roi, fixa son siége épiscopal à Yorck, et il continua de prêcher librement l'évangile. Il administra le baptême à un grand nombre de personnes, parmi lesquelles on comptoit les enfans d'Edwin, et des officiers de distinction. Le roi et. la reine étant à leur château d'Yeverin, parmi les Berniciens du Northumberland, il employa plus d'un mois, depuis le matin jusqu'au soir, à instruire les infidèles, et il les baptisa dans la petite rivière de Glen. Il n'y avoit encore ni oratoires, ni baptistères, et c'est pour cela qu'on baptisoit les catéchumènes dans les rivières cette coutume prouve d'ailleurs que le baptême s'administroit alors par immersion. Lorsque saint Paulin étoit à la campagne avec le roi, chez les Déires, il administroit le baptême dans la rivière de Swale, près de Cataract (c), et la tradition s'en est conservée dans le pays jusqu'à ce jour (1).

Le roi fit bâtir une église en l'honneur de saint Alban; et de-là se forma une nouvelle ville qui fut appelée Albansbury, et depuis Almondbury. Il y avoit en ce lieu un palais royal, que les païens brûlèrent après la mort de saint Edwin. Les sucWigton, c'est-à-dire, la ville des Idoles, dont parle Camden, dans le Yorckshire.

(c) C'est aujourd'hui le village de Cattarick. (1) Voyez Drake, Smith et Stevens. Tome IX.

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cesseurs de ce prince avoient un château dans le territoire de Loidis ou Leeds, où l'on bâtit dans la suite une ville de ce nom.

Edwin, non content de pratiquer lui-même l'évangile, cherchoit tous les moyens de répandre la connoissance du vrai Dieu parmi ses sujets. On peut dire en général que la nation anglaise reçut la foi avec une ferveur digne des premiers siècles de l'église. Les conversions furent aussi sincères que nombreuses. On voyoit de toutes parts des hommes parfaitement détachés de ce monde, qui ne pensoient qu'au bonheur du ciel, et qui travailloient chaque jour à se perfectionner dans la science des Saints. Les rois eux-mêmes ne trouvoient rien de pénible dans la pratique de la vertu, et savoient maîtriser leurs passions pour les assujettir au joug de la foi. Ils étoient en un mot les modèles de leurs sujets. Ils n'avoient que du mépris pour les grandeurs, et fouloient aux pieds ces couronnes pour lesquelles ils avoient tout sacrifié avant leur conversion. On en vit plusieurs qui préféroient le cilice à la pourpre, et une pauvre cellule aux plus riches palais; qui se dépouillèrent volontairement de leur puissance et qui allèrent vivre sous les règles de l'humilité et de l'obéissance. D'autres portèrent toujours le sceptre; mais ce fut pour donner à leur zèle plus de force et d'autorité, pour accroître le royaume de Jésus-Christ, et pour l'étendre chez les peuples barbares. Ce zèle se trouva dans Edwin, et lui mérita une mort glorieuse.

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Redwald, roi des Est Angles, avoit reçu le baptême dans le royanme de Kent; mais s'étant depuis laissé séduire, il voulut allier le culte du vrai Dieu avec celui des idoles. Earpwald, son fils et son successeur, se laissa toucher par Conseils d'Edwin, et embrassa le christianisme

les

avec beaucoup de sincérité. Il fut tué quelque temps après, et ses sujets retombèrent dans l'idolâtrie. Au bout de trois ans, Sigebert, revenu des Gaules, où il avoit été exilé, rétablit la religion chrétienne. Les états d'Edwin ne se ressentirent point de ces variations. La paix et la tranquillité y accompagnèrent toujours la pratique du christianisme; cette paix même passa en proverbe, et l'on assure qu'une femme tenant son enfant dans ses bras, pouvoit sans rien craindre aller seule d'une mer à l'autre. Il y avoit aux fontaines qui se trouvoient sur les grands chemins des vases d'airain pour puiser de l'eau, et personne n'étoit même tenté de les enlever, tant les lois étoient parfaitement observées.

Il y avoit dix-sept ans qu'Edwin régnoit sur les Anglais et les Bretons, lorsqu'il plut à Dieu de l'éprouver par les afflictions; et Penda, prince đu sang royal de Mercie, fut l'instrument dont il se servit. Penda, qui protégeoit l'idolâtrie, secoua le joug de l'obéissance qu'il devoit à notre Saint. Il composa une armée de vieux soldats vétérans, semblables à ceux qui s'étoient d'abord emparés de la Bretagne, et qui étoient fort áttachés à leurs anciennes superstitions. Son dessein étoit de détruire le christianisme. Les Merciens le reconnurent pour leur souverain, et il régna vingt-deux ans. En levant l'étendard de la révolte, il fit alliance avec Cadwallon, roi des Bretons ou Gallois, qui, à la vérité, professoient le christia nisme, mais sans en suivre la morale. Il étoit d'un caractère barbare, et portoit aux Anglais une haine implacable; il croyoit qu'il lui étoit permis de leur causer tous les maux qui dépendroient de lui, et même de les exterminer sans égard pour leur religion, et sans aucune diffé

rence d'âge ou de sexe. Comme Edwin étoit le prince le plus puissant de l'eptarchie anglaise, et que les autres lui rendoient une espèce d'obéissance, toute la fureur de la guerre se tourna principalement contre lui, et il fut tué dans une bataille qui se donna à Heavenfield, aujourd'hui Hatfield, dans la province d'Yorck (d). Le corps du saint roi fut enterré à Whitby; mais sa tête le fut dans le porche de l'église qu'il avoit fait bâtir à Yorck. Il a le titre de martyr dans le martyrologe de Florus, et dans tous les calendriers d'Angleterre. On voit par le catalogue de Speed, qu'il étoit patron titulaire de deux anciennes églises bâties l'une à Londres, et l'autre à Brève, dans la province de Sommerset. Saint Edwin mourut en 633, dans la quarante-huitième année de son âge (e).

Voyez Bède, Hist. l. 2 " c. 9, 10, 12, 15, 20; Guillaume de Malmesbury, et Alfort, qui a donné, sous l'an 632, la lettre du pape Honorius au saint roi, que l'on trouve aussi avec sa lettre à Honorius, archevêque de Cantorbéry, dans? Bède et dans le tome VI des conciles. Voyez aussi la vie de saint Paulin, sous le 10 Octobre.

S. QUINTIN, MARTYR EN Touraine.

SAINT QUINTIN étoit originaire de Ville-Parisis, village du diocèse de Paris. Il avoit un emploi considérable sous Gontran, sans qu'on puisse déterminer si ce fut le roi de ce nom, ou Gontran Boson, général du roi Sigebert I. Quoiqu'il en soit, la maîtresse de Gontran le sollicita de consentir à ses infâmes désirs; mais elle trouva en lui un autre. Joseph. Furieuse d'avoir été mépri

ཞེ·』,!*,

(d) Ce lieu fut ainsi appelé, à cause du grand nombre de Chrétiens qui périrent dans le combat.

(e) Nous rapportons dans la vie de saint Oswald, comment.. a religion chrétienne se rétablit dans le Northumberland,

sée, et de n'avoir pu satisfaire sa passion, elle le fit assassiner sur les bords de l'Indre, dans la Touraine, vers le milieu du sixième siècle. On garde dans la cathédrale de Meaux une partie des reliques de ce saint martyr de la chasteté.

Voyez le bréviaire de saint Martin de Tours; Chastelain, Martyr. univ. etc.

S.te AURE, ABBESSE A PARIS.

SAINT ELOI, aidé des libéralités du roi Dagobert, fonda dans sa propre maison, près de l'église de Saint-Martial à Paris, un monastère en 631, où il assembla trois cents religieuses. Aure, fille de Maurin et de Quirie, fut mise à la tête de la nouvelle communauté. Saint Ouen a cru ne pouvoir mieux faire son éloge, qu'en disant qu'elle étoit une fille digne de Dieu. Elle fut le modèle de ses sœurs, qu'elle gouverna trente-trois ans avec autant de prudence que de sainteté.

Un an avant sa mort, saint Eloi, qui ne vivoit plus depuis quelques années, la fit avertir, par le moyen d'une vision, qu'elle et la plupart de ses religieuses devoient se préparer au passage de l'éternité. Elle en fut remplie de joie, et tâcha d'inspirer les mêmes sentimens à ses filles, en leur faisant sentir la grandeur de la félicité dont elles jouiroient bientôt. Elle mourut le 4 Octobre 666, avec cent soixante de ses religieuses, qui toutes furent enlevées de ce monde par la peste.

Nous apprenons de saint Ouen, que saint Eloi avoit destiné l'église de Saint-Paul, qui n'étoit point alors dans l'enceinte de la ville, à servir de sépulture à la communauté dont il étoit le fondateur, et qu'il en avoit orné le cimetière avec décence (1). Sainte Aure y fut enterrée avec ses (1) Voyez du Breuil, Antiq. de Paris, p. 817.

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