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religieuses; mais cinq ans après, on transporta ses reliques dans la ville (2). Elles sont encore dans l'église de Saint-Martial, qui appartenoit anciennement au monastère, mais qui a depuis éprouvé diverses révolutions (a).

Nos rois ayant fait bâtir un palais dans le voisinage, le relâchement s'introduisit dans le monastère, et les choses en vinrent à un point qu'il fut supprimé, avec union de ses revenus au monastère de Saint-Pierre ou de Saint-Maur-desFossés; ce second monastère fut depuis changé en un chapitre de chanoines séculiers, qui a été réuni à celui de Saint-Louis du Louvre à Paris, il y a quelques années.

En 1629, François de Gondi, premier archevêque de Paris, donna, le monastère de SaintMartial, dit encore de Saint-Eloi à cause de son fondateur, aux clercs réguliers venus de Milan, et connus sous le nom de Barnabites. L'église séparée en grande partie de l'ancien monastère qui tomboit en ruine, étoit depuis long-temps devenue paroissiale.

On fit une translation solennelle des reliques de sainte Aure le 3 Avril 1402; on les renferma dans une nouvelle châsse, et on les porta proces

(2) Voyez le Cointe, Quétif, et plusieurs autres modernes. (a) Mabillon, Diplom. p. 472, confond le monastère de Saint-Martial avec celui de Christivilli, ou de Saint-Christophe, dont l'église devint paroissiale dans la suite.

Les rois carlovingiens demeuroient à la campagne ; mais les rois capétiens crurent qu'ils seroient plus en sûreté dans la ville bâtie au milieu d'une île. Hugues Capet y fit bâtir un palais. Le roi Robert, son fils, y fonda la chapelle de Notre-Dame, que saint Louis fit rebâtir avec magnificence sous le titre de Sainte-Chapelle. Louis XII abandonna le palais dont nous parlons, et il en donna une partie au parlement, qui depuis y a toujours tenu ses séances. Voyez Dubois, dans son Histoire de l'église de Paris; Félibien, Lobin eau, Piganiol, etc.

sionnellement à l'église de Saint-Paul, d'où elles furent rapportées au monastère de Saint-Martial. On découvre cette châsse, qui est à côté du grand autel des Barnabites, et on l'expose à la vénération des fidèles trois jours de l'année, savoir, à la fête de sainte Aure et aux deux fêtes de saint Eloi. Les historiens de Paris assurent que cette ville a souvent éprouvé les effets sensibles de la protection de notre sainte abbesse.

Voyez la vie de saint Eloi, par saint Quen; Quétif, Vita et Miracula B. Aurea; Dubois, Hist. eccl. Paris, t. I, et les autres historiens de Paris.

S. PLACIDE, ET SES COMPAGNONS, MARTYRS. Tiré de saint Grégoire le Grand, Dial. l. 2, c. 3, 7, et de Mabillon, Annal. t. 1. Le docte Bénédictin montre que les différens actes du martyre de ces Saints sont apocryphes, et ne méritent aucune créance. Le P. de Bue, un des continuateurs de Bollandus, a fortifié ce sentiment par de nouvelles preuves, §. 3 et 4.

L'AN 546.

La réputation de sainteté dont jouissoit saint Benoît pendant qu'il vivoit à Sublac, s'étant répandue au loin, les plus illustres familles de Rome s'empressèrent de lui envoyer leurs enfans, afin qu'il se chargeât du soin de leur éducation. Equice lui confia Maur, son fils, à l'âge de douze ans. Placide, fils du patrice Tertullus, n'en avoit que sept lorsqu'il fut mis sous sa conduite. Comme le cœur de ce dernier n'avoit point encore été corrompu par le monde, il étoit bien plus susceptible de toutes les impressions de vertu que lui donnoit son maître.

Un jour, dit saint Grégoire, le jeune Placide se laissa tomber dans le lac de Sublac où il étoit allé puiser de l'eau. Saint Benoit, renfermé dans

le monastère, connut aussitôt cet accident; il appelle Maur, et lui dit : « Courez vîte, mon » frère, l'enfant est tombé dans l'eau. » Maur lui demande sa bénédiction, et s'empresse d'obéir. Il marche sur l'eau jusqu'à l'endroit où étoit Placide; puis le prenant par les cheveux, il revient au bord du lac. Ce ne fut qu'alors qu'il s'aperçut qu'il avoit marché sur l'eau. Saint Benoît attribua le miracle à l'obéissance de son disciple; mais le disciple l'attribua à l'ordre et à la bénédiction de son bienheureux maître. Placide décida la dispute, en disant : « Lorsque j'ai été tiré de l'eau, j'ai vu sur ma tête la melote de l'abbé, et lui» même qui me secouroit. » On appeloit melote une peau de brebis que les moines avoient coutume de porter sur leurs épaules.

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Placide étant alors fort jeune, n'avoit encore reçu ni la tonsure, ni l'habit monastique. La conservation miraculeuse de sa vie fut regardée comme l'emblême de ce qu'avoit fait la grâce pour le sauver de l'abîme du péché. Il faisoit tous les jours de nouveaux progrès dans la vertu, et il parvint à un tel degré de perfection, que saint Benoît eut toujours pour lui une tendresse particulière, et qu'il le mena avec lui au MontCassin en 528. Tertullus, qui étoit le principal fondateur de ce monastère, vint quelque temps après faire une visite à l'un et à l'autre. Il fut ex trêmement touché des vertus de son fils; et pour marquer sa reconnoissance à saint Benoît, il lui donna une partie des biens qu'il avoit dans le pays; il lui en donna encore d'autres en Sicile, et le saint patriarche y fonda un nouveau monastère près de Messine (a). Placide, âgé d'environ vingt-six

(a) Cette ville a un beau port sur le détroit qui sépare l'Italie de la Sicile.

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ans, en fut fait abbé. On croit qu'il vint en Sicile en 541, quelque temps avant la mort de saint Benoît.

Il établit parmi ses frères cet esprit de pénitence, de détachement, de prière, de mortification, qu'il avoit puisé auprès de saint Benoît; mais il ne jouit pas long-temps de la tranquillité qu'il s'étoit promise dans sa solitude. Une flotte de pirates païens ayant abordé en Sicile, ces barbares, qui haïssoient les Chrétiens, et sur-tout les moines, massacrèrent le saint abbé avec ses religieux, et mirent le feu au monastère, vers l'an 546 (b).

(6) Il est fait mention de saint Placide, de saint Eutychius et de trente autres martyrs, dans les meilleurs Mss. de l'ancien martyrologe d'Occident attribué à saint Jérôme, dans celui de Lucques, publié par Florentinius, dans celui de Corbie, ap. d'Achery, Spicil. t. IV; dans celui qu'a donné Martène, Anecd. t. III, col. 1563, etc.; dans Adon, Usuard, etc. Le P. Sollier, dans son martyrologe d'Usuard, ad 5 Octob.; Chastelain, dans son martyrologe universel; le P. de Bue ad 5 Octob. p. 66, distinguent ces martyrs des moines dont nous parlons, et les mettent sous les persécutions générales des empereurs païens; sentiment qui paroît prouver l'antiquité des martyrologes cités ci-dessus. D'autres auteurs les ont confondus avec saint Placide et ses compagnons, tous disciples de saint Benoît.

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Il y a eu sans doute un saint Placide qui a été un des plus illustres disciples de saint Benoît; c'est ce que nous apprenons de saint Grégoire le Grand etc. Leo Marsicanus, qui écrivoit dans le onzième siècle, d'après les monumens de l'ordre, rapporte Hist. Casiniensis, l. 1, c. 1, qu'il fut envoyé en Sicile. Qu'il y ait été martyrisé, c'est ce qu'attestent Bertaire, abbé du Mont-Cassin dans le onzième siècle, Carm. de S. Benedicto : l'ancien martyrologe du Mont-Cassin, ap. Muratori, t. VII, Rerum Italic. col. 935; Mabillon; Iter. Ital. t. 1, p. 144, etc. Saint Placide étoit invoqué dans les litanies bénédictines avant le siècle dont nous venons de parler. Voyez Ruinart, Apol. pro S. Placido, §. 3, Bona, Liturg. l. 1, c. 12, n. 4; Mabillon, Annal. t. II, etc.

Gélinus est le premier qui ait donné à saint Placide le titre de disciple de saint Benoît; en quoi il a été suivi par Maurolicus, Molanus, Gelesinius, Baronius, etc. Les Bollanlandistes, d'après quelques auteurs, conjecturent de là qu'on Tome IX.

Q

Les moines, pénétrés de l'esprit de leur état, se consacrent à Dieu d'une manière spéciale. Ils

peut avoir substitué saint Placide le moine, au martyr du même nom, qui est beaucoup plus ancien, et ils se fondent principalement sur ce qu'Usuard, Notker et d'autres martyrologistes, quoique moines, ne donnent point au martyr honoré en ce jour le titre de disciple de saint Benoît. Mais jusqu'à ce que l'on ait produit quelque martyrologe manuscrit où se lise, sous le 5 Octobre, le nom de saint Placide, martyr, que l'on suppose plus ancien que saint Placide le moine, nous pensons qu'on peut s'en tenir au sentiment général des Bénédictins, qui est que le martyr nommé dans les anciens martyrologes d'Occident est le même que le disciple de saint Benoît; au moins est-il certain que ce sont nos saints moines martyrs que l'on honore aujourd'hui en Occident, le 5 Octobre.

Mabillon pense que les barbares qui massacrèrent saint Placide et ses religieux en haine de leur religion et de leur état, étoient les Sclavons qui, sous le règne de Justinien, ́ravagèrent la Thrace et l'Illyrie, comme le rapporte Procope, de bello Got. l. 3, c. 38. D'autres les prennent pour les Goths ariens d'Espagne; ceux-ci pour les Vandales ariens d'Afrique, ou pour les Maures païens qui leur étoient soumis; ceux-là pour les Sarrasins: mais ces derniers peuples étoient trop éloignés, et ils ne parurent que long-temps après dans le pays dont il s'agit. Les faux actes de nos saints martyrs donnent le nom de Mamucha au chef des pirates ou barbares, et le font venir d'Espagne; circonstance qui a été probablement empruntée de quelque invasion postérieure.

Le monastère de Saint-Placide, connu sous le nom de Saint-Jean-Baptiste, fut rebâti quelque temps après à Messine. Le pape Vigile, comme nous l'apprenons de Roccus Pyrrhus, Sicil. sac. l. 4, part. 2, confirma aux religieux les possessions qu'ils avoient en Sicile et dans l'Italie, et qu'ils tenoient primitivement du 'sénateur Tertullus. Les Sarrasins venus d'Alexandrie détruisirent le monastère, et en massacrèrent les moines en 669, et depuis encore vers l'an 880; dans cette ils avoient Abrahim à leur tête. Ces parseconde incursion, ·ticularités se lisent dans les chroniques du Mont-Cassin. Les moines massacrés en 880 sont honorés comme martyrs, et nommés sous le premier Août, dans les martyrologes de l'ordre de saint Benoît. Voyez Wion, Martyr. Ben. et Cajetan, de sanctis Siculis, an. 1657, in-fol.

sous les ruines de l'èEn 1276, on découvrit à Messine glise de Saint-Jean Baptiste, les corps de saint Placide et de ses compagnons. En 1361, quelques gentilshommes de Messine fondèrent à dix milles de cette ville l'abbaye de SaintPlacide de Colonero, qui, en 1432, fut transférée dans un

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