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fait cacher primitivement les corps de nos saints martyrs.

Vers l'an 886, les reliques de saint Vincent d'Agen, martyr, et celles de sainte Foi, furent portées à l'abbaye de Conques, dans le Rouergue (b). On les transféra dans la nouvelle église de la méme abbaye, vers l'an 1050. Le pape Urbain V fit donner une partie des reliques de sainte Foi aux moines de Cucufat, en Catalogne, vers l'an 1365; et c'étoit peut-être pour les dédommager du don qu'ils avoient faits à la ville de Montpellier, d'un bras de saint Louis de Toulouse. On honoroit autrefois à Glastenbury un bras de sainte Foi.

Il y a, en France, un grand nombre d'églises qui portent le nom de cette Sainte. On distingue celle de Longueville, en Normandie, qui fut considérablement enrichie par Walter ou Gautier Giffard, comte de Bukingham, en Angleterre. Sainte Foi étoit patronne du prieuré de Horsam, dans la province de Norfolk, auquel Henri I accorda de grands priviléges (c). L'église souterraine de la même Sainte, bâtie sous celle de SaintPaul de Londres, étoit aussi fort célèbre (2).

S. PARDOU,

ABBÉ DE GUÉRET, DANS LA MARCHE. SAINT PARDOU (a), fils d'un laboureur, naquit vers l'an 658, au village de Sardène, près de

(6) Les histoires de ces translations, dont deux sont en prose et une en vers, ont été puliées par Mabillon et par les Bollandistes. Conques est à six lieues de Rodez, du côté

du nord.

(c) 11 avoit été fondé par Robert Fitz-Walter et par Sibile, sa femme. Monast. Angl. t. 1, p. 413.

(2) Voyez Dugdale, dans son histoire de Saint-Paul de Londres.

(a) Pardulfus.

Guéret, dans la Haute-Marche, qui faisoit alors partie du Limousin. Un accident qui lui arriva dans son enfance le rendit aveugle; mais depuis il recouvra la vue. Conduit par l'Esprit-Saint, dont il écoutoit fidèlement les leçons, il acquit une parfaite connoissance des voies de la vie spirituelle. On admiroit en lui un amour extraordinaire pour la retraite et la prière. Ayant quitté la maison paternelle, il alla se renfermer dans un ermitage pour ne plus s'occuper que de Dieu. Sa sainteté le rendit si célèbre, qu'on l'obligea de prendre la conduite du monastère de Waract, fondé depuis peu par Lanthaire, comte de Limoges. Il y établit une parfaite régularité, et se montra digne du choix que l'on avoit fait de lui. Il s'y forma dans la suite une ville qui subsiste encore sous le nom de Guéret.

Le saint abbé se proposa pour modèles les anachorètes les plus pénitens. Ses austérités étoient incroyables, sur-tout en carême. Il donnoit encore à la prière tous les intervalles qui se trouvoient entre les différentes heures de l'office divin. Après none, il recevoit les pauvres et les malades qui venoient le visiter, et leur accordoit tous les secours de l'ame et du corps qui dépendoient de lui.

Les Maures s'étant jetés dans la Marche, il exhorta ses religieux à prendre la fuite, et il voulut rester seul. Les barbares épargnèrent le monastère, ce que l'on attribua à la vertu de ses prières. Il mourut âgé d'environ quatre-vingts ans, et on l'enterra dans son monastère. On transporta depuis son corps à Sarlat, en Périgord; on le porta secrètement, sous le règne du roi Robert, dans le monastère d'Arnac, en Limousin près de Pompadour, lequel n'est plus aujourd'hui

qu'un prieuré. Les moines de Guéret ont toujours prétendu posséder ce précieux dépôt; d'où il faudroit conclure que les translations dont nous venons de parler n'auroient été occasionnées que par quelques circonstances particulières, et que ces circonstances n'ayant plus lieu, ils faisoient rapporter les reliques de saint Pardou. Ce Saint est honoré en ce jour; mais il n'est point nommé dans les anciens martyrologes.

Voyez sa vie écrite par un auteur anonyme qui avoit vu ses disciples; D. Ménard l'a donnée dans ses Observ. in Martyr. Ben. Le P. Labbe, dans sa Bibl. Mss. et D. Mabillon dans ses Act. SS. Ben. sect. 3, part. 2. Quelques auteurs pensent que c'est l'ouvrage attribué à Yves, prieur de Cluny, dans la chronique de Geofroi, prieur du Vigeois, en Limousin. Voyez aussi Baillet, sous le 6 Octobre.

S. MARC, PAPE.

Voyez le pontifical publié par Anastase, ap. Muratori inter Italic. Rerum Scriptores, t. III, p. 112; Baronius, ad an. 336; Bosius et Arhinghi, lib. 2, c. 15.

L'AN 336.

SAINT MARC, né à Rome, entra dans le clergé de cette ville, y servit Dieu avec beaucoup de ferveur, et s'y distingua sur-tout par son zèle et par sa charité. La persécution avoit cessé en Occident, au commencement de l'année 305; mais elle s'y ralluma peu de temps après sous Maxence. Saint Marc, supérieur aux dangers qui menaçoient l'église, veilloit avec le plus grand soin au salut des fidèles; il employa les intervalles de liberté que laissoient les païens, à fortifier les disciples de Jésus-Christ. Il savoit que le démon n'accorde jamais de trève, et qu'en général ses piéges sont principalement à craindre dans les temps de calme. On le donna pour suc

cesseur au saint pape Sylvestre, sous le pontificat duquel il avoit rendu de grands services à l'église; et la cérémonie de son installation se fit le 18 Janvier 336. Il n'occupa la chaire de saint Pierre que huit mois et vingt jours, étant mort le 7 Octobre suivant. Selon le pontifical publié par Anastase, il bâtit deux églises, l'une sur la voie d'Ardée, l'autre dans l'enceinte de la ville, près du capitole. On l'enterra sur la voie d'Ardée, dans le cimetière de Balbine, ainsi appelé d'une sainte martyre dont les reliques y reposoient. Ce cimetière, dit anciennement de Prétextat, sans doute à cause de quelque personnage illustre de ce nom, étoit peu éloigné de celui de Calixte, situé sur la voie Appienne. Saint Marc l'avoit embelli par respect pour les martyrs qui y étoient enterrés, et il ne savoit pas qu'il porteroit un jour son nom. Le pape Damase, dans son épitaphe, loue son désintéressement extraordinaire, son parfait mépris pour toutes les choses de la terre, son amour singulier pour la prière, qui attiroit des bénédictions abondantes sur le peuple.

Le nom de saint Marc se trouve dans le calendrier de Libère, qui fut dressé peu de temps après sa mort, ainsi que dans tous les martyrologes de l'église d'Occident. Il y avoit à Rome une église de son nom dès le cinquième siècle; le pape Grégoire VII y fit transférer ses reliques. On lit dans les pontificaux qu'elle fut réparée par Adrien I, Grégoire IV et Paul II. Ce dernier pape bâtit auprès un palais, où ses successeurs, jusqu'à Sixte V, firent leur résidence, préférant cette habitation à celle du Mont-Quirinal ou de Monte Cavallo.

Ce fut par la pratique constante de la vigi-
Tome IX.

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lance, de la mortification et de la prière, que tous les Saints triomphèrent de leurs ennemis spirituels. Jamais ils ne quittoient les armes, mais de tous ses ennemis, il n'y en a point qu'un chrétien doive plus redouter que lui-même, parce qu'il se porte par-tout, et qu'il ne peut se fuir. Qu'il ne cesse donc jamais de s'écrier: Qui me préservera du malheur de tomber? Ce ne sera pas ma propre force mes efforts seront inutiles, ỗ mon Dieu! si vous ne daignez être ma lumière et mon soutien. Quoique l'église fût en paix dans le temps où elle étoit gouvernée par saint Marc, il n'en fut pas moins attentif à veiller sur luimême, afin de se prémunir contre la séduction de l'ennemi, qui n'est jamais plus à craindre que quand il paroît cesser de nous attaquer.

S. SERGE ET S. BACQUE, MARTYRS. Il est fait une mention très-honorable de saint Serge et de saint Bacque, dans Théodoret, Jean Mosch, auteur du Pré spirituel, Evagre, saint Grégoire de Tours, Bède et les anciens martyrologistes. C'étoient des officiers de marque qui servoient dans les armées de l'empire; ils souffrirent sous Maximien, après avoir passé par de cruelles tortures. Rasaphe, ville de Syrie, au diocèse de Hiéraple, fut le théâtre de leurs triomphes. On y voyoit anciennement leur tombeau, que divers miracles avoient rendu célèbre; et Alexandre, évêque diocésain, fit bâtir une église magnifique sous leur invocation en 431 (1). Par dévotion pour leurs reliques, Justinien fortifia la ville de Rasaphe, lui donna le nom de Sergiopolis, et la fit métropole de la province; il bâtit

(1) Voyez Lupus, in Conc. Ephes. p. 232, 279, 299.

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