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aussi en leur honneur plusieurs églises dans différentes provinces de l'Orient. Saint Serge et saint Bacque sont patrons titulaires d'une église de Rome, qui est célèbre dès le septième siècle. Il y a dans la même ville deux autres églises de leur nom, dont l'une, dite ad Montes, appartient au collège russe. On y garde une portion de leurs reliques, qui furent apportées de Syrie du temps des croisades. La cathédrale de Prague, dédiée sous l'invocation de saint Vit, se glorifie de posséder une portion de ce précieux trésor, qu'elle reçut de l'empereur Charles IV en 1354. On conserve aussi quelques reliques des saints martyrs dans l'église de Saint-Benoît, à Paris, laquelle portoit le nom de Saint-Bacque dans le onzième siècle.

Nous n'avons point d'actes authentiques de saint Serge et de saint Bacque. Voyez Tillemont, t. V, p. 491.

On honore à Rome, le même jour, les saints martyrs MARCEL et APULÉE. Leur nom est célèbre dans les anciens martyrologes. Il y a une messe propre pour leur fête dans le sacramentaire du pape Gélase, publié par le cardinal Tomasi. En 872, le pape envoya leurs reliques à l'empereur Louis II, et ce prince les reçut comme un riche présent. L'impératrice Angilberte, są femme, les donna au monastère de religieuses qu'elle avoit fondé à Plaisance, en Italie. Nos deux saints martyrs sont honorés dans cette ville avec beaucoup de dévotion.

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S. JUSTINE de Padoue, Martyre.

SAINTE JUSTINE souffrit à Padoue vers l'an 304, sous Dioclétien, ou, selon quelques auteurs, durant la persécution de Néron. Fortunat la met

au nombre de ces illustres vierges dont la sainteté et les triomphes ont fait l'honneur et l'édification de l'église (1), Elle fut, dit-il, la gloire de Padoue, comme saint Euphémie le fut de Calcédoine, et sainte Eulalie de Mérida en Espagne. Dans son poëme sur saint Martin, il recommande à ceux qui vont voir Padoue, d'allerb aiser respectueusement le tombeau de la bienheureuse martyre. Vers. le milieu du cinquième siècle, Opilion, préfet du prétoire, et honoré de la dignité de consul en 453 (2), fit bâtir dans la même ville une église en l'honneur de sainte Justine. Ses reliques, qui s'étoient perdues (a), furent retrouvées en 1177, et on les garde avec une grande vénération dans l'église de son nom. Cette église fut rebâtie en 1501; elle est, avec le monastère des Bénédictins auxquels elle appartient, un des plus beaux édifices qu'il y ait en ce genre.

En 1417, il s'établit dans ce monastère une réforme de l'ordre de saint Benoît, qui s'étendit dans diverses contrées d'Italie, sous le titre de congrégation de Sainte-Justine de Padoue. Celui du Mont-Cassin ayant embrassé la réforme dont il s'agit, devint le chef-lieu de la congrégation; et le pape Jules II transféra de Sainte-Justine au MontCassin la dignité avec la juridiction de président ou de général. Depuis ce temps-là, la congrégation porte le nom du Mont-Cassin, et est divisée en sept provinces. Le monastère de Sainte-Justine est le seconden rang de toute cette réforme. Sainte Justine est conjointement avec saint Marc,patronne de Venise, et son image est gravée sur la monnoie de la république.

(1) Fortunat, Carm. 4.

(2) Ughelli, t. V, p. 398. (a) On les avoit cachées durant les guerres d'Attila, qui dé-? truisit Aquilée et Padoue.

On a trouvé près du tombeau de cette Sainte les reliques de plusieurs autres martyrs qui souffrirent avec elle, suivant ses actes, ceux de saint Prosdecime, et d'autres semblables monumens. Celles de sainte Justine, renfermées dans une châsse, furent placées, en 1502, sous le grand autel de l'église qu'on venoit de bâtir. Quand le nouveau chœur eut été achevé, on les transféra, en 1627, avec beaucoup de solennité, dans une voûte magnifique, pratiquée sous le grand autel aussi nouvellement construit.

Il y a à Venise une église célèbre qui porte le nom de sainte Justine. Elle étoit ancienne collégiale; mais elle appartient présentement à un monastère de religieuses. Le sénat y va en procession le 7 Octobre, en action de grâces de la victoire remportée en ce jour sur les Turcs, dans le golfe de Lépante.

Voyez Tillemont, Persecut. de Dioclet. art. 55, t. V, p. 140; Hélyot, Ughelli, Ital. Sacr. t. V, p. 398 ; Cavatius, 1.1 de Cœnobio, Patavino S. Justina; Sertorius-Ursatus, de Rebus Patavinis; Muratori, etc.

S. AOUT, PRÈTRE EN BERRY.

SAINT AUGUSTE, vulgairement saint AOUT, étoit tellement perclus des pieds et des mains, qu'il ne pouvoit se transporter d'un lieu dans un autre qu'en se traînant sur les coudes et sur les genoux. Le triste état où il se trouvoit réduit excitoit la compassion, et engageoit ceux qui le connoissoient à venir à son secours. Ayant employé les aumônes qu'il avoit reçues à bâtir une chapelle en l'honneur de saint Martin, au village de Brives en Berry,Dieu l'en récompensa, en lui rendant l'usage de ses membres. Il fut si touché de reconnoissance, qu'il résolut de passer le reste de sa vie dans les exerci

ces de la vie ascétique. Illui vint des disciples avec lesquels il travailla à se perfectionner dans les voies intérieures. Quelques années après, Probien, évêque de Bourges, le fit abbé du monastère de SaintSymphorien, qui étoit dans le voisinage de cette ville. Il ne laissa pas de veiller toujours sur sa petite communauté, à laquelle il avoit donné un directeur pour le remplacer. Dieu lui révéla le lieu où étoit le corps de saint Ursin, premier évêque de Bourges. On met ordinairement sa mort vers l'an 560. Les martyrologes lui donnent la qualité de prêtre, mais non celle d'abbé. Celui de France, après l'avoir qualifié prêtre confesseur, au jour où tombe sa fête, le qualifie ailleurs vénérable abbé de Bourges ou du Berry.

Voyez saint Grégoire de Tours, de Glor. Confes. c. 80 ; le Gallia Chr. nova, t. II; Baillet, etc.

S. PALLADE, VULGAIREMENT S. PALAIS, ÉVÊQUE DE SAINTES.

PALLADE, d'une famille illustre, succéda à Didyme sur le siége de Saintes, vers l'an 573. Il fit éclater sa piété dans le soin qu'il prit d'orner les églises, et d'en bâtir de nouvelles. Il avoit une grande dévotion pour saint Eutrope, premier évêque de Saintes, et il fit la translation de ses reliques, ainsi que de celles de l'abbé Saint-Martin. Il assista aux conciles qui se tinrent à Paris et à Mâcon, l'un en 573, et l'autre en 585; mais l'éclat de ses vertus fut terni par des actions dignes de reproche.

Un aventurier nommé Gondebaud, qui se disoit fils de Clotaire I, mit plusieurs provinces dans ses intérêts; il gagna même Mommol, général du roi Gontran. Etant à Bordeaux,il voulut faire sacrer

Faustin, évêque d'Acqs, dans la troisième Aquitaine. Pallade fit la cérémonie de ce sacre à la place de Bertrand de Bordeaux qui l'en avoit prié. Une telle conduite ne pouvoit manquer de lui attirer l'indignation du roi Gontran. Ce prince, l'ayant vu officier à Orléans, vouloit sortir de l'église; mais les autres évêques qui étoient dans cette ville le prièrent de ne pas faire cet affront à l'épiscopat. Gontran s'adoucit, et reçut même Pallade à sa table, mais lui fit sentir le mécontentement qu'il avoit eu de sa conduite. L'évêque de Saintes et celui de Bordeaux, qui jusquelà avoient été amis, s'oublièrent en présence même du roi, et eurent une dispute fort vive. Les deux prélats promirent de se représenser devant le concile de Mâcon qui se tint peu de temps après. Dans cette assemblée, on déposa Faustin qui avoit été sacré évêque d'Acqs, et il fut décidé que Bertrand de Bordeaux, Pallade de Saintes, et Oreste de Bazas, qui avoient concouru ou consenti à son ordination, le nourriroient tour à tour, et fourniroient à son entretien.

Quelque temps après, Pallade fut encore accusé de favoriser les desseins de Frédégonde contre Gontran; mais c'étoit une calomnie. L'évêque de Saintes n'avoit point reçu les députés de Frédégonde, comme ses ennemis le publioient; il étoit en retraite dans une île voisine, pour se préparer à célébrer la fête de Pâques. Antestius, gouverneur d'Angers, qui s'étoit rendu à Saintes, profita de cette occasion pour mortifier l'évêque qu'il n'aimoit pas. Il pilla sa maison, et ne voulut le laisser rentrer dans sa ville qu'à condition qu'il lui vendroit une terre qu'il avoit en Berry.

Pallade passa le reste de sa vie dans l'exercice de ses fonctions; et l'on ne peut douter qu'il n'ait

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