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ses révélations ont rendu son nom célèbre, ses héroïques vertus l'ont rendue vénérable à touté. l'église. Vivre d'une manière conforme à l'esprit de nos divins mystères, est quelque chose de plus grand et de plus sublime que d'avoir des visions, et de connoître les choses cachées. Eût - on la science des anges, on n'est qu'une timbale retentissante sans la charité: mais sainte Brigite eut le glorieux privilége de joindre à la charité le langage des anges.

Il seroit impossible de donner une juste idée de son ardent amour pour Jésus-Christ crucifié; ce fut ce qui lui inspira le dessein de faire le pélerinage de la Terre-Sainte. Elle arrosa de ses larmes les lieux qui avoient été sanctifiés par la présence du Sauveur, et teints de son sang. Dans son voyage, elle visita les plus célèbres églises de Silice et d'Italie. Etant revenue à Rome, elle

de ses pélerinages. Il mourut en 1390, suivant le journal de Wastein, publié par Benzėlius. Alphonse, surnommé l'Espagnol et l'Hermite, qui se démit de l'évêché de Jena, dans PAndalousie,et qui fut aussi quelque temps confesseur de sainte Brigite, est l'auteur du huitième livre de ses révélations. Il écrivit d'après ce qu'elle lui avoit raconté, et d'après certains ouvrages suédois.

Matthias ou Matthieu de Suède, dit aussi de Cracovie, en Pologne, parce qu'il étoit peut-être né dans cette ville, et qui mourut évêque de Worms en 1410, comme on le voit par son épitaphe, ap. Oudin, t. III, p. 1111, dirigea également la conscience de sainte Brigite, lorsqu'il étoit chanoine de Lincopen. Il traduisit la Bible en gothique ou suédois pour son usage, et il joignit à sa traduction de courtes notes que la Sainte lisoit avec soin, suivant l'auteur de sa vie. Voyez Benzélius, p. 66, etc. Matthias écrivit aussi sur la messe, l'eucharistie, et sur plusieurs autres matières théologiques. Quelques-uns de ses ouvrages, qui sont encore Mss. se trouvent dans diverses bibliothèques.

sur

On imprima en anglais à Londres, avant l'année 1500, un office de la sainte Vierge par sainte Brigite. Voyez Warthon, dans son supplément à Ussérius, de Scripturis sacris vernaculis , p. 447.

y fut attaquée de diverses maladies, qu'elle souffrit avec une patience et une résignation admirables. Se sentant près de sa fin, elle donna des avis fort touchans à son fils Birger et à sa fille Catherine, qui étoient avec elle, après quoi elle se fit étendre sur un cilice pour recevoir les derniers sacremens. Elle mourut le 23 Juillet 1373, à l'âge de 71 ans. On l'enterra dans l'église de Saint-Laurent, in Panis Perna, qui, apparte noit aux pauvres Clarisses. L'année suivante Birger, son fils, et Catherine, sa fille, firent porter son corps dans le monastère de Wastein, en Suède. Elle fut canonisée par Boniface IX, le 7 Octobre 1391. Sa fête est marquée au 8 du même mois (3).

Le concile général de Constance, ayant égard à la demande du clergé et de la noblesse de Suède, déclara, le 1.** Février 1415, que la bienheureuse Brigite avoit mérité d'être insérée dans le catalogue des Saints (4). Il avoit entendu préalablement la déposition de plusieurs Suédois, témoins oculaires de ce qu'ils rapportoient. Quatre ans après, à la sollicitation du roi Eric, le pape Martin V confirma de nouveau la canonisation de fa servante de Dieu (5).

La vie et les souffrances de Jésus-Christ sont le livre où les ames qui commencent à servir Dieu, et celles qui s'exercent depuis long-temps dans la pratique de la vertu, trouveront les motifs les plus puissans, ainsi que les moyens les

(3) Bullar, t. 1, p. 297. Voyez toute la procédure dans Mabillon, Musæum Ital. p. 535.

(4) Voyez le conclie de Constance, p. 39; L'enfant, Hist. du Concile de Constance, l. 1, §. 71, p. 67; Herman. ab Hardt. Prolegom. III. Conc. Constant. p. 15 et 28, t. IV, p. 67.

(5) In proemio Op. S. Birgitta.

plus efficaces de travailler à leur perfection. Si on les considère, si on les médite avec attention, elles parleront un langage qui pénétrera jusqu'au fond du cœur; qui réformera entièrement nos pensées, nos sentimens et nos affections. C'est un antidote souverain qui fera mourir cet orgueil et cet amour-propre, qui, par la contagion du péché, se sont, pour ainsi dire, identifiés avec notre nature; il délivrera également nos ames du poison dont les passions ont infecté toutes leurs puissances, et il y introduira le mépris du monde, la charité et les vertus qui en sont l'effet. Plus on a fait de progrès dans la vie intérieure, plus on découvre de trésors de miséricorde dans les mystères étonnans dont nous parlons. En les méditant, on se revêt de plus en plus de l'esprit de Jésus-Christ; on acquiert cette précieuse ressemblance avec lui, dans laquelle consiste la réformation et la perfection de l'homme intérieur, et qui nous assure le droit de participer à l'héritage céleste.

S.te THAÏS, Pénitente.

VERS le milieu du quatrième siècle, vivoit en Egypte une fameuse courtisane, nommée Thaïs. Elle avoit été élevée dans la religion chrétienne; mais les sentimens de la grâce avoient été étouffés en elle par l'amour de la volupté et par le désir d'un gain infâme. Abusant de sa beauté, de son esprit, et de quelques autres qualités, elle ne rougit point de se prostituer, et elle tomba dans un tel abîme de corruption, qu'il ne paroissoit pas qu'elle pût se convertir par des voies ordinaires. Comme ses désordres étoient publics, le triste état de son ame faisoit couler sans cesse

les larmes de Paphnuce, anachorète de la Thébaïde. Enfin, après avoir consulté Dieu dans la prière, il résolut d'avoir recours à un pieux stratagême pour retirer cette pécheresse de ses désordres. Il quitta ses habits, et se déguisa de manière à ne pouvoir être reconnu pour ce qu'il étoit. Il se mit en route, et vint à la maison de Thaïs. Quand il fut arrivé à sa porte, il demanda à lui parler, et fut introduit dans sa chambre: là, il lui dit qu'il seroit bien-aise d'avoir un entretien avec elle, mais qu'il désiroit que ce fût dans un appartement plus retiré. « Que crai»gnez-vous, répondit Thaïs? Si ce sont les hom»mes, il n'y a personne qui puisse nous voir ici; » si c'est Dieu, il ne nous est pas possible d'é>>chapper à ses regards, en quelque lieu que nous » soyons. Quoi ! reprit Paphnuce, vous savez » qu'il y a un Dieu? Oui, répliqua Thaïs, je sais » de plus qu'il y a un paradis pour les bons, et >> un enfer éternel pour les méchans. Comment » donc, dit l'anachorète, osez-vous, en croyant » ces grandes vérités, pécher en présence de celui » qui vous voit et vous jugera!»

Thaïs connut à ce reproche que celui qui lui parloit étoit un serviteur de Dieu, et qu'il ne venoit la trouver que pour la retirer de la voie de perdition. En même temps le Saint-Esprit, dont Paphnuce avoit été l'organe, dissipa les ténèbres qui lui cachoient l'énormité de ses crimes, et amollit la dureté de son cœur par l'onction de la grâce. Pénétrée de douleur et de confusion, elle fond en larmes, déteste son horrible ingratitude envers Dieu, se jette aux pieds de Paphnuce, et lui dit : « Mon père, imposez-moi la >> pénitence que vous jugerez convenable: priez » pour moi, afin que Dieu daigne me faire misé

ricorde. Je ne vous demande que trois heures » pour mettre ordre à mes affaires; j'exécuterai » ensuite ce que vous me prescrirez. » Paphnuce lui indiqua le lieu de sa retraite, et retourna à sa cellule.

Thaïs prend ses meubles, ses bijoux, et tout ce qu'elle avoit amassé par ses crimes; elle en fait un monceau dans la rue, et y met le feu, en invitant les complices de ses débauches à l'imiter dans son sacrifice et dans sa pénitence. Par cette action, elle se proposoit de réparer le scandale qu'elle avoit donné, et de montrer qu'elle renonçoit non-seulement au péché, mais encore à tout ce qui étoit capable d'allumer ses passions. Elle alla ensuite trouver Paphnuce, qui la conduisit dans un monastère de femmes. Le saint anachorète la renferma dans une cellule, sur la porte.de laquelle il mit un sceau de plomb, comme sice lieu eût été destiné à lui servir de tombeau. Il recommanda aux sœurs de lui apporter tous les jours, pour sa nourriture, un peu de pain et d'eau, et il lui ordonna à elle d'implorer la miséricorde divine, et de solliciter sans cesse le pardon de ses péchés. Thaïs lui ayant demandé quelle prière elle devoit faire, il lui répondit: «Vous n'êtes point digne de prononcer le saint nom de Dieu, parce que vos » lèvres ont été souillées par l'iniquité; vous ne l'êtes pas non plus de lever vos mains au ciel, » parce qu'elles sont remplies d'impuretés. Ainsi > contentez-vous de vous tourner vers l'Orient (a),

(a) C'étoit la coutume parmi les chrétiens de la primitive église, de se tourner en priant du côté de l'Orient : de là l'usage de placer à l'Orient le grand autel des églises. Peck, dans son histoire de Stamford, pense qu'anciennement en Angleterre on plaçoit le grand autel vers le soleil levant, selon le point qu'il occupoit dans l'écliptique dans la saison où l'on bâtissoit les églises.

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